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Il y a deux questions qui doivent être prises séparément si on veut se faire une opinion non tirée du fondement d'une idéologie ou d'une autre sur le sujet du travail et de l'économie.
D'une part, la productivité... Parce que bosser plus ou moins c'est idéologique, mais bosser pour quelle valeur ? En allant un peu jouer avec les datasets de l'OCDE (qu'on peut difficilement taxer de propagande gauchiste ), deux choses me sautent aux yeux : 1- On a un PIB par habitant quand même vachement meilleur que la Chine, l'Inde, tous les émergents sensés nous piquer des boulots et nous affamer économiquement... Est-ce que ça ne voudrait pas dire qu'on a une population globalement beaucoup plus éduquée que les autres pays du monde et qu'on devrait se baser là dessus pour bâtir un nouveau modèle économique plutôt que chercher à préserver des filières qui sont structurellement déficitaires dans une économie de pointe technologique ? (Ou alors, on décide que certains secteurs sont stratégiques -coucou l'acier, coucou Florange- mais là ça devient une problématique de gouvernance et on peut du coup les faire vivre sur le modèle de la PAC) 2- Ils sont très bien ces datasets parce qu'ils remontent assez loin. Jusqu'aux années 70. Et on remarque un autre truc rigolol : depuis les années 70, le PIB par tête a doublé en France (de 17k à 36k). Or, la distribution de ces gains est passée où ? La courbe de croissance de la rémunération du travail qui devrait suivre une courbe similaire elle est où ? Si je voulais pinailler, je prendrais aussi l'autre dataset qui lui montre que la productivité de l'heure de travail elle a carrément triplé... Donc que si on voulait gagner autant qu'en 70 en valeur constante, on aurait pu baisser le temps de travail non pas de 5 heures par semaine, mais du tiers soit 13 heures. Sauf que là aussi, les actionnaires sont passés avant et on raflé les gains de productivité tranquillou. D'autre part, le cycle économique. Le modèle selon lequel on se forme à une activité et on exerce un ou plusieurs métiers au sein de la chaine de valeur de cette activité a sérieusement du plomb dans l'aile. Que ce soit pour des raisons d'automatisation qui font disparaître des activités professionnelles, de cycle d'innovation qui remettent en cause les compétences acquises pas si longtemps auparavant, la vie simplement qui fait qu'on a pas envie de faire la même chose toute sa vie (et contrairement à avant on peut s'informer sur toutes les alternatives en 3 clics maintenant, ce qui peut faire naître des envies de changement) Tout ça pour dire que c'est tout le modèle d'organisation du travail qui n'est plus adapté à la réalité. Et quand je dit "tout" je veux dire autant l'imbécilité de ne pas avoir de partage des gains de productivité entre le capital et le travail que l'imbécilité d'un contrat indéterminé que les deux parties ne peuvent interrompre qu'en foutant l'autre dans la merde. Autant cette loi est violemment merdique parce qu'elle ne prend en compte que le volet grands patrons du problème, autant il faudra bien en passer par une loi pour remettre de l'ordre dans le merdier du monde du travail Français. Mais pour ça, il va en falloir des discussions |
23/06/2016, 18h37 |
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CharlesMauriceKaleos |
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