Le Hollande-bashing est à la mode, et c’est une mode partie pour durer. Genre bien 3 ans. Mais le nounours qui nous sert de président ne prend pas que des mauvaises décisions. Histoire d’un grand bateau.
Sarko et Poutine, une belle histoire d’amour
L’histoire remonte à 2009, à l’époque la Russie commence à évoquer son envie pour les Mistral Français (pour rappel, on est plutôt bons quand il s’agit de fabrication d’armes). Il faut attendre 2011 pour signer un contrat à 1,12 milliard d’Euros pour deux navires. Arrivée de capitaux, milliers d’emplois… On vend des navires de guerre à des Russes (qui avaient osé évoquer des futures utilisations “humanitaires”. lol.), et c’est la fête. Pour rappel, à ce moment-là les relations entre la France et la Russie sont au beau fixe : ne blâmons pas trop Sarkozy pour une fois (et de toute façon sa case “affaires” est pleine).
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Si. Nous sommes en 2014. La Russie a envahie et annexée la Crimée, sans que la communauté internationale ne lève le petit doigt. Elle a, a minima, “laissé” des pro-Russes prendre le pouvoir dans l’est de l’Ukraine, envoyé des troupes (selon toute vraisemblance) sur leur territoire national, et couvert les insurgés après qu’ils aient très probablement abattu un vol commercial rempli de civils Européens. Entre guerre chaude et froide, sanctions financières et chantage au gaz, les relations entre la Russie et le reste du monde se sont très clairement déteriorées. Vladimir Poutine fait de la Russie un état voyou, et ce sans espoir de gain significatif à moyen-terme, donc a priori par pur égo.
Et nous on est là, avec nos bateaux.
Hollande se retrouve coincé. Les contrats ont été signés, la livraison est programmée. Des civils meurent tués par des balles Russes dans l’est de l’Ukraine, et on doit livrer à leurs assaillants 64 000 tonnes de démocratie. Sur le coup, ça ne fait pas très “humanitaire”. En 2009, la communauté internationale s’inquiétait déjà que l’on puisse livrer des navires de guerre à un état comme la Russie, aujourd’hui la situation est encore pire. Et sur ces Mistral, tout le monde a son avis en France, et ce ne sont pas des avis humanistes. Globalement, toute la droite se prononce pour la livraison de ces Mistral, à l’exception notable d’Alain Juppé (mais est-il encore de droite ? On se pose tous la question…).
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Les arguments avancés (quand il y en a) sont : “il faut respecter un contrat”, “plus personne ne commandera rien à la France” et “la parole de la France n’aura plus aucune crédibilité internationalement si on ne livre pas”. Pour commencer : respecter un contrat ? On doit respecter les contrats, mais sur les putains de frontières, c’est open-bar c’est ça ?! Il faudra peut-être arrêter de se foutre de la gueule du monde un jour non ? “Plus personne ne commandera rien à la France”, non mais sérieusement, vous pensez que le Brésil va subitement se dire “attends, et si la France ne me livrait pas les avions que je lui commande ?!”. La géopolitique c’est pas aussi simple, les états ne sont stupides. La décision de la France est largement comprise dans le monde, et même en Russie. “Cohérence”, j’écris ton nom. Concernant “la parole de la France n’aura plus aucune crédibilité internationalement”, mais au contraire. Aujourd’hui, la France est inaudible sur le plan international, la faute à une crise qui s’éternise quand de nombreuses économies se sont déjà (grosso-modo) relevées. Cet évènement est une excellente opportunité de rappeler que la France ne brade pas ses valeurs (bon ok, on le fait, mais si on peut éviter de le faire à chaque fois…) au nom de quelques euros (ou quelques milliards, bon, ok, ça fait pas mal de kebabs). En clair, en ne livrant pas ces navires, la France assoit son autorité et son indépendance. Les livrer, ce serait baisser la tête face à un état insolent en train de violer le droit international devant le monde entier sans que personne ne lève le doigt. Ce n’est pas parce que le monde entier se couche devant la Russie que la France doit faire de même. On reproche (moi le premier) à Hollande de ne pas avoir de couilles, il vient de nous prouver l’inverse en les posant délicatement sur le front de Vladimir Poutine. Et si on est en droit de douter qu’il les y laisse très longtemps, on peut se consoler en se disant qu’il restera toujours l’odeur…