La connaissance à toujours été l'arme de destruction massive la plus efficace contre les religions.
C'est d’ailleurs bien pour cela que ces religions ( et ceux qui les manipulent ) se complaisent dans la tradition ( l'immobilisme ) et la limitation volontaire du développement éducatif et social.
Toutes les Théocraties sont d'ailleurs basés sur le même mode de fonctionnement.
Si tu veux tuer l'islam et tout ses intégristes ( comme ce fut le cas avec le catholicisme ) le meilleur moyen de la faire c'est de donner à la masse un accès à l'éducation tout en améliorant leur qualité de vie générale.
Choses bien sur impensable dans une théocratie comme l'Iran qui n’a aucun intérêt à favoriser l'éducation de la masse et d'améliorer la qualité de vie de ses citoyens.
C'est plus compliqué que ça. La religion a aussi souvent été un vecteur de transmission et de constitution du savoir. Les moines copistes, la scolastique universitaire, les Protestants ou encore les kabbalistes ont tous joué un leur rôle dans la création de notre patrimoine culturel, philosophique et scientifique, de part l'importance qu'ils ont accordé à l'écrit et à la pensée, et à l'usage qu'ils en ont fait.
Il ne s'agit pas d'opposer obscurantisme religieux et "sécularisme" éclairé. Il s'agit d'un
double triple phénomène de transition démographique et culturelle et
économique, dans lequel les fils dépassent (le temps d'une génération au moins) leurs père dans la manipulation des signes, les filles obtiennent le contrôle de leur corps et de la reproduction, et où les nouvelles générations ont accès, potentiellement, à un niveau de vie qui était impossible pour les anciennes.
La combinaison de ces trois facteurs provoque le bouleversement des structures sociales hiérarchiques, en particulier dans les sociétés patriarcales (la plupart quoi). En contrepartie, face à ces changements très rapides et potentiellement violent, s'opère souvent une réaction elle aussi violente, sous la forme par exemple d'une crispation religieuse. On ne détruit pas l'univers mental de populations entières sans résistance, même si on en propose un autre. C'est cette crispation là qui généralement aboutit à l'obscurantisme et au rejet de la modernité, car elle est perçu comme à l'origine des changements destructeurs (ou plutôt "destructurant") qui font perdre leurs repères aux anciens et à ceux des jeunes qui ne trouvent pas leur place dans le nouveau monde.
Mettez-vous à la place d'un vieux sheik saoudien qui voit des nanas prendre le volant (et devenir libre de se déplacer sans surveillance, mettant en danger l'honneur familial) en contradiction avec la loi du pays sous l'effet d'un truc (facebook, internet...) auquel il ne comprend rien. Logiquement, vous exigerez la censure ou l'interdiction de ce média diabolique. Mais les autorités vous enverront balader parce que ce média est devenu indispensable au développement du pays, ou parce qu'elle même sont "infiltrées" par une génération qui en fait usage. L'étape suivante, face à cette évidente trahison et à cette humiliation symbolique, c'est d'envoyer des sous au Ben Laden le plus proche pour qu'il ramène de l'ordre, pour effectuer le retour à l'âge d'or du "c'était mieux avant". Si vous vous débrouillez bien, ça peut même marcher, un temps : les mollah iraniens ont pris le pouvoir grâce au soutien des leaders tribaux des campagnes et des jeunes analphabètes (plus une population qui ne supportait plus l'autoritarisme et la corruption du shah), et le conservent depuis sur cette base. Mais cette base se réduit d'année en année, et ils sont forcés de faire monter la pression contre les femmes, les étudiants et la société civiles qui supportent de moins en moins leurs diktats délirants. Et plus la résistance prend de l'ampleur, plus leur monde leur semble menacé, plus ils vont diaboliser la menace qu'est le choc de la modernité et se crisper sur leur modèle fantasmatique.
Les ultra-montains du 19e siècle avaient un mode de fonctionnement semblable, ils n'ont simplement pas pu prendre le pouvoir en France.
Après, d'autres mécanismes peuvent jouer et se surimposer, comme des lutte de classes, des conflits ethniques, des influences extérieures antagonistes etc. ce qui rend chaque situation révolutionnaire particulière et unique. Mais ce mécanisme des révolutions "de transition" me semble très convaincant.