La philosophie?

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Des termes comme "philosophe", "philosophie", "fac de philo" convoquent généralement dans l'inconscient collectif un ensemble de représentations bien déterminées. Mon premier est un vieux monsieur moustachu à lunettes qui, en 20 ans de vie adulte, a adressé la parole à sa mère, sa soeur et un cheval. Mon second serait une technique particulièrement sophistiquée de branlette intellectuelle. Le dernier désignerait un repère de bonnasses feignasses stupides qui viennent à 1 cours sur 3, et sur lesquelles règnent, comme dans un harem, un petit groupe d'étudiant fringué bohème qui emballent en citant Kierkegaard.

Bien. Chassez toutes ces images désobligeantes (quoique...). Je suis moi même étudiant en philosophie.
Et depuis que le virus m'a gagné (la contamination a été progressive), je ne vis plus que que par ça, à travers ça. Les instants les plus intenses de mon existence sont mes lectures, mes réflexions, mes discussions à ce propos (ah si ya le sexe, mais il a aussi partie liée avec la philo ) ; chaque nouvelle expérience vécue est pour moi l'occasion de nouvelles pensées, de conceptualisations... chaque évènement m'apparaît comme le terreau potentiel de pensées nouvelles et délicieuses.
En fait, je ne sépare pas la philo de ma vie.

A tel point que parfois, je ne peux m'empêcher de m'interroger: ce qui constitue pour moi le sel de l'existence, est-il pour autrui autre chose qu'un simple divertissement de bourgeois torturé? Comment mes contemporains "normaux" vivent, se représentent la philosophie?

Le problème est que mon entourage est surtout constitué, soit de personnes ayant un rapport particulier, sinon à la philosophie, du moins à la culture légitime (et ayant donc des positions trop proches des miennes), soit de personnes qui me connaissent depuis longtemps, et qui n'oseront pas me fournir de réponse sincère -que ce soit par crainte de me vexer, ou pour éviter de passer pour un gros lourd sans neurones-, si ce n'est sur le mode humoristique ("la philo c'est nul olol").

De ce fait Jol me semble l'endroit approprié pour trouver des réponses à mes interrogations: Qu'est la philosophie pour vous?



Histoire de cadrer le débat:

-Quelle est votre expérience de la philo? (expérience scolaire= jamais/juste en term/plus ; expérience non scolaire= ? Comment avez vous vécu tout ça?)

-Quel est votre rapport actuel à la philo?

-Quelle représentation avez vous de la philo? (et plus spécifiquement de la philo contemporaine)

-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer dans l'ordre du savoir? Par exemple dans ses rapports avec les sciences de la nature, les sciences humaines, etc...

-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer dans la constitution des styles individuels d'existence (ou des morales personnelles si vous préférez)? Joue-t'elle ce rôle pour vous? Jusqu'à quel point? (par exemple par rapport à des trucs comme l'art, la morale traditionnelle, la littérature, la morale consumériste, les magazines féminins, la religion, etc...)

-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer en terme politique? (par exemple dans une perspective d'émancipation collective).

Voilà, merci d'avance pour vos réponses (que j'espère nombreuses même si OK le sujet n'est pas hyper glamour).
Pour ma part au lycée (en terminale donc) le prof de philo était très cool mais nous a fait uniquement bosser sur le chapitre de la connaissance, vu qu'en série S un des trois sujets du bac doit forcément tomber sur ce chapitre ça nous permettait d'être sûr d'avoir bossé sur un truc tombant au bac tout en bossant le moins de chapitre possible (le raisonnement est bon mais la mise en application se discute).


J'ai commencé à lire des bouquins de philo (ils étaient dans le rayon philo de la Fnac en tout cas) vers 20 ans et j'avoue que j'ai arrêté assez rapidement, en revanche j'ai noircis quelques pages, peut-être en réinventant la roue mais je m'en fiche un peu.

Je pense que la philo est tout à fait centrale, je peux le démontrer mais ça ne rentre pas dans la marge.
Citation :
Publié par Lerrant
-Quelle est votre expérience de la philo? (expérience scolaire= jamais/juste en term/plus ; expérience non scolaire= ? Comment avez vous vécu tout ça?)
J'en ai fait un an en terminale; vécu ? très, très bien. Ca m'a fait grand bien, j'avais pleins de questions, j'ai pas trouvé masse de réponses mais au moins j'ai bien avancé, et je continue d'en lire dès que j'ai un peu de temps.
Quant à tes impressions de "jeu de bourgeois", ben, dis toi que c'est juste une différence de point de vue; certains se foutent royalement de s'interroger sans arrêt et analyser toutes les facettes d'un monde et préfèrent peut être vivre sans ou n'en voient pas l'intérêt. On est peut être plus en tord qu'eux, qui sait ?

Citation :
-Quel est votre rapport actuel à la philo?
J'aurais jamais assez de temps pour lire tout ça
Mais concrètement, plus j'avance, plus je suis perdu et plus ça me rassure.

Citation :
-Quelle représentation avez vous de la philo? (et plus spécifiquement de la philo contemporaine)
Franchement, je vois pas trop quoi te répondre; si, je pourrais te parler des Werber, Finkielkraut ( ou quelque soit l'orthographe du nom de ce type ... ), ou BHL ... mais je serais insultant, et en plus ca pourrais passer pour un gros troll.
Bizarrement, les philosophes que j'adore sont les profs et les étudiants avec qui j'aime parler; je regarde toujours d'un mauvais oeil le philosophe médiatisé. Ca me fait, juste ... un peu bizarre. Mais je ne prends que des exemples un peu controversés

Citation :
-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer dans l'ordre du savoir? Par exemple dans ses rapports avec les sciences de la nature, les sciences humaines, etc...
Pour moi, la philosophie est définitivement mère de toutes les sciences; elle domine tout les autres car elle est applicable à tout concept, toute idée; science naturelles, humaines, sociales, politique, etc etc. ( ou " science sans conscience n'est que ruine de l'âme", pour sortir ma citation de newb philosophe )

Citation :
-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer dans la constitution des styles individuels d'existence (ou des morales personnelles si vous préférez)? Joue-t'elle ce rôle pour vous? Jusqu'à quel point? (par exemple par rapport à des trucs comme l'art, la morale traditionnelle, la littérature, la morale consumériste, les magazines féminins, la religion, etc...)
Oui. Je suppose que chacun gère avec sa propre conscience, mais sans aller jusqu'au moralisme, loin de là, la philosophie a joué, joue et jouera pour moi une grande part de ma morale. Mais comment pourrait il en être autrement ? Même en me foutant de la philo, je suis quand même une certaine philosophie ...
Je ne suivrais pas tes exemples sinon ca va être le festival de trolls, je le sens

Citation :
-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer en terme politique? (par exemple dans une perspective d'émancipation collective).
Indéniablement. On l'a vu dans le passé, à de nombreuses reprise.
Si je prends ton exemple, comment un mouvement d'émancipation collective se ferait il sans philosophie politique derrière ? Elle est résultante des principes moraux, de l'histoire d'une nation etc ... ; elle en est forcément dérivée.

Le mieux serait de demander à nos quelques experts philosophes qui devraient pas tarder a nous pondre des pavés, pour notre plus grand plaisir
Citation :
Publié par Lerrant
-Quelle est votre expérience de la philo? (expérience scolaire= jamais/juste en term/plus ; expérience non scolaire= ? Comment avez vous vécu tout ça?)
2 années maintenant de terminale et sincèrement c'est surtout un moyen de bouffer 4 dans une semaine, je vois pas l'intérêt de faire de la philo dans un cadre scolaire.
Y'a qu'a voir, les profs disent toujours "Le philosophie est toujours là pour être remise en question" Mais quand dans une copie tu n'adopte pas le Plan A B ou C et que tu vas chercher ailleurs tes idées, non ça ne rentre pas et de plus si tu rends ça au bac tu vas avoir une mauvaise note.
Au bac de l'année dernière la question toute bête "Prend-t-on exemple de l'histoire" j'ai pas adopter le plan "Non" par choix ayant une autre vision de la chose. 6/20

"Il n'y a pas qu'une philosophie, il y a autant de philosophie que d'êtres humains"

Citation :
-Quel est votre rapport actuel à la philo?
Actuellement je préfère me pencher sur des choses plus importante que ça, comme m'occuper des gens qui m'entourent.

Citation :
-Quelle représentation avez vous de la philo? (et plus spécifiquement de la philo contemporaine)
Sincérement ?
Tout ce qui est plus long que large est phallique (haha)

Citation :
...
Pour ce qui est des autres questions je dirais non non et non.
Tout simplement car la philosophie rabaisse l'animal au rang de chose, après je vois mal comment on pourrait lui accorder une once de crédibilité.
Citation :
Publié par TargueT
Au bac de l'année dernière la question toute bête "Prend-t-on exemple de l'histoire" j'ai pas adopter le plan "Non" par choix ayant une autre vision de la chose. 6/20
Et tu t'es jamais dit que ton devoir avait pu être tout simplement nul à chier? Non parce que bon la note elle se base pas sur oui ou non :l
Du moment que la philosophie est un chemin qui mène à la sagesse et non une quête de la vérité cela ne peut faire que du bien de l'emprunter

Je crois que la meilleure manière d'en faire est de prendre son temps et la plus mauvaise de l'utiliser pour répondre à des questions
Citation :
Publié par Syc`
Et tu t'es jamais dit que ton devoir avait pu être tout simplement nul à chier? Non parce que bon la note elle se base pas sur oui ou non :l
Oui mon devoir devait être merdique.
De toutes façons, l'idée même de noter un devoir de philo est absurde.
Citation :
Publié par TargueT
Mais quand dans une copie tu n'adopte pas le Plan A B ou C et que tu vas chercher ailleurs tes idées, non ça ne rentre pas et de plus si tu rends ça au bac tu vas avoir une mauvaise note..
Ailleurs comme ? une autre dimension ?
Plus sérieusement, en terminale on a tous le premier réflexe naïf de tenir la philo pour un truc à part, comme une récré sous lsd, mais il ne se peut ! Du moins pas tant qu'on n'a pas acquis un peu de rigueur intellectuelle. C'est comme pour toutes les disciplines du monde : s'émanciper des codes est encouragé, encore faut-il être passé par la case "je maîtrise les codes". Ca doit pouvoir se commencer après quelques années.
Citation :
-Quelle est votre expérience de la philo? (expérience scolaire= jamais/juste en term/plus ; expérience non scolaire= ? Comment avez vous vécu tout ça?)
L1 Philosophie/Lettres modernes.

Citation :
-Quel est votre rapport actuel à la philo?
Conflictuel.
Je suis moi aussi étudiant en philosophie, en Fac (Non, s'il vous plaît pas de condescendance, nous ne sommes pas des étudiants de seconde zone...du moins jusqu'à l'AGREG ). J'entends par conflictuel que, tout comme toi j'ai cru le comprendre, la philo me prends de plus en plus de temps, et de fait il n'y a plus un moment où mon cerveau se repose (Non, pas même quand je dors, c'est pendant un rêve que j'ai haïs McIntyre pour la première fois ).

C'est un sensation agréable, mais délicate aussi, si l'on considère à quel point la philosophie peut affecter notre personnalité. Maintenant tout passe par là. C'est sur que pour rien au monde je ne reviendrai en arrière, par contre l'idée de ne rien faire m'est devenue étrangère. Au regard des gens qui m'entoure il semble être terrifiant que je m'en moque, de là le conflit.


Citation :
-Quelle représentation avez vous de la philo? (et plus spécifiquement de la philo contemporaine)
Recherche, mal de tête. Nécéssaire, voire vital.

Par contre j'ai encore vu récemment qu'il y a deux type de sentiments distants pour les profanes: le dédain et l'idolâtrie. Soit De l'art de se branler ou bien Cet homme à les réponses à mes crise d'acnés.

Citation :
-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer dans l'ordre du savoir? Par exemple dans ses rapports avec les sciences de la nature, les sciences humaines, etc...
Oui, je pense même que la philo ne devrait pas se limiter dans la vie courante à un vague comité d'éthique...Mais je ne suis pas impartial.

Citation :
-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer dans la constitution des styles individuels d'existence (ou des morales personnelles si vous préférez)? Joue-t'elle ce rôle pour vous? Jusqu'à quel point? (par exemple par rapport à des trucs comme l'art, la morale traditionnelle, la littérature, la morale consumériste, les magazines féminins, la religion, etc...)
En fait la philosophie rend humble en nous confrontant à la rigueur intellectuel de certains auteur, se faisant elle tendrait a nous rendre misanthrope au regard du reste. C'est socialement en tout cas que l'apport de la philosophie se fait, selon moi, sentir.

Citation :
-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer en terme politique? (par exemple dans une perspective d'émancipation collective).
Si oui, à un niveau métapolitique ( doute ) alors.

Citation :
Voilà, merci d'avance pour vos réponses (que j'espère nombreuses même si OK le sujet n'est pas hyper glamour).
C'est glamour, mais je suis pas impartial, encore une fois, Hannah Arendt me fait de l'effet.
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Kawaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
Notation aléatoire, sujets dépassés c'est une perte de point en général au BAC. Je ne dis pas que la matière est inintéressante, au contraire elle permet aux élèves de développer leur capacité à disserter, à réfléchir mais je ne comprends toujours pas comment cette matière peut avoir un coefficient 4 dans un BAC ES... J'aurais préféré avoir des cours en plus en math, en éco voir en histoire géo plutôt que cette matière.
Je serais curieux de savoir, aujourd'hui quels sont les débouchés offerts après une fac de philo... dsl mais je vois mal comment on peut travailler dans une entreprise avec ce genre de diplômes. L'éducation nationale donc...
Citation :
Publié par Lerrant
Histoire de cadrer le débat:

-Quelle est votre expérience de la philo? (expérience scolaire= jamais/juste en term/plus ; expérience non scolaire= ? Comment avez vous vécu tout ça?)
-Quel est votre rapport actuel à la philo?
-Quelle représentation avez vous de la philo? (et plus spécifiquement de la philo contemporaine)
-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer dans l'ordre du savoir? Par exemple dans ses rapports avec les sciences de la nature, les sciences humaines, etc...
-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer dans la constitution des styles individuels d'existence (ou des morales personnelles si vous préférez)? Joue-t'elle ce rôle pour vous? Jusqu'à quel point? (par exemple par rapport à des trucs comme l'art, la morale traditionnelle, la littérature, la morale consumériste, les magazines féminins, la religion, etc...)

-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer en terme politique? (par exemple dans une perspective d'émancipation collective).
j'ai eu en terminale un prof exceptionnel, un " éveilleur " comme je dis parfois. Il m'a énormément influencé, sans jamais le faire directement. Il est clairement quelqu'un qui a marqué ma vie.
Chose bizarre et parfaitement née du hasard, après des années de discussions et de correspondance, nous nous étions perdus de vue, et il y a quatre jours, je l'ai croisé juste en sortant de mon lieu de travail, sur le trottoir, alors que je parlais avec mes élèves. Il m'a reconnu de suite, moi aussi, et nous avons convenu d'un rendez- vous. Il a eu lieu tout cet après- midi : j'avais oublié la saveur et la grande liberté de discussion avec ce prof (désormais collègue) , et je me suis retrouvé dix ans en arrière. Discussion professionnelle, discussion politique, discussion esthétique, le tout dans un bon café en terrasse en voyant des gens passer.
Bref, tout ce que j'aime dans la vie.
En revanche, mon expérience universitaire de la philo (khâgne, licence) fut catastrophique : je n'ai jamais accroché, et je n'ai pas réussi à me fondre dans le moule de la philo universitaire après cette année de terminale avec le prof dont j'ai parlé plus avant. Du coup, je me suis recentré sur l'Histoire, et me voilà
Mon rapport actuel à la philo ne se résume plus qu'à quelques lectures : quelques manuels de philo pour les problématiques et quelques textes majeurs de l'histoire de la philosophie, et surtout Nietzsche, Spinoza et Alain (qui demeurent vraiment les auteurs qui ont compté ou compte au quotidien dans ma vie). Et le questionnement permanent que j'ai gardé depuis mon année de philo avec lui : le fait de se questionner sur le fait de savoir pourquoi les choses sont ce qu'elles sont, mais aussi le goût de la discussion et le goût de la contradiction et du paradoxe. Même si mes interrogations sont parfois mal formulées ou pas super intéressantes parce que pas toujours " nobles " au sens intellectuel du terme , il n'en demeure pas moins que l'état de questionnement est constant, et c'est à lui que je le dois (et des fois je lui en veut à cause de mes nuits blanches )
Enfin, OUI et clairement OUI, la philo a un rôle à jouer au plan individuel et collectif, et la discussion de cet après- midi a contribué à m'en convaincre encore et toujours davantage.
La cité a toujours besoin de la philo, et elle aurait bien besoin de gens un peu plus capables de prendre le temps de penser les choses. Les choses de l'esprit sont bien plus essentielles qu'on ne pense ou qu'on ne le dit.
Je trouve ça scandaleux que des gens pensent qu'il faut avoir lu des philosophes pour faire de la philosophie.

Je confirme que la philo et les maths sont très proches (importance capitale du raisonnement et de la logique par exemple).

Penser que la philo est supérieure à une science c'est une opinion.
La philo est à côté, pas au dessus ni en dessous.
Mhh, sur le papier Kermo je suis d'accord.

Mais soyons honnêtes : je n'aurais jamais fait le cheminement intellectuel d'un Rousseau ou d'un Nietzsche tout seul. Et dans le cas où tu penses que justement, si, eh bien soit, mais au bout de combien de temps ? ( edit suite au MP avec quelle précisions ? avec autant de développements et de prolongations d'idées que ces auteurs ? Mhhh ... ca me semble tendu. )

edit : enfin, ca c'est pour la premiere partie.
En ce qui concerne la place de la philo, je ne dirais pas à côté; je dirais que tout est dans la philo et que la philo est en tout.
Une simple question d'assemblages de connaissances et d'informations pour aboutir à une réflexion de plus en plus fine.

edit2:
Citation :
j'ai eu en terminale un prof exceptionnel, un " éveilleur " comme je dis parfois. Il m'a énormément influencé, sans jamais le faire directement. Il est clairement quelqu'un qui a marqué ma vie.
Je ressens un peu la même chose, sauf que moi je l'ai connu y'a pas si longtemps que ça
Mais j'ai quand même l'impression que le professeur fait vraiment la matière ... malheureusement. Si la personne n'a pas un certain charisme pour intérésser toute l'assistance à la discussion ( et donc créer une discussion riche ), ca devient un petit module de 3-4 élèves sur 35 qui s'intéressent à la matière ... et 30 autres qui prennent ça pour une recré.
M'enfin, c'est quand même une matière qui n'est pas faite pour être abordée uniquement en surface, et ce n'est certainement pas avec le "saupoudrage de connaissances" ( dixit le prof en question ) observable dans l'education actuelle qui va franchement aider.
Citation :
Publié par TargueT
De toutes façons, l'idée même de noter un devoir de philo est absurde.
Bah si tu dois commenter un texte ou expliquer l'avis d'un auteur, non. Mais j'ai l'impression qu'en France vos travaux/exams de philo se résument à des sujets à la con ou il faut raconter sa vie, jor "Faut-il aimer ?"
Dans "Faut-il aimer ?", tu racontes ta vie, toi ?
Et t'es dans quel pays ?

Enfin, je veux dire, pour TargueT, y'a rien d'étonnant.
T'es censé développer les idées du sujet, TOUTES les idées, pas celles auxquelles tu agrées.
(sauf pour les explications de texte, évidemment; là, c'est noté sur la connaissances des idées, de l'auteur, là où la dissert est noté sur ta capacité d'analyse, de développement d'idées, etc ; edit : enfin, je pense. on ne peut pas "noter" des idées. )
le truc c'est que 90% des gens ne font qu'un an de philo en terminale et puis c'est tout. Alors après tout dépend du seul et unique prof que l'on a connu.

Pour ma part, l'experience était plutôt médiocre donc ma vision de la philosophie ressemble beaucoup au premier paragraphe du poste de départ.
J'ai une licence de philosophie. Je n'avais qu'une idée très vague de ce dont il s'agissait avant que mon professeur de Terminale ne me donne l'envie d'approfondir ma connaissance de cette discipline. Par contre, une fois en Fac j'ai été déçu au point de bifurquer dans une autre filière après la licence.

Déception d'abord devant le contenu de l'enseignement. Beaucoup de lectures fastidieuses, souvent absconses, trop rarement en rapport avec ce qui pourrait être un questionnement quotidien et contemporain. J'avais l'impression en fait que le petit monde de la philosophie évoluait en vase clos, revenant seulement de temps en temps vers le monde réel, et qu'on essayait de m'inculquer une sorte de catéchisme, un corpus de notions, de problématiques et de références dont la maîtrise ferait de moi un professeur de philosophie. Bref trop d'histoire de la philosophie, trop d'automatismes dans la pensée, pas assez de fraîcheur, de spontanéité, de vie en fait.

Déception aussi devant les gens. Je m'attendais très naïvement à intégrer une sorte d'élite de la pensée pure et désintéressée ( ) et je n'ai trouvé trop souvent que du vide et du confort intellectuel. En philosophie comme ailleurs il y a des chapelles. On en choisit une, avec ses auteurs fétiches et ses professeurs stars, en ignorant ou en dénigrant les autres. Il s'agit en fait de choisir le style de philosophe qu'on veut être : il y a les kantiens raisonnables et responsables, les heideggeriens verbeux et hermétiques, les logiciens sceptiques et austères... Et peut importe au fond si l'on n'y comprend rien, l'important est de faire comme si et de répéter ce que l'on entend.

Autant dire que même si j'ai tenu trois ans, je ne tire pas un bilan très flatteur de mes études de philosophie. Si je devais en retenir quelque chose de positif, ce serait une certaine exigence de rigueur dans l'emploi des concepts et la formulation des problématiques. Bref, la philosophie m'a appris à mieux exprimer mes idées en français... Autre point positif je suis revenu de mes illusions de jeunesse concernant l'amélioration de soi et la sérénité existentielle par la pratique de la philosophie . Finalement, la sociologie, que j'ai pratiqué aussi un peu, a été plus à même d'apporter des réponses à certains de mes questionnements que la philosophie elle-même.

En ce qui concerne l'actualité du questionnement philosophique, la seule démarche qui ait suscité mon intérêt et dont l'éthique m'a paru correspondre à l'idée que je me faisais du rôle de la philosophie est la philosophie analytique et les théories du langage d'inspiration principalement anglo-saxonne. Mais mon peu de goût pour la logique formelle et mon manque de culture mathématique m'ont fait renoncer à pousser plus loin dans cette voie. Si je devais résumer ma conception du rôle de la philosophie je dirais que j'en ai une vision socratique : la philosophie est une remise en question perpétuelle, une interrogation sans fin; elle-même n'a pas de prétentions quant à la connaissance du réel mais elle permet de fonder les sciences du réel en examinant la validité de leurs principes. Et je trouve dommage qu'en France l'on préfère trop souvent à ce genre de position à la fois humble et radicale, le verbiage et l'hermétisme.

Pour finir, un mot sur le rôle de la philosophie dans la sphère publique. Pour moi on attend trop d'elle aujourd'hui en France, notamment en ce qui concerne sa place dans l'enseignement secondaire. Ca ne me choquerais pas que cette matière soit tout simplement supprimée. Non qu'elle soit néfaste mais plutôt inutile, c'est un luxe. Je ne pense pas que quelque heures de discussion autour d'une poignée de thèmes en Terminale contribue grandement à l'édification du lycéen futur citoyen. La philosophie ne fait que prêcher aux convertis, et orienter vers les bancs de la faculté ceux qui étaient de toute façon prédisposés à y prendre goût, et tout cela dans le seul but d'assurer la relève à terme du corps enseignant. Il serait plus sain à mon humble avis de laisser les philosophes deviser tranquillement entre eux dans les départements de philosophie et de faire une croix sur les dérives médiatiques et scolaires de cette discipline.



(c'était juste pour dire que, j'ai beau ne rien écrire, je n'en lis pas moins toutes vos réponses avec attention et intérêt. Je préfères ne pas faire de commentaires mais je ne peux pas me retenir là: j'avoue franchement mon désaccord massif avec Ruligs: il n'y a rien de plus détestable que cette conception très anglo-saxonne qui fait de la philo la femme de ménage du laboratoire, ayant pour seul but d'épousseter les théories scientifiques, d'analyser leurs engagements ontologiques, etc... enfin ok je me tais )
C'est bien entendu une vision purement personnelle... Mais pourquoi "détestable"? N'as-tu pas l'impression de déterminer a priori la nature de la philosophie avant de savoir ce qu'elle peut faire? Peut-elle seulement être autre chose?
Citation :
Si je devais résumer ma conception du rôle de la philosophie je dirais que j'en ai une vision socratique : la philosophie est une remise en question perpétuelle, une interrogation sans fin; elle-même n'a pas de prétentions quant à la connaissance du réel mais elle permet de fonder les sciences du réel en examinant la validité de leurs principes. Et je trouve dommage qu'en France l'on préfère trop souvent à ce genre de position à la fois humble et radicale, le verbiage et l'hermétisme.
Roh

Amen

edit : par contre, vu le dernier paragraphe, on diverge un peu de point de vue.
Supprimer la matière ne serait certes pas une bonne choses; peut être seulement adapter le programme en relation avec la fillère que l'on choisi, afin d'en chasser le "superflu" et potentiellement d'intéresser les élèves.
En même temps, tu dresses un portrait carrément acide de ton environnement d'étude, donc ca ne m'étonne pas, mais quand même ...
J'aurais une petite question avant d'aller dodoter...
De part ce que j'ai lut, j'ai l'impression qu'il y a un point "flou",
la philo, c'est, de votre point de vue, l'apprentissage de concepts, ou l'apprentissage d'une technique (dans le sens de l'intégration d'un mécanisme de réflexion)

Je répondrais plus précisément aux questions demain.
Tout d'abord ma pratique:
- Deux ans au lycée dans une section pourtant tout autre: l'électronique. Résultat et approche chaotique. Le positif: pas d'étude de grand auteurs mais des discutions libres (et parfois animés) traitant de tout et de rien (mais surtout de rien).

- Quelque conférence ouverte au publique à coté du jardin des plantes sur Paris dans la bibliothèque Buffon, je crois.
Résultat: je faisait partit des minorités; en tout 2 ados de moins de 20 ans, une asiatique et un noir. la majorité étant constitué de personne de plus de 50 ans, petite bourgeoisie et adorateur du journal le Monde (environ 30 ou 40 personnes).
Au programme: lecture de Décarte par des intervenant autour de sujet tel que la sexualité etc...
Pour ceux que sa intéresse c'était le mercredi ou le Mardi soir de 6h à 8h (me souvient plus très bien c'était il y a trois ans de cela).

- Actuellement, étude de la philosophie autour de l'Art (fac de Médiation Culturel et Artistique). Sympa quelque soit le prof. de bonne idée mais parfois une idéologie anti-technique assez vaseuse.

Quelque lectures personnels.


Bilan: Comme toute chose, du pour et du contre. On fait le choix en fonction de ce que l'on recherche
Citation :
-Quelle est votre expérience de la philo? (expérience scolaire= jamais/juste en term/plus ; expérience non scolaire= ? Comment avez vous vécu tout ça?)
J'ai une expérience en philosophie du niveau du master (bac +5)... J'y suis venu de manière peu conventionnelle. Passionné d'histoire, j'ai fait d'abord une licence durant laquelle je me suis particulièrement intéressé aux formes de pouvoir, aux événements politiques, à ceux qui ont changé ou altéré la société... Par la suite, j'ai embrayé sur une maîtrise de science politique et j'ai donc suivi les lignes de pensées d'Arendt à Rancière, en passant par Abensour, Lefort (essentiellement l'école de "la démocratie contre l'Etat", grossièrement) et j'en passe (ça va de Platon, Aristote à Machiavel, puis Locke, Nietzsche...). Après avoir fait une licence de journalisme, j'embraye sur le versant DEA du master. A vrai dire, je ne suis pas vraiment un "philosopheux", puisque je n'étudie que le versant politique et qu'en plus je bosse davantage dans une logique transversale philo / sociologie politique (les deux parents qui ont été longtemps ennemis...)

Citation :
-Quel est votre rapport actuel à la philo?
-Quelle représentation avez vous de la philo? (et plus spécifiquement de la philo contemporaine)
J'en bouffe tout les jours. Et même la nuit... Il m'arrive parfois de me lever pour noter une idée, une corrélation que je n'avais pas faite avant, une piste à étudier. Ca trottine dans la tête à un point que c'en est pire que la petite chansonnette qui revient, perverse et répétitive...
Actuellement, j'observe attentivement le courant de pensée et de philosophie suscité par les réflexions d'Arendt. La philosophie est peut-être moins dense, moins bien considérée dans la masse des sciences (exactes ou pas) qu'elle ne l'était en d'autres siècles. Le mouvement de la sociologie a rogné sur un domaine considéré comme par trop abstrait, comportant des modèles / paradigmes utopiques et ceci surtout dans le domaine de la philosophie politique. En France, ça reste très marginal considéré aux débats dans le monde anglo saxons (communautariens VS libéraux) ou chez les allemands... C'est dommage.

Citation :
-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer dans l'ordre du savoir? Par exemple dans ses rapports avec les sciences de la nature, les sciences humaines, etc...
Oui, oui, absolument oui. La philosophie a un rôle à jouer dans toutes les questions portant soit sur le pouvoir, soit sur les modes d'action, soit sur les limites (que ce soit celles du vivant, de la pensée, etc.). La philosophie est tout ce qui peut faire un contrepoids à la technicité de certains domaines ou à la froideur calculatrice d'autres. La philosophie n'apporte pas de réponses mais pose les bonnes questions sur notre comportement en société ou vis-à-vis de certains événements. Elle permet de résoudre des paradoxes éthiques / moraux / politiques par une réflexion... Réflexion qui fait contrepoids à l'action en permanence encensée aujourd'hui.

Citation :
-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer dans la constitution des styles individuels d'existence (ou des morales personnelles si vous préférez)? Joue-t'elle ce rôle pour vous? Jusqu'à quel point? (par exemple par rapport à des trucs comme l'art, la morale traditionnelle, la littérature, la morale consumériste, les magazines féminins, la religion, etc...)
Oui mais à un certain degré. La philosophie a un rôle à jouer dans la manière d'appréhender les complexités du monde, d'entraîner à la réflexion à partir de faits, de voir comment peuvent s'articuler des pensées. Et ce, dans n'importe quel domaine que ce soit. Le philosophie permet de s'évader du détail, du fait purement basique pour réflechir à "la structure" de pensée qui se cache derrière.

Citation :
-Pensez vous que la philo ait un rôle à jouer en terme politique? (par exemple dans une perspective d'émancipation collective).
Oui, absolument. La philosophie est indissociable du politique, car c'est une réflexion permanente, souvent implicite, quelques fois explicite, sur le pouvoir de l'homme (ou d'une structure comme l'Etat) et la manière de le tenir ou de l'exercer. De tout temps, l'émancipation et plus largement la liberté a été pensée d'abord en termes philosophiques (avant d'être traduit en termes juridiques) : les Lumières / Révolution Française, Nietzsche / remise en cause d'une certaine rationalité, Arendt / dénonciation du totalitarisme, Strauss / dénonciation de la modernité et j'en passe.
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