Les français ont tendance à passer d'un extrême à l'autre vis à vis de leur sentiment d'appartenance avec leur pays.
On est orgueilleux sur des points précis de notre histoire au point de s'octroyer parfois certaines inventions qui ne sont pas les nôtres.
Mais en même temps les français sont masochistes au point de retourner sans cesse le souvenir des années sombres comme Vichy, la guerre d'Algérie etc.
Il y a plusieurs réponses à cela.
Tout d'abord notre histoire. La France est une nation qui s'est construite avec la Révolution. Par la force on a imposé une même langue, les mêmes unités de mesures etc sur tout le territoire.
Hors ce n'est pas un véritable ciment.
L'interdiction pendant des décennies des langues régionales, le sur-investissement par une seule grande ville de l'ensemble des pouvoirs politiques et économiques ont accentué le fossé entre la capitale et "se qu'on nommait dans les années 70 le désert français"
Comment parler d'unité nationale avec une telle configuration?
La méfiance, voir la défiance vis à vis du politique (le personnel) est très ancienne, et cependant compensée par un goût pour les débats politiques.
Les français aiment parler politique, c'est d'ailleurs une de nos particularités nationales.( on le voit bien sur ce forum )
Ce divorce avec les hommes politiques date de la première guerre mondiale.
La fracture vu définitive entre la majorité des foyers français qui avaient perdu plusieurs de leur membres dans cette boucherie et le personnel politique de la troisième république qui avaient gérer la guerre.
Elle se traduisit par la fin des banquets de campagnes et du parti radical. Ce petit parti fut longtemps soutenu par la France rurale et jouait sur le manque de majorité dans ce régime parlementaire pour y placer ses hommes en faisant et défaisant ses alliances.
Enfin le scandale de Panama, et autres bons sur les chemins de fer russes et actions ont définitivement ternie l'image du pouvoir et font désormais peser une suspicion systématique comme quoi tout homme politique haut placé est forcément corrompu.
Les français sont un peuple ingouvernable, révoltés et très divisés (voir le nombre de partis politiques) c'est pour cela que De Gaulle avait mis en place un régime présidentiel pour asseoir enfin une majorité qui puisse gouverner.
La montée récente des communautarisme conséquence de l'échec patent du modèle d'intégration renforce la division dans ce pays ou peu de choses désormais rassemblent encore l'ensemble de nos concitoyens.
Le président a perdu son aura divine, la désacralisation de la fonction créée avec la cinquième république date de la première cohabitation (idée perverse de Balladur conseiller de Chirac à l'époque) une sorte d'étrange retour au parlementarisme, régime honni et détesté jusque là.
Ni le président qui ressemble plus à un pote qu'à un haut responsable politique, ni le drapeau qui date de la révolution française, souvenir d'une terrible guerre civile, ni le chant national qui rappel combien la France pouvait être une nation belliqueuse ne peuvent être facteur d'union pour chaque citoyen de notre pays.
L'école de Jules ferry a pendant des années construit cette fiction de la citoyenneté et de la république qui si on regarde bien sont des concepts bien méconnus pourtant de nos jours. Et si le problème c'était que justement l'unité française n'a comme ciment que cette fragile
utopie républicaine.
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