Ça a l’air dur de comprendre que les legos c’est un exemple a destination des enfants pour aborder le thème du langage qui est le sujet de cette vitrine de l’expo.
Au passage pour ceux qui ne vont pas souvent au musée, ce genre d’expositions thématiques, il faut les voir comme des petites animations temporaires qui prennent la collection permanente et l’éclairent sous l’angle du thème choisi. C’est plus : bon on a un avion et un seau de lego qu’est ce qu’on peut faire avec ça. Désolé pour cette courte digression, je suis un nerd des musées
Pour revenir au truc, je rappelle que l’expo s’intitule « seeing things queerly » (nice pun) donc forcément ca va parler de représentation, de normes, de la société etc…, et c’est là que c’est important et qu’il faut se concentrer,
du point de vue des queers.
Et finalement on est dans le cœur du sujet : le langage est subjectif, comme un FPS il s’écrit à la première personne. Il représente le point de vue, la perspective, du groupe dominant (dans le sens de plus nombreux, qui définit la norme). C’est pour cela par exemple que immigré et expatrié coexistent alors que ces deux mots décrivent la même chose : une personne qui quitte son pays. Mais comme le langage représente la perspective du groupe social qui le parle, il devient pertinent de différencier celui quitte le groupe de l’étranger. Et potentiellement, faite l’exercice sincèrement, immigré et expatrié vont amener des images mentales, des représentations, différentes dans nos esprits. C’est intéressant de le noter je trouve.
Ce n’est pas bien ni mal, c’est normal, humain même. Le musée ne juge pas, il ne dit pas que c’est mal, que cela heurte les queers, en accusant. Il ne préconise rien non plus. Il fait son travail de musée, il décrit une réalité.
Les mots étant des briques de raisonnement permettant d’appréhender et de manipuler des concepts, le vocabulaire sera le lieu d’une tension entre normalité et différence. Nous avons besoin de plus de mots, et de perspectives variées, pour comprendre la différence. Il y a 100 ans les maladies mentales c’était « les fous et les hystériques » et les malades étaient ostracisés. Aujourd’hui les progrès de la médecine ont permis une meilleure compréhension du sujet et de la variété de pathologies, la diffusion d’un vocabulaire « maladies mentales » riche et précis dans la population ainsi qu’une acceptation et une humanité sans commune mesure vis à vis des personnes souffrant de ces troubles.
Donc l’exemple des legos peut paraître anodin et décalé, et il l’est d’une certaine façon, mais en prenant le temps de réfléchir, en faisant un peu d’introspection et de réflexion personnelle, il ouvre aussi sur d’autres enjeux.
L'exemple des legos est débile, parce qu'en fait, personne ne parle de legos mâles et femelles... Deja parce que tous les legos disposent des deux types de connecteurs. Je ne sais pas ou ils sont allés chercher ça, mais personne n'en parle comme ça. La, en fait, ça revient à pointer, non une terminologie, mais le mode de fonctionnement des legos. Et ça va peut être en choquer certains, mais les legos ne fonctionnent pas comme ça en raison d'une quelconque norme sociétale. Ils fonctionnent comme ça parce que, d'un point de vue technique, ça fonctionne.
Par contre, pour les prises, c'est un fait, on parle de prises mâles et femelles... Et ce dans toutes les langues que je connais. C'est curieux quand même cette universalité des termes dans des cultures sans nécessairement de rapport entre elles?
Je vais maintenant vous faire part de mon expérience de technicien. Quand je parle à quelqu'un qui n'a strictement aucune, mais alors aucune expérience en électricité, ou en électronique, de prises, fiches, ou autres connecteurs, j'utilise les termes mâles et femelles en leur montrant les prises. Et ce qui est magique, c'est que quand je le fais, je n'ai pas besoin de leur expliquer laquelle est la prise mâle, et laquelle est la prise femelle (bon, manifestement sauf si je tombe face a Airmed, ouais... certaines journées paraissent plus longues que d'autres). Et encore mieux.. Si j'utilise des termes comme A et B, que je devrais donc leur expliquer, je peux être sur que si je reviens dans 20 minutes, je leur demande de me passer la prise A, ils auront oublié de laquelle il s'agit!!! Alors que si je leur demande la prise mâle, c'est incroyable, ils vont tout de suite me donner la bonne!
Alors, j'ai bien compris qu'il y a des gens que ça fasse chier que ces références biologiques soient universellement reconnues... Trop dur... Mais je n'en ai rien à foutre, parce que ce n'est pas mon problème. Moi mon problème, c'est de communiquer de la façon la plus simple et efficace possible même avec des gens qui n'y connaissent rien...
Je t'invite à tenter une expérience amusante... Tu vas dans un magasin d'informatique, et tu demandes ou est le rayon des capteurs optoélectroniques infrarouges et lasers (pour info, c'est une évolution des capteurs optoélectroniques à bille rilsan)... il y a 99,99% de chances que le vendeur, qui pourtant connait son métier, se demande, mais bordel, de quoi tu es train de parler. Ou bien, tu peux juste lui demander ou sont les souris... Terme qui a été universellement adopté parce que beaucoup plus simple, et que même quelqu'un qui n'a aucune culture technique comprend.
Incroyable, non?