Épanouissement pro et/ou perso ?

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Coucou tout le monde,

Je vais rédiger un gros paragraphe introductif, un pavé sur ma vie pour vous permettre d’apprécier le contexte. Si vous vous en branlez royalement, claquez la porte ou contentez-vous de lire le dernier paragraphe

J’achève d’ici une semaine ou deux ma formation supérieure. Parcours plus ou moins classique. Études secondaires en lycée militaire. CPGE en lycée militaire, et en toute logique Saint-Cyr. Mon parcours n’a toutefois pas toujours été si linéaire. Le cadre familial aidant, le choix du lycée n’a pas donné lieu à nombre de tergiversations. Mon background est lui aussi particulier.
À l’issue de ma terminale, j’étais initialement admis au service de santé des armées. Du moins jusqu’à ce que ma vision défaillante des couleurs (ou l’extrême aléa des tests) me conduise à une première réforme. Me voilà alors éjecté dans le monde civil et en maths sup’ civile (une bonne MPSI en province), où je ne m’épanouis pas particulièrement. Là encore, le milieu aidant, me voici de retour en CPGE éco en lycée militaire. Une bonne dose de chance aux tests médicaux m’offre cependant un excellent dossier médical (sur le volet « sens chromatique » évidemment – le seul problématique), puis une intégration facile à Saint-Cyr.

Pour résumer cela en quelques mots, les trois dernières années ont été une purge. Comme tous les préparationnaires français, je me suis retrouvé échoué dans un mouroir intellectuel. Et l’absence de temps libre n’a pas non plus contribué à mon épanouissement. Au-delà de ce détail, j’ai appris une nouvelle fois une inaptitude – celles pour les unités dites d’élite. Pour faire simple, si je souhaite graviter autour de telles unités, je dois remettre mon destin (ou dossier médical) entre les mains du hasard. Rien de fou.
Parallèlement, la présentation des autres spécialités n’a pas non plus trouvé un grand attrait à mes yeux. Les échanges avec les mecs à ma place il y a 10 ans ont fortement tranché avec les représentations que mon entourage et moi nous faisions à propos de notre métier.

Là, l’année se finit, et me voici donc prêt à servir les armes de soutien. Aucun mythe, mais une formation professionnelle utile, et se recyclant aisément dans le monde civil. J’ai opté pour la carte de la reconversion rapide. Néanmoins, là aussi, rien de sexy à court-terme au sein de l’armée, pas plus qu’à moyen ou long-terme en termes de reconversion. La log’, ça paye bien, ça recrute, mais c’est pas le lvl 10 000 de la street cred’.


Par ailleurs, j’ai récemment repris contact avec un ami qui était dans mon cas il y a deux ans à la fin de sa scolarité. Lui a fait le choix de partir après sa formation, tout comme l’un de ses camarades de promotion. L’un a rejoint le programme grandes écoles de l’ESSEC, l’autre un master spé finance à l’ESCP. L’un vient d’être embauché à la fin de son cursus dans une venture capital et il partira bientôt en strat’, et l’autre a décroché son CDI en M&A chez Rothschield.
Ce que j’en retiens surtout, c’est que j’ai la possibilité si je le souhaite de partir dans le civil avec des postes jugés comme intéressants et à responsabilité assez rapidement. Ce que je vois en revanche, ce sont des taff qui ne me passionnent pas davantage, et qui rémunèrent grassement tout individu prêt à sacrifier sa vie perso. Nul doute qu’il s’agit là de tremplins professionnels conséquents, mais je ne suis à vrai dire pas sûr d’être davantage stimulé. Mon esprit devenu étriqué a en tout cas beaucoup de mal à concevoir des horizons autres que militaires. Je considère mes réflexions comme biaisées.

Je suis actuellement en couple, et bientôt fiancé – la mi-vingtaine arrivant peu à peu. Il est difficile de trouver un point d’entente avec ma compagne. Son CV et son parcours sont dans les étoiles, et il est fort probable qu’elle acquière sous peu le statut de haut-fonctionnaire. Il y a en outre une harmonie à trouver au sein de sa famille. Et celle-ci passe bien souvent par la mise en marge professionnelle de l’un des membres du couple.
J’avais aussi pu échanger avec un militaire de 50 ans à la carrière brillante qui me présentait la crise de la quarantaine/cinquantaine. Crise existentielle d’autant plus fréquente dans une bureaucratie comme l’armée, où les parcours sont normés et plus ou homogènes, et donc où le concours de bite n’a de cesse jusqu’à la fin de carrière (« Putain, j’ai 45 ans et je ne suis qu’à tel poste/tel grade, alors que le major est en passe d’être généralisé », « J’ai un chibre vraiment énorme, je colle 3 ans d’avancement dans la gueule du connard lambda de ma promotion », « Je suis parti dans le civil et je touche plus/ai plus de responsabilités que les idiots qui sont restés, ou les mecs qui sont partis tout comme moi »). Crise néanmoins aussi grandement influencée par les accomplissements personnels, la structure familiale, etc.


Donc là, je gamberge, beaucoup même. Je n’ai pas envie de me tirer de l’armée, faire beaucoup de ronds, au détriment de mes loisirs, de ma vie perso. Arriver à 50 piges sans famille sans rien. Ou à l’inverse, arriver à 50 piges en ayant été groom et « mari de ». Quoi qu’en somme, je m’en moque, je ne veux juste pas arriver à 50 ans et être plein de regrets. Me dire que j’aurais pu faire mieux, ou que ma vie jusqu’à maintenant c’était de la merde, etc.
J’aimerais bien avoir des retours sur vos vies pro et perso, ce que vous avez privilégié, et si vous regrettez vos choix – ou non. S’il est possible également d’être épanoui sur les deux plans, perso et pro. On m’a toujours vendu l’inverse, mais j’ai du mal à réduire le travail à une purge nécessaire à la gamelle avant de retourner dans son cocon privé …

Merci à vous.
Perso, n'étant pas maitre de mon parcours, pour cause d'arrivée à l'âge de 18 ans avec rien du tout dans les mains niveau diplôme (vie familiale ultra compliquée toute mon enfance/adolescence), j'ai alterné les phases :

- Rush 100% taf pour rattraper le temps perdu et essayer de "monter" mon niveau pro au "mérite" à défaut de le faire avec des bases solides. J'y ai laissé pas mal de mes couples et une bonne partie de mes moments loisirs/sociaux car comme beaucoup j'ai démarré avec des boulots usants et avec des horaires bien pourris qui font que soit tu rentres crevé en mode zombi, soit tes temps libres ne sont pas du tout compatibles avec ceux de ta moitié.

- Pauses entre 2 jobs, ou j'en ai profité pour souffler et profiter un peu de la vie. Pas trop longtemps car faut bien payer les factures, puis fallait continuer à essayer d'évoluer.

Aujourd'hui, j'ai 45 ans, et je peux juste dire une chose... Le manque d'études/qualifications, tu le rattrapera jamais, même en étant le plus courageux du monde. Ou alors faut avoir la chance de tomber dans un endroit stable ou on te laisse le temps d'évoluer et de monter.

Mais dans mon cas, j'ai alterné les emplois précaires, toujours en essayant d'y faire mon trou, mais toujours avec des contrat de merde, difficilement renouvelables car les patrons avaient plus d'intérêts à engager un chômeur (primes, etc...) qu'à garder le mec qui se donne à fond depuis 12 mois, mais dont il faudra payer le salaire plein pot dés le 13eme.

A chaque fin de contrat, j'ai toujours essayé de viser plus haut, renforcé par ma nouvelle XP et les nouveaux acquis. J'ai ainsi réussi à passer de serveur dans un snack avec aucun diplôme, à responsable d'une société employant 50 personnes, avec un essai d'entrepreneuriat il y a 13 ans, mais avorté à cause d'un associé pas du tout fiable...

Je ne regrette pas mon parcours, j'ai eu des galères et de très bons moments. Chaque expérience est à prendre, il ne tiens qu'à toi d'en garder le meilleur.

Après plusieurs mises en couple qui n'ont pas tenu face à cette vie assez instable niveau pro, j'ai enfin trouvé ma moitié il y a 12 ans.

Aujourd'hui, je me suis posé et je donne priorité à mon couple et à notre petite fille que nous avons adopté il y a 5 ans. Je souffle depuis 8 mois, mon dernier boulot m'a permis de m'en mettre plein les poches, mais m'a foutu dans un burn-out pas possible. C'est fini, maintenant je vis pour ma famille et je reprends une activité pro modérée. Ma compagne a un boulot stable et ca suffit, ca sert à rien de crever à 55 ans d'un infarctus lié au stress et à l'épuisement avec le compte en banque plein...

Pourquoi je te raconte tout ca? C'est simple, c'est pour te faire comprendre que malgré les choix que tu peux faire demain, malgré les questions que tu peux te poser aujourd'hui, a tout moment dans ta vie arriveront des choses que tu ne peux pas contrôler ou maitriser, et qui te feront dévier de la trajectoire que tu essayais de maintenir. Et a plusieurs reprises dans ta vie, tu devras changer l'aiguillage et remodeler ton parcours en fonction de ces imprévus.

Avoir des regrets, des remords? L'un ou l'autre tu les rencontreras tôt ou tard, on dois vivre avec.

Mais une seule choses est essentielle, et c'est la seule chose qui me rend fier de mon parcours aujourd'hui. Malgré les galères, malgré les critiques, malgré les gros moments de doute, etc... J'ai toujours écouté mon coeur et mis mes valeurs et convictions en priorité dans les moments ou je devais faire des choix. Et l'air de rien, ca aide fameusement à relativiser quand arriveront les moments ou les fameux "regrets" et "remords" pointeront le bout de leur nez.

Voilà, c'est le seul conseil qu'un mec de 45 ans, qui a galéré toute sa vie pour s'en sortir, mais qui se retrouve aujourd'hui épanoui et fier de son parcours, peut te donner.

Personne ne pourra te dire ce qui est le mieux pour toi, tu est le seul à le savoir. Et si tu ne le sais pas encore (à 25 ans j'étais très loin de savoir ce que je voulais), écoute ton coeur, ne va pas à l'encontre de tes convictions, oriente tes choix par rapport à ces deux critères, et tu verras, le reste arrivera naturellement.

Citation :
J’aimerais bien avoir des retours sur vos vies pro et perso, ce que vous avez privilégié, et si vous regrettez vos choix – ou non. S’il est possible également d’être épanoui sur les deux plans, perso et pro.

Être épanoui aux plans ‘perso’ et ‘pro’ est possible. En tout cas je le suis. Je m’étends pas sur le côté ‘perso’ car c’est pas le 3615 viedecouple mais niveau articulation ‘perso’-‘pro’ je dirai qu’il faut trouver l’équilibre : dur pour moi étant passionné par mon sujet ‘pro’ mais j’y arrive de mieux en mieux (j’apprends à déconnecter). Ça implique (aussi) de savoir faire des compromis.

Côté ‘pro’, la passion comme je le disais (et avoir eu l’opportunité de réaliser un de mes rêves). C’est ma clé.

Cette passion est née d’un choix improbable. Je me destinais au monde bancaire/financier (conformité). J’avais le profil/parcours, bref c’était la voie.

Or, j’ai eu l’opportunité de faire un stage dans les institutions européennes dans un domaine qui m’était totalement inconnu (même si, d’une manière, c’est une sorte de « conformité » aussi). Au début très réticent, j’ai sauté le pas - sentant un truc poindre, par goût de l’aventure aussi (non assumé). Puis j’avais un vieux rêve de mettre mes connaissances au service du « bien commun » dans une institution internationale/gouvernementale. Avec ce stage, j’ai découvert une passion qui s’est terminée en job de plusieurs années. Le rêve a été réalisé en somme.

Aucun regret. J’ai un vrai sentiment d’accomplissement de ma vie ‘pro’ malgré avoir encore des dizaines d’années de cotisations.

Je poursuis maintenant cette passion dans une autre structure, même si le COVID et l’impossibilité de voyager jouent avec mon goût pour l’aventure (non assumé comme je l’écrivais). Et ce, même si d’autres aventures étaient à portée de main - on en revient au compromis du côté ‘perso’.

Reste à accomplir les autres rêves maintenant, puis d’autres naîtront sans doute (y compris ‘pro’). Qui vivra verra.

Tout ça pour dire que des fois aussi côté ‘pro’, mettre la raison de côté ça paye. @Awakavak l’écrit différemment, mais je me retrouve dans ses lignes : le cœur, les convictions, le travail, etc.

Bon courage.
Moi je me dis que le seul truc attrayant dans l'armée ça doit être le terrain, les missions et déploiement.

Si c'est pour travailler dans un bureau, faire un truc chiant, en étant moins payé que dans le civil...
Quel intérêt ?

Tu devrais aller dans le civil, t'en mettre dans les poches pendant quelques années, puis lancer ta propre boîte.
Au moins tu feras un truc qui t'intéressera.
Epanouissement personnel dans l'armée ? C'est pas le bon milieu, surtout en tant qu'officier où tu as plutôt intérêt à rentrer dans les rangs au risque de te faire broyer rapidement par le système.
C'est toujours compliqué d'en arriver là, mais il faut surtout que tu réfléchisses à ce que tu as envie de faire.

Comme disait toujours ma chère maman, ce n'est pas les copains ni la famille qui paie le loyer mais toi, donc à toi de voir ce que tu as envie.

Après, être le mari, le chéri d'une grande dame, ce n'est pas une tare non plus, vous pouvez vous épanouir à travers la situation professionnelle de ta chère et tendre.

Ce qu'il faut que tu fasses, c'est te trouver un hobby, un loisir qui pourrait te rapporter un peu de sous, pas forcément des milliards d'euros mais quelque chose qui te permette d'être autonome, de pouvoir sortir avec ta douce et que ça soit toi qui paie, en somme d'être légèrement autonome, quitte à prendre un boulot nourricier quelconque et sans intérêt et t'occuper à côté pour trouver un équilibre.

La crise de la trentaine existe, pour moi, ça s'est passé rapidement, un mois à niquer tout ce qui bouge chaque soir en rencontrant sur Internet et après ça passe, mais en général, un homme quand cela lui arrive, a surtout besoin de se rassurer sur son côté séducteur etc... bref de savoir qu'il plait etc... je pense que le côté primitif ressort probablement mais je ne suis pas un expert en psychologie, il faudrait probablement qu'un jolien psychiatre puisse confirmer mes dires ou pas.

La crise de la quarantaine existe aussi, en général, il s'agit plus d'une remise en cause personnelle sur ce qu'on a fait en regardant le passé. Pour ma part, j'ai monté ma boîte en partant de rien et je suis aujourd'hui totalement victime de mon succès à un point où je ne sais plus quoi faire, débordé par le travail mais c'est un problème de riche.

Bref, la vie d'un homme aujourd'hui est loin d'être simple mais il faudra surtout être compréhensif avec ta chérie parce que c'est elle qui va trinquer lorsque tu feras tes conneries (et tu en feras forcément parce que c'est dans notre ADN).

Après, vu ton histoire et ton parcours, le mieux pour toi est de bosser comme un damné pendant quinze ou vingt ans maximum, d'amasser un paquet de pognon et de devenir rentier ensuite pour faire ce qu'il te plaira, en tout cas, c'est ce que j'aurai fait à ta place.
Citation :
Publié par Attel Malagate
Moi je me dis que le seul truc attrayant dans l'armée ça doit être le terrain, les missions et déploiement.

Si c'est pour travailler dans un bureau, faire un truc chiant, en étant moins payé que dans le civil...
Quel intérêt ?

Tu devrais aller dans le civil, t'en mettre dans les poches pendant quelques années, puis lancer ta propre boîte.
Au moins tu feras un truc qui t'intéressera.
Il fera davantage de blé à faire 5 ans dans l'armée qu'à aller dans le civil. L'op est un futur officier, ça rapporte pas mal.

@OP : Du peu que je connais de la logistique dans l'armée, ça a l'air plutôt sympa. Puis si tu vises une reconversion dans le civil ensuite c'est banco.
L'épanouissement perso et pro c'est une histoire d'équilibre, tu peux très bien aimer ton boulot tout en étant pressé de rentrer chez toi retrouver ta famille, le seul militaire haut gradé (général de brigade) que je connais aimait autant son travail qu'il aimait ne pas y être.
En tout cas t'as pas besoin d'un titre ronflant pour être heureux au quotidien, enfin j'imagine que ça dépend des gens.
Citation :
Publié par Metalovichinkov
Il fera davantage de blé à faire 5 ans dans l'armée qu'à aller dans le civil. L'op est un futur officier, ça rapporte pas mal.
J'ai peut être pas regardé le bon truc, mais la grille de salaires des officiers (dans l'armée de terre en tout cas) ne vend pas du rêve.

Je pense que vu sa formation il peut trouver bien mieux dans le civil.
Ce que je voulais dire c'est qu'un ex officier avec plusieurs années d'armée n'est pas embauché au même salaire qu'un officier fraîchement sorti d'école, mais je me trompe peut être.

Puis de mémoire ça paye quand même très correctement, les déplacements impliquent de grosses majorations (+50 à +300% du salaire je crois)
Citation :
Publié par Awakavac
...

This. J'ai a peu près le même parcours sauf que j'ai estimé avoir rattrapé mon "retard". Plus de détails là dessus a la fin.

Pas même le BEPC, j'ai grimpé jusqu'à un niveau chef de service / directeur.

Je me reconnais totalement dans les phases que tu décris :

- Phase 1 : Des années de boulots au salaire minimum

- Phase 2 : Choisir un de ces jobs au bas de l'échelle et cravacher pour être dans les meilleurs (moi ça a été le service client)

- Phase 3 : Cravacher comme un fou dans les nouveaux postes plus élevés dans lesquels on m'a promu. Le syndrome de l'imposteur étant ce qu'il est, je me suis retrouvé à taffer 16h/j pendant trois ans. Mais en échange j'ai eu une ascension rapide pendant des années là. Par contre à l'époque j'ai aussi développé un début d'alcoolisme (j'étais à deux bouteilles de vodka par semaine) heureusement vite résolu avant que l'addition ne prenne.

- Phase 4 : Je ne voulais pas qu'on me dise que j'étais monté aussi haut dans une seule entreprise donc je me suis attaché à me faire recruter au même poste dans une autre boîte pour consolider le fait de bosser à ce niveau

- Phase 5 : Je ne voulais plus l'étiquette de l'industrie dans laquelle j'avais fait carrière. Je voulais prouver pouvoir bosser dans une autre industrie. Pour se faire j'ai accepté -50% sur mon salaire et j'ai du à nouveau grimper les échelons.

- Phase 6 : J'ai un poste ultra intéressant mais moins payé que le plus gros salaire que j'avais atteint par le passé. Je suis aussi passé de manager à expert métier. La encore gros changement.

Et enfin :

Phase 7 : La pandémie, le fait d'être en chômage partiel depuis Mai et la quarantaine approchant grosse remise en question. J'en ai marre d'être un employé, j'en ai marre de la ville, j'en ai marre de ne pas me sentir libre et j'en ai marre de devoir rester dans le même lieu géographique pour le boulot. Je commence tout juste à me lancer en free-lance (tout en ayant toujours mon job) et on verra bien si ça fonctionne.

Tout ça pour dire que dans une vie tu vas vivre différentes phases. Tu vas changer d'avis. Peut être même changer de compagne (soyons honnêtes, statistiquement y a peu de chances que ça soit "The one").

Tu arrive vers tes 25 ans, tu te prend beaucoup trop la tête. Tu vas changer de carrière (en moyenne les gens changent 3 fois de carrière dans leur vie), d'avis et de vie. Tu vas essayer des trucs et d'autres.

Tu n'auras jamais aucune certitude sur le bon chemin à suivre. La vie c'est ça aussi. Essayer, se planter, tester, se chercher, etc. Il y a une grosse pression sur les jeunes pour savoir ce qu'ils veulent faire dans la vie des leur plus jeune âge. C'est complètement crétin et ça mène à des vies gâchées. Se connaître e et se trouver un chemin ca prend du temps.

Et surtout, ne te compare pas. Pendant 20 ans je me suis comparé aux diplômés pour voir quand j'aurai estimé avoir rattrapé mon retard imaginaire. Et tu peux le voir sur les différentes phase. J'ai fait beaucoup de choix en fonction des autres ou pour avoir un CV estimé plus "bankable".

La vérité c'est qu'il n'y a pas de retard.

Juste des chemins de vie différents.

Dernière modification par Jyharl ; 13/07/2020 à 10h39.
Citation :
Publié par Epic
J'ai peut être pas regardé le bon truc, mais la grille de salaires des officiers (dans l'armée de terre en tout cas) ne vend pas du rêve.

Je pense que vu sa formation il peut trouver bien mieux dans le civil.
Tu sous estime la plus-value qu'apporte quelques années d'armée sur un CV chez certains employeurs.
Citation :
Publié par Finiarel
Tu sous estime la plus-value qu'apporte quelques années d'armée sur un CV chez certains employeurs.
Je ne doute pas que ça serve dans certains cas bien particulier, mais je pense que ça reste anecdotique.

Si on reprend l'exemple qu'il a cité de ses amis qui ont basculés vers la finance, j'ai du mal à voir la plus-value que ça représente pour un employeur d'embaucher un ancien officier de l'armée.

Si tu as des exemples ça m'intéresse.
Il irait vers les services de soutien. Et ce sont des métiers où les qualités militaires, vraies ou non, telles que la rigueur, l'adaptabilité, la ponctualité, travailler en condition dégradée, etc. sont très bien vues.

Ils gèrent les budgets, le matos, le personnel, afin de réussir la mission qui leur est confiée.
Ils sont habitués à avoir des responsabilités, ils sont rigoureux, et organisés, et doivent savoir analyser les choses. Du moins en théorie.
Je ne trouve pas déconnant qu'ils trouvent leur place dans pas mal de domaine. Ca demande certainement une adaptation et un apprentissage initial, mais ils sont sensés avoir les capacités à le faire.
Le prétendu côté rigueur, obéissance etc qu'on prête aux militaires sont des qualités recherchés par les recruteurs. Je dis "prétendu" car pour bosser avec d'anciens militaires bah... souvent toutes ces caractéristiques recherchés disparaissent bien vite dès qu'il n'y a plus un gradé sur le dos.
Pour l'épanouissement pro et perso...

Depuis 15 ans, j'ai tout donné à mes études, à mon métier, avec passion, j'ai monté 2 cabinets libéraux assez spécialisés avec une patientèle très particulière, je tournais à plein, avec des horaires de type 8-9h-21h voire 22h les 2-3 premières années. Pendant ces 6 années de libéral, je n'ai vécu que par le prisme de mon métier. Ma vie perso, mes loisirs, mes passions et ma santé en ont pris un coup. Je vivais ortho, je rêvais ortho, je ne faisais que ça le soir et les week-end, pour la compta, les CR, et l'administratif. Je ne prenais que peu de vacances (mois de 3 semaines chaque année), et je me suis épuisée, en ne gagnant finalement pas franchement ma vie, vu comment la sécu nous contraint quand conventionnement obligatoire.

Ma vie perso pendant ce temps a pris un tour inattendu qui m'a foutu par terre. J'ai tout vendu, cabinet, maison, et je suis partie à l'aventure pour changer d'air, et redémarrer ma carrière sur les choses que je voulais faire à la base. Donc j'ai déménagé en Chine, mais ma santé en a repris un sacré coup... Retour maison au bout d'un an (et quand je vois ce qui me rendait ouf là-bas à l'époque et comment ça évolue en ce moment, je ne regrette plus franchement d'avoir dû rentrer pour raison de santé).

Passage en salariat, pour tenter l'approche "je prends soin de moi, je me préserve, et je profite de la vie pour mes loisirs et non pour mon travail". C'était beaucoup plus "tranquille" que le libéral, à 40h semaine au lieu de près de 70, avec 38 patients/semaine au lieu de près de 80, avec des fins de journée à 18h et 12 semaines de vacances. J'ai profité pendant 4 ans, en claquant la porte du job le soir et en posant les valises des patients à la sortie. C'était un peu plus vivable, même si de 8h à 18h, c'était les 12 travaux d'Astérix remasterisé en version médico-social.

Mais le médico-social est ce qu'il est, en 4 ans, à coup de réformes pourrites et déshumanisées, le métier a changé, le public a changé, l'ambiance de travail aussi, un DG fou qui part, un DG manager/financeur/applicateur de réformes rentabilisatrices de la santé qui arrivent. Des décisions aberrantes sont prises au vu du public accueilli... Je m'y retrouve de moins en moins, ça me pèse, rien n'avance pour les patients, rien ne bouge, l'impression de vivre le jour de la marmotte encore et encore au boulot, avec des réunions à n'en plus finir où des collègues rabâchent les mêmes plaintes encore et encore et où les solutions proposées sont balayées d'un revers de main avec des arguments tout pourris du genre "pas le temps d'imprimer tes pictos/"Chépô faire/on n'est pas formé à l'autisme", et quand tu leur mâche tout le travail, ils trouvent encore pas les moyens de l'appliquer, parce que "c'est trop contraignant d'individualiser pour chacun en fonction de ses besoins" /facepalm. Le pétage de plomb assuré, ya des jours ça me donnait envie de me taper la tête contre les murs ou sortir faire des tours de cour en hurlant tellement ça me donnait l'impression d'être enlisée dans des sables mouvants.
On rajoute sur ça une année perso catastrophique à coup de 3 accidents de voiture en 8 mois, avec 9 mois d'arrêt de travail, 5 mois de béquilles, 3 séances de kiné par semaine, 12 mois d'arrêt du sport, des douleurs persistantes et des séquelles classées sous un petit pourcentage d'"invalidité" par le médecin expert, et le moral qui flanche encore plus sévèrement au retour avec des collègues qui te reprochent ton absence et de t'être fait renversée par une voiture...

Pi quand 5 mois après ton retour, le COVID arrive là-dessus, avec une gestion de crise catastrophique, le retour des injonctions paradoxales de l'ARS, du gouvernement, qui puduku sévèrement sur le terrain, des "managers" (ouais, ils se font appeler comme ça maintenant, "chefs de service" c'est plus assez à la mode pour l'ARS) en panique qui découvrent le télétravail et perdent toute confiance en leurs équipes, passent en mode flicage total avec emploi du temps à 15 min près, rapports quotidiens, 17h de réunions par semaine, ordre d'ouvrir une unité d'hébergement d'urgence pour une seule gamine (pour laquelle ça fait 4 ans qu'on demande une IP et un placement, mais qu'on nous envoie chier), et besoin de mobiliser près de 10 personnes par 24h, H24 7jours sur 7, pour garde-chiourmer la môme. ça part en cahuète total, courriers frôlant le harcèlement pour recruter pour l'unité d'urgence, délations entre collègues à base de "oui untel il fait pas ses heures"/"machin-chose elle appelle aucun patient alors que moi j'enchaîne", réunions CSE qui duuuuuuuurent des aprems entières (parce que j'avais eu la mauvaise idée de m'implique en plus dans la délégation du personnel)...
ça m'a achevé cette ambiance de cour de maternelle décérébrée, mon médecin m'a recollé 2 mois en arrêt en voyant ça (pour m'éviter le terrain vu que "personne sensible" et que le taff voulait m'y contraindre sous la menace), mon compagnon m'a dit "franchement, je veux plus te voir te rendre malade comme ça pour un taff".

Claque. Et réalisation que non en fait, ça ne va vraiment plus dans mon métier, et ça me pourri la vie, donc qu'il faut VRAIMENT faire quelque chose, parce que ça me pèse, et ça lui pèse de me voir comme ça. Réflexion et discussions poussées pendant ces 2 mois et une conclusion : faut tout changer professionnellement.

Donc décision drastique et radicale après 10 ans de métier dans la santé prise sous la poussée de mon compagnon : je rends mon tablier et je démissionne, j'arrête et je change de métier, afin de me préserver et d'éviter la dépression.
Heureusement, j'avais repris des études pour le plaisir ya quelques années (et aussi pour me ménager une issue de secours au cas où, vu que ça fait des années quand même que ça bouillonne ce mal-être au travail), et grâce à ça, j'ai décroché un contrat d'auteur pour une maison d'édition, plus quelques portes ouvertes et quelques contacts bien placés pour trouver du travail dans ce domaine de reconversion...
Du coup, à l'heure actuelle, je suis en phase de totale remise en question de ma vie pro au bénéfice de ma vie perso, je prépare ma démission, jvais passer quelques temps au chômage si j'y ai droit en attendant de trouver un taff dans le secteur de niche où je me suis reconvertie, et vivre grâce à mon compagnon en gros, + lancer une micro-entreprise à côté pour voir ce que ça donne (mon expérience du libéral n'a pas dû me dégoûter assez fait croire ), finir de me consacrer au projet de livre commandé par la maison d'édition, et puis me consacrer à nos projets perso, et à ce qui nous plaît plutôt que me rendre malade pour un boulot qui sur le terrain, est de plus en plus en totale contradiction avec mes valeurs et idéaux.

Vie perso > vie pro. "travailler pour vivre et non plus vivre pour travailler" comme on dit.
Je serai "femme de" pendant quelques temps, pi tant pis. Si on avait pas pris cette décision là ya 2 mois, c'était lui qui fermait son entreprise et devait vivre à mes crochets pendant ~1 an le temps de la reconversion. Donc on inverse juste la tendance.



Brayf, pose-toi les bonnes questions, ose, parles-en franchement avec ta copine, voyez ce que vous êtes prêts à accepter comme conditions de vie à court, moyen et long terme, et fais ce qui te rendra heureux, parce que sinon, ce sera certainement la crise assurée à un moment où à un autre dans ta vie, sur le plan pro comme perso.

Dernière modification par Madee ; 13/07/2020 à 13h16.
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