J'arrête là, t'as compris. Le boulot, il est là. Le problème, comme je l'ai relevé, c'est qu'on est maintenant confrontés à la génération téléréalité, à la génération influenceurs qui voit des abrutis finis à la pisse se faire des millions par mois en se filmant sans réellement bosser et se disent tous : mais pourquoi je ferais un job de boomer ? J'ai un PC, j'ai un smartphone, je vais pas me tuer à la tâche comme mes boomers de vieux, je veux partir à la retraite à 25 ans dans ma baraque en Californie, wesh man ! Le retour à la réalité qui a commencé avec le covid et se poursuit avec l'Ukraine va faire très mal à toute cette génération (et je parle notamment de troubles psys, tiens, encore un métier d'avenir ça).
Belle caricature qui me semble être le fruit d'un fantasme plutôt que d'une réalité tangible. A mon sens là jeunesse que tu décris à au contraire engagé une réflexion profonde sur son rapport au travail, sur ce qu'elle souhaite et ne souhaite pas. Et cette approche est effectivement en rupture avec celle des générations précédentes. De là à la dénigrer comme tu le fais je trouve cela injuste.
Nos grands-parents et parents ont grandis dans une logique laissant à penser que pour être heureux il faut accumuler des richesses et donc travailler, beaucoup, sacrifier, beaucoup. Je connais des tas de gens qui ont aujourd'hui 50 à 80 ans et qui ont passé leur vie à se tuer au boulot. Ils ont gagné de l'argent, parfois beaucoup, et finissent par se rendre compte aujourd'hui qu'ils sont passés à côté de leur vie. Je dirais même que c'est le sentiment implicite de la majorité des gens que je connais de ces générations.
Nous sommes actuellement dans une schizophrénie pour le moins effrayante. Nous n’avons jamais été aussi productif, n'avons jamais produit autant de richesses et les évolutions technologiques nous permettent un confort de vie plus que satisfaisant (voir presque aliénant) lorsqu'on à les moyens d'y accéder. En parallèle de cela il y a urgence à ralentir la pression qu'on exerce sur notre environnement via justement ces activités productivistes. Pourtant la société nous exhorte à toujours plus travailler. Mais pour faire quoi et pour aller où ? Elle est où la finalité de tout cela ?
Jusqu'à preuve du contraire on a qu'une seule vie. Faudrait il la passer à s’assommer la tête sur une enclume tout les jours dans un boulot répétitif à la con dont est absent toute stimulation sous prétexte de participer à l'augmentation de la sainte croissance ? A supporter le management atroce de jeanmichel cadre ou les conditions odieuse offertes par la compétitivité nouvelle du service public ? Bah la réponse est non.
Je vais te dire : des jeunes qui travaillent comme des ânes dans des milieux qui leur plaisent il y en a pléthore. Une ex à moi architecte à son compte depuis 4 ans dans la rénovation, ses semaines font plus 50 ou 60h qu'autre chose et elle adore ça. Dans mon milieu (spectacle vivant) le volume horaire est le même quand on monte pas à 70h la semaine et souvent on est loin de 5 semaines de congés par an. On serait pas contre lever un peu le pied mais à la limite on s'en fou car tout les matins on se lève en sachant qu'on va faire quelque chose qui nous anime, qui nous fait vibrer. D'autres amis se sont lancés dans l'agriculture raisonné et la transformation de produits dans des circuits locaux, ils ne comptent pas non plus leurs heures mais sont heureux.
Bref la jeunesse n'est pas fainéante mais elle veut savoir pourquoi elle va au charbon tout les matins. Elle veut savoir si cela a un sens pour elle, pour la société, et si la manière dont cela est fait est en adéquation avec ses valeurs.
Elle ne veut pas se lever pour un SMIC dont la moitié servira à engraisser les rentiers de l'investissement immobilier. Elle veut avoir le temps de prendre soin d'elle, de cuisiner bio local et de saison, de passer du temps avec ses enfants, d'aller se nourrir de culture, de découvrir d'autres sexualités et d'autres formes de relations, de faire la fête, de faire du sport, de voyager lentement et non pas consommer des vacances clubmed, de farmer quelques temps le dernier jeux vidéo cool, de passer du temps avec ses proches, de contempler, de flâner. C'est humain, juste humain en fait. A la fin il n'y aura plus rien alors si on ne prends pas le temps maintenant on le prendra quand ?
Et surtout elle veut être respecté dans son travail, que ce soit dans les conditions et les rétributions. Cela est possible, question de répartitions des richesses, de rémunération du fameux travail si cher à la droite et non pas du capital. On est pas des bêtes de somme, et même à elle on ne leur inflige plus ça alors respectons nous un peu et oui militons pour un monde du travail humain et non pas seulement compétitif et productiviste pour on ne sait quels objectifs farfelus.