Quant à la presse française, elle est fidèle à elle-même. Elle ne fait que jeter de l'huile sur le feu.
Moi ce qui me fait clairement peur c'est tous ceux qui invoquent "Munich" pour dire qu'on devrait "ne pas se coucher" devant la Russie (c'est une sorte de tradition de notre presse, BHLs et analystes de chaînes de télé, chaque fois qu'il y a une crise internationale, ça doit faire 4 ou 5 fois que je lis ou entend ces expressions aujourd'hui).
1. Munich c'est avoir choisi de laisser une chance à la paix plutôt que de prendre le risque de déclencher préventivement une guerre potentiellement mondiale, même si c'était une erreur d'évaluation de la personnalité d'Hitler ça n'avait rien d'une décision irresponsable à l'époque
2. Quand on sait ce que donnerait une guerre avec la première ou seconde puissance nucléaire on appréciera où conduit ce parallèle
3. Poutine est un dirigeant autoritaire et soucieux de préserver l'influence russe sur les pays limitrophes, mais très très loin de constituer une menace pour la paix mondiale similaire aux nazis. La seule chose qui rende Munich critiquable c'était l'aveuglement de nos dirigeants alors que leur programme était écrit noir sur blanc, ne demandant qu'à être lu . Il est où le "Mein Kampf" de Poutine ?
4. L'expression "ne pas se coucher" ou autre appels à la "fermeté" c'est une manière de faire appel au sentiment de fierté irrationnel des peuples, qui ne pourrait que conduire à une escalade pour des raisons de politique intérieure des uns et des autres si les peuples y étaient sensibles (heureusement pas trop en Europe de l'ouest, qui a déjà donné).
... Alors que tant qu'à faire des parallèles historiques douteux, moi j'en aurais un bien meilleur :
La politique d'encerclement de la Russie post partition de l'URSS est à la guerre froide ce que les accords de Versailles sont à la guerre de 14-18 : une situation d'abus de position dominante générant de l'humiliation pour un pays déjà vaincu et qui ne demandait qu'une normalisation des relations, ce qui risque fort un jour de générer un vrai Hitler.
Et le parti de Poutine actuellement, qui sait faire le minimum pour être soutenu par une partie des nationalistes russes, est certainement notre meilleur espoir de ne pas voir la vraie extrême droite revancharde russe arriver un jour au pouvoir (qui contrairement aux fantasmes occidentaux sur des "dissidents démocrates" constitue de très loin la deuxième force politique en Russie, si elle est actuellement divisée en une frange soutenant Poutine, des partis nationalistes d'opposition et une partie de nostalgiques se disant encore communistes).
A condition qu'on n'humilie pas le dit Poutine au point qu'il perde son aura de Tsar actuelle, bien sûr.
Après je ne dis pas qu'il ne faille pas protester et tenter par la diplomatie d'obtenir une consultation des peuples concernés au plus vite. Mais vive les protestations "molles" et la diplomatie plutôt que le concours de bites de la "fermeté", de mon point de vue.