
Mon manga tranches de vie préféré, ce doit être
Maison Ikkoku. Techniquement c'est peut-être plus une comédie romantique, mais dans les faits on suit la vie des locataires d'une petite résidence dans les années 80, avec quand même en trame de fond les tentatives de Godai de séduire sa charmante concierge. Je trouve que c'est la meilleure œuvre de Rumiko Takahashi, en fait la seule où elle a réussi à atteindre une certaine longueur sans pour autant délayer à outrance comme dans... ben le reste de ses grandes séries (
Ranma 1/2,
Inu Yasha etc.). En plus maintenant son trait est devenu assez anguleux, alors qu'à l'époque il avait une certaine rondeur, une certaine douceur qui tout de suite change l'ambiance. Le fait que ça se passe dans les années 80, avec le style vestimentaire de l'époque et tout contribue à donner au manga une sorte de charme désuet. Et puis la fin est ma-gni-fique, une des fins de mangas les plus réussies que j'ai lues, avec une bonne conclusion, de très beaux passages et surtout de l'émotion. Tonkam les a réédités il n'y a pas très longtemps, cette nouvelle édition doit pouvoir se trouver sans trop de souci.
Dans un registre plus féminin,
All my darling daughters, un one-shot de Fumi Yoshinaga, avec un découpage en chapitres assez intéressant et propre à l'auteur : chaque chapitre raconte une histoire différente, mais tout tourne autour des mêmes personnages, à savoir une jeune femme et sa mère, avec comme thèmes récurrents la filiation ou l'accomplissement en tant que femme une fois adulte. J'aime beaucoup cette façon de peindre une histoire globale par petites touches, en changeant le point de vue et en variant les plaisirs.

Plus bucolique sinon :
Petite forêt. L'héroïne nous raconte sa vie dans un petit village de la campagne profonde du Japon, en parlant énormément de la façon dont elle se nourrit. Il faut savoir que l'auteur est réellement parti vivre dans un petit village de campagne pendant quelques années, donc même s'il se sert d'une héroïne, ça sent le vécu ^^ C'est assez particulier car pour le coup il n'y a vraiment pas d'action et beaucoup de bla-bla sur la bouffe, mais j'aime bien, ça réveille un peu mon côté bobo-écolo-bio :P Et puis surtout, il y a une fin ! Pas comme d'autres histoires façon tranches de vie où on a un peu l'impression que l'auteur ne savait pas vraiment comment conclure. Là l'héroïne se pose des questions sur ce choix de vie, sent bien que même si elle aime cette vie, ce n'est peut-être pas celle qui lui convient le plus (du coup on évite le discours caricatural façon "découvrez les vraies valeurs de la vraie vie", travers dans lequel tombent certains récits campagnards). Et elle arrive à prendre une décision qui lui permet d'avancer à la fin, donc on ne reste pas sur notre... faim (ho ho ho je suis tellement drôle).

Côté sport,
Real. On pense que ça va être un manga sur le handibasket (chose qui ne m'attirait pas vraiment vu que le sport et moi, globalement voilà quoi), et en fait non ! Sur les 3 personnages principaux, 2 sont handicapés moteurs à des stades très différents, le 3e est plutôt juste mal intégré socialement, ce qui constitue quelque part un handicap aussi. Comme ça sort super lentement maintenant je m'en souviens plus assez pour en citer toutes les qualités, mais je peux dire que c'est joli (Inoue a un trait fin et précis) et qu'à chaque fois que j'ouvre un nouveau tome, j'ai peur de ne me souvenir de rien et de ne plus aimer, et en fait c'est tout le contraire qui se passe, donc c'est que c'est bien.

Enfin, à l'époque du début de sa publication en France j'avais le même âge que les héros de
Sing "Yesterday" for me, et plusieurs de leurs questionnements m'avaient beaucoup parlé. La mangaka, dont le trait est très doux, arrive toujours à nous caser un étudiant en art ou un personnage qui se lance dans une carrière artistique, et j'aime bien ce thème de la réalisation de soi via les arts. Là dans les tomes plus récents ça avance enfin niveau sentimental, et les persos sont tout coincés c'est mignon ^^ Et pas banal, en fait.

Ah et
Planètes avait plu à beaucoup de gens aussi. La fin m'avait un peu déçu, je trouve que les questionnements des héros sont magnifiquement rendus, mais les réponses qu'ils trouvent le sont un peu moins. Ça reste une histoire assez intéressante, dans un cadre futuriste où on croit que ça va partir en science-fiction sauf que non pas du tout, les personnages restent finalement très proches de nous. En tout cas les 3 premiers tomes m'avaient beaucoup plu par leur poésie (juste le 4 où bof mais comme je sais que plusieurs gens ont aimé, notamment suite à l'adaptation du manga en anime il y a quelques années, je le cite quand même car mon avis n'est peut-être pas représentatif).

Et
Gôyo aussi en fait. Là ça se passe à l'ère Edo, on suit un rônin avec un grave manque de confiance en lui qui, en cherchant un travail de garde de corps, se retrouve mêlé à une bande de "brigands" qui commettent des enlèvements pour toucher la rançon. Et mine de rien, avec ses questions un peu maladroites il va faire en sorte, inconsciemment, que les membres des Gôyo se livrent, racontent un peu leur vie, et finissent un peu par ressembler à une vraie bande, plutôt qu'à une simple association de malfaiteurs. La mangaka a un dessin un peu chelou mais que j'aime beaucoup, avec beaucoup de jeux sur les regards, les angles de vue, les ambiances... Là aussi, il y a une fin, vu que le seul à ne pas trop se livrer est le chef de la bande, le gros fil conducteur de la série étant donc le mystère qui l'entoure, ce qui permet d'arriver à une conclusion du récit.

Ah et j'oubliais
Undercurrent (c'est l'histoire d'un post qui n'en finissait pas...). Ce one-shot parle d'une femme dont le mari est un jour parti sans laisser d'explication ni d'adresse, depuis elle gère son établissement thermal comme elle le peut. Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est l'ambiance des bains publics traditionnels japonais, avec l'omniprésence de l'eau. Tout de suite, ça crée une atmosphère. Avec ça, la réflexion sur ce que signifie le fait de "connaître quelqu'un".