Repenser la société, fin du travail et évolution de l'humanité

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Les conditions de travail chez pole emploi semblent assez catastrophiques. Je ne sais pas de quand date ce dossier mais c'est affolant la souffrance qu'il y a auprès de nombreuse personnes y travaillant :

https://www.francetvinfo.fr/economie...i_2919159.html

Quand les gens en arrivent là, ça devient grave :

Citation :

Citation :
Je voulais m'égorger dans le bureau de la direction régionale afin qu'il y ait l’empreinte de mon sang et qu’on ne dise pas que rien n’était arrivé.
Sophie*, responsable d’agence en arrêt maladie
Sauvée par un coup de fil de sa sœur alors qu'elle comptait passer à l’acte, Sophie porte son affaire en justice. Elle obtient gain de cause. En janvier 2016, le conseil des prud’hommes de sa juridiction condamne Pôle Emploi à 20 000 euros de dommages et intérêts pour harcèlement moral, un jugement confirmé en appel en décembre 2017.
​
Message supprimé par son auteur.
Y a un peu de tout dans cet article quand même.
Evidemment et indiscutablement, il y a des éléments terriblement choquants qui n'ont clairement pas leur place au travail.

Mais certains arguments me laissent quand même dubitatif genre :

Citation :
Une pression vécue parfois très difficilement par certains agents, comme en témoignent les proches d'Aurore Moësan. Cette conseillère dans une agence de Seine-Saint-Denis s'est donné la mort en octobre 2012. Selon Christine Brouh, secrétaire régionale du SNU Pôle Emploi Ile-de-France et référente syndicale de la jeune femme, cette dernière était sous "pression", "surchargée" de travail : "Aurore avait la fibre service public, sa mission c'était l'accompagnement mais sa hiérarchie lui demandait des statistiques sur ses demandeurs d'emploi."

Ben heu... y a quoi d'anormal là dedans ? Evidemment qu'il y a des statistiques sur les portefeuilles de demandeurs d'emploi gérés. Autrement comment on détecte un employé faisant mal son taf ou au contraire mieux que les autres ? Je n'arrive pas à comprendre en quoi cette partie explique un suicide.

Evidemment qu'il y a des statistiques. Encore heureux même.

Je ne comprends pas trop non plus cette "Directrice d'Agence qui n'a rien à faire". Ben je sais pas, va aider tes agents opérationnels qui sont, eux, surchargés au lieu de demander à ton chef si tu peux ramener ton tricot ? Ce genre de propos me dépasse un peu. Quand t'es manager (a fortiori Directeur) y a toujours quelque chose à faire, quitte à mettre la main à la pâte pour aider son équipe. Alors ce n'est peut-être pas ta mission première mais y a un juste milieu avec "ramener son tricot".


Pour le reste c'est simplement le résultat de demander un niveau d'expert à des gens non formés et non accompagnés.
C'est le même système en Support Clientèle. Ca ne sert à rien de brimer quelqu'un pour une mauvaise productivité, il faut l'accompagner, la former, la coacher et lui donner les moyens (connaissances, techniques, etc) de se mettre à niveau. Bon après tout ça si la personne n'est toujours pas au niveau, faut reconnaître que c'est pas un boulot pour elle et prendre la décision qui s'impose. Mais quand rien n'est mis en place pour aider l'employé à s'améliorer, cela tourne à du harcèlement.

L'exemple de la formation aux mises à jours logicielles est frappant. T'es malade, en vacances ou en mission syndicale ce jour-là ? T'es baisé. Aucune session de rattrapage, que dalle. Ca reflète bien le souci.

Ce qu'il faut comprendre concernant la productivité c'est qu'un objectif peut sembler totalement normal pour des gens expérimentés et formés alors que le même objectif à des gens en environnement hostile sans aucun soutien ni formation sera inatteignable et source de nombreux burn-out.


Le problème ce n'est pas le chiffre. Ce ne sont pas les indicateurs. Ce ne sont pas les "vilaines statistiques qui ne se préoccupent pas de l'humain".
Le problème c'est un manque de soutien, un environnement hostile, des comportement inacceptables, un manque de formation criant, un management bienveillant absent et j'en passe.
Message supprimé par son auteur.
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par Ohrido
Et surtout a des gens qui ne sont pas vraiment adulte dans leur tête. Beaucoup ne dépassent jamais le stade mentale de l'enfance, toujours à la recherche d'une personne pour les accompagner et les former, plutôt que d'allumer 5s leur cerveau, de se bouger le cul et les neurones.

Ca me déprime à chaque fois qu'une personne me dit "je n'ai pas été formé, je ne sais/veux pas faire".
J'aime beaucoup ce professionnalisme dont tu fais preuve. Serais-tu psychologue, voire psychiatre ? Pourrais-tu développer l'aspect psychologique, concernant ceux qui "ne se bougent pas le cul" ?
De même concernant la formation, je veux bien des exemples également. Merci d'avance.
Citation :
Publié par Jyharl
Ben heu... y a quoi d'anormal là dedans ? Evidemment qu'il y a des statistiques sur les portefeuilles de demandeurs d'emploi gérés. Autrement comment on détecte un employé faisant mal son taf ou au contraire mieux que les autres ? Je n'arrive pas à comprendre en quoi cette partie explique un suicide.
Je pense plutôt qu'il faut le comprendre comme "on lui demande de faire du chiffre qu'importe l'accompagnement réel derrière".
Citation :
Publié par Jyharl
Ben heu... y a quoi d'anormal là dedans ? Evidemment qu'il y a des statistiques sur les portefeuilles de demandeurs d'emploi gérés. Autrement comment on détecte un employé faisant mal son taf ou au contraire mieux que les autres ? Je n'arrive pas à comprendre en quoi cette partie explique un suicide.

Evidemment qu'il y a des statistiques. Encore heureux même.

Je ne comprends pas trop non plus cette "Directrice d'Agence qui n'a rien à faire". Ben je sais pas, va aider tes agents opérationnels qui sont, eux, surchargés au lieu de demander à ton chef si tu peux ramener ton tricot ? Ce genre de propos me dépasse un peu. Quand t'es manager (a fortiori Directeur) y a toujours quelque chose à faire, quitte à mettre la main à la pâte pour aider son équipe. Alors ce n'est peut-être pas ta mission première mais y a un juste milieu avec "ramener son tricot".
Je vais répondre simplement sur ces deux points puisque je suis d'accord avec toi pour le reste.

Dans le premier cas, c'est un conflit de valeur. La personne aime faire de l'accompagnement, c'est probablement pour ça qu'elle a été embauchée à la base mais se retrouve à remplir des tableaux de bord / excel. Pour elle, sa définition du bon travail, c'est être face aux gens, les aider, répondre à leurs questions, les accompagner. Mais on lui demande de faire du reporting et pas n'importe lequel. On lui demande de faire du reporting sur les personnes qu'elle suit, probablement une forme de "flicage" pour voir si tel ou tel personne fait correctement ses démarches de recherche d'emploi. Elle ne se retrouve donc plus à accompagner, mais à surveiller. Elle a le sentiment soit de faire du mauvais travail, d'être inutile, soit de surveiller les gens.

En ce qui concerne le deuxième cas, la personne est tout simplement au placard.
Tu as quelque chose à faire si on te donne les marges de manœuvre pour. D'autant plus que dans ce genre de fusion, tu peux très bien te retrouver à un poste de manager / responsable sans avoir personne à manager. Les personnes peuvent très bien aussi ne pas vouloir être aidé dans leur travail qu'ils vont vivre comme un empiétement sur leur zone d'action / pouvoir / responsabilité etc. et donc envoyer gentiment chier la personne qui proposera de l'aide. Dans ce genre de contexte, il y a une forme de démotivation qui peut s'installer. La personne ose / fait moins. Elle devient de plus en plus passive.

Sur le site où j'interviens là, j'ai rencontré une jeune qui ne comprenait pas qu'on puisse être en bore out. Deux mois après elle avait radicalement changé d'avis quand ses journées consistaient à se former sur excel, regarder des séries et préparer ses vacances...
Citation :
Publié par Belzebuk
Dans le premier cas, c'est un conflit de valeur. La personne aime faire de l'accompagnement, c'est probablement pour ça qu'elle a été embauchée à la base mais se retrouve à remplir des tableaux de bord / excel. Pour elle, sa définition du bon travail, c'est être face aux gens, les aider, répondre à leurs questions, les accompagner. Mais on lui demande de faire du reporting et pas n'importe lequel. On lui demande de faire du reporting sur les personnes qu'elle suit, probablement une forme de "flicage" pour voir si tel ou tel personne fait correctement ses démarches de recherche d'emploi. Elle ne se retrouve donc plus à accompagner, mais à surveiller. Elle a le sentiment soit de faire du mauvais travail, d'être inutile, soit de surveiller les gens.
Là où je bosse, tu viens de décrire le sentiments des Assistantes Sociales. Leur but donné par la direction n'est plus d'aider ou de trouver de vrais solutions mais de remplir des fiches pour une mise en place des solutions génériques souvent inadaptées. Ce qui est grave lorsque des familles entières et des enfants sont concernés. Le mot d'ordre c'est faire du chiffre en dépit de l'humain. En tout cas, leur motivation est dans les chaussettes du coup....
Ben je pense que c'est un sentiment qui est de + en + d'actualité dans pas mal de services publics.
Le flic à qui on demande de faire du chiffre, les urgences (et plus généralement le secteur hospitalier) qui n'arrivent plus à tenir la qualité du service rendu / la charge de taff.
Citation :
Publié par Cefyl
Là où je bosse, tu viens de décrire le sentiments des Assistantes Sociales. Leur but donné par la direction n'est plus d'aider ou de trouver de vrais solutions mais de remplir des fiches pour une mise en place des solutions génériques souvent inadaptées. Ce qui est grave lorsque des familles entières et des enfants sont concernés. Le mot d'ordre c'est faire du chiffre en dépit de l'humain. En tout cas, leur motivation est dans les chaussettes du coup....
Citation :
Publié par -Black-Shadow-
Ben je pense que c'est un sentiment qui est de + en + d'actualité dans pas mal de services publics.
Le flic à qui on demande de faire du chiffre, les urgences (et plus généralement le secteur hospitalier) qui n'arrivent plus à tenir la qualité du service rendu / la charge de taff.
C'est de plus en plus courant oui surtout dans les métiers dont l'essence est d'aider / accompagner autrui. Les politiques gestionnaires à la tête de ses services font dériver le cœur du métier.
Je suis toujours très prudent quand on parle d'objectifs déshumanisant ou inatteignables. C'est devenu un mécanisme de défense de déclarer de facto que les objectifs sont trop hauts (Bon OK dans le cadre de Pole Emploi, pour le coup, c'est vrai. Même si ce sont des objectifs par défaut compte tenu des effectifs et de la masse de chômeur et non des objectifs réflechis).

Quand j'ai débarqué dans la boite dans laquelle je suis actuellement, j'ai été vraiment surpris à quel point c'était tous des bisounours. Genre vraiment. Ca m'a même complètement déstabilisé et j'ai mis 6 mois à m'adapter à la culture de l'entreprise.

Grosse écoute des employés, peur maladive de la review négative sur Glassdoor (on a même été élu dans le top des boites dans lesquelles il fait bon bosser), traumatisme de tous les managers du département service client de ne surtout pas avoir une mentalité hardcore/centre d'appel, etc.

La première fois où j'ai parlé de productivité, on m'a clairement fait comprendre que c'était "tabou" et qu'ici seul comptait l'indicateur de qualité.

Mais comme je suis un peu con, un peu borné et que j'ai une certaine expertise métier (mes deux spécialités sont le Performance Management et l'optimisation opérationnelle ), je voyais venir les problèmes futurs.

J'ai réussi à convaincre de me laisser mettre en place l'indicateur de productivité. Tout le monde, je dis bien tout le monde (managers y compris), ont râlé que c'était trop haut, que ça allait démotiver tout le monde, que je n'étais pas raisonnable voire que je ne correspondais pas à la culture de la boite. Et pour dire la vérité, à un moment donné, mon poste était en jeu à cause de cela. J'avais la pression de mes supérieurs, des RHs et de mes collègues, tous terrifiés à l'idée de me voir prendre l'ownership sur le sujet de la productivité.

Sauf que : peu de productivité ou une productivité en dessous des standards du métier apporte les soucis suivants :

1°) Dans notre industrie, nous sommes soumis à la saisonnalité ce qui veut dire, gros gros rush en Juillet, Aout, seconde moitié de décembre/première moitié de janvier. Donc grosse période de backlog = stress intense pour les employés durant cette période. Principe de causalité, c'est pendant ces périodes qu'historiquement nous avons les pics de démission dans notre service.

2°) Avec une productivité moindre, les relations avec un BPO (Outsourcing) sont compliquées. On ne peut pas leur demander une productivité standard si on ne produit pas la même chose. L'objectif premier de n'importe quel BPO est d'arriver au niveau et de dépasser le client pour se mettre en situation irréprochable. Donc une fois de plus, la pression est sur nous.

3°) Plus la boite a du succès, plus elle attire les investisseurs. Plus elle attire les investisseurs et plus il y a des attentes financières. En clair, s'il s'avère que notre outsourceur est plus productif que nous pour le même niveau qualitatif, ils ne vont pas comprendre (à raison) pourquoi on n'externalise pas tout. Finalité : Tout le monde peut potentiellement perdre son job. C'est un excellent exemple de l'adage "L'enfer est pavé de bonnes intentions".

4°) La qualité du service est importante mais la première des qualités reste de ne pas faire attendre le client.

5°) Si la productivité est tabou, les employés sont incapable de rentrer en "Rush Mode" quand il y a besoin et vont burn-out au premier pic de charge de travail (voir le point 1)

Il y a encore pas mal de points à mentionner, mais ce n'est pas le sujet donc je vais éviter de m'étaler dessus.
Tout ça pour dire qu'après quasi 1 an de lobbying intensif en interne pour rétablir les indicateurs de productivité et une stratégie pour remettre tout le monde à niveau les résultats sont indiscutables :

1°) La dernière période de rush (Juillet/Aout) a été maîtrisée de A à Z

2°) Peu de démission pendant cette période

3°) Les employés se sentent beaucoup mieux armés pour affronter les charges de travail temporairement plus importantes et sont beaucoup moins stressés au quotidien car leur nouvelle productivité est devenu leur nouvelle routine (comprendre qu'ils n'ont pas besoin de pousser pour atteindre les standards vu qu'ils ont à présent l'habitude, qu'ils sont accompagnés, écoutés et formés).

4°) Contrairement (et c'est l'erreur habituelle) à ce que tout le monde pensait, - se concentrer sur la qualité au détriment de la quantité - nos indicateurs qualitatifs n'ont jamais été aussi hauts et nous pouvons enfin élargir nos services et mener des initiatives intéressantes maintenant que les fondamentaux sont acquis. Et ça plaît aux employés car ça casse la routine et ils apprennent de nouveaux trucs.

5°) Le rapport de force avec notre BPO s'est amélioré en notre faveur.

Donc oui, pour répondre à @Belzebuk je peux comprendre que l'agente voulait un accompagnement de qualité et non pas se taper des statistiques. Mais ce qui est vrai en service client est encore plus vrai dans un service comme Pole Emploi. Sauf que l'indicateur est encore plus important. Là c'est pas de la satisfaction de service rendu mais purement et simplement de la vie des gens dont il s'agit.

Oui, c'est stressant et la responsabilité pesant sur les épaules est énorme. Mais un service comme Pole Emploi ne peut pas se permettre, avec les ressources qu'il a à disposition, de faire un accompagnement super personnalisé et de qualité, parce que si pendant ton accompagnement de qualité, t'aurais pu faire passer 5 personnes avec un accompagnement "potable, sans plus" y a un souci. Tu peux te permettre de faire du personnalisé quand tu n'as pas une liste d'attente de plus de 3 mois pour obtenir ledit accompagnement.

On revient au même problème : Manque de formation, de coaching, d'accompagnement des agents pour leur permettre d'atteindre sans stress supplémentaire un niveau de productivité acceptable.

Pour la Directrice, oui OK, j'ai peut être jugé un peu vite, je veux bien admettre que dans certains cas, ça puisse être délicat même si j'ai quand même du mal à envisager que quelqu'un qui arrive à un poste de Directeur puisse se rende malade à ce point au lieu de changer de taf, ce qui ne devrait pas être trop compliqué quand on bosse à ce niveau. On ne parle tout de même pas d'un employé non-qualifié qui va galérer sur le marché du travail et qui a le choix entre chômage longue durée ou harcèlement. :/

Dernière modification par Jyharl ; 09/09/2018 à 23h15.
Citation :
Publié par Jyharl
5°) Si la productivité est tabou, les employés sont incapable de rentrer en "Rush Mode" quand il y a besoin et vont burn-out au premier pic de charge de travail (voir le point 1)

Donc oui, pour répondre à @Belzebuk je peux comprendre que l'agente voulait un accompagnement de qualité et non pas se taper des statistiques. Mais ce qui est vrai en service client est encore plus vrai dans un service comme Pole Emploi. Sauf que l'indicateur est encore plus important. Là c'est pas de la satisfaction de service rendu mais purement et simplement de la vie des gens dont il s'agit.

Oui, c'est stressant et la responsabilité pesant sur les épaules est énorme. Mais un service comme Pole Emploi ne peut pas se permettre, avec les ressources qu'il a à disposition, de faire un accompagnement super personnalisé et de qualité, parce que si pendant ton accompagnement de qualité, t'aurais pu faire passer 5 personnes avec un accompagnement "potable, sans plus" y a un souci. Tu peux te permettre de faire du personnalisé quand tu n'as pas une liste d'attente de plus de 3 mois pour obtenir ledit accompagnement.

Pour la Directrice, oui OK, j'ai peut être jugé un peu vite, je veux bien admettre que dans certains cas, ça puisse être délicat même si j'ai quand même du mal à envisager que quelqu'un qui arrive à un poste de Directeur puisse se rende malade à ce point au lieu de changer de taf, ce qui ne devrait pas être trop compliqué quand on bosse à ce niveau. On ne parle tout de même pas d'un employé non-qualifié qui va galérer sur le marché du travail et qui a le choix entre chômage longue durée ou harcèlement. :/
Le burn out ne fonctionne pas vraiment comme ça mais je n'ai pas le temps de détailler ce soir. Par contre, si tu le souhaites, tu peux creuser le modèle du stress de Karasek qui reste un standard en la matière et qui permet de comprendre certains des facteurs du burn out.

Pour l'agente de Pôle emploi, ça va au delà du simple fait de cocher des cases au lieu de faire de l'accompagnement. Ce que je comprends en lisant entre les lignes du passage que tu quotes, c'est qu'on lui demande de surveiller probablement ceux qui font les démarches de recherche d'emploi (ou non) pour appliquer les sanctions derrière. On est donc à l'opposé de ce qui anime le cœur du métier de la personne. Si je devais faire un parallèle, j'utiliserais ce qui se passe dans les hôpitaux ou EHPAD. Les soignants qui se sont lancés dans ces métiers pour la volonté et le plaisir d'aider autrui, se retrouvent à mettre en place une forme de maltraitance institutionnalisée par manque de moyen humain et financier. C'est un conflit de valeur, voire un conflit éthique. On touche à la racine du métier.
Tu l'as finalement toi même expérimenté quand en arrivant dans cette entreprise, ta manière d'être et de faire ne correspondait pas à la culture de l'entreprise. Tu as voulu changer les choses et on t'en a offert la possibilité. Mais imagine l'inverse. L'entreprise aurait très bien pu te dire "Jyharl vous êtes mignons mais vous restez à votre place ou vous prenez la porte".

Pour le dernier point. J'ai accompagné une équipe RH d'une PME international d'environ 1200 salariés. Charge de travail énorme, à tel point qu'elle est structurelle. Les cadres très expérimentés mais en souffrance préfèrent rester. Pourquoi ? Ils ont tous la cinquantaine avec de gros salaire. Certains ont fait toute leur carrière au sein de l'entreprise. Partir c'est prendre le risque de ne rien trouver derrière ou d'avoir un salaire bien moins élevé.
J'ai rencontré une collègue il y a quelques mois de cela, en souffrance sur son poste de travail pour des raisons difficilement compréhensible pour des personnes non initiées. Les réactions de son entourage étaient une incompréhension totale quand elle leurs disait qu'elle souhaitait postuler ailleurs.
Il y a une grosse pression sociale dans un contexte où le chômage est important qui peut renforcer la culpabilité de ceux qui ont un poste mais pour qui cela ne se passe pas bien. Après tout, pourquoi se plaindre quand on a du travail ?
Vous parlez juste de 2 domaines pro qui n'ont rien a voir. Un qui se base sur des metiers qui consistent a produire et l'autre qui fait du social... forcement c'est pas trop comparable dans les attentes et les moyens d'y arriver.
'fin, a priori yen a qui pensent qu'appliquer le mode de management du 1 peut fonctionner sur le 2, mais bon...
Le problème numéro 1 de l'agent pôle emploi c'est qu'il a changé 10 fois de métier en 10 ans parce qu'il est un outil politique qui sert à pondre des chiffres bidons. Ce qu'il fait n'a plus rien à voir avec avant, il y a eu la fusion anpe-assedic qui a été appliquée n'importe comment et qui aujourd'hui encore traîne son lot de dysfonctionnements. Souvent quand il a arrive le matin pour recevoir un demandeur le logiciel a changé et il a l'air d'un débutant face à ce même demandeur, il est perdu et c'est un générateur de stress. Il est parfaitement conscient qu'il est peu à peu remplacé pour disparaître complètement et il le vit très mal parce qu'à côté de ça la population à qui il fait face ne comprend pas que sa mission n'est pas, n'est plus voir n'a jamais été de lui trouver un travail. C'est une administration dans ce qu'elle a de pire du privé et du public réuni : des objectifs ineptes et une hiérarchie qui fait de la politique.

Je le répète souvent mais je vois ça de l'intérieur parce que ma chérie est comm exé cgt pôle emploi. Cette agence est objectivement une catastrophe dans son management au point de, n'ayons pas peur des mots, devenir une machine à suicider ses agents. J'ai par le passé dû intervenir "physiquement" parce que le pénal lui ayant pourtant donné raison n'avait pas suffit à faire bouger sa hiérarchie, voilà où nous en sommes. Incroyable non ?

Perso dès que je peux, je la sors de là.
Message supprimé par son auteur.
C'est pas comme si c'était une nouveauté qu'un indicateur, aussi pertinent soit il à l'origine (alors imaginez quand il ne l'est pas dès le départ), perd grandement de sa superbe si tu t'en sers explicitement pour récompenser/blamer/rémunérer les gens.
@Pile Ce que tu cite fait partie d'un contexte précis et en l'occurrence nous parlions de Pole Emploi.
Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit (ou ne me fait pas généraliser alors que je ne l'ai pas fait).

Ensuite, tu mentionne toi-même la différence de qualité du management. Si tu avais cité la partie entière au lieu de deux phrases courtes sorties de leur contexte, tu aurais mis en exergue le fait que j'ai justement mentionné que si les chiffres n'étaient pas le problème, le management au contraire (l'environnement hostile et le reste) est bien plus problématique.
Je suis d'accord sur le fait que le problème ne vient pas tant des indicateurs que des gens qui les interprètent n'importe comment sans aucune réflexion dessus et qui ne sont pas formés à comment les utiliser correctement ni à en faire des bons.

Pour la police, je serais Colomb et on me sortirait des indicateurs de ce genre, la première question que je me poserais c'est "Ok, les indicateurs sont bons, mais est-ce que la criminalité baisse et est-ce que les gens se sentent plus en sécurité ?"
Y a certains indicateurs, quand t'es un peu malin, tu imagines directement les travers qu'ils vont engendrer si tu les mets en place, genre les flics qui ne vont plus vouloir prendre de plaintes si on leur fout la pression sur le nombre de plaintes résolues par exemple.
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par Doudou Piwi
Pour la police, je serais Colomb et on me sortirait des indicateurs de ce genre, la première question que je me poserais c'est "Ok, les indicateurs sont bons, mais est-ce que la criminalité baisse et est-ce que les gens se sentent plus en sécurité ?"
Lol ben non si t'étais Colomb bah si les indicateurs sont bons tu t'empresserais de les communiquer partout, et si ils sont mauvais tu t'empresserais de mettre une bonne grosse pression pour qu'ils deviennent bons ou tu les modifierais pour qu'ils deviennent bons tous seuls. Enfin de toutes façons vu que tu indexes les primes etc de tes fonctionnaires dessus, c'est garanti qu'ils soient bons à terme, d'une manière ou d'une autre.
Et tu te rends compte que pour répondre à tes questions il va te falloir des indicateurs de toutes façons...
Citation :
Publié par Pile
Je donne des exemples concrets. Mais c'est le même bouzin à Pôle Emploi que je connais très bien. Et dans d'autres administrations, parce que c'est en fait très général dans le public. Notamment par des aspects du boulot mal quantifiables par du chiffre.
L'efficacité dans certains domaines ne fait pas toute la qualité du travail dans certains secteurs du public.

@Doudou_Piwi : Justement, c'est exactement ce qu'il se passe. C'est pour cela qu'il y a autant de refus de dépôt de plainte en Police et Gendarmerie.
Et oui, note qu'il y a eu les mêmes genre de conneries dans le privé quand ils ont mis en place des démarches d'améliorations basées sur les indicateurs (et y en a encore). Le truc, c'est que dans le privé, on s'aperçoit très vite qu'il y a un problème quand les indicateurs sont verts mais que les clients se cassent ailleurs et que la boite perd de l'argent, dans le public, les ministres et hauts fonctionnaires s'enorgueillissent de leur réussite tranquillement, vu que personne ne mesure vraiment la satisfaction des utilisateurs de ces services publiques.

Tu vas déposer une plainte chez les flics, ils t'envoient chier, tu vas faire quoi ? Bah pas grand chose, surtout que t'as généralement envie de rester en bons termes avc des gens armés, assermentés et susceptible de te coller des pv
Même chose pour Pôle Emplois, si tu veux pas galérer à recevoir ton chômage, tu n'auras pas spécialement envie d'être trop casse-couilles, la où le mec du SAV de ton fournisseur de téléphone, tu peux l'envoyer chier et te barrer ailleurs.
Attention, je dis pas que le soucis vient du fait que ça soit public, quand c'est privé c'est pire (cf ce qui se passe avec les pv à Paris), le soucis, c'est la mesure de l'efficacité d'un service publique.
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