C'est juste qu'avancer qu'il y a plus d'aides sociales vers les plus faibles quand il s'agit d'un effet mécanique du vieillissement de la population, c'est un peu trompeur. D'autant plus que ces prestations sociales sont universelles. Que tu sois riche ou pauvre, tu bénéficies des prestations maladie et vieillesse. Par contre dans le même temps le gouvernement envisage bien de réduire des prestations qui, pour le coup, concernent bien uniquement les plus faibles.
Après sur les chiffres, je pense que le bon chiffre est celui qui permet aux étudiants d'étudier sans avoir à se soucier de problématiques financières. Sur ce sujet, je ne serais pas contre un système universel (avec une modulation selon les revenus de la famille par exemple) qui concerne l'ensemble des étudiants (comme les allocations familiales avant qu'Hollande n'en réduise la portée). D'une part, ça éviterait les effets de seuil inhérent au système actuel. Et d'autre part, ça participerait à renforcer le consentement à l'impôt. Et on pourrait très bien l'assortir de conditions d'assiduité en cours et de présences aux examens.
Ton chiffre de 15% me semble assez faible quand on sait que 20% des étudiants vivent déjà sous le seuil de pauvreté. Et ceux qui vivent au-dessus de ce seuil n'en sont pas très loin non plus pour une partie d'entre eux.
L'AAH est une passoire, n'importe qui peut l'obtenir pour peu qu'il ait un mini antécédent psychiatrique.
C'est tellement une passoire que monter un dossier prend énormément de temps et que c'est assez complexe. Après s'il s'agit de fraudes, la solution est simple : augmenter le personnel. Aujourd'hui c'est assez catastrophique de voir l'état des services qui en ont la charge.
Certaines pistes se contentent juste de mettre en évidences des triches déjà employées par le contribuable. Les APL données alors qu'il y a déjà une aide ultra conséquente des parents c'est vraiment répandu. Que l'état resserre la visse sur ce genre de dérive qui semble acquise pour Mr. toutlemonde me semble pas déconnant.
C'est le principe d'universalité des allocations qui permet justement de maintenir le consentement à l'impôt et au système social. La phrase de Gnark un peu plus haut l'illustre parfaitement d'ailleurs :
Non ceux sur qui l'on tape depuis toujours c'est la classe moyenne. En voie de disparation il va nous rester des pauvres et des riches ... choisis ton camp.
A force de raboter les aides sociales des classes moyennes, on en arrive à une situation où les derniers bénéficiaires sont les plus faibles. Et là, les mêmes classes moyennes qui payent beaucoup mais ne bénéficient plus de rien ont alors tendance à ne plus soutenir le maintien de ces prestations sociales. D'où l'importance de maintenir l'universalité de certaines prestations.
Les travaux de Korpi & Palme ont en effet montré que les pays qui ont un système de redistribution généralisé favorisent plus la réduction des inégalités que les pays qui concentrent les aides au profit des plus pauvres.
Plus précisément :
Malheureusement, in fine cette manœuvre accentuerait probablement le sentiment anti-impôts. En effet, on se retrouverait dans une situation avec d’une part des foyers qui payent l’impôt sur le revenu mais ne bénéficient pas des allocations familiales, et d’autre part des foyers qui reçoivent des allocations familiales mais ne paient pas d’impôt sur le revenu. Dans ces conditions, les allocations familiales ne seront plus réellement soutenues par les classes moyennes aisées. Or, il n’aura échappé à personne que les personnes et associations qui défendent actuellement la politique familiale ne sont pas toutes issues des classes populaires.
Sans soutien des classes moyennes, les prestations familiales risquent d’être rognées petit à petit, avant de disparaître. C’est une illustration du «paradoxe de la redistribution» ( Korpi et Palme, 1998) : les systèmes sociaux qui ciblent le moins les pauvres sont également ceux qui ont la plus forte capacité redistributive. En incluant toute la population dans un système universel, on accroît le consentement des plus aisés à contribuer au système, ce qui permet d’augmenter les ressources totales à distribuer et ainsi de financer un système généreux pour tous. Ceci est favorable aux plus démunis. A l’inverse, des prestations réservées aux pauvres deviennent des pauvres prestations.
Le coût plus élevé des systèmes universels n’est qu’apparent : les taux de prélèvement obligatoires sont apparemment plus élevés mais ceci masque le fait que les classes moyennes reçoivent en prestation une partie de ce qu’elles payent en impôt, et ceci, sans coût administratif supplémentaire. Au contraire, l’universalité réduit la complexité du système ainsi que les coûts administratifs puisqu’il n’est pas nécessaire de contrôler les ressources des ménages au titre des prestations: dans les systèmes universels, les ressources ne sont contrôlées qu’une fois, par l’administration fiscale au moment de payer l’impôt.
Dernière modification par Aedean ; 22/05/2018 à 11h15.
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