Dans le fandom SW révolté il y a de tout, geeks & gamers ça a peu à voir avec les fans obsessionnels à douzaines d'heures de vidéos de théories etc..., qui étaient à fond dans la hype, jusqu'à Rogue One, et en consacrent autant à dire qu'ils supportent pas à l'évolution du personnage de Luke ou la manière dont la "Holdo maneuver" rend incohérentes toutes les batailles précédentes. Ou encore l'alliance rebelle canal historique qui se bat contre Lucasfilm depuis la seconde trilogie et les changements de scènes de SW4 (han shoot first etc), ou encore depuis le sabrage de l'expanded universe. Enfin, il y a la catégorie entre les deux, type Left Foot Media ou Midnights Screening, avec critiques très argumentées sur la réalisation etc... mais aussi des passages plus douteux sur la "politisation", ou encore leur version plus intello type David Stewart qui parle du déconstructivisme de Ryan Johnson comme s'il faisait une critique des social science dans Quilette.
Sinon pour en revenir à Captain Marvel (et son point commun avec Rey), un point où je trouve que les méchants critiques font mouche c'est dans la tendance actuelle à ne pas vouloir donner de défauts aux héroïnes féminines (aka Mary Sue trope), ou les faire réussir trop facilement sans réelle progression (ou alors c'est juste hop mon nerf saute power-up voilà), ce qui réduit l'attachement/identification qu'on peut avoir pour ces personnages (et rend pertinente la comparaison défavorable qu'ils font entre CM et Alita).
Après par contre je trouve que ça passe nettement mieux dans CM que dans les SW du fait du rythme et de l'action plus soutenue qui laisse moins le temps d'y réfléchir (puis bon c'est que 2h de film au lieu de 5, et il n'y a pas la comparaison évidente avec le cheminement de Luke pour montrer l'écart). Mais ils feraient mieux de rouvrir leurs cours de dramaturgie, et d'essayer de respecter les règles d'une progression de héros, quel que soit leur genre, et de leur donner autant de petits défauts qu'aux autres (à moins que son coté impassible soit supposé être celui de la personnalité Carol Danvers).
Je ne pense pas que ça aide à l'empowerement dont ils se réclament, si précisément il n'y en a pas, la perfection étant atteinte quasiment dès le départ ou sans grand effort, et l'opposition apparaissant vite ridicule (bon d'un autre coté avoir voulu faire d'un nouveau perso "le plus puissant des avengers" vus leurs niveaux de pouvoir déjà existants c'était un peu casse gueule, à moins de lui coller directement Thanos et Galactus comme adversaires, dur de vraiment trouver un truc pour la mettre en difficulté, CM c'est un peu Superman moins la kryptonite).
Si on compare par exemple ces héroïnes avec celles de Robin Hobb (pour prendre une autrice de fantasy hautement féministe mais qui sait traiter ses personnages féminins aussi cruellement que les autres, et les faire progresser en suivant les règles du hero journey), c'est assez criant comme il manque ce quelque chose à plusieurs personnages hollywoodiens récents (après pas que des femmes sans doute -dans SW on peut aussi noter ce non-cheminement dans les bastons Finn-Fasma, genre 1. je gagne, 2. je gagne encore-, si ça se remarque plus pour elles quand les rares ayant le premier rôle dans une grosse franchise se retrouvent avec ce point commun). Après ça peut être une coïncidence, liée à la volonté obsessionnelle de "bousculer les expectations" des scénaristes modernes (quel mal Martin aura fait à l'univers
) en s'écartant des vieilles recettes qui marchent, ou autre, mais ça risque de devenir lassant à force.