Je ne sais plus qui, sur ce fil, relevait la palanquée d'easter eggs contenues dans le jeu. C'est vrai qu'il y en a un paquet, et je ne sais pas si une page existe déjà qui les recense. Certains font sourire, parce qu'ils dénotent dans cet univers médiéval, comme ce garde (ou ce paysan), qui sifflote le Y'a d'la joie de Trenet.
Mais certains sont beaucoup plus développés. Il existe un abbé dans le jeu, dont le nom évoque furieusement un personnage du Comte de Monte-Cristo. On aurait pu croire que la référence s'arrêtait là, et n'était qu'un clin d'oeil quant au nom (voire une coïncidence). Or, en fait, on s'aperçoit plus tard que c'est toute une partie du roman de Dumas, celle qui se déroule au château d'If, qui a été reprise et adaptée comme une histoire s'étant déroulée dans le monde du jeu (ce n'est pas une quête, c'est juste du background). Et comme c'est bien fait, l'histoire est intéressante même si on ne voit pas la référence au roman.
C'est vraiment le genre de trucs que je savoure. J'ai déjà joué à des jeux avec un excellent scénario. Mais on sent que les scénaristes habituels des jeux vidéos sur les grosses productions sont biberonnés aux films et aux séries télévisées. Et qu'ils se heurtent vite à un plafond de verre quand ils cherchent à élever le niveau. L'exemple parfait du plafond de verre, c'est pour moi le scénario des Assassin's Creed. Où les types ont un terrain de jeu en or, arrivent parfois à t'immerger dans l'ambiance d'époques fantasmées, et viennent tout gâcher par une culture limitée, et un scénario sans saveur qui enfile les clichés avec une lourdeur incroyable : dans AC Unity, par exemple, à certains moments je me suis presque senti dans le sketch des Inconnus sur la Révolution, tant c'était n'importe quoi (cela étant, je mets à part AC II, qui reste quand même le meilleur de la série, à mes yeux, de très loin).
Au contraire, pour les scénaristes de Witcher 3, on sent qu'il y a une vraie culture derrière. Qui ne sert pas à faire un étalage pédant. Mais qui permet au jeu de raconter son histoire de manière subtile, tout en nuances, avec des répliques qui font mouche. Même les masochistes qui disent que le jeu est pourri, passées 100 heures dessus, ne peuvent quand même nier, par exemple, que la série de quêtes du baron sanglant est d'un certain niveau. Pour moi, un exemple topique de la magie qu'arrivent à créer les scénaristes, c'est une bête chanson de barde, qui doit bien durer dans les cinq minutes. Dans n'importe quel autre jeu, j'aurais cherché la touche pour zapper cette merde. Et là, au contraire, je me suis surpris à me caler au fond de mon siège, à écouter les paroles, comme si j'étais dans l'auditoire d'une taverne du temps jadis, à écouter des histoires de ménestrels.
Ce jeu c'est un peu comme Yennefer : un truc qui sait se révéler parfois insupportable et te donne envie de jeter ta manette, mais à qui tu pardonnes tout ou presque, quand même, tant sa beauté te subjugue.
Dernière modification par Caepolla ; 12/06/2015 à 12h13.
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