Quant à la Russie, j'ai déjà dit qu'on ne pouvait pas faire confiance à Poutine mais que tant qu'il n'intervenait pas militairement en Ukraine, les pays occidentaux en étaient réduits à la défensive.
Néanmoins il est également face à des limites à ne pas franchir. Si il intervenait militairement en Ukraine, des sanctions économiques fortes devraient être prises et même si elles feraient très mal aux pays membres de l'UE, elles en feraient tout autant à l'économie de la Russie.
Techniquement, un gars en treillis armé jusqu'aux dents qui prend ses ordres à Moscou, c'est un militaire. De plus, l'absence de marquage sur les uniformes et les véhicules ne retire rien au caractère essentiellement militaire de l'intervention russe en Ukraine. Tout au plus cela démontre le caractère clandestin des opérations russes et le caractère sournois de Poutine.
Autant je peux comprendre ta position sur le volet sanctions à l'encontre de la Russie : il y a un coût à payer et il faut en peser les conséquences. Personnellement, je pense qu'il faut payer le coût pour que Poutine comprenne dans de très brefs délais qu'il a (définitivement) perdu beaucoup plus que ce qu'il pouvait espérer gagner. Le peuple russe doit aussi assumer sa décision démocratique de mettre quelqu'un de dangereux (pour la région et potentiellement pour le monde) à la tête du pays.
Autant je ne comprends pas que tu cherches à minimiser le caractère militaire et les implications de l'action russe en Ukraine. Ce sont des actes extrêmement graves et profondément déstabilisateurs pour l'Ukraine évidemment, mais aussi pour l'Europe. Notamment, à court terme, il ne fait plus aucun doute que la Pologne, la Hongrie et les Etats baltes vont se réarmer... avec du matériel américain puisque les autres Etats européens ne semblent pas décider à agir.
Par ailleurs, le fait que le gouvernement ukrainien ne soit pas le fruit d'élections démocratiques est maintenant quelque chose de tout à fait anecdotique dans le problème. Cette donnée a peut être eu un sens dans la rebuffade russe suite à la destitution du précédent président ukrainien, mais depuis l'intervention militaire russe en Crimée cette donnée n'est qu'un élément secondaire du contexte.
De plus, il est matériellement impossible d'organiser des élections dans un pays déstabilisé et partiellement envahi par un puissance étrangère. Sur ce point, prétendre qu'il faille organiser des élections en Ukraine, alors même que cela est impossible, c'est donner un blanc seing à Poutine pour poursuivre sa prédation sur l'Ukraine.
Enfin, si l'argument de l'illégitimité de l'actuel gouvernement ukrainien a eu un sens, il a toujours s'agit exclusivement d'une affaire interne à un Etat souverain qui ne devait provoquer aucune action militaire étrangère d'opportunité. Là-dessus la Russie et Poutine portent l'entière responsabilité de la genèse d'événements qui pourraient bientôt échapper au contrôle de tous. Je ne comprends d'ailleurs pas du tout la relative apathie béate des russes devant leur président alors même qu'il est entrain d'user de méthodes et de prétextes autrement plus graves que l'absence de légitimité démocratique d'un gouvernement d'un Etat frontalier. Surtout que, si cet argument devait avoir une quelconque portée, il faut bien admettre que la Russie accepte volontiers de traiter et de soutenir des gouvernements qui sont encore moins légitimes.
Dernière modification par Silgar ; 14/04/2014 à 10h16.
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