Ca n'excuse en rien les snipers et le massacre de civils à l'aveuglette mais il n'est pas certain que les forces gouv ont tiré en premier. Il semblerait que la rupture du cessez le feu ait été initialement le fait de "manifestants" (probablement les plus extrêmistes des néo nationalistes / nazis) équipés de fusils de chasse, voire d'armes de guerre. On parle aussi de morts policières très nombreuses, à hauteur des tués civils, ce qui conforte l'hypothèse d'une révolte armée et de ripostes tout autant armées (tout est assez confus et il est impossible de prétendre avoir la vérité sur la question). C'est le plus probable si on y pense bien, l'équipe Ianoukovitch n'ayant strictement aucun intérêt à ce moment là à exciter la foule en lui faisant tirer dessus, sans qu'il y ait de menace, et après un accord avec l'opposition; bien au contraire. D'après ce qu'on peut lire il apparait assez nettement que les accords signés par l'opposition n'étaient pas populaires ou jugés fiables dans la base, et que les leaders de l'opposition ont été débordés par leur aile extrêmiste nationaliste, qui ont rompu le "cessez le feu". Au final on peut dire qu'ils ont peut-être eu raison, car le pouvoir est tombé ... mais je pense que les responsabilités des morts sont assez partagées - les uns pour avoir tiré les autres pour avoir poussé à l'affrontement armé. Le vainqueur récrira l'histoire, peut être, ça c'est "normal".
Et effectivement les individus responsables pourront se défendre en prétextant des ordres qui sont de protéger les batiments publics et les institutions politiques légitimement élues. Ce n'est pas à eux de décider de la légitimité du gouv qui les emploie. Refuser de le faire est une position morale, de conscience et individuelle, et je doute que ce type d'hommes (snipers) soient sélectionnés dans les plus prompts à douter des ordres. Et je suis sûr que si une foule hostile prétend en France, ou ailleurs, pénétrer l'assemblée nationale ou d'autres lieux symboliques il y aura le même genre d'exactions.
Une révolte populaire qui réussit et les policiers sont des bourreaux. Qu'elle échoue et ils sont les défenseurs de la démocratie contre le fascisme ou le populisme. La vérité c'est surtout qui gagne et a le dernier mot. Et la leçon c'est que pour renverser un pouvoir jugé despotique, les citoyens doivent se mobiliser en foule, prendre des risques et pousser le pouvoir à révéler au grand jour sa brutalité, dès lors il perd toute légitimité populaire et est condamné à plus ou moins long terme (pour la Corée du Nord c'est quand même exceptionnellement long).
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