Vers une société de «jobs à la con» ?

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Publié par Sakka Purin
Moi-même, je suis arrivé très motivé dans cette entreprise mais le côté bullshit m'a bien remis les pieds sur terre. Je précise que changer de boîte n'y changera que peu de choses, c'est toute la branche dans laquelle je bosse qui contaminée. Et de toute façon, c'est plutôt cool de poster sur jol au taf. Mais je suis assez d'accord pour dire que les problèmes d'emploi actuel sont un gros frein à l'envie de chercher mieux ailleurs: le choix entre de la glande bien payée et une prise de risque est assez simple à faire.
J'adhère totalement à ce paragraphe, pire : je m'y reconnais.

Maintenant, s'il y avait plus de solution de mobilité et de reconversion, je pense réellement que pas mal de possesseurs de ces jobs accepteraient. J'insiste bien sur le terme de reconversion, parce que souvent : changer de boîte ne fait pas changer de BS job. Avoir un boulot qui n'a pas de sens quelques mois, c'est bien, mais quand ça fait des années qu'on tourne en rond, franchement, je trouve ça difficile à vivre.

Au final, j'envie aujourd'hui les gens qui ont un métier-passion, ne compte pas leurs heures mais en ressortent heureux, avec un sentiment personnel d'accomplissement. J'ai plusieurs amis infirmiers et aide-soignants, ils passent leur vie dans le vomi, le caca et le sang, ont des horaires de dingue pour certains et - quoique crevés - ont l'air plutôt heureux, en tout cas plus que moi, je ne pourrais pas faire leur boulot (je m'évanouie devant une goutte de sang) mais j'envie leur dévouement à leur travail.
Ca rejoint un peu ce que disait Steve Dennings sur le management pyramidal. Il y a une grande quantite de middle boss qui ne servent a rien. C'est meme pas que ces gens la font un mauvais travail, ils sont de tres competents middle boss, realisent leurs taches de facon adequates etc, mais le probleme c'est que leur tache ne sert a rien, ou est meme domageable en ralentissant toutes les autres activites avec l'inertie de la bureaucratie.

http://www.forbes.com/sites/steveden...ty-to-compete/
A noter que le développement d'offres Low Cost a tendance à supprimer une bonne partie de ces jobs à la con.

Avec Free Xavier Niel s'en vente suffisamment souvent par exemple
http://www.pcinpact.com/news/80810-p...onsultants.htm

Citation :
« Quand vous avez une équipe marketing gigantesque, quand vous faites appel à tous les cabinets de consultants de la place, faut bien qu’ils vous inventent des trucs à vous vendre ! »
Où est le problème ? On est passé d'une société industrielle à une société de services, ce n'est pas nouveau. Le responsable marketing a remplacé le contremaître, l'OS a été remplacé par un responsable communautaire. So what ? Est-ce pour autant des BS jobs ? Quand Apple ou Samsung sortent un nouveau smartphone, la production représente peanuts dans le succès ou l'échec du produit. Ce qui compte, c'est le marketing et l'anticipation des tendances.

Je déjeunais avec une ami il n'y a pas longtemps et on rigolait parce qu'on faisait le même constat : on a tous les deux accédé à des postes de direction et en fait, on travaille moins qu'avant vu que maintenant on a des équipes pour faire le taff Est-ce pour autant des BS jobs ? Non, savoir prendre les bonnes décisions, les bonnes orientations, faire tourner un service, défendre la position de son service/sa direction, ça exige des compétences de "vraies" compétences. Et si tu arrives à tout faire en 20h plutôt qu'en 50h, tant mieux pour ta vie personnelle.

Est-ce injuste par rapport à de "vrais travailleurs productifs" (menuisiers, électriciens...) ? C'est la loi de l'offre et de la demande. Des électriciens il y en a plein, des avocats en droit des sociétés, il y en a moins. Et un mauvais avocat, ça peut coûter très cher, un mauvais plombier, à part un robinet qui fuit... Chez moi, je n'ai jamais vraiment compris la nécessité d'avoir un responsable mécénat vu le peu d'activité. Sauf qu'en terme d'image, je suis sûr qu'on est largement gagnant. Et un poste ETP, c'est moins cher qu'une campagne de pub minable dans un journal local.

Dernière modification par Mahorn ; 29/08/2013 à 10h34.
Citation :
Publié par Lyael
Maintenant, s'il y avait plus de solution de mobilité et de reconversion, je pense réellement que pas mal de possesseurs de ces jobs accepteraient. J'insiste bien sur le terme de reconversion, parce que souvent : changer de boîte ne fait pas changer de BS job. Avoir un boulot qui n'a pas de sens quelques mois, c'est bien, mais quand ça fait des années qu'on tourne en rond, franchement, je trouve ça difficile à vivre.
Les possibilités existent. Je ne me suis pas renseigné sur la démarche exacte parce que flemme et je ne pourrai donc pas détailler, mais j'ai un collègue qui s'est reconverti de l'informatique à la plomberie en prenant une année de formation. Je ne sais pas ce qu'il est devenu depuis mais ca avait l'air de rouler pour lui.

Le plus aberrant dans tout ca, c'est que c'est un bosseur et à la base un vrai passionné d'informatique vraiment doué. Cherchez l'erreur...


Sinon je suis assez d'accord pour les middle-boss. J'ai du mal à leur jeter la pierre vu qu'ils sont souvent studieux et impliqués. Mais leur grande spécialité, c'est de créer des "process" sensés améliorer notre travail mais qui hélas le freinent trop souvent. Logique vu que ces process sont créés au cas par cas, dans le but inavoué de "montrer" qu'une action a été entreprise pour améliorer notre travail et non pas pour l'améliorer directement. C'est un peu dans le même esprit que les lois votées suite à un fait divers: on cherche à rassurer l'opinion du client suite à une problème important en lui montrant qu'on met des actions en place. Problème: ces règles se multiplient et polluent le travail des exécutants. Et là on a une belle facette de la bullshitisation des entreprises d'aujourd'hui.
J'aime bien l'idée, par contre je ne partage pas complètement l'analyse, je pense qu'on a transformé des jobs en jobs de merde en débilisant l'individu enfermé dans des carcans procéduraux : c'est la systémisation des métiers qui les rends inutiles et ridicules. Un exemple qui me touche directement : les relations presse. On ne leur demande plus aujourd'hui de faciliter le boulot de la presse, on leur demande d'appliquer des procédures de communication "à la con" (c) sans aucune marge de manoeuvre. On peut appliquer le même résonnement au télémarketing : un commercial ma foi a son utilité, celle de vendre les produits fabriqués par l'industrie. La où ça devient débile, c'est qu'on ne fait plus confiance à l'individu pour convaincre son vis à vis, on lui fout dans les pattes un script débile qui pourrait être débité par un serveur vocal.
A mon avis c'est pas tellement qu'on créé des jobs à la con, c'est qu'on transforme des métiers en métiers de con grâce à des procédures de contrôle très anglo-saxonne (m'étonne pas que l'étude vienne de là d'ailleurs) qui laisse zéro place à l'initiative et à l'individu. On peut pas s'arranger, dévier un peu de la trajectoire pour assurer un truc, faut suivre la procédure. C'est la version moderne du taylorisme.
Comme disait l'autre, la fissure par laquelle peut se glisser la civilisation est particulièrement mince. De plus en plus en fait.

Dernière modification par Compte #22540 ; 29/08/2013 à 11h02.
Citation :
Publié par G.Skilled
Pour la finance j'aimerais une belle explication sur comment on passe du banquier italien de la renaissance qui prête de l'or au roi en espérant avoir un bon retour à un endettement généralisé...
A partir de la moitié du 18ième siècle et la création / expansion de la monnaie papier jusqu'à aujourd'hui où se sont les ordinateurs qui passent les ordres de bourse.
C'est beau la finance !
Citation :
Publié par Mahorn
Quand Apple ou Samsung sortent un nouveau smartphone, la production représente peanuts dans le succès ou l'échec du produit. Ce qui compte, c'est le marketing et l'anticipation des tendances.
C'est faux, et une multitude de produits microsoft sont la pour illustrer (Zune, le nouveau surface, etc). si le produit n'a rien de special, meme un marketing massif echoue.
Citation :
Publié par Mahorn
Est-ce pour autant des BS jobs ? Non, savoir prendre les bonnes décisions, les bonnes orientations, faire tourner un service, défendre la position de son service/sa direction, ça exige des compétences de "vraies" compétences.
En fait tu illustres exactement le point. Un BS job ne veut pas dire que tu fais mal le job ou qu'il ne demande pas des competences (parfois pointues). Mais par exemple "defendre la position de son service/sa direction" c'est exactement la definition d'une activite qui ne produit rien d'utile, voir qui produit des nuisances. Et pourtant elle demande des vrai competences, et dans un certain echosysteme peut s'averer necessaire. Le probleme n'est pas dans les employes qui occupent ces BS jobs, c'est dans l'environnement qui promeut leur proliferation et les rend "necessaires".
Citation :
Publié par Mothra
C'est faux, et une multitude de produits microsoft sont la pour illustrer (Zune, le nouveau surface, etc). si le produit n'a rien de special, meme un marketing massif echoue.
Mauvais exemple, Microsoft a toujours été mauvais en marketing/publicité/communication. Si tu veux trouver des gens avec de vrais BS, tu vas dans le service marketing et communication de Microsoft
Citation :
Publié par Mothra
En fait tu illustres exactement le point. Un BS job ne veut pas dire que tu fais mal le job ou qu'il ne demande pas des competences (parfois pointues). Mais par exemple "defendre la position de son service/sa direction" c'est exactement la definition d'une activite qui ne produit rien d'utile, voir qui produit des nuisances. Et pourtant elle demande des vrai competences, et dans un certain echosysteme peut s'averer necessaire. Le probleme n'est pas dans les employes qui occupent ces BS jobs, c'est dans l'environnement qui promeut leur proliferation et les rend "necessaires".
Si ces compétences sont nécessaires, peut-on dire qu'elles sont inutiles ?
Citation :
Publié par Ich Bin Frei
Si ces compétences sont nécessaires, peut-on dire qu'elles sont inutiles ?
Tout dépend de l'échelle à laquelle tu te places. L'article qui a inspiré ce post ne parle pas de l'échelle du service, mais celle de la société.

Supposons que l'Etat, pour occuper les chômeurs, décide de faire creuser des trous sur un point A puis de les reboucher avec la terre prise sur un point B etc. C'est totalement inutile. Mais pour que ça fonctionne, il faudra bien un logisticien chargé d'organiser les flux de camion d'un point à un autre. Nécessaire à une échelle donnée, inutile à une autre.
Citation :
Publié par Prootch
J'ai rarement lu plus énorme comme connerie.

Envisager sérieusement que les entreprises s'autogèrent sans direction, c'est bien une vision d'anar qui n'a jamais vu évoluer "naturellement" un groupe de personnes, par exemple lors d'une excursion ou dans une équipe de sport. Au bout de quelques heures, la plupart des groupes ont désigné tacitement un/des leader(s) d'opinion. Une majorité de ses membres ne fait alors plus l'effort de disputer la mise en oeuvre de règles communes aux quelques uns qui s'affirment pour les édicter et surtout les faire appliquer.
Sans aller jusqu'à la suppression de toute direction, on a une maladie en france de la surpuissance du management sur les créateurs qui est aberrante et empire.

Je travaille pour un grand groupe de médias (chaine de TV) qui a également des activités sur Internet. C'est juste dingue le nombre de chefs de projets et autres mecs avec des intitulés du même genre qu'il y a. Aujourd'hui, quand on lance un projet aussi petit soit il, on se retrouve très vite avec plus de mecs pour coordonner que de mecs pour créer et ces mecs qui "coordonnent" passent le plus clair de leur temps à envoyer des mails ou faire des réunions qui sont très souvent complétement inutiles ou en tout cas disproportionnés par rapport au problème.
Alors je dis pas qu'il faut virer tous les chefs de projet mais faudrait ptet se rappeller à un moment que c'est pas eux qui font les produits au final.
Citation :
Publié par puchiko
faut recentrer le budget sur la création de "valeur", ce que favorise les méthodes "Agile" je crois ?
C'est l'idée, mais en pratique (du moins dans ma boîte), y a toujours autant de saloperies à gérer même sur les projets étant passés aux méthodes agiles. Après, je suis d'accord pour dire que le concept est plus léger et permet de s'affranchir de pas mal de management sur le papier mais dans la pratique ca se vérifie pas toujours, loin de là: les manager savent défendre leur bout de gras t'en fais pas.
Message supprimé par son auteur.
mes differentes experiences d'agile. Le seul interet que j'y voyait, c'est que c'etait les techniques qui proposait les solutions aux problemes et pas un "chef" non technique.

ca permet d'eviter de refaire 10x un truc car le "chef" avait une idée foireuse...


mais ca change rien au niveau du nombre de manageurs and co...
Citation :
Publié par Mothra
C'est faux, et une multitude de produits microsoft sont la pour illustrer (Zune, le nouveau surface, etc). si le produit n'a rien de special, meme un marketing massif echoue.
Le marketing, c'est le fait d'adapter un produit aux attentes des clients potentiels. La Surface est un parfait exemple de foirage marketing : elle arrive trop tard n'apporte rien de plus que ce qui existait déjà.

@Mothra : non, défendre son service/sa direction, cela ne produit pas "rien d'utile". C'est défendre un point de vue, une vision et donc à terme des retombées. Quand Nokia privilégie une approche gestionnaire plutôt qu'une approche RD, ils loupent complètement le marché des smartphones.
Citation :
Publié par Aloïsius
Supposons que l'Etat, pour occuper les chômeurs, décide de faire creuser des trous sur un point A puis de les reboucher avec la terre prise sur un point B etc. C'est totalement inutile. Mais pour que ça fonctionne, il faudra bien un logisticien chargé d'organiser les flux de camion d'un point à un autre. Nécessaire à une échelle donnée, inutile à une autre.
C'est surtout une question de point de vue. Donner du travail, aussi inutile soit-il, c'est déjà lui donner un sens. Ca me rappelle l'anecdote de Vespasien qui refusa une machine élévatrice de peur que le chômage augmente. En soit c'est pas utile, c'est pas le métier le plus épanouissant au monde, et pourtant ça permet à des familles de se nourrir et de limiter les troubles sociaux.

Le fait de dire "ce métier est un métier à la con" est purement arbitraire. Pourquoi dire que les poètes ou les peintres sont utiles alors que certains revendiquent leur inutilité et considèrent qu'ils ne sont là que pour faire du beau ? L'article dit pourtant clairement que "comme il crée du beau, ils sont utiles".

Y a des métiers qui sont "cons" parce que les personnes sont des tires au flanc aussi. Tout le monde bosse à côté pour rattraper les heures passé par quelqu'un d'incompétent sur facebook. Ca me rappelle la Fac. Le secrétariat était considéré comme une belle planque, avec des horaires sympas et un personnel incapable de nous aider. On était les premiers à jaser. N'empêche que si on regardait de plus près, on observait que y en avait une qui bossait à fond et 2 autres qui se reposait sur elle.

De même j'ai un pote qui travaille dans une boite et s'occupe de logistique. Il fait rien, mais si un truc tombe en rade à 4h du math, il doit se pointer et réparer ça le plus vite possible car ça immobilise la chaine de production. Du coup il a des horaires maisons, passe son temps sur facebook au boulot ... Bref l'archétype du planqué. Pourtant je qualifierai pas son boulot de "boulot à la con".

Tout ça pour dire que je trouve assez dangereux de classer les métiers comme ça. C'est un coup à cracher sur des métiers dont on ignore tout. Et avec le même discours on peut légitimer le fait de réduire à peau de chagrin certains métiers de la culture et de l'art.
Citation :
Publié par Lagh
Donner du travail, aussi inutile soit-il, c'est déjà lui donner un sens.
Les mecs qui doivent avoir un travail pour avoir un sens à leur vie je trouve çà terrifiant...
S'te réflexion de bourges lol.
Citation :
Publié par Mahorn
Le marketing, c'est le fait d'adapter un produit aux attentes des clients potentiels. La Surface est un parfait exemple de foirage marketing : elle arrive trop tard n'apporte rien de plus que ce qui existait déjà.

@Mothra : non, défendre son service/sa direction, cela ne produit pas "rien d'utile". C'est défendre un point de vue, une vision et donc à terme des retombées. Quand Nokia privilégie une approche gestionnaire plutôt qu'une approche RD, ils loupent complètement le marché des smartphones.
Ok, on a des definitions differentes sur les mots c'est pour ca qu'on ne se comprend pas. Je pense que c'est toi qui a la bonne definition de marketing. Dans cette optique, c'est clair que microsoft a rate son marketing. Par contre 1MM $ de publicite et aucune penetration du marche, faire plus de pub ne marche pas (et c'est ca que je voulais dire).

Par contre ta definition de "defendre sa division" c'est plus du planning strategique, ce qui est certainement utile. Tandis que dans de nombreux cas, defendre sa division c'est eviter qu'elle ne soit coupee des budgets dans la guerre des chefs completement sterile (en utilisant toute sorte de ruses politques, et pas specialement sur des merites techniques). Ca c'est parfaitement contre-productif et uniquement le resultat d'une excroissance du middle management et des jeux de cours dans la hierarchie.
Bah dans certains domaines on arrive à de drôle de boite avec pas mal de gâchis

Un Grand opérateur mobile français par exemple :

+70% de cadres dans cette boite (sachant que je doute que les vendeurs des boutiques aient ce statut).
L’expérience d'une connaissance y ayant travaillé : ici le gros du travail c'est de se managé entre nous....
L'expérience client (que j'ai été) : voici un livret de 40 pages de nos offres commerciales, avec un service client complètement perdu dans les anciennes offres, nouvelles à venir, remise spécifiques,....
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