Et vous les cop1 ? Des narcissiques aux problèmes d'ego mal placé, ou l'inverse (quel est donc l'inverse de narcissique ???) ?
J'oscille entre les deux. C'est très étrange en fait. Disons pour résumer que je suis profondément misanthrope. Depuis très jeune.
Ce n'est pas forcément un sentiment trouvant sa source dans un manque de culture ou d'ouverture à l'autre. Je ne pense pas être particulièrement cloisonné dans ma vision du monde.
Ce que j'en vois, par contre, me dégoûte. Et comme l'activité humaine reste le point focal de nos observations quotidiennes, je la tiens responsable de ce gâchis.
Alors ensuite, rapport à ce dégoût, je me place soit au dessus du lot, soit en dessous. Généralement, ça commence en me disant que les gens sont vraiment trop cons. Qu'à leur place, je ferai ça. Ou ça. Et ça serait tellement mieux.
Tiens, d'ailleurs, si je dirigeais le monde, oui, en despote, tout irait mieux.
Et puis, la seconde phase, descendante, me place face à moi-même. A mon expérience. Mes réalisations. Et là, y'a une sorte de fracture, de chute. Vertigineuse. Un sentiment de désespoir gigantesque. Une négation de mon existence, qui se noie comme une mouche à merde dans un océan-égout.
Ces chutes me plongent assez facilement dans un état dépressif et une désaffection de moi-même. Une fois le fond touché, j'y croupis quelques temps. Silencieusement ou en hurlant mon malheur. Ca dépend.
Et puis, l'humain étant un animal acharné, je m'accroche à quelque chose ... un détail ... un ami. Une discussion. Puis une autre. Un matin radieux. Une bonne partie de golf.
Et je remonte la pente. Pas à pas, lentement, sûrement. Et je me stabilise en m'anesthésiant la conscience pour éviter de cracher à la gueule du monde. J'encaisse. Je subis. Je vie cette vie frivole dont on nous dit qu'elle est la vraie vie. Je consomme. Je m'abrutis. Je vote au centre. Je m'offre quelques plaisirs, solitaires, forcément. Je n'ai pas le temps de ramasser d'autres personnes, je dois me dépêcher de rattraper tout ce que j'ai raté.
Et puis, un éclat. Une faille. Et on repart à nouveau à exécrer tous ceux qui sont si pitoyables. Alors qu'on est si biens, nous. Mais non, qu'est-ce que tu dis ? Tu ne vaux pas mieux. Tu es pire même. Oui, pire, je me hais. Mon Dieu, pourquoi suis-je seul ? Tiens salut, ça me fait plaisir ! Non, ça va pas trop. Sortir ? Oui, ça me ferait du bien. C'était bien cool cette séance ciné ! A bientôt ?
Et encore.
Et encore.
Un autre cycle.
Et d'autres. Qui n'en finissent pas. Enfin, si, ils finiront fatalement.
Si je m'aime ? Je ne sais pas trop.