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Ce sont des Hommes. Il y a plus important que leur donner la pièce. Il faut s’arrêter, s’asseoir à leurs côtés et parler avec eux comme à des Hommes. Pas pour connaître leur histoire, ni s’apitoyer sur leur sort, ni moraliser, ni politiser.
Il faut parler de tout et de rien… De ces moments qui paraissent inutiles et qui permettent de se connaître puis de se fréquenter. C’est alors tout naturellement qu’on apportera une casserole de soupe chaude et quelques haricots avec des saucisses.
Bien couvert, on mange tout naturellement avec eux.
( … ) en parler, entraîner un voisin, un ami et manger une fois ou deux avec eux à même la rue, simplement pour montrer à ces gens qu’ils font partie de nous et nous partie d’eux, cela peut aider aux prises de conscience, de les convaincre d’accepter un foyer d’hébergement au chaud, et de ne pas se laisser mourir dans la rue.
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Partager un repas avec eux et avoir un peu de considération, même dans le vent et le froid que certains préfèrent, cela les aide à mieux vivre… et c’est plus efficace sur le sujet qu’un discours politique.
JOLBOSS, non, je ne pense pas que tu dises de conneries. Il m’est arrivé de partager un sandwich ou de payer un sandwich à un SDF, et d’en profiter pour parler avec. Je ne le ferais pas, toutefois, dans le cadre d’une démarche individuelle systématique et en solo. Si tu te sens l’envie et la capacité de le faire, fonce ! On parle là, bien sûr, de SDF sans ressources, la majorité des cas.
Mais je considère les SDF comme les autres humains, en ce qui concerne mes propres envies de contacts, et je n’irais vers quelqu’un, que ce soit pour parler ou partager de la nourriture, que si d’une manière ou d’une autre la personne m’en donne envie. Comme pour les gens qui ne sont pas SDF, quoi. Et d’ailleurs, en parlant de payer un sandwich à un SDF, l’anecdote qui me revient en tête, c’est un SDF qui a commencé à me raconter ses projets. De grands projets, visiblement destinés à montrer qu’il est quelqu’un de bien. Je l’ai interrompu en disant que ses projets ne m’intéressaient pas, ce qui l’a déçu. J’ai ajouté que je lui offrais ce sandwich parce que pour moi il avait sympathique, et que projets ou pas, je l’appréciais tel qu’il était. Et là son visage s’est illuminé.
Mais soyons francs. Pas tous les humains m’intéressent à titre personnel, qu’ils soient SDF ou pas. Alors, je ne critique pas ta façon de faire, mais je ne vois pas aller discuter et partager des repas, à titre individuel, avec les SDF que je croise. Je dis bien à titre personnel. Parce que dans le cadre d’une association, c’est différent. Dans ce cas, aller, en tant que membre de cette association, à la rencontre des SDF, ne me poserait pas de problème. J’aurais plutôt tendance, d’ailleurs, à proposer ce genre d’activité à ceux qui veulent bouger. La façon que tu proposes, très humaine et individuelle, a quelque chose d’idéal. Si tout le monde, dans la société, pouvait faire preuve de compassion, de générosité et aller vers les autres, on réglerait une bonne partie des problèmes des SDF. Toutefois, notre société est loin d’être idéale, et cela se voit aussi chez les SDF.
Certains sont des personnes biens, d’autres non. Certains peuvent avoir des problèmes trop lourds pour être assumés par le quidam moyen qui désire les aider en parlant avec eux. Je pense qu’agir dans le cadre d’une association, où l’on peut être encadré, formé et soutenu, c’est plus efficace que d’agir seul. Note que j’ai dit « je pense que », c’est juste mon avis, et j’ai conscience qu’il s’agit d’une généralité, au cas par cas, cela peut être différent.
Quant à dire qu’il ne faut pas politiser… Je ne suis pas d’accord du tout. Il y a de tas de raisons pour lesquelles on peut devenir SDF. Perso, je l’ai été à la suite d’une décision personnelle. Mais beaucoup sont forcés, pour des raisons économiques, et donc en fait, pour des raisons politiques. La politique a beaucoup à voir avec la « création » de SDF, et l’ignorer serait soigner les symptômes et non les causes. Même chose en ce qui concerne le traitement des symptômes, d’ailleurs. Si ce que tu prônes, une sorte de changement de mentalités individuelles, et ce que je prône, l’action dans le cadre d’associations, sont des points importants, il n’en reste pas moins vrai, à mon humble avis, que les vrais moyens sont dans les mains des pouvoirs publics. Par exemple en s’assurant que tout le monde ait un toit, de quoi manger et se laver… Bref, le minimum vital pour les êtres humains.
Je comprends pas trop le but de ce topic : tu veux qu'on vienne tous te dire "non mais nnoooonnnn moi j'fais ça et ça pour les pauvres" - un peu une foire à la bonne conscience Spécial Noël © ?
T'es trop bon mec, je gage que par surcroît t'es une sacrée bête au pieu nan ?
Moi, ce que je ne comprends pas trop, c’est ce genre de réactions, où je me demande le cynisme ne sert pas d’excuse pour ne pas se remettre en question, pour éviter d’agir.
Je pense qu'il existe une réalité psychologique qui vous échappe complètement lorsque l'on traite ce genre de problématique.
Qu'est ce que ça veut dire (en très gros et de ce que j'ai compris) : cela correspondrait à une certaine "pulsion" humaine qui répond a un besoin de contrôle sur son environnement. Ce contrôle s'exercerait notamment à travers la bonne compréhension des désirs d'autrui (histoire qu'il ne rentre pas en compétition ou que l'on soit au moins au courant pour réagir).
Hors, dans nos sociétés actuelles, il est commun de se voir entouré de plusieurs dizaines/centaines d'inconnus, situation dans laquelle il est impossible de deviner clairement les motifs de chacun.
La solution la plus simple à ce problème étant ... l'évitement. Ignorer simplement que les autres sont là. ( ... )
Enfin voilà c'était juste pour dire que le comportement d'évitement surtout en milieu urbains tiens à mon avis plus d'une stratégie évolutive que d'un profond engagement moral ou du moins à la base.
Kio_San, je ne sais pas s’il s’agit de stratégie évolutive ou pas, mais c’est effectivement intéressant de se pencher sur ce qui motive nos comportements.
Contrairement à toi, je ne me suis jamais retrouvé sans domicile fixe, mais j'ai déjà eu l'occasion de manger et de discuter avec des personnes sans domicile fixe, comme je le fais avec n'importe qui ayant un domicile fixe et – pour rebondir sur ce que tu dis – je sais également qu'en anthropologie, certains s'intéressent à la « rue » comme milieu social, étudient les comportements des personnes vivant sans domicile fixe, leurs désirs, leurs craintes, leurs relations entre eux, leurs relations avec d'autres groupes…
Il y a énormément de choses à comprendre et à dire sur le sujet sans même aborder ses aspects politiques (qui sont également complexes et matière à débat).
Jactari, tu as raison, il y a énormément à dire, même si l’on ne parle pas de politique. Mon expérience de SDF fut brève, merci à l’Armée du Salut et au Secours Catholique, et ne me donne pas forcément plus de légitimité que d’autres pour parler du sujet. Toutefois, en lisant le premier message, j’ai été un peu bloqué par le traitement « non politique » du sujet, parce que je reste convaincu que c’est la base du problème. Qu’une bonne politique réduirait des deux tiers (chiffres au pif, style Bar) la « création » des SDF, et que le tiers restant pourrait voir ses besoins vitaux assurés. Je crois vraiment que c’est un sujet qu’il faut traiter sur le plan politique. Mais tu as raison quand tu dis qu’il y a d’autres aspects que les aspects politiques ; et du coup j’ai décidé d’intervenir plus constructivement (j’espère) dans le sujet.
Tous les SDF ne sont pas des mendiants, tous les mendiants ne sont SDF.
Le débat est mal posé, imho.
TabouJr, si je comprends bien le débat, il porte essentiellement sur les SDF sans ressources nécessaires non seulement pour se loger, mais aussi pour se nourrir décemment.
Le "on", c'est pas moi, toi, ou un autre, c'est les pouvoir public, l'état, aider des associations et de bénévoles, enfin bref, tout ceux qui auraient un impact plus fort que moi donnant ma pièce.
Kerjou, je suis d’accord avec toi : culpabiliser les gens n’est pas une bonne solution, et en fin de compte, ce sont bien les pouvoirs publics qui ont un réel pouvoir. Mais, hélas, encore une fois nous ne vivons pas dans un monde parfait, et nous devons donc, si l’on veut être efficace, allier action politique et action citoyenne sur le terrain.
Tu feras un tour sur la rue Ste-Catherine à Montréal et tu tenteras de me faire croire que ceux qui y quêtent ne sont pas camés.
Mardram, il y a des camés partout, chez les SDF et chez ceux qui ont un domicile fixe. C’est dommage que ton commentaire donne l’impression SDF = camés. Les camés sont heureusement une minorité, aussi bien chez les SDF que chez ceux qui ont un domicile fixe.