Les SDF ont comme n'importe qui à la fois la même histoire et une histoire qui leur est propre.
L'origine de leur précarité (je parle de précarité matérielle ici puisque le débat semble aller dans ce sens mais on peut discuter des autres formes qu'elle prend) est due, presque exclusivement à deux facteurs :
-Hasard malheureux (infirmité, maladie, conjoncture socio-démographique, étudiant orphelin ou en rupture familiale en échec scolaire, famille déchirée, accident, etc...).
-Déterminants individuels (paresse, propension au fatalisme, disposition à la déprime, résistance au changement, perspectives d'intégrité, etc...).
Le problème dont tu parles, TabouJR, est un problème d'émergence. La société dans sa généralité n'est confrontée à ce fléau et n'en a conscience que dans la mesure où il est visible, apparent.
Il est évident que les SDF visibles qui passent leur vie aux yeux de tous ne représentent, dirons-nous, que la partie émergée de l'iceberg et qu'une plus grande partie essaye de continuer à vivre sans être remarquée par ceux qui ont une situation moins difficile.
Les travailleurs bénévoles ou payés dont tu parles ont accès à une réalité plus concrète de par leur proximité avec eux mais ils ont aussi en exerçant, comme certains politiques, accès à des données chiffrées qui rendent possible une autre vue, plus globale, sur l'ampleur du phénomène.
La plupart des gens n'ont pas ce recul statistique, cette expérience de terrain et ne sont confrontés qu'à ce qu'ils peuvent voir.
C'est pour cette raison, avant tout, une raison de nombre, qu'il importe à ceux qui se sentent concernés par cette détresse quotidienne de ne pas laisser dire "Donner une pièce ne changera rien.".
Je trouve confortable de dire comme certains ici que la charité n'amènera à rien quand on se refuse à donner ne serait-ce qu'un sourire ou une pièce.
Ca ne règle pas le problème mais ça le soulage temporairement et limite médiocrement l'ampleur de la chose.
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