Mais dans quelques mois, ne pourriez-vous pas mettre en place une grève similaire aux aménagements faits pour le covid ?
On a bien vu avec le covid ce qui était reportable et ce qui ne l'était pas, et visiblement il y a quelques trucs qu'on peut reporter en minimisant les conséquences pour la santé.
Quant à dire que le droit existerait dans les textes : pourquoi ne peut-il pas être appliqué en réalité ?
Faire grève pour de meilleures conditions de travail et plus de moyens, c'est certes dégrader un peu les soins des patients actuels, mais dans l'intérêt de tous les patients futurs.
Les services n'ont jamais aussi bien tourné, surtout en milieu hospitalier, que pendant le covid (toutes proportions gardées, hein). Le covid a permis de réaliser voire prouver que les soignants de terrain étaient organisés, flexibles, réactifs, ingénieux, et ne regardaient pas au temps.
Je dis cela avec évidemment de la mauvaise foi et une haine éternelle, mais on a supprimé toutes les strates administratives pendant 2 mois et la Santé n'a jamais aussi bien roulé. Quelle est la conclusion à en tirer ?
Ahh bien sûr, il a fallu sauter quelques "règles". Il a fallu se passer de l'accord de tel cadre sup', de l'accord de telle direction, de l'accord de tel responsable.. sans lesquels de simples soignants (et ça va de l'AS au médecin hein) ne peuvent rien faire et sont pieds et poings liés d'ordinaire. Il a fallu se passer des réunions, des comités, des budgets, des RH, des assistantes de direction. Il a fallu agir, agir vite, agir bien.
Et ça a fonctionné dans la plupart des cas.
Beaucoup ont profité de tout ce beau monde en télétravail pour totalement les court-circuiter purement et simplement. Du retour de quelques potes parisiens ça se paie évidemment aujourd'hui, on ne chie pas à la gueule impunément d'un bureaucrate français, mais les résultats pendant 2 mois ont été là.
Tiens juste pour le lol, le directeur de l'ARS du Grand-Est avait été limogé pour ne pas avoir vu de raison de remettre en question le plan de suppression de lits/postes au CHRU de Brabois pendant le covid. Bah son remplaçant est sur l'exacte même ligne lol. Il y en a même qui se seraient pointés en service pour dire que la rentabilité n'y était pas, comme si rien ne s'était passé, à la stupéfaction générale devant tant de détachement de la réalité.
Le droit de grève n'est pas appliqué dans les faits parce qu'un soignant qui fait grève, dans l'immense majorité des cas, c'est un soignant qui ne bosse pas, qui est de repos. Quand une grève se pointe, ça se déclare en avance. Qui dit déclaration en avance dit recensement des grévistes. Une fois connue la liste des grévistes, bizarrement la plupart du temps ceux-ci sont sur la liste d'assignés à poste. C'est ainsi que tu te retrouves en service avec des soignants avec un brassard ou une banderole ou une blouse "en grève"... mais qui bossent absolument comme d'habitude.
Comble de la perversion : il y en a qui vont manifester et ne sont quand même pas assignés. Du coup
who you gonna call? pour les remplacer en service ? Les soignants de repos. Genre ceux qui avaient prévu de manifester, tu vois
Bref y a la théorie de tout le monde égal face à la grève et y a la réalité où c'est complètement faux. Et une grève ne fonctionne que si elle est longue, dure et fait pression. Une grève de soignants ne peut pas être longue, encore moins dure, et sûrement pas faire pression. Les derniers qui ont essayé, la centaine de médecins qui ont démissionné de leurs postes administratifs, se sont fait ramoner. Des médecins ! Alors les IDE et les AS, le menu fretin, qui en a quelque chose à foutre ?