Je viens de terminer Siddharta de Hermann Hesse.
Une sorte de conte philosophique ou de roman initiatique qui se passe dans une Inde mystique et mythique, du temps où le Bouddha était vivant. Le héros, Siddharta, est le fils d’un riche Brahmane promis à un brillant avenir par ses origines et sa sagesse. Cependant un jour suite à une visite de moines mendiants il décide de tout quitter pour vivre avec eux et découvrir la vraie Sagesse. Au fur et à mesure des rencontres importantes de sa vie il change souvent : moine mendiant, commerçant jouisseur, humble passeur. En explorant les différentes routes vers la Sagesse et le Bonheur il développe les facettes de sa personnalité.
Ce roman est très court mais semble rassembler toutes les questions et réponses sur la vie : d’où venons nous, où allons nous et pourquoi ?
C’est sans doute ce qui donne à cette histoire son côté magique et intemporel.
J'ai détesté, d'ailleurs je ne l'ai pas fini. Hesse c'est tout
(Le Loup des Steppes, Le Jeu des Perles de Verre) ou rien
(Knulp, Siddharta) .
J'ai lu un livre de Yukio Mishima dont je n'attendais absolument rien et qui s'est révélé fantastique, bien qu'un peu court. Il s'agit de "
Le marin rejeté par la mer"
Noboru est un jeune garçon japonais âgé de 13 ans qui vit seul avec sa mère
(son père est mort quand il avait 8ans). Menant une vie relativement aisé, élève sérieux, celui-ci fait néanmoins parti d'une bande
(des garçons de bonne famille aussi) mené par un chef
("le N#1") sadique et nihiliste, une sorte de gourou juvénile dont la philosophie régit cette petite secte.
Passionné par les bateaux et la mer, Noboru s'en va visiter un navire marchand en compagnie de sa mère. C'est ici qu'elle,
Fusako, va pouvoir rencontrer un officier de la marine marchande,
Ryuji, et entre eux va naître rapidement une relation amoureuse.
Noboru d'abord impressionné par Ryuji, un marin, un héros, va déchanté quand celui-ci va se transformer en ce qu'il y a de plus haïssable au monde, un père.
Ce n'est néanmoins pas la simple histoire d'une famille recomposée ou l'on lit les soucis du quotidien comme pourrait le laisser penser mon résumé
(d'ailleurs ce n'est qu'a la toute fin que la 'recomposition' se met en place). On adopte tour à tour les points de vue de Noboru, Fusako et Ryuji, suivant leurs états d'âme et les doutes qui les étreignent.
Noboru ne veut pas grandir, il oscille entre ses envies d'enfant et celles qu'il se force à adopter pour se conformer
(il note ses griefs et efface les non-conformes a sa philosophie par la suite) . Ou pas.
Fusako, riche négociante, s'est réfugiée dans le travail depuis la mort de son mari et puis, le coup de foudre, l'amour absolu. Ou pas.
Ryuji a échoué dans ses rêves de gloire, il n'y a rien qui l'a attendu par delà la mer et la trentaine passée, il faut se résigner et jeter l'idéal romantique tant rêvé. Ou pas.
Des symboles magnifiques (
la clé qui tourne et enferme, ce petit trou qui permet de voir la chambre voisine, ces gants transparents), une fin poignante, et la mer en fond, qui semble être la seule voie vers la liberté.
Là ou "Le Pavillon d'Or" ne m'avait pas touché, celui-ci vous prend au ventre.
La dualité des sentiments, la cruauté des enfants et ce rapport à la sexualité dérangée. Le malsain et le morbide sont largement présents durant tout le livre, mais qu'est-ce que tout ça est bien rendu, Mishima nous jette ici et là, comme si de rien n'était, des phrases qui illuminent le récit et sa compréhension. En espérant que la traduction n'ait pas totalement dénaturé l'oeuvre.