[POGNAX][débats variés] La culture de l'annulation

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Publié par TIME NO HEROES
Faut imaginer les débats débiles qui animent les intellectuels de notre époque. Les Etats-Unis sont l'ennemi intellectuel N°1, je préfère encore me faire réformer par les chinois...
Comment peux tu mettre dans ta première phrase débats débiles (choses que je peux comprendre) et finir par une deuxième phrase avec une réflexion débile...
Notes bien que se faire réformer par les chinois actuellement, c'est assez court en termes de durée mais bon c'est un peu définitif...
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Publié par TIME NO HEROES
J'avais failli réagir sur cet article mais flemme au final, ceci dit je trouve ce passage délirant :
Le plus fort étant que comme son nom l'indique un peu Brett Wenstein est juif (mais ils ne sont plus des minorités, visiblement).

Après Evergreen 2016 c'est tellement extrême que ce n'est pas représentatif même de la cancel culture. C'était un épisode d'hystérie collective relevant plus de l'expérience sectaire, d'un flash maoïste, ou de l'échec critique d'une expérimentation sociale : une université qui a complètement perdu les pédales sous l'influence d'un président irresponsable, de quelques allumés charismatiques à qui il avait donné tout pouvoir pour y mener la lutte contre les discriminations et de la garde d'étudiants fanatiques qu'ils s'étaient formés. Tout le personnel a eu à se convertir à des rituels genre autocritiques publiques, prêter serment d'éliminer toute whiteness de leur esprit, etc... Le tout dans des ambiances ritualisées évoquant plus un culte qu'une action pédagogique ou politique (chercher Evergreen canoe meeting pour leur cérémonie la plus célèbre, ça vaut le détour dans la catégorie WTF). Enfin le président d'université a l'origine de cette révolution culturelle a lui même fini dévoré par le monstre qu'il avait créé, se retrouvant obligé de s'écraser devant les activistes a qui il avait donné tout pouvoir.

C'est devenu un des meilleurs arguments de la droite US sur les dangers des wokies des universités, les vidéos d'Evergreen sont si complètement hallucinantes qu'ils n'ont limite même pas besoin d'y ajouter de commentaires pour que ça leur profite.
Et elle en est où cette université depuis du reste ? Ils ont perdu 30% de leurs effectifs étudiants dans l'affaire de mémoire, mais quelqu'un sait si le campus est toujours contrôlé par les nervis gauchistes de 2017 ?
Arretez de parler du capitalisme sur ce thread, si vous voulez continuer ce debat veuillez envoyer un MP pour que je deplace les messages sur un autre thread plus approprié
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Publié par Aloïsius
Le soucis du Monde, c'est aussi que tous leurs articles ou presque sont derrière un paywall.
Du coup, donner un lien vers ce journal sans en faire une petite synthèse, ou en extraire une ou deux idées fortes, ne sert pas à grand chose, parce que la majorité des agoraposteurs ne pourront en lire que les premières lignes .
C'est vrai mais apparemment ils ont décidé de monter une série d'article sur le sujet :
https://www.lemonde.fr/international...7271_3210.html

Malgré ta remarque justifiée sur le non accès, je mets quand même le lien vu que l'article pose et analyse le fond et si Le Monde traite du sujet comme cela, c'est que cela devient plus qu'inquiétant (bon maintenant, c'est les vacances aussi donc à relativiser).

Citation :
Publié par Aloïsius
Et elle en est où cette université depuis du reste ? Ils ont perdu 30% de leurs effectifs étudiants dans l'affaire de mémoire, mais quelqu'un sait si le campus est toujours contrôlé par les nervis gauchistes de 2017 ?
Cela ne semble pas aller mieux :
https://www.theolympian.com/news/loc...243388066.html

On change de nom quand même mais les solutions envisagées restent assez étonnantes...
Y a eu un peu de ménage mais quand même, pas assez amha.
https://www.usnews.com/best-colleges...e-college-8155

Fin du hs.

Dernière modification par Colsk ; 27/07/2020 à 10h49. Motif: Auto-fusion
Citation :
Publié par Colsk
C'est vrai mais apparemment ils ont décidé de monter une série d'article sur le sujet :
https://www.lemonde.fr/international...7271_3210.html

Malgré ta remarque justifiée sur le non accès, je mets quand même le lien vu que l'article pose et analyse le fond et si Le Monde traite du sujet comme cela, c'est que cela devient plus qu'inquiétant (bon maintenant, c'est les vacances aussi donc à relativiser).
Pour revenir à l'article que tu as cité précédemment il y a plusieurs points intéressants par rapport au débat tel que l'avait posé Aloïsius :
1) cela a un impact non négligeable, même pour les personnes connues (en opposition à des remarques qui avaient été faites dans la discussion où l'on s'inquiétait avant tout pour les "anonymes". L'effet est suffisamment important pour que même des institutions comme le NYT soient directement touchés.
2) L'un des dangers, au delà des individus, est l'auto-censure. Ce qui est plus pernicieux, mais aura un effet sur les débats outre-atlantique encore plus important.
3) la polémique s'est intensifiée, il y a donc une réaction qui n'est pas uniquement le fait de la polarisation. Heureusement. D'où la tribune/pétition. Il y a des tenants de cette culture du "rééquilibrage" et évidemment des détracteurs plus nombreux.

Pour faire une citation -courte- du dernier paragraphe de l'encart :
"D’autres encore jugent que les dénonciateurs de la « cancel culture » font fausse route : selon eux, les menaces sur la liberté d’expression viendraient bien davantage de l’extrême droite que de la gauche radicale. Ils ajoutent que le recours à l’intimidation et à la violence pour faire taire ses opposants serait d’abord et avant tout, aux Etats-Unis, le fait des suprémacistes blancs. Ils rappellent également que Donald Trump a, lui aussi, durement attaqué la « cancel culture » le 4 juillet."

Enfin, pour ajouter à l'origine de cette cancel culture, France culture relate la lecture suivante (https://www.franceculture.fr/societe...ment-en-france) :
"Cette pratique ne choque pas outre-Atlantique car elle est intégrée dans une tradition politique et religieuse qui remonte aux origines de la nation américaine, explique le chercheur. À l'arrivée des premiers puritains, la dénonciation était même une vertu. Au sein des gouvernements locaux appelés "caucus", auxquels tous les citoyens participaient, il fallait tout dénoncer en public, par exemple les adultères. C'est dans ce cadre puritain qu'eut lieu le « procès des sorcières de Salem » en 1692 dans le Massachusetts, qui conduisit à l'exécution de 25 personnes, accusées de sorcellerie. Aujourd'hui encore, considère Jean-Eric Branaa, ce type de réflexe perdure dans le pays avec l'idée que "si vous ne voulez pas qu'on dise du mal de vous, faites le bien tout le temps". Cette culture de la délation se fonde donc sur "une vertu religieuse de redresseur de tort et sur une dichotomie entre le bien et le mal, qui divise le monde entre les méchants et les gentils." ajoute encore Jean-Eric Branaa."

Donc une telle pratique en France notamment, ne sera pas du tout reçue et intégrée, si tant est qu'elle puisse l'être, de la même manière. Il y a d'ailleurs une mini-comparaison avec le mouvement #metoo en France et la façon dont s'est perçu.

Enfin, sur la réaction des conservateurs, encore, l'utilisation ne sera pas la même, parce que l'usage de la délation est plus ancrée aux états-unis, je pense donc que la dénonciation sera d'autant plus forte dans le camps de la gauche/modérés centristes aux états-unis, qu'elle ne le sera en France, pour laquelle cette pratique ne correspond pas à un consensus (pour faire une litote). De là à y voir une sorte d'indifférence malgré tout gênée, je ne sais pas. Mais il y aura beaucoup de débats stériles du type "fascisme rouge" et autres oxymores qui ne feront pas avancer d'un pet le sujet.
Pour en revenir à la cancel culture, intéressante contribution de Glenn Greenwald au débat (si je suis pas 100% d'accord avec tout ce qu'il dit, notamment sa manière de caricaturer violemment les intentions des signataires de la pétition du Harper's, et son acharnement à comme d'habitude en remettre une couche au passage sur les méchants orthodoxes du Russiagate).


Vague résumé de ses points en gros :
- la cancel culture comme toutes les formules à la mode est un terme facilement manipulé faute de bonne définition, et faut se méfier des gens qui l'utilisent pour signifier tout et n’importe quoi, et défendre leurs propres intérêts d'élites n'ayant rien de réel à craindre mais tout intérêt à réduire au silence des critiques, en particulier
- si on la comprend comme la tendance à isoler socialement les gens s'écartant des orthodoxies en vogue elle n'a rien de nouveau (et a aussi des aspects positifs quand il s'agit de s'en prendre à des vrais racistes etc...), de même que la tendance quand les orthodoxies évoluent sous l'influence de nouvelles populations accédant au pouvoir de se mobiliser d'y résister
- ceci étant dit elle est vrai problème pour les gens qui risquent réellement leur carrière/position/crédibilité à exprimer leurs opinions (en particulier les employés qui se retrouvent tributaires des vues de leurs employeurs ou de leur tendance à céder face à toute mauvaise publicité, les journalistes débutants et auteurs pas encore connus, etc)
- et l'ampleur des changements sociétaux récents (et la discordance des voix nouvelles cherchant à imposer de nouvelles orthodoxies) crée indéniablement des situations où des gens se retrouvent piégés, forcés de s'auto-censurer ou de faire face à des réactions d'une violence imprévisible
- quant à ceux qui nient complètement l'existence du phénomène ils sont soit de mauvaise foi soit tellement soumis et partisans des orthodoxies en vogue qu'ils ne comprennent pas le problème, n'ayant jamais vécu ce que ça pouvait être d'être dissident
- leur argument massue "le free speech implique juste que le gouvernement n'emprisonne pas les gens pour leur liberté de parole, vu que c'est pas le cas tout va bien" ne tient pas, la pratique d'isoler socialement les gens jusqu'à les priver de moyens de vivre est tout aussi contraire à l'esprit du débat "libéral"(rationnel, découlant de l'esprit des lumières) que si l'état s'en charge directement, et les totalitaires n'ont jamais manqué d'utiliser aussi cette pression indirecte (de membres du parti ou autre) pour faire taire leurs opposants.
- La base de ce débat en effet, qui est la même que celle de l'esprit scientifique, est de considérer qu'aucun humain ne peut émettre de vérité ou jugement moral définitif. Que toute opinion doit pouvoir être démontrée fausse ou toute position morale supplantée par une proposition démontrée meilleure par l'argumentation. Ce qui nécessite évidemment que les gens puissent argumenter. Refuser à des gens le droit de s'exprimer, c'est à la base prétendre détenir une vérité ou autorité morale absolue, à l'image des religieux ou monarques contre lesquels l'esprit des lumières s'est créé, et s'opposer au fondement de ce qui nous a permis de sortir de l'obscurantisme (où au final il est plutôt d'accord avec les signataires de la pétition du Harper's même s'il passe la vidéo à les traiter de méchantes élites hypocrites en refusant de croire qu'ils pensent aux humbles autant qu'à eux mêmes)

ps : son récit sur son projet de film sur Navratilova, et comment elle l'a conduit à s'interroger sur la cancel culture (s'il est très long et met genre 700 lignes à en arriver à cette partie) est aussi très intéressant. En particulier comment elle conduit au réflexe de s'arc-bouter sur ses positions. Il raconte entre autres l'évolution de Navratilova, qui après avoir été critiquée sans merci pour un premier tweet assez innocent sur les trans dans le sport et avoir d'abord tenté de s'en excuser sans qu'on lui accorde le bénéfice du doute malgré son énorme contribution à la cause LGBT, a évolué en réaction (on pourrait dire par esprit de contradiction) en s'acharnant dans son point de vue, jusqu'à n'avoir aucun problème à devenir la championne des critiques de la participation des athlètes biologiquement masculins dans le sport féminin ne voyant aucun problème à joindre sa voix à celle de vrais "transphobes" (guillemets car Greenwald, se situant tout à fait dans l'orthodoxie LGBT, place des personnes comme Rowlings dans cette catégorie).

Citation :
Above all else, this was a shining monument to how social media coarsens sensitive debates to the point where dialogue and understanding become impossible.The ethos of conflict and destruction — “cancellation,” if you must — transforms people from their initial posture of seeking understanding and showing humility into warriors devoted to destroying their critics lest they be destroyed first. Everyone retreats to their militant corners and prepares for battle. Anger (and fear) over being mercilessly savaged results in digging more adamantly and uncompromisingly into the initial preliminarily held opinion, which then become immovable dogma.

As tribalistic beings, with a strong survival instinct, none of us are immune to these degrading effects of the discourse wars that play out in front of screaming virtual audiences and in short snippets of messaging that permit no nuance or compromise. At times, it seems we’ve been thrusted in a gladiator-like battle to the death over our reputations, while screaming fans wait for and then cheer any sign of blood. The last thing one is inclined to do in a gladiator ring is seek communion with one’s opponents or show any humility or vulnerability. And so goes our discourse over the most complex and novel social questions, increasingly confined to the uniquely ill-suited venue of social media.
C'est peut être LE point le plus essentiel de la psychologie humaine que les adeptes de la cancel culture ont tendance à ignorer. La puissance de l'esprit de contradiction que les "call-out" agressifs peuvent provoquer.

Dernière modification par Twan ; 27/07/2020 à 19h05. Motif: a
Dans la série peut être pas de la cancel culture mais un truc relevant de la vaste tendance associée, GRR Martin est en train de se faire descendre en flammes sur les réseaux pour de terribles crimes lors de la dernière cérémonie (virtuelle) des Hugo Awards, crimes comprenant dire du bien "d'auteurs blancs et morts", mentionner Rowlings ancienne lauréate de ce prix (c'est si loin), mal prononcer les noms "de personnes brunes", et faire des erreurs de pronoms "confirmant sa transphobie".

Un épisode très amusant, quand on se rappelle de l'histoire de cette cérémonie, et de la controverse des Sad Puppies, un groupe d'auteurs (ultra) droitiers tentant d'y prendre le pouvoir en accusant en gros les Hugo de dérive gauchiste intersectionnelle et de prix décernés sur des critères politiques/identitaires plutôt que de qualité des œuvres, groupe que Martin avait contribué à vigoureusement combattre en niant complètement les problèmes qu'il soulevait, et finalement mis en déroute.

Finir dévoré par le monstre qu'il a contribué à créer, c'est tellement Martin-esque (pour reprendre la formule d'un redditor commentant cet épisode) que je me devais d'en mentionner l'ironie.
Citation :
Publié par Twan
Dans la série peut être pas de la cancel culture mais un truc relevant de la vaste tendance associée, GRR Martin est en train de se faire descendre en flammes sur les réseaux pour de terribles crimes lors de la dernière cérémonie (virtuelle) des Hugo Awards, crimes comprenant dire du bien "d'auteurs blancs et morts", mentionner Rowlings ancienne lauréate de ce prix (c'est si loin), mal prononcer les noms "de personnes brunes", et faire des erreurs de pronoms "confirmant sa transphobie".

Un épisode très amusant, quand on se rappelle de l'histoire de cette cérémonie, et de la controverse des Sad Puppies, un groupe d'auteurs (ultra) droitiers tentant d'y prendre le pouvoir en accusant en gros les Hugo de dérive gauchiste intersectionnelle et de prix décernés sur des critères politiques/identitaires plutôt que de qualité des œuvres, groupe que Martin avait contribué à vigoureusement combattre en niant complètement les problèmes qu'il soulevait, et finalement mis en déroute.

Finir dévoré par le monstre qu'il a contribué à créer, c'est tellement Martin-esque (pour reprendre la formule d'un redditor commentant cet épisode) que je me devais d'en mentionner l'ironie.
C'est complètement dans la dérive en question. Une forme de fascisme néo-garde rouge. Le lien que tu donnes est juste triste à pleurer de bêtise.
Quelques erreurs dans mon résumé plus haut, Martin n'a pas mentionné Rowlings lors de la cérémonie (des twittos en profitent juste pour lui reprocher d'en avoir dit du bien à d'autres occasions sur son blog) ni fait des erreurs de pronoms (c'est une blague sur l'entrejambe de la statuette des Oscars qui lui vaut des accusations de transphobie). Résumant moitié à partir de l'article moitié à partir de Twitter et Reddit je me suis retrouvé à reprendre des accusations qui ne correspondent même pas à ce qu'il a vraiment dit mais ce qu'en ont imaginé des gens se joignant à la meute sans même probablement avoir écouté son discours (moi non plus d'un autre coté), ou d'autres ne l'ayant pas plus écouté le défendant. Classique.

Le gros de ce qui lui est reproché sinon c'est plusieurs mentions de John W. Campbell, auteur et directeur d'un des principaux magazines de SF dans les années 30-50, à partir duquel un des prix avait été nommé, avant que cet honneur lui soit retiré, car il est considéré comme ayant fait du "favoritisme blanc" (c'était sans doute le seul à l'époque de la ségrégation) et avoir eu des tendances fascistes. Et longuement introduit Bob Silverberg (auteur des années 60/70 ayant connu Campbell) qui remettait un prix et a aussi dit du bien de Campbell, Silverberg qui se retrouve aussi accusé de racisme et fascisme pour le coup, avec pour principal argument trouvé que les civilisations décrites dans ses romans auraient un coté très "orientaliste".

Enfin donc c'est vraiment dans le sujet, il se fait surtout attaquer pour avoir résisté à l'effacement de l'histoire de la SF d'un personnage qui n'est plus considéré politiquement fréquentable, sur la base de critères moyennement convaincants.

(12ème edit : en fait Silverberg remettait un prix, ce qui est reproché à Martin c'est de l'avoir introduit trop longuement volant un peu la vedette à l'autrice noire qu'il devait récompenser, et que Silverberg ait lui même dit du bien de Campbell qu'il connaissait, un compliment donc pour un ségrégationniste avant de récompenser une noire, qui fait qu'il est attaqué, et que d'autres sortent d'autres reproches au passage, sauf 13ème erreur de ma part ; enfin c'est tordu et tlm s'en fout mais je tenais à corriger )

Dernière modification par Twan ; 03/08/2020 à 00h57.
Honnêtement comme Rowlings, je suis curieux de savoir si cette minorité de fanatiques aura une influence quelconque sur ses ventes de livres ou sur ses contrats pour vendre ses licences aux créateurs audio-visuels. Contrairement à un acteur, un auteur reconnu et installé (et qui n'a évidemment rien à se reprocher, on parle pas de Matzneff) comme lui peut très bien les envoyer paître et continuer à engranger les dollars. Ce serait bon qu'il ne s'en prive pas.

Ça me rappelle le papier grotesque des Inrocks à la sortie de la saison 1 proclamant que GoT était une oeuvre ratée et misogyne après que le "journaliste" ait vu deux épisodes de la série mais sans évidemment avoir lu une ligne des romans. Bon c'est sûr, il aurait pu se rendre compte que jamais une oeuvre de fantasy n'avait donné une place aussi majeure à des personnages féminins et ça devait pas coller à ses préjugés...
Citation :
Publié par Xh0
Bon c'est sûr, il aurait pu se rendre compte que jamais une oeuvre de fantasy n'avait donné une place aussi majeure à des personnages féminins et ça devait pas coller à ses préjugés...
Hum, de mémoire, Ursula Le Guin a du faire des trucs avec des personnages féminins... Mais si elle était encore vivante, elle se ferait certainement cancel par les gardes rouges sous un prétexte quelconque.
Martin/Asoiaf je me rappellerai toujours de sa critique par l'inénarrable Saddy Doyle* refusant de voir la critique de la patriarchie dans Asoiaf pour faire de Martin un champion de la culture du viol (+ tout le florilège "raciste", "sexiste", etc...), il y a déjà pas mal d'années.

(* critique féministe radicale également pionnière dans le démontage de Rowlings d'ailleurs, à qui elle reprochait bien avant les histoires de transphobie d'avoir choisi Harry plutôt que Hermione comme héros et d'utiliser le trope "raciste" du héros prédestiné).

Mais c'était précisément à une autre époque (2011), où twitter et le militantisme social justicier à tendance lobotomisé n'avaient pas encore pris leur importance actuelle, où ce type de critiques si violentes soient elles ne semblaient pas destinées à dépasser l'audience des obscurs blogs où elles étaient postés, permettant d'en rire (surtout qu'on peut au moins reconnaitre à Saddy énormément d'humour dans comment elle la formule).

Je ne parierais pas qu'un nouvel auteur qui de nos jours se prendrait la même (plus l'amplification de cette critique par le twitter actuel) aurait droit au maintien de son adaptation télé ou de ses apparitions dans des conventions. C'est un peu ça la cancel culture.

Sady Doyle au passage a fait une brillante carrière depuis, publiée par The Guardian (surtout), Buzzfeed, Vice, Salon, The Atlantic et j'en passe, sans avoir à beaucoup s'adoucir (en dehors de ses critiques culturelles, elle est aussi connue pour une large contribution au développement du mythe des diaboliques Bernie Bros en 2016 et 20, et autres analyses socio-politiques de haute volée, et plusieurs essais féministes).

Dernière modification par Twan ; 02/08/2020 à 17h32.
Message supprimé par son auteur.
Le rapport d'Asoiaf (et de la petite partie de la série télévisée parvenant à restituer ses thèmes) et de la patriarchie est à plus proche de celui de 1984 et du stalinisme que d'une apologie. Les bouquins insistent sur les pires travers d'une société ultra patriarcale, mariages forcés dont d'adolescentes, sexisme et violence sexuelle omniprésente, comment elle fait souffrir les personnages même masculins sommés de correspondre à ce que l'idéal qu'elle exige d'eux, en plus de la quasi totalité des personnages féminins, etc... Tu as des pages et des pages d'essais de fans très féministes là dessus, et c'est un angle d'analyse récurrent sur Westeros.org et autres espaces fréquentés par les gens ayant lu non distraitement ses livres.

C'est purement un truc de SJWs décérébrés (ou de très mauvaise foi) de prendre la société que décrit Martin pour un idéal qu'il défendrait (ou qu'il traiterait avec indifférence vue l'insistance sur la souffrance de personnages que ça engendre). Martin peut avoir des angles morts justifiant certaines critiques de Sady Doyle, les civilisations d'Essos sont tout à fait dans le trope "orientaliste" par exemple sans que ça semble destiné à le critiquer, mais à part La Servante Écarlate, je ne vois pas trop de bouquins qui soient autant dans "décrivons l'horreur des sociétés patriarcales" (le reproche d'en noircir exagérément le trait que lui font certains médiévistes serait plus objectif si on la considère inspirée de périodes historiques).

Quant à l'article d'Esquire (ou l'attitude des indignés des Hugo sur twitter) c'est du je crache sur les générations précédentes, sans grand intérêt à part de confirmer que c'est surtout la jalousie qui anime cette génération de wanabee grands noms de la littérature ou de la critique, et celui de Sady Doyle c'est une charge amusante dans son outrance mais qui passe complètement à coté dans son argument principal.

Et je dis même pas ça par sympathie pour Martin, trouvant un certain plaisir à le voir descendu de l'espèce de piédestal de parrain suprême du genre que le succès initial de GOT lui avait offert, sa lenteur proverbiale à finir ses bouquins, sa manière de troller les lecteurs qui les attendent, et qu'il ait accepté cette adaptation sans droit de regard, m'ayant plutôt dégouté du personnage (aussi les trucs, avec le désastre de la fin de la série, qui en font une cible facile, une grande partie de son lectorat ne le supportant plus, et encore moins qu'il perde du temps à jouer le présentateur dans ce genre de cérémonies, ses critiques peuvent s'en donner à cœur joie sans rencontrer l'opposition qu'ils auraient eu il y a 5 ou 6 ans).

Dernière modification par Twan ; 08/08/2020 à 18h23.
Message supprimé par son auteur.
Effectivement j'avais oublié de mentionner l'aspect puritain de ces critiques les rendant encore plus détestables.

ps : à part ça je répondais il me semble à deux questions différentes que tu m'as posé, à savoir "ce qui vous choque dans l'article ?" (par ailleurs je n'étais même pas sûr duquel, ni vraiment choqué par la suite prévisible de sa mésaventure) et "Quant à la critique de la patriarchie dans GoT, il va falloir aussi me l'expliquer." (j'aurais pu aller plus vite en donnant quelques liens qui sont assez nombreux, c'est quasiment le sujet le plus discuté dans son fandom après R+L=J)

Dernière modification par Twan ; 08/08/2020 à 19h13.
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par Mangemouton
Le fait de se rendre compte que la sexualisation concerne majoritairement les personnages féminins n'est pas une remarque puritaine, c'est faire remarquer le sexisme dans l'écriture : un mec hétéro qui écrit pour un lectorat de mec hétéro.
C'est une remarque puritaine ET c'est une affirmation idiote. Les descriptions des personnages masculins sont tout aussi sexualisées. Mais pour le savoir, il faut avoir lu le livre (je me suis arrêté au 2e, les ficelles narratives me semblaient un peu grosses) autrement qu'au travers des yeux d'un inquisiteur espagnol à la recherche de juifs relapses d'un critique intersectionnel à la recherche d'un homme blanc hétéronormé qu'on pourrait crucifier pour sexisme/racisme/homophobie. Tout en lui intimant l'ordre de reconnaître la validité des critiques qui lui sont portés et d'écrire les fans fictions que ces lecteurs particuliers lui intiment d'écrire.
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par Mangemouton
: dans un monde sexiste, le sexisme se retrouve aussi dans les œuvres littéraires parce qu'il est intégré à la manière de se représenter le monde et de le représenter des auteur.rices.
Ou alors c'est un œuvre de fiction et la réalité n'est pas la même que la nôtre.
Faut peut être arrêter d'essayer de scruter tout œuvres de fiction avec des yeux réel.
Got n'est pas sexiste parce que le monde réel est sexiste. Il est sexiste parce que son auteur la voulu. C'est une grosse nuance de taille.
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