Dommage qu'il y ait si peu de WFD sur 3 pages.
Du coup, pour éviter de me prendre un revers cuisant à partir de cette dernière remarque, je vais contribuer.
Une amie avec qui j'ai l'habitude de passer d'agréables moments m'a présenté une copine à elle lors d'un déjeuner.
La copine en question, que nous n'appellerons pas A™ par respect pour So² mais H, était fort charmante et pourvue d'un sourire qui aurait fait fondre les pires cœurs de glace.
Nous nous voyons plusieurs fois tous les 3 à diverses occasions, repas, bars ou visites culturelles. Les discussions vont bon train (détail qui aura son importance plus tard) et la bonne humeur est de mise.
Je comprends à plusieurs allusions, mais également grâce à une confidence de mon amie, que je ne laisse pas H indifférente. Ça tombe plutôt bien, elle non plus.
Suite à l'échange rituel de numéros, nous programmons un rendez-vous la semaine suivante. Les modalités du dit rendez-vous sont fixés lors de l'échange de SMS qui durera les jours suivants. Le lieu sera un restaurant, plus pratique pour échanger des paroles qu'un endroit exigu où règnent en maîtres incontestés les Boum-Boum tonitruants, avec également l'avantage de pouvoir meubler les blancs grâce au repas servi. Tant qu'à faire, pourquoi ne pas essayer ce restaurant gastronomique tant vanté par la critique (le genre où ne figure aucun prix sur la carte de madame) ? La soirée sera donc sur le thème Chic & Choc. Chic pour l'intro, et chocs pour la conclusion, cela va de soi.
Le jour J, quelques paires de minutes avant le décollage, je discute un peu avec un pote de mon frère qui venait régulièrement lui rendre visite (
à l'époque j'hébergeais mon frère pour "quelques semaines"). En rigolant, il me propose
l'appel à un ami si jamais le rencard devenait glauque. Ce à quoi je réponds, sûr de moi, que ce ne sera vraisemblablement pas la peine.
Quelques minutes plus tard, frais et fringant, je retrouve H à l'endroit convenu et nous nous mettons en route.
Je relève rapidement qu'elle ne parle guère. Mais cela n'entame pas mon enthousiasme, j'attendais une bonne occasion pour essayer ce restaurant, et hors de question d'emmener ces profiteurs de clients, même si le cas échéant, c'est la boîte qui paie

On nous installe, et les hostilités démarrent avec la mise en bouche accompagnant l'apéritif.
Je constate derechef qu'elle n'est pas très bavarde. J'essaie de lancer des sujets ouverts, elle répond à peine quelques mots. Sa vie, son œuvre semble se résumer à 2 phrases, quant à ses hobbies ou passions diverses, selon son propre aveu, elle n'en a pas.
Peut-être est-ce le fait qu'elle soit psy, s'auto-censurant donc sur le moindre élément qui pourrait la définir, mais elle n'entretient pas du tout la conversation, se contentant de me regarder en souriant. Même s'il est vrai que son sourire est agréable, et qu'elle a de ravissants yeux noisettes, je commence à sérieusement me faire chier.
Heureusement, les plats sont savoureux et mon palais est conquis. Le restaurant est à la hauteur de sa réputation, et le sommelier a particulièrement réussi les accords mets vins.
Le temps passe lentement au rythme de ma mastication. J'ai l'impression d'avoir en face de moi un chien savant qui sait tenir une fourchette. Par chance, le service est rapide et la fin du diner se rapproche. La conversation de H reste désespérément morne et mon enthousiasme s'est envolé.
L'intérêt de la soirée qui devait être cette charmante brune dans un cadre sympathique a doucement effectué la transition vers le contenu de mon assiette.
Entre 2 bouchées, la demoiselle me demande ce que j'ai prévu pour le reste de la soirée, sachant qu'il devait être à peine 21h passé. J'esquive habilement, enfin le crois-je, la question car ce sujet était précisément ,à ce moment-là, au centre de mes préoccupations. J'étais tellement las de cette soirée que même une typique réponse barienne ne m'est pas venue à l'esprit.
Peu après, comme tout membre de la gent féminine, elle part aux toilettes se repoudrer le nez ou vidanger ou que sais-je encore.
Je dois dire que son absence momentanée n'a pas changé grand chose à l'animation à notre table. Bref, je profite de sa pause pipi pour envoyer un appel aux secours à mon frangin en ajoutant une rapide explication sur le contexte. Son pote, avec qui j'avais discuté un peu plus tôt dans la soirée allait me tirer de là.
Quelques instants après le retour de H à table, mon téléphone se met à sonner, annonçant mon sauvetage de ce naufrage. Je réponds, la mine grave, sans omettre d'opiner du chef, en affichant mon air le plus sérieux.
J'annonce sans préambule à H qu'il va me falloir la quitter immédiatement car mon frère a besoin de moi pour ce qui semble être un cas d'urgence.
Elle me demande si ce n'est pas grave, je la rassure en ajoutant que je vais gérer ça au mieux.
Je la plante à la table, je paie la note, récupère mon manteau et sors enfin du restaurant.
L'appel à un ami, cette valeur sûre, m'a permis de m'extirper de ce piège aux yeux noisettes. J'ai rejoint mon frère et son acolyte au pub, leur offrant quelques tournées en guise de gratitude.
Et même si je n'ai pas fini la nuit au creux de l'intimité de H, ce que j'aurai été incapable de faire suite à cette entrevue
soporifique anesthésiante, les quelques bonnes bières que j'ai descendues ont contribué à me faire oublier ce fâcheux début de soirée.