Avec la chute du régime autoritaire des alaouïtes, c'est l'allié du Proche-Orient qui saute pour l'Iran.
Les USA continuent ainsi leur entreprise de démembrement des vieux régimes autoritaires arabes en favorisant comme solution de remplacement des partis religieux et sunnites financés par les états du golfe. Il s'agit de soutenir leur fournisseur officiel de pétrole du Golfe et sécuriser l'accès et le transit du pétrole, assurer la sécurité d'Israël, tout en déjouant les intérêts des russes et des chinois.
Vous m'excuserez de penser que la "libération démocratique" par le "peuple" syrien sert surtout les intérêts des américains et de leurs alliés, que nous allons assister, comme en Irak, en Egypte à une épuration et une diaspora des minorités religieuses qui ne sont pas sunnites (les coptes, les alaouïtes, les maronites) ; à une refondation totalitaire de la société syrienne selon les codes de l'islam sunnite. Nous risquons également, comme en Libye, étant donné la dimension pluri-ethnique, une fragilisation de l'état.
Je ne nie pas que ceux qui resteront, les sunnites, auront peut être les mains libres pour se donner un état plus juste, mais ce qui se passe en Syrie est tout de même révélateur de ce que nous sommes devenus en Occident. Nos médias de masse, nos hommes politiques, nos penseurs, tous alignés au garde-à-vous, saluent comme un seul homme la libération de la Syrie et la chute de la bête immonde El-Assad. Cet unanimisme, c'est un sentiment que j'exprime, me semble inquiétant. Dans les pays démocrates, nos élites sont toutes d'accord pour faire virer les "méchants", s'appuyant sur les valeurs des droits de l'homme pour justifier les interventions militaires, les attentats, l'instabilité politique de régions entières (observez ce qui se passe au Mali depuis la chute de Kadhafi). Et le fait que cela même ne soit pas discuté, provoque chez moi un profond malaise.
J'avais le souvenir, que la démocratie occidentale était le lieu de la contradiction et des différences, j'avais le souvenir, avant que la France réintègre l'Otan, que certaines démocraties pouvaient faire entendre leur différence, d'un monde moins visiblement soumis à "l'empire". N'est-ce pas nous qui plongerions doucement mais sûrement dans le totalitarisme ?
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