Politique et économie en Syrie

Affichage des résultats du sondage: Faut il intervenir militairement en Syrie ?
OUI il le faut 61 19,93%
NON je ne le souhaite pas 189 61,76%
NSPP 56 18,30%
Votants: 306. Vous ne pouvez pas participer à ce sondage.

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Publié par toutouyoutou
J'ai la nausée.

Je suis très surpris que de tels commentaires viennent de toi, tu es généralement plus mesuré et objectif dans ton approche.

Qu'il y ait un jeu de pouvoir international? Pourquoi pas
Qu'il y ait un risque islamiste? Pourquoi pas
Qu'il y ait des méchants du côté manifestants? certainement
Qu'il y ait des syriens totalement dévoués à Assad? certainement
Qu'il y ait des morts des 2 côtés? certainement
Qu'il y ait une manipulation des médias côté manifestants? Pourquoi pas

Pour le reste, tu semble ignorer le reste:

- Autant de morts côté loyaliste? Vraiment? La réponse est dans la source: "Syrian Governement". Et non, ce régime n'est pas connu pour faire dans le décompte honnête et partial. A part les querelles de chiffres, peut tu vraiment croire à 60% de pertes côté loyaliste (armée et police) dans un régime policier hyper armé, au maillage dense, présent dans toutes les couches sociales, et une armée largement de taille a se battre contre des mecs en kalachnikov ou rpg avec ses tanks et son artillerie... PS: même le gouvernement parle que de 2000 côté loyaliste, d'où sors tu les 3000....

- Les bombardements de quartiers civils à l'artillerie lourde et aux tanks, c'est de la rigolade tu crois pour ceux qui encaissent? Les "dommages collatéraux" hérissent tout le monde quand ils sont effectués par des armées ultra modernes comme les USA , mais quand ces "dommages collatéraux" sont effectués par un boucher tiers mondiste qui n'a pas le matériel pour faire dans le pseudo chirurgical, soudain on applaudit??? Mais bordel il y a des gens qui reçoivent ces fichues bombes sur la tête! Des enfants qui crèvent! Et ce n'est pas des gens qui se mettent en danger dans la rue, c'est des gens chez eux. Vous n'allez quand même pas leur reprocher de se prendre un obus dans leur appartement???...

- Ensuite tu crois vraiment que si une minorité soutien quelqu'un, ça lui donne le droit de s'ériger en dictateur héréditaire à vie? Pour rappel, en Syrie tu as juste le droit de fermer ta gueule. Tu ne peux pas l'ouvrir, car ton interlocuteur fait peut être parti des SR. Un peu le modèle de la Securitate quoi, vu que tu ressort Ceaucescu. Tu ne vas pas me faire croire maintenant que le régime des Kim en Korée est juste et légitime vu qu'ils sont probablement vraiment adulés par le peuple?

- Le réformisme du régime? Lol Assad junior avait tout le temps de faire parler sa jeunesse et son modernisme. Il ne l'a pas fait car il en a rien à battre. Ces promesses seraient certes positives, mais qui va le forcer à respecter ses promesses? Et je suppose que tu es également pour lui filer une amnistie pour ses crimes "normaux" de dictateur s'il a la gracieuse bonté de donner une partie de ses pouvoirs à la plèbe?

- Ce qui me dérange surtout, c'est que par retour de boomerang d'une colère justifiée envers certains abus, toi et d'autres en venez à des positions intenables et pas vraiment logiques. Vous jetez le bébé avec l'eau du bain! On dirait un truc du genre "L'intervention en Libye était mauvaise" ==> "Toutes les interventions occidentales sont mauvaises" ==> "Il y a une lointaine envie occidentale d'intervenir en Syrie où une partie de la population se fait bombarder" ===> "c'est que donc le régime syrien est bon, et les opposants méchants" ==> "soutenons le régime syrien"

Que vous soyez contre l'interventionnisme, d'accord, c'est votre droit. Par contre dans la foulée ne minimisez pas la souffrance des civils qui en prennent plein la tronche à cause de la dynastie Assad!!!! Ce ne sont pas des "événements" hein, (bel euphémisme d'ailleurs pour se calmer la conscience et s'ériger en plus perspicace et éclairé que les moutons made in TF1), il y a des bombardements de civils! Il y a des civils qui meurent pour avoir osé demander plus de liberté. Pire, au début ils ne demandaient que simplement justice envers les auteurs d'exactions commises par la police...

Les gens qui crèvent, à défaut de recevoir votre soutien financier et militaire, accordez leur au moins votre soutien moral! N'érigez pas leur tortionnaire en parangon de vertu de la résistance contre le méchant monde occidental! Vous ne voulez pas d'une intervention, ok, mais au moins jetez l'opprobre moral envers ce régime sanguinaire au lieu de l'encenser.
Vous critiquez une dégoûtante Realpolitik de certains pays qui salissent l'étendard de la liberté au noms de leurs mesquins petits intérêts, mais vous êtes tout aussi répugnants qu'eux! Vous ignorez sciemment la réalité du terrain car elle ne vous convient pas! Pourquoi? Pour promouvoir vos petits intérêts, en l’occurrence une bataille morale contres ces exploiteurs néo-colonialistes/impérialistes/<insérez la mention de votre choix>! Vous êtes en plein dans une Realpolitik où vous considérez que le sacrifice de quelques milliers de civils innocents n'est somme toute qu’une quantité négligeable dans votre preux et pure combat pour la Justice. LA fin justifie les moyens, et on peut bien fermer l’œil sur le sang des innocents. Finalement, au fond, la différence idéologiques entres vous et un néo-con américain n'est pas plus large que l'épaisseur d'un cheveux....

Essayez de reconsidérer votre position, ce n'est peut être pas aussi tendance que de taper sur les méchants occidentaux, mais au moins vous dormirez mieux avec votre conscience.
Je sais tout cela, mais bon, là, je réagis un peu à chaud... J'ai une nausée profonde on va dire, et des fois, elle s'exprime un peu au gré de l'actualité.
J'ai bien conscience du jeu des puissances, mais bon, j'ai aussi des valeurs qui entrent en contradiction à un moment ou à un autre avec ces réalités. Et puis, je suis persuadé que l'intérêt de la France n'est pas de s'aligner sur l'anglo- sphère comme elle l'a fait depuis quelques décennies, mais de manière caricaturale depuis Sarkozy.
Je crois qu'il faut bien séparer les choses.

En premier lieu, il y a la situation en Syrie avec son cortège d'exactions et de violence, sa situation politique avec d'un côté un pouvoir qui s'exerce par la force et de l'autre une opposition morcelée qui a de la peine à s'organiser.

Cette situation a encore empiré ces dernières semaines à tel point qu'on peut considérer aujourd'hui que le pays a basculé dans la guerre civile. L'opposition armée est suffisamment forte pour cela. Ainsi plusieurs zones semblent échapper aujourd'hui au contrôle du pouvoir en place.

Le mouvement de contestation civile se renforce encore à tel point qu'on apprend aujourd'hui que les responsables du CNS on décidé d'appuyer sans réserve l'action des forces armées libres.

Bref la situation a dépassé le point de non retour et même si cela doit apporter le chaos les jours du régime sont comptés et cela uniquement sous la pression des Syriens en Syrie,

Et en deuxième lieu il y a la diplomatie internationale qui s'agite dans le désordre autour de la situation en Syrie. De ce côté rien de nouveau : l'enjeu tient uniquement à l'influence que tentent d'avoir les uns et les autres dans cette région qui devient de plus en plus instable.

Dans une perspective plus large avoir essayé de faire passer hier en force une résolution demandant le départ de Assad au Conseil de sécurité est une erreur. Le texte aurait très bien pu être amendé en quelques jours et moyennant quelques concessions de principe pour parvenir à une entente sur la condamnation de toute violence en Syrie.

Pour ma part je pense que les Syriens s'en passeront et feront le nécessaire sans aide extérieure. Malheureusement le changement de régime se fera dans la violence et ne sera sous le contrôle de personne.
Un petit article issu du blog de Gilles Munier, journaliste indépendant, qui me semble intéressant par sa rapide mise en perspective des enjeux.

Citation :
Vendredi 3 février 2012

Syrie : Pour un nouveau pacte social. Et vite.


Revue de presse : Editorial - Afrique Asie* (Février 2012)
Il est difficile de croire que la contestation syrienne autour de revendications populaires légitimes de réformes démocratiques, de changement, de justice et de dignité n’a pas, onze mois après, changé de nature et d’objectifs. Il faut faire preuve de cécité pour ne pas voir, sur le terrain, le glissement progressif d’une insurrection au départ pacifique vers une guerre civile détestable et ravageuse, alimentée politiquement, financièrement et médiatiquement par des forces extérieures qui se moquent comme d’une guigne de la démocratie et des droits de l’homme en Syrie.

Pourquoi en est-on arrivé là ? Pourquoi l’Occident et ses supplétifs moyenâgeux du Golfe veulent-ils casser ce pays, comme ils l’ont déjà fait avec l’Irak et la Libye, au nom de la défense des droits de l’homme et de la démocratie ? Le plus stupéfiant et inquiétant à la fois, c’est que cette prétendue mission « démocratisatrice » de l’Occident continue à tromper du beau monde, par naïveté ou par cynisme. Certes, sans les erreurs fatales et les maux accumulés depuis des décennies par le pouvoir syrien (autoritarisme, système de parti quasi unique, corruption, déséquilibres régionaux entre la campagne et les villes, manque de confiance, voire hostilité du régime à l’égard de ses élites et des forces vives de la société…), cette ingérence aurait eu du mal à prendre corps. Des erreurs qui auraient pu être corrigées en mettant en place à temps des réformes politiques et économiques audacieuses qui ont trop tardé.

Force cependant est de constater que cette indispensable perestroïka n’a pu être engagée – très timidement et très lentement – que sous la pression de la rue, il y a près d’un an. Ainsi a-t-on vu la levée de l’état de siège, la naturalisation massive des apatrides kurdes, une nouvelle loi sur les médias devant mettre fin au monopole de l’État et du parti, une autre sur les partis politiques et l’adoption début mars, par voie référendaire, d’une nouvelle Constitution abolissant le rôle du parti Baath, au pouvoir depuis le 8 mars 1963, comme « dirigeant l’État et la société » et limitant à deux le mandat présidentiel.

L’infranchissable barrage
russe et chinois
Toutes ces mesures, si elles sont pleinement mises en œuvre, jetteraient les bases d’un nouveau contrat social en Syrie qui ouvrirait la voie à une transition vers un État de droit.

Certes, il y a encore au sein du pouvoir une minorité d’éradicateurs et de nostalgiques du tout-sécuritaire qui résiste vainement à une telle évolution. Elle est rejointe, objectivement, par une opposition, basée essentiellement à l’extérieur et portée à bout de bras par l’Occident et les monarchies du Golfe, qui cherche le renversement du régime par tous les moyens, y compris par un coup d’État militaire, tout en sachant qu’elle n’a ni les moyens ni l’envergure et encore moins la crédibilité pour atteindre un tel objectif. Car jusqu’ici, et contrairement à ce qui s’est passé en Tunisie, en Égypte, en Libye et au Yémen, on n’a assisté à aucune défection au sein de l’État, du parti, de l’administration, de l’armée et de l’appareil sécuritaire. Plus surprenant : l’assise sociale et populaire du régime est importante, comme l’a montré un récent sondage commandé par The Doha Debates, financé par la Qatar Foundation, elle-même financée par l’émir du Qatar, peu suspect actuellement de sympathie envers le régime syrien. Selon ce sondage « la plupart des Syriens sont en faveur du maintien au pouvoir de Bachar al-Assad » (Jonathan Steele, in The Guardian britannique, 17 janvier 2012). À cela, il convient d’ajouter l’infranchissable barrage russe et chinois qui protège la Syrie de tout scénario à la libyenne.

Pour toutes ces raisons, le dialogue doit s’instaurer entre Syriens eux-mêmes, sans aucune ingérence étrangère, pour déjouer ce qui se trame contre ce pays clé du Moyen-Orient. Car si la démocratie est la revendication première du peuple syrien, ce n’est pas le cas des acteurs étrangers qui instrumentalisent cette revendication pour changer l’orientation de la politique étrangère de ce pays. Et en premier lieu, l’alliance entre Damas et Téhéran et la relation organique avec la résistance libanaise et le front du refus palestinien.

Le très démocrate
prince « éclairé » du Qatar
Quand on voit l’Arabie Saoudite s’opposer au régime de Damas, qu’elle avait longtemps cajolé, pour cause de « lèse-démocratie », on croit rêver ! Rappelons que l’Arabie Saoudite est une monarchie de droit divin gouvernée, avec la protection armée de l’Amérique, par des gérontocrates attardés qui considèrent le simple fait de manifester comme un crime punissable de mort et dont les prisons regorgent d’opposants politiques réduits au silence car les médias occidentaux ne les entendent pas. On reste aussi sans voix quand, en bonne place dans le camp des anti-Al-Assad, on voit un autre potentat du Golfe, le très démocrate prince « éclairé » du Qatar, Hamad ben Khalifa al-Thani, (l’ami du président français Sarkozy et de son ministre des Affaires étrangères Juppé). Celui-ci est arrivé sur le trône en y chassant son père et ne tolère chez lui, à part l’impressionnante base militaire américaine, ni partis politiques ni Parlement, ni syndicats ! Surtout, pour épargner à la région un nouveau syndrome irakien, il faut rester les yeux grands ouverts pour comprendre que les démocraties occidentales, qui veulent en découdre à tout prix avec le régime syrien en fermant les yeux sur les actions terroristes d’une frange de l’opposition, avancent le visage masqué derrière le discours des droits de l’homme. Le chemin de l’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions ?
* Site du magazine Afrique Asie : www.afrique-asie.fr
Citation :
Publié par Zangdar MortPartout
J'aimerais bien que tu m'expliques en quoi des femmes, des enfants, et des vieillards, constituent une "attaque étrangère". Sûrement une nuance que j'ai ratée
Oui.
Faudrait aussi que tu fasses un effort pour t'informer et ne pas t'en tenir qu'à l'émotionnel médiatique, parce que je ne suis pas à ta disposition. Internet existe, entre autres sources, et rien que sur ce sujet, tu as 30 pages de lecture à ta disposition pour commencer à exercer ton esprit critique.
Citation :
Publié par toutouyoutou
Un petit article issu du blog de Gilles Munier....
Article intéressant, mais je relève 3 points:

- la nature du régime: "autoritarisme, système de parti quasi unique, corruption, déséquilibres régionaux entre la campagne et les villes, manque de confiance, voire hostilité du régime à l’égard de ses élites et des forces vives de la société…" Vu comme cela, on dirait un régime méchant mais pas trop, un bon père de famille un peu stricte, corrompu comme un Dassault, autoritaire comme un De Gaulle, déséquilibres régionaux et hostilité envers les élite comme en France, etc... On croirait presque au vieil oncle sympathique mais un peu égaré. Le régime actuel est bien plus que cela. Les gens embastillés et torturés pour délit d'ouverture de leur gueule, c'est pas par dizaines que ca se compte. Les gens sont satisfaits du régime qui assure sécurité et emploi (enfin presque) tant qu'ils la bouclent. La punition pour l'ouvrir n'est pas légère, ce n'est pas un régime de bisounours. Il peut changer, je le concède, mais à aucun moment il ne faut céder à la tentation de minimiser ses crimes et ses torts. Si vous n'êtes pas convaincus, allez dans une grande rue de Damas clamer à voix haute "malgré mon respect pour la fonction présidentielle, je réclame le départ de M. Assad", ou bien "j'aimerais l'ouverture de pourparlers de paix avec israel" ou bien "j'aimerais que les policiers coupables de torture soient jugés". Allez y, perso je ne m'y risquerait pas encore.

- la perestroika engagée peut être réellement bénéfique pour les syriens et leur pays, et une issue pacifique idéale. Le problème demeure toutefois: qui va s'assurer que ces mesures soient mises en place? L'expérience passée n'est pas forcement représentative du futur, mais ce régime a par le passé maintes fois démontré son talent en promesses non tenues. Du coup, si tu es syrien, donnerais tu une nouvelle chance au gouvernement ou bien continuerais tu à mettre la pression pour obtenir l'application de tes droits?

- Le sujet sur le Qatar. Sa logique est de dire qu'on ignore les dictatures d'Arabie et de Qatar, cessons d'être hypocrites et ignorons donc la Syrie! Je lui répond: Cessons d'être hypocrites, et critiquons Qatar et l'Arabie autant que nous devons moralement critiquer la Syrie. Ce n'est pas parce que Staline était contre Hitler que nous ne devons pas condamner les actions de ce dernier (et vice versa). Même si le diable soutiens une cause juste pour ses intérêts, ça ne rend pas pour autant la cause mauvaise, à moins encore une fois de faire de la Realpolitik au dépends des victimes.
Gilles Munier est aussi partial et pour cause, même si son point de vue est bienvenu pour contrebalancer ce qu'on lit dans dans la presse courante.

J'étais à Damas récemment, et c'est effectivement le point de vue dominant, notamment chez les chrétiens avec lesquels j'ai pu parler : "regardez Damas, regardez ce petit resto pépère ou on est, elles sont ou les kalashnikov chez nous, elles sont ou les explosions ? ce qui se passe dans le nord, c'est un conflit entretenu par le Qatar/Israël/Obiwan Kenobi".

L'idée que la majorité des Syriens est en faveur du maintien de Bashar est à mon avis vraie, mais trompeuse. Une large partie des Syriens est liée à la clientèle entrepreneuriale du clan alaouite, une partie liée à cette première clientèle, ainsi de suite, et une encore plus grosse partie a simplement peur.

Je sais pas si vous savez que dans chaque quartier en Syrie, parfois même dans chaque ensemble de 5-6 rue, vous avez des mukhabarrat, des agents informels du régime qui sont là à épier les moindres mouvements, les allers et venues, les communications, les bagnoles qui passent. Faut avoir des balls of steel pour oser faire quelque chose "d'inhabituel".
Donc je pense qu'il faut s'abstenir de parler au nom de la Syrie silencieuse pour le moment et de la faire pencher pour un côté ou l'autre. Et effectivement, il faut cesser également de sous-estimer le pouvoir de réfome de Bashar et l'unanimisme des révolutionnaires, qui continue à s'effriter.


Edit : je rejoins entièrement Hellraise sur son premier point
Et pour faire un peu de prospective à long-terme, voilà les conclusions d'un boulot que j'ai fait sur les évènements en cours, à prendre avec des pincettes bien sur :

* Le Conseil National, s'il est présent sur les télévisions occidentales, ne semble pas en mesure de proposer une feuille de route crédible à la suite des événements, concernant les divisions villes/campagnes, les Alaouites, le rôle de la Ligue Arabe, ou d'éventuelles discussions avec le régime toujours en place. L'autorité dont elle a été investie peine à trouver les courroies de transmission adaptées, du sommet vers la base.

*Bashar el-Assad dispose toujours d'un important capital sympathie et de nombreuses ressources, notamment ses meilleurs cartouches militaires – qu'il n'emploie pas afin de se ménager l'opinion internationale et les médias. Il faudrait sans aucun doute réévaluer sa capacité à réformer sur le long-terme, en tablant sur un essoufflement ou une fragmentation de la contestation*: il a proposé le 24 janvier de limiter le mandat présidentiel à deux septennats (son père en avait fait cinq), et d'inscrire le pluralisme des partis dans la Constitution. Il ne faut pas s'y tromper, ce sont d'importantes avancées, tout comme le programme continu d'amnisties qu'il poursuit.

* La communauté internationale est divisée par le fonctionnement de ses institutions et par le jeu de domino qui rend risquée chaque décision dans la région et la Syrie en particulier. Son modus operandi le plus probable reste un régime de sanctions, et une aide militaire/logistique à la frontière turque comme c'est probablement déjà le cas, même si les tensions turco-françaises actuelles refrènent son développement.

* Le peuple syrien est le grand perdant de ce processus. Si la guerre civile se poursuit, une conséquence forte pourrait être la fragmentation des contestations derrière des logiques religieuses, ethniques ou géographiques, rendant le conflit plus meurtrier encore, et renforçant les tentatives d'ingérences et la déstabilisation globale du Proche-Orient.

Edit en-dessous : "who watches the watchmen?"
Citation :
Publié par Pitalin/Elaya
Je sais pas si vous savez que dans chaque quartier en Syrie, parfois même dans chaque ensemble de 5-6 rue, vous avez des mukhabarrat, des agents informels du régime qui sont là à épier les moindres mouvements, les allers et venues, les communications, les bagnoles qui passent. Faut avoir des balls of steel pour oser faire quelque chose "d'inhabituel".
Purée, need avoir la même chose en France ça changerait, chez nous c'est les flics qui évitent certains quartiers trop chaud à moins d' être nombreux. xD

Qu'ils épient et sont présents ça devrait rassurer niveau sécurité, à moins que tu ai quelque chose à te reprocher?

Ps : Chez nous aussi ça épie les communications t'en fais pas, ça manque juste d'effectifs pour les patrouilles dans les endroits sensibles.
Citation :
Publié par Pitalin/Elaya
J'étais à Damas récemment, et c'est effectivement le point de vue dominant, notamment chez les chrétiens avec lesquels j'ai pu parler : "regardez Damas, regardez ce petit resto pépère ou on est, elles sont ou les kalashnikov chez nous, elles sont ou les explosions ? ce qui se passe dans le nord, c'est un conflit entretenu par le Qatar/Israël/Obiwan Kenobi".
on peut toujours mettre en doute la parole des gens dans un Etat policier. Comme le dit Hellraise, il est dangereux de critiquer ouvertement le régime.

Mais d'un autre côté, pour les chrétiens, le soutien envers le régime parait logique. Ils ont leur place dans le Nationalisme Arabe, aussi corrompu et autoritaire soit-il. Ils en ont nettement moins dans un Etat Islamiste. Ils voient ce qui se passe en Irak, en Egypte, en Libye. Les Chrétiens y ont beaucoup perdu.
Je suis bien d'accord avec cette analyse.

Ce qui m'inquiète vraiment est l'escalade de la violence et ses conséquences politiques. Il y a un moment où les souffrances sont trop fortes, concernent trop de personnes pour que l'équilibre puisse être maintenu.

C'est ce que je crains le plus en ce moment car comme tu le dis très bien dans ton quatrième point cette rupture plongerait la population dans l'insécurité et l'incertitude ce d'autant plus que l'opposition politique n'est pas du tout structurée.
Citation :
Publié par toutouyoutou
Faudrait aussi que tu fasses un effort pour t'informer et ne pas t'en tenir qu'à l'émotionnel médiatique, parce que je ne suis pas à ta disposition. Internet existe, entre autres sources, et rien que sur ce sujet, tu as 30 pages de lecture à ta disposition pour commencer à exercer ton esprit critique.

Justement tu penses quoi du massacre de Homs il y a deux jours, il est bien visible partout sur internet pourtant
Comme d'autres ici apparemment je suis assez surpris par la virulence des opposants, je pensais que la fermeté de El-Assad s’additionnant à la passivité internationale étoufferait la révolution mais j'avais vraiment sous-estimé le jusqu'au boutisme des rebelles. Je pense qu'on a atteint un point de non retour et que la révolution ira au bout, reste à savoir lequel.
Citation :
Publié par Zangdar MortPartout
Justement tu penses quoi du massacre de Homs il y a deux jours, il est bien visible partout sur internet pourtant
blabla Timisoara blabla lavage de cerveau blabla manipulation blabla CNN.
Ceci étant, il est exact que les massacres commis par Assad depuis un an ne représentent sans doute qu'une fraction des atrocités commises chaque mois (ou chaque semaine quand ils sont en forme) par les Soudanais au Darfour ou les Rwandais et leurs alliés au Congo...
Faut s'y faire : un massacre dans les médias, c'est 10 morts en Europe (de l'Ouest), 100 morts en Palestine, 1 000 morts en Syrie, 10 000 morts en Irak, 100 000 morts au Darfour et 1 millions en RDC.
Précision : je n'ai jamais affirmé que Munier était l'alpha et l'oméga de quoi que ce soit, mais j'ai juste estimé que son article (et son blog) offre un point de vue différent et un peu plus nuancé que ce que la grosse artillerie médiatique nous sert en boucle. C'est juste pour nuancer un peu les choses, tout simplement.

Après, qu'il soit "partial", j'ai envie de dire... tant mieux ! A part le fait brut, toute analyse est partiale, plus ou moins fortement. De ce point de vue, notre information est intégralement partiale. Personnellement, je ne reproche pas la partialité honnête, c'est- à- dire qui s'affiche pour telle ou telle raison et qui assume un point de vue argumenté, qu'on peut donc légitimement critiquer sur les mêmes bases. Ce que je reproche à nos médias, c'est franchement, d'être de la désinformation (voire de la propagande d'Etat pour être un peu outrancier) parce qu'ils se présentent justement comme "objectifs", alors qu'ils ne le sont pas du tout. Or, la guerre des médias, c'est le coeur des conflits modernes dans nos sociétés, c'est la fabrique et la maîtrise de l'opinion, qui est la clé de tout dans les démocraties modernes.

Bref, Munier n'est qu'une source, mais il a point de vue qui mérite d'être connu, afin de critiquer un peu l'uniformité ambiante.
Son analyse correspond à une vision optimiste de la situation. Car pour moi, la seule façon pour que ça ne finisse pas trop mal, c'est une ouverture du régime.

Si le régime tombe, il sera remplacé par les Islamistes Sunnites, et ça commencera par des persécutions religieuses envers les minorités que ce régime protégeait (Alaouites, Chiites, Chrétiens, Druzes..).

Les démocraties instaurées suite à des révolutions violentes sont finalement très rares. La plupart du temps, ce sont des membres de la dictature qui permettent la transition vers une démocratie stable.

C'est ce qui est en train de se passer en Birmanie par exemple, et à mon avis, parmi les dictatures actuelles, c'est certainement celle qui a le plus de chance d'évoluer vers une démocratie stable.
[Modéré par Egelbeth : les liens vidéos sans commentaires ou sans explications ne peuvent être laissés en l'état, ne l'oubliez pas ]

Dernière modification par Egelbeth ; 07/02/2012 à 13h42.
Citation :
Publié par Borh

Les démocraties instaurées suite à des révolutions violentes sont finalement très rares. La plupart du temps, ce sont des membres de la dictature qui permettent la transition vers une démocratie stable.
Tout dépends de ce que tu appelles "révolution violente". Pour l'instant, je miserai plus sur la Tunisie que sur la Birmanie. Mais bien entendu, la révolution tunisienne a été infiniment moins violente que ce qui se passe en Syrie, parce que Ben Ali était bien moins sanguinaire que Assad et ses sbires.
Citation :
Publié par Aloïsius
Tout dépends de ce que tu appelles "révolution violente". Pour l'instant, je miserai plus sur la Tunisie que sur la Birmanie. Mais bien entendu, la révolution tunisienne a été infiniment moins violente que ce qui se passe en Syrie, parce que Ben Ali était bien moins sanguinaire que Assad et ses sbires.
Ben Ali a surtout été lâché par l'armée, sous pression des US.
Citation :
Publié par Erthan
Ben Ali a surtout été lâché par l'armée, sous pression des US.
Mouais. Pas dit que l'armée aurait suivi de toute manière. J'imagine mal les forces armées tunisiennes massacrer leur propre peuple. En Syrie, du fait des divisions ethniques et de traditions politiques moyen-orientales solidement établies depuis 5000 ans, c'est plus simple.
Citation :
Publié par Aloïsius
Tout dépends de ce que tu appelles "révolution violente". Pour l'instant, je miserai plus sur la Tunisie que sur la Birmanie. Mais bien entendu, la révolution tunisienne a été infiniment moins violente que ce qui se passe en Syrie, parce que Ben Ali était bien moins sanguinaire que Assad et ses sbires.
bah personnellement je suis très pessimiste sur la Tunisie. Les Islamistes (pas modérés) commencent déjà à prendre le contrôle des universités. Je pense que ça va mal finir.
Et sur la Birmanie, j'espère à une évolution à la Taiwanaise/Sud-Coréenne. En dehors de l'occident, c'est en Extreme-Orient que que l'on trouve les régimes les plus stables et démocrates.
J'ai pas trop lu le fil, mais est-ce que l'absence de journaliste occidentaux sur place ne pousse pas les médias à négliger l'aspect règlement de compte ethniques qui doit sûrement expliquer les violences (en partie) ?

J'ai l'impression qu'à cause de bordel ambiant les vieilles rancoeurs ressurgissent et que certains en profitent pour aller taper sur le voisin du quartier d'en face parce qu'il est alaouite / chiite / druze / chrétiens, que sais-je. Un peu comme au Liban quoi.

J'aimerais bien qu'on nous dise plus précisément dans quelle mesure cet aspect du pays implique aussi une partie des violences. Dans le reportage d'envoyé spécial sur Gilles Jacquier c'était assez flagrant.
Citation :
Publié par toutouyoutou
[Modéré par Egelbeth : les liens vidéos sans commentaires ou sans explications ne peuvent être laissés en l'état, ne l'oubliez pas ]
OUPS.
Ah bah je ne m'en souvenais pas, mais, dans tous les cas, je pensais qu'il était préférable de laisser la vidéo brute pour que chacun se fasse son opinion sur le propos.
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