Timinou, je partage tes doutes sur la viabilité d'un tel système : dans des reportages ou des documentaires (type le
Volem rien foutre al Pais de Pierre Carles) on voit des communautés qui vivent hors du système et organisent des débats comme quoi un autre mode de vie est possible, mais force est de constater qu'ils dépendent toujours du système dont ils se prétendent libérés, il ne suffit pas d'être indépendant en électricité ("je supportais pas de voir ma maison reliée aux centrales nucléaires") et de ne pas acheter le dernier iPhone pour justifier le rejet de la société dans son ensemble.
Le problème, si s'en est un, c'est que la stagnation de la croissance est synonyme de la stagnation technique.
Je n'en suis pas sûr du tout. Peut-être qu'on n'ira pas chercher la même technique, peut-être aussi qu'il est possible de mieux répartir les efforts.
La question que chacun se pose à son échelle (je veux faire ça et j'ai tels moyens) peut se poser à l'échelle de l'humanité : qu'est-ce qu'on veut faire, et quels moyens avons-nous ?
Est-il utile de dépenser de la matière première, du temps et de l'argent dans la production de tonnes de cochonneries qui n'ont d'autres finalités que celles d'être consommées par des personnes sur qui on a aussi dépensé du temps et de l'argent pour les convaincre qu'il fallait acheter ?
Le progrès technique est-il aussi urgent, est-il conditionné par l'existence de Hello Kitty, seul moyen apparent que Léa arrête de casser les oreilles de son père, le laissant ainsi se reposer entre deux journées à l'usine qui produit cette magnifique technologie ?
Je dis ça alors que je bosse dans la recherche technologique, avec du matériel de pointe qu'il a bien fallu concevoir et fabriquer à l'aide d'autres outils sophistiqués, mais je ne pense pas que ça soit très grave qu'autre chose que le profit soit le moteur de l'innovation, même si elle doit se faire un peu moins vite.
De toute façon la décroissance viendra mécaniquement : un jour, on consommera moins de pétrole et on arrêtera de se chauffer au gaz. En attendant, je ne pense pas qu'une société puisse s'organiser pour plusieurs générations suivantes, donc comme sur les îles, on s'y mettra pour de vrai quand on sera au pied du mur.
D'ici-là, la décroissance à l'échelle individuelle consiste principalement en le fait de se demander ce dont on a vraiment besoin - c'est toujours un bon truc pour faire des économies, prendre l'habitude de ne pas avoir tout, tout de suite, et de ne même pas ressentir de manque.
Enfin après c'est un problème mondial notamment à travers les conflits : un pays qui progresse moins vite risque d'être une proie pour les autres. Pas pour rien que le budget de la Défense, en recherche notamment, reste une valeur sure.