Je pense même que ça pourrait aller plus loin. Si les producteurs jetent leurs produits moches pour 0€, ils pourraient aussi les redistribuer dans les associations caritatives pour 0€... mais bon faut pas rêver, il n'y a pas de petits profits.
En même temps, le don, pour un producteur ou un supermarché, c'est souvent du profit. C'est déductible des impôts et selon les cas (filière, tonnage...), les biodéchets jetés doivent être collectés séparément et valorisés, ça veut dire un coût important (qui peut être de l'ordre de 100 € la tonne en moyenne).
C'est pour cela que le Leclerc de Templeuve, qui jetait annuellement 200*tonnes de nourriture par an, a développé le don aux associations (100*tonnes données en 2013 environ), puis des stratégies innovantes comme la transformation sur place des fruits et légumes abimés en smoothies, revendus dans le magasin. Ou la réutilisation de produits invendables (pain de la veille en bruschetas par exemple). Résultat, diminution de plus de moitié du gaspillage alimentaire et des économies importantes à la clé (et la possibilité de passer sous le seuil légal de « gros producteur de bio-déchets » ce qui là aussi est intéressant).
À noter, pas mal de fruits et légumes restent au sol après les récoltes. Il faut savoir qu'il est tout à fait autorisé d'aller récupérer ces produits au sol (on parle de glanage) tant que c'est sur un champ non cloturé, que ça se fait de jour et sans outils. Des réseaux de glanage se développent actuellement d'ailleurs, dans le cadre du PACTE et de l'année de lutte contre le gaspillage alimentaire.
Bref, il ne faut pas croire que personne ne donne rien : de plus en plus de structures (supermarchés, industries agroalimentaires, restauration collective...) développent des partenariats avec les banques alimentaires, restos du cœur et autres réseaux pour donner leurs invendus/pertes. C'est bon pour l'image et pour le porte monnaie : on évite de payer le coût d'enlèvement et de traitement et en plus c'est du don en nature, déductible des impôts.
On retrouve aussi des systèmes un peu similaires sur les gros marchés.
Sinon une bonnes parties des fruits et légumes qui ne répondent pas au critères de consommation sont bien souvent jetés (ils ne sont pas réellement perdus car ils seront compostés et retourneront sur les champs des agriculteurs.) J'avais vu un reportage là dessus il y a 1 an ou 2.
Techniquement, ils sont perdus : on parle de gaspillage alimentaire, ce sont donc des produits consommables qui n'ont pas été consommés. Dans une société où le nombre des bénéficiaires des centres d'action sociale explose et où les files d'attentes aux distribution des restos du cœur s'allongent, c'est un scandale. Certes, il vaut mieux envoyer ces déchets en plateforme de compostage plutôt qu'en enfouissement où ça va pourrir et méthaniser, mais si on les mangeait ça ne serait pas plus mal.
Pour en revenir à l'initiative citée par l'OP, je n'en avais pas entendu parler et d'ailleurs je ne sais pas dans quelle mesure il s'agit d'un truc pérenne qui va se développer à tous les intermarchés ou juste un buzz et une expérimentation, mais c'est en tout cas bien pensé. Ces produits mêlés aux autres n'auraient jamais été achetés mais d'en faire une catégorie à part et décalée leur donne une vraie place.
Reste à voir par contre comment sont gérés les invendus/pertes, comme l'exemple cité plus haut.