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Je me suis amusé à aller chercher un peu la réalité jurisprudentielle de 132-24.
En effet le rajout sur les fonctions de la peine, et notamment la partie qui fait ici controverse est relativement récent (2005). On aurait pu s'attendre à ce qu'il s'agisse d'un besoin des juridictions et donc à ce que les Cours d'Appels et la Chambre Criminelle s'en saisisse.
Pour autant, mon Code Pénal, certes n'étant qu'une édition 2011 (ie : qui a deux ans donc), édité par le poids lourd dans le domaine (Dalloz), ne fait absolument aucune mention d'un appui de décisions jurisprudentielles sur ce petit bout de phrase.
Aussi je ne nierai aucunement la réalité législative de ce morceau de texte, mais la réalité jurisprudentielle semble être proche du néant absolu.
Et si je conçois également que le concept d'une peine en fonction des intérêts de la victime est l'un des grands chevaux de bataille des défenseurs des victimes (comme R. Cario), je connais également la propension quelque peu extrême des acteurs doctrinaux en matière pénale (il suffit pour se faire d'aller discuter doctrine sur la réalité et la volonté de l'acte répréhensible pour s'en rendre compte). Aussi, si j'entend pleinement la position de M. Cario, il semble bien que son propos soit d'une part minoritaire en doctrine (on rappelle que ce Monsieur donne ses cours à l'Université de Pau, on a vu plus prestigieux), et d'autre part que l'avancée législative de 2005 n'a pour l'heure reçu aucune application concrète jurisprudentielle. Par ailleurs on constatera que M. Cario ne parle à aucun moment dans ton extrait d'une graduation de la peine en fonction des intérêts de la victime, mais du rôle bienvenue que celle-ci peut jouer dans le procès et de la qualification finale de la peine (savoir s'il s'agit d'une peine de prison ou d'une peine alternative, non de savoir si ce qui est juste c'est 10, 15 ou 30 ans de prison)
Quand aux propos de M. Robert, si je comprend bien l'article, il s'agit en fait de sa lecture d'une thèse. Le morceau que tu nous cites laisse d'ailleurs entendre qu'à l'heure actuelle, la sanction-réparation est une notion minoritaire en doctrine, notion qui encore une fois ne laisse nullement entendre que la victime devrait avoir son mot à dire sur le nombre d'années de prisons que doit faire l'incriminé.
Donc à l'heure actuelle je m'arrêterai à la définition pré-2005 qui s'arrête à :
132-24 alinéa 1er :
Dans les limites fixées par la loi, la juridiction prononce les peines et fixe leur régime en fonction des circonstances de l'infraction et de la personnalité de son auteur. Lorsque la juridiction prononce une peine d'amende, elle détermine également son montant en tenant compte également des ressources et des charges de l'auteur de l'infraction.
C'est à dire que la victime n'a pas sa place dans la décision relative aux nombres d'années de prison que doit faire son agresseur.
Chose qui est ici pleinement donc en adéquation avec la doctrine majoritaire, qui, on le rappelle encore une fois, expose que le procès pénal est essentiellement un procès de l'accusé contre le Ministère Public, c'est à dire la société, et non la victime, personne privée.
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