Révoltes en Europe, réalité ou illusion ? (#2)

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Publié par Hilpak/Daima
Entre autres. Le service militaire avait aussi l'heur de fournir un minimum de résistance à la frustration, ce n'est plus le cas aujourd'hui puisque la frustration est le truc a éviter absolument pour "ne pas dégoûter les enfants de la scolarité".

Je me demande ce que les gens qui sortent ça aux enseignants ont bien pu faire comme études avant pour sortir de telles inepties.
Petite question, tu as fait ton service militaire au moins pour dire ca ?
Parceque le service c'était pour 95 % des appelé (ceux non pistonné) 10 mois a t'emmerder dans un bled paumé a rammasser des megots dans la cours, a faire des gardes à la con et a te pochtronner le soir à la kro au foyer ...
tu parles d'un experience enrichissante !
Le seul truc positif du service c'était que tu étais confronté à la réalité de la france d'en bas et qd tu es étudiant tu relativises beaucoup beaucoup de choses apres
C'est vrai qu'on s'est éloigné, surtout je pense parce qu'il n'y a pas grand chose à ajouter. Depuis l'ouverture du fil la discussion part souvent sur des HS qui ont tous comme thème une solution alternative, ou des concepts de société à changer.

Ceci n'est pas sans rappeler le manifeste espagnol quoté dans le premier fil. Je pense qu'on en reviendra toujours à la conclusion que notre société doit changer certaines choses ou changer radicalement parce que ce ne sont pas des élections qui vont nous sortir de là.
Comme s'il suffisait de balancer un mot d'ordre pour que révolution se fasse. En rejetant toute structure que ce soit un parti, un syndicat de jeunes précaires ou encore d'un comité autogestionnaire, ces types-là ont d'eux-même provoqué l'échec d'un truc qui aurait pu ressembler à quelque chose
Vous pensez qu'il y a moyen qu'un gros mouvement se construise en France à l'occasion de la dette et du plan de rigueur, mis à part ça ?
Citation :
Vous pensez qu'il y a moyen qu'un gros mouvement se construise en France à l'occasion de la dette et du plan de rigueur, mis à part ça ?
Rajoute à ça toutes les affaires en cours sur la corruption de nos politiques qui n'aboutiront jamais ainsi que les excuses bidons (j'ai toujours en travers de la gorge la fameuse maladie neurologique de Chirac qui l'empeche de témoigner... mais pas de porter plainte contre quelqu'un d'autre qui témoigne et pas que ça seulement en travers de la gorge (hypodrome, avion, et tant d'autres.....)
Citation :
Publié par Svein Uhtred
Comme s'il suffisait de balancer un mot d'ordre pour que révolution se fasse. En rejetant toute structure que ce soit un parti, un syndicat de jeunes précaires ou encore d'un comité autogestionnaire, ces types-là ont d'eux-même provoqué l'échec d'un truc qui aurait pu ressembler à quelque chose
Vous pensez qu'il y a moyen qu'un gros mouvement se construise en France à l'occasion de la dette et du plan de rigueur, mis à part ça ?
Non, mais il peut suffire de décomplexer les mécontents en leur donnant juste le coup de pouce qu'il faut pour qu'ils assument enfin leur point de vue et descendent dans la rue.
On n'est pas en Mai 68, le poids qui pèse sur les âmes françaises n'est pas le même, les conditions de l'an 01 ne sont pas remplies :
http://fr.wikipedia.org/wiki/L'An_01

Autour de moi (je sais je ne suis pas représentatif), il y a comme une vague angoisse, un peu comme si on nous annonçait le voisinage d'un géocroiseur, personne ne parle de révolte mais tous désirent un profond changement, d'ou la faveur montante du FN, a tort ou a raison, ce n'est pas le sujet, la perte de confiance dans nos politiques et l'éducation forcée sur les sujets économiques-il suffit d'écouter n'importe quelle chaîne ou lire un journal/revue- bouleverse les masses et chacun retient sa respiration.

La position de la France, comme pays a l'économie forte, nous distingue des espagnols ou des grecs et provoque une réaction nationaliste, sorte d'automatisme du genre : a chacun sa merde.

Descendre dans la rue, la grève générale et tout le toutim, quand on sait qu'on ira dans un mur (sauf si on le souhaite pour obtenir un changement absolu), ça n'inspire pas le gros des français.
À mon avis c'est une question de temps, les conditions économiques et notamment le prix de l'énergie ne vont pas trop s'améliorer dans les années à venir. Des inégalités quand même les pauvres survivent, c'est supportable. Quand on commence vraiment à galérer, ça devient tentant de demander franchement des comptes.
Citation :
Publié par Ismène
(...)
Ce que je retiens, c'est qu'au pays des centro-fascistes on confond culture et éducation avec conditionnement.

Pour revenir au sujet : je ne pense pas qu'une "contagion" soit possible dans l'immédiat. D'autre part j'aimerais laisser le champ lexical viral aux mecs de droite, si ils désirent le conserver.

Pour l'instant on en restera au pétard mouillé, en France et en Europe du fait que les anti-systèmes sont pour l'instant très fragmentés, et ce, et dans la méthode et dans les objectifs.
En France en particulier, les partis politiques et les syndicats sont capables de canaliser une partie de la contestation. Cela à paradoxalement l'effet de diviser les anti-systèmes entre, par exemple, les adeptes de la révolutions par les urnes, et ceux du grands soir, les désobéissant, les indignés etc. Eux même subdivisés en divers courant.
Tout cela pour répéter que je vois tout cela finir en eau de boudin.
Dans l'article que j'ai lu dans Le Monde, il disait qu'ils étaient 80 indignés. Dans une ville de 18 millions d'habitants çà montre à quel point ces mouvements restent marginaux. La plupart des citoyens, même ceux qui souffrent, restent très largement apathiques et résignés.
Après il peut y avoir une étincelle comme le Tunisien qui s'était immolé. Mais j'y crois guère.
http://www.huffingtonpost.com/2011/0..._n_987156.html

Ils en font du bruit quand même pour 80 personnes.

Citation :
The Transit Workers Union Local 100's executive committee, which oversees the organization of subway and bus workers, voted unanimously Wednesday night to support the protesters. The union claims 38,000 members. A union-backed organizing coalition, which orchestrated a large May 12 march on Wall Street before the protests, is planning a rally on Oct. 5 in explicit support. And SEIU 32BJ, which represents doormen, security guards and maintenance workers, is using its Oct. 12 rally to express solidarity with the Zuccotti Park protesters.
C'est quand les gens ont du mal à se nourrir et à nourrir leurs enfants que ça pète, en général. Tant qu'on n'est pas arrivé à ce stade, ça ne peut pas péter. D'autant que les Européens (les Français notamment) sont tout de même extrêmement respectueux de l'autorité quand on y pense. D'ailleurs, ils sont même moutonniers à souhait (moi- même, nous tous en fait) : que ferions- nous si demain il y avait effectivement une "révolution" (avec perte du contrôle de l'Etat sur les territoires, violences diverses, potentielles interventions extérieures, répression brutale, impossibilité de voyager, etc.) ? Et bien je suis persuadé qu'après quelques semaines (quelques mois, soyons fous... mais je n'y crois pas) à ce régime, nous nous jetterions en suppliant aux pieds du premier petit Napoléon venu... Et nous le remercierions de nous rendre l'ordre public, fut- ce au prix de nos plus élémentaires libertés.

Il est important d'avoir le sens du temps dans ces moments historiques (et je pense que nous vivons effectivement un moment historique majeur depuis des mois, et pour les années qui viennent). Il faut avoir une culture historique qui permette de mettre en perspective les discours et les actes.
Par moment, j'ai l'impression que notre situation ressemble certes aux années 1930, mais qu'elle ressemble aussi à la seconde moitié du XVIème siècle français, ainsi qu'aux IXème - Xème siècles et qu'à la période du IIème au Ier siècle av. JC.
Toutes proportions gardées et comparaisons mesurées, il y a tout de même quelques éléments de ressemblance sur certains points.
Citation :
et qu'à la période du IIème au Ier siècle av. JC.
Toutes proportions gardées et comparaisons mesurées, il y a tout de même quelques éléments de ressemblance sur certains points.
Exactement, c'est ce que j'evoque dans mon post sur l'UMP menacee d'explosion.
Rien que sur un plan judiciaire, a Rome, les proces passaient par des circonvolutions interminables, la Republique s'engluait dans des fonctionnements obsessionnels ou chacun tachait de tirer la couverture a soi.
Le Senat faisait l'objet de pressions internes intolerables mais juteuses.

Cesar a nettoye et Octave, sans jamais prononcer le mot d'Empereur, a regne pour le bien de tous en inaugurant des siecles de paix (ponctues de guerres, c'est la Pax Romana) et de prosperite.
Ceci n'est pas, bien entendu, une apologie de l'Empire (je suis democrate), mais il faut replacer ces evenements dans leur contexte historique.
Je me demande actuellement pourquoi les grecques ne se révoltent pas contre leur gouvernement de manière plus franche. Certes, il y a quotidiennement des manifestations mais elles restent cantonnées à des revendications corporatistes (les chauffeurs de taxi, agent du fisc, etc.) et globalement la population grecque qui subit les affres d'une politique d'austérité effroyable reste apathique.

Un extrait du Die Priesse est publié dans le Courrier International de cette semaine, où le journaliste décrit les conséquences de la politique menée en Grèce. J'en cite quelques éléments :

Citation :
- réduction des salaires et des retraites atteignant jusqu'à 30%
- baisse du salaire minimum à 600€
- hausse des prix draconienne au cours des quinze derniers mois (fioul domestique et essence : +100% ; électricité, chauffage, gaz, transports publics : +50%)
- sur 165.000 commerces, 30% ont été fermés, 30% ne sont plus en mesure de payer les salaires
- les couples à double salaire ne perçoivent plus que 800€ d'allocation chômage
- les employés de l'Etat ou d'entreprises du secteur public (hôpitaux compris) ne sont plus payés depuis des mois et le versement de leur traitement est repoussé à octobre ou à "l'année prochaine"
- certains employés dépendants du ministère de la Culture ne sont plus payés depuis vingt-deux mois
-pour déposer une plainte au commissariat, il faut payer sur le champ 150€
-les policiers sont obligés de se cotiser pour faire le plein de leur voitures de patrouille
- le nouvel impôt foncier qui s'il n'est pas payé implique la coupure d'électricité du logement
- les écoles publiques ne reçoivent plus de manuels scolaires depuis plusieurs mois
- bon nombre d'étudiants ne peuvent ni déposer leurs mémoires ni passer leurs examens
- salaire, au noir très bas, pour certains : 35€ pour 10 heures de travail par jour dans la restauration
- heures supplémentaires non payées
Il serait amusant, si la situation n'est pas si dramatique, de lire les commentaires de certains fustigeant le laxisme des grecques quant aux efforts à consentir pour redresser leur pays. Or on voit bien, dans les mesures prises et leurs conséquences, que la Grèce est en train de devenir un pays sous développé, comme l'étaient ou le sont toujours certains pays d'Afrique.

Pour en revenir à l'absence de révolte de la part des grecs, Paul Jorion vient de rappeler dans un billet l'expérience de Stanley Milgram sur la soumission à l’autorité.

Citation :
[...]Milgram conclut que le sujet, soumis à une tension intolérable entre ce que l’autorité demande et ce que sa conscience lui ordonne, est le plus souvent incapable de remettre en cause l’autorité. Il entre plutôt dans un état second, nommé « état agentique », devenant le simple « agent exécutif » d’une volonté autre que la sienne. A ce stade, son attention fébrile est rivée au tableau de commande ou bien à l’examinateur. Les cris de souffrance de son « élève » ne sont plus identifiés ou considérés comme des données pertinentes. S’il les perçoit, il n’y réagit plus. Seules comptent la poursuite de l’expérience dans les règles et la satisfaction gratifiante de l’Autorité. La psychologie ou la morale individuelles ne sont pas en cause: la situation a transformé l’individu, qui peut être très sympathique, plaisant, sensible dans une situation ordinaire.

Serait-ce cet « état agentique » qui est à la manœuvre en Grèce par exemple, où le pays est saigné à blanc au nom d’impératifs budgétaires intangibles, sous l’impulsion d’experts résolus, précipitant la population dans une misère et un désarroi croissants?[...]
http://www.pauljorion.com/blog/?p=29168#more-29168
Citation :
Publié par rackam77
Je me demande actuellement pourquoi les grecques ne se révoltent pas contre leur gouvernement de manière plus franche.
C'est qu'on n'est pas dans un schéma gouvernement oppresseur et peuple opprimé, on est plutôt dans un schéma où l'oppresseur est une ou plusieurs puissances extérieure et où le gouvernement n'est qu'un relais.

C'est beaucoup plus "stable".

EDIT: Et faut voir la gueule des partis politiques et des syndicats en Grèce. Pour avoir discuté avec un militant du KKE à la fête de l'huma, j'ai peur que la gauche radicale en Grèce s'illustre par son incapacité à constituer une force pesant sur les évènements, que ce soit de manière institutionnelle ou révolutionnaire. Maintenant à défaut de canaliser le mécontentement et l'aspiration au changement leur simple présence est efficace pour tuer toute révolution dans l'oeuf.
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