Devant un scandale pareil, il est possible que le directeur ait pris son temps, cela se comprend. Par peur, par besoin de vérifier tant que faire se peut que l'employée ne racontait pas de conneries, peut-être aussi pour faire un rapport au big boss de la chaîne et demander conseil, bref, une situation mettant en cause le directeur du FMI et potentiel chef d'état, on peut comprendre qu'il ait pris ses précautions.
Ce qui m’attriste un peu, personnellement, c'est que sauf retournement de situation et preuves vraiment irréfutables, j'aurai toujours un doute sur le fond de l'affaire.
Il est de bon ton de se moquer des complotistes, de plaindre ces 57% de Français qui furent inclinés à croire à une conspiration. Et moi-même, j'ai souvent participé au bash de partisans des théories complotistes "on-nous-cache-tout".
Pourtant, comme quelqu'un l'a rappelé sur ce fil, des complots célèbres, il y en a eu. Le Watergate, par exemple, puisque l'on est aux USA, dans cette affaire. Pas rien, comme complot, mettant en cause le Président des USA lui-même. Un complot découvert est un complot qui a échoué. Il serait vraiment naïf de penser qu'il n’existe pas de complots qui réussissent. Dont personne n’entend parler, ou bien pour lesquels on peut se faire avoir, et être incapable de prouver la machination.
Je ne soutiens pas que DSK est victime d'un complot. Je n'en sais strictement rien. Je dis simplement que lui-même a évoqué cette possibilité il y a quelques temps, un complot avec un viol simulé. Pour moi, il est possible, comme cela a déjà été évoqué sur ce fil, que la nana ait été consentante, puis l'ait griffé et se soit enfuie en courant en criant au viol. Bien sûr, on peut se dire que dans ce cas, il a été con d'avoir des relations sexuelles avec elle, puisqu'il se savait en danger de complot. Mais être con et être un criminel, ce n'est pas la même chose. Etre con en baisant une nana qui s'offre et en mettant de côté le risque de complot, ce n'est pas la même chose que de violer une nana, mettre en péril sa liberté, sa carrière et ses ambitions et peut-être détruire sa famille.
Nul être sensé ferait cela.
Mais voilà, j'ai dit que je ne soutiens pas que DSK soit victime d'un complot, parce que je n'en sais rien et je me dis aussi que n'importe qui peut avoir une "faille" dans la personnalité, et que, selon l'expression qu'on lui a prêté pour une autre affaire, il ait "pété un plomb". Ce ne serait pas le premier. Toute proportions gardées, c'est comme le médecin ou l'avocat qui vole un truc au supermarché. Pure connerie irrationnelle, pourtant, cela arrive. Alors peut-être que DSK a pété un plomb, est coupable et doit aller en prison.
Je n'en sais rien, et comme je l'ai dit, ce qui m'attriste un peu, c'est que sauf retournement de situations et preuves vraiment irréfutables, j'aurai toujours un doute sur le fond de l'affaire.
Le résultat du procès ? Il n'est pas vraiment significatif, à mes yeux. Comme je l'ai dit, j'ai suivi une série de documentaires sur un procès pour meurtres, aux USA. L'impression que j'ai eue, comme l'accusé, est que personne ne cherchait la vérité.
L'accusation fait de la politique, c'est une question d'élections, il faut gagner. Et elle met des moyens considérables pour gagner. Elle ne se pose la question de l'innocence de DSK, non, il faut le condamner, point. Si DSK est innocent mais condamné, il est tombé dans un terrible piège, où sa vie est brisée, et où même l'avenir d'un pays, le notre, est probablement affecté.
La défense veut aussi gagner, elle est payée pour cela, quitte à démolir plaignant(e), flic et témoins. Si DSK est coupable, la plaignante, même si elle gagne, va vivre une période très dure, où elle va être salie de nouveau. Double peine, pour elle.
La vérité ? Personne ne la cherche vraiment. Peut-être un retournement de situation amènera une preuve irréfutable dans un sens ou dans un autre, qui sait. Mais j'en doute un peu.
En fin de compte, ce sera l'intime conviction d'un jury, à l'unanimité. J'ai aussi assisté, IRL hélas, à un procès pour double-meurtre, dans un pays où, comme dans le notre, la justice mène une enquête à charger et à décharge. Si j'ai tendance à penser que c'est mieux qu'un système où le plus fort gagne, j'ai pu mesurer la difficulté et la responsabilité des jurés, et les limites de la recherche de vérité.
Par exemple, à la plaidoirie finale (où comme en France et contrairement aux USA c'est la défense qui parle en dernier), les avocats des accusés ont fait valoir qu'il y avait une incohérence, dans le déroulement des faits vus par le procureur. Un chose impossible à faire pour les deux accusés, dans le temps mesuré.
Et c'était un point valable. Une 3eme personne, père d'un des accusés, était sur les lieux, et visiblement, personne n'en a soufflé mot, ni la défense ni l'accusation. Ce n'était pas d'ailleurs la seule faiblesse du procès, j'ai parlé avec un témoin m'ayant raconté la scène d'un des deux meurtres (la 2eme victime s'est enfuie, a été rattrapée et abattue), à ma surprise ce témoin n'a pas été convoqué ou cité.
Pendant que le jury délibérait, je pensais à ces points. L'intime conviction du jury, ce ne veut pas dire que c'est la vérité. Peut-être les assassins allaient s'en sortir. A mon soulagement, ils furent reconnus coupables.
Pour l'affaire DSK, on aura sans doute le résultat d'un procès, autrement dit l'intime conviction d'un jury. Mon intime conviction, je doute qu'elle soit définitive un jour.
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