Quand j'étais petite, on habitait pendant l'été dans un bungalow au bord de la mer, et notre voisin faisait tout pour se montrer désagréable : il sortait ses tapis et les mettait sur le mur mitoyen, ce qui écrasait les géraniums plantés par ma mère, il passait son temps à stationner sa voiture en la faisant déborder devant notre garage, et la meilleure, ça a été la fois où il s'est acheté un coq...
Voilà l'histoire du coq de mon voisin
Il devait avoir l'horloge interne complètement déglinguée, parce qu'il se mettait à brailler dès 2h30, et non-stop pendant toute la nuit.
Un soir, alors que mes parents recevaient des amis, le coq se mit à chanter à tue-tête, ignorant son entourage, et s'éclatant les cordes vocales. C'était son trip de brailler, et il prenait un malin plaisir à s'acquitter de sa tâche avec un professionnalisme à toute épreuve.
Et vint l'idée miraculeuse !
Pourquoi ne ferions-nous pas profiter ce coq de nos doux breuvages ?
Ni une, ni deux, nous nous retrouvâmes, dans la nuit obscure, et nous cachant derrière le mur mitoyen (haut d'à peine 1m - c'était un bungalow donc pas haut), à guetter l'animal.
Il eut, bien sûr, le réflexe de s'approcher de nous.
Mes parents l'attrapèrent et le hissèrent par-dessus le mur pour le cacher dans le garage.
Munis d'un petit entonnoir, ils versèrent dans son gosier du pastis sec. Quelques gouttes, sans plus. Largement suffisant pour un corps si petit.
Le coq se retrouva de l'autre côté du mur, à son endroit habituel, comme si de rien n'était.
Quelques minutes plus tard, silence plat.
Le lendemain matin, nous vîmes notre voisin s'approcher du cher animal, et le tapoter, intrigué par le mutisme de sa bestiole d'habitude si animée.
Rien. Il était bien vivant, mais totalement amorphe.
Je crois qu'il a fini à la casserole. Un vieux coq au pastis, rien de mieux pour notre cher et tendre voisin qui n'en racheta plus jamais.