Tiens j'avais zappé ce sujet, je vais envoyer le liens aux J0Liens anciens du CPPM, ça les fera marrer, et on repensera aux pastissades où ils tentaient de m'inculquer les notions de Physique des Particules et que je tentais de leur expliquer ma thématique en Physique du Solide.
On ne se comprenait qu'à partir de 3g dans chaque oeil, comme il se doit.
Ceci dit, on voit souvent la question revenir du "à quoi ça sert la science fondamentale ?". Outre la satisfaction d'une "élite" et la masturbation (bénéfique j'entends, l'onanisme est de rigueur) intellectuelle qu'elle requiert, la compréhension des phénomènes physiques permet dans l'absolu de créer des modèles. J'y reviendrai parce que le mot n'est pas innocent et demande une petite digression.
La physique fondamentale (physique des hautes énergies en règles générales) permet aussi de repousser les techniques de mesure dans leurs retranchements. Ca apporte quoi tout ça pour moi me direz-vous ? Bah juste par exemple quelques années après, les capteurs CCD développés pour les besoins des physiciens (Inventés par les labos Bell, mais développés pour des applis scientifiques) sont finalement arrivés dans le grand public et ont permis le développement des caméras et appareils photos numériques.
Je ne vais pas faire l'inventaire des applications de la science fondamentale au quotidien non plus, on est pas là pour ça, mais il faut bien voir que ce qui est un jour une technologie de pointe et est développé pour les besoins de la recherche fondamentale finit quasiment toujours par arriver au grand public un jour ou l'autre sous une forme ou une autre. C'est juste le cycle de la recherche qui veut ça : Recherche Fondamentale --> Recherche Appliquée --> Industrie --> Grand Public.
Revenons maintenant rapidement sur les modèles aussi parce que je crois que pas mal de confusions proviennent du fait que pour beaucoup de personnes modèle = réalité.
Un modèle c'est avant tout une représentation d'un phénomène réel par les lois (physiques, biologiques, chimiques, économiques etc) qui le régissent. Plus le phénomène qu'on observe est complexe (comprendre qu'il met en jeu énormément de paramètres,de lois, etc) plus il est difficile à modéliser. Il faut bien souvent faire des simplifications en première approche (négliger tel et tel paramètre) pour vérifier que le modèle tourne dans les grandes lignes, et au fur et à mesure on rajoute des morceaux pour en faire une usine à gaz qui devient de plus en plus précise (comprendre que je charrie un peu les Physiciens des particules là, parce qu'ils ont une sacrée usine à gaz dans les pattes mine de rien).
Un petit exemple puisqu'il a été cité dans ce fil bien avant : la modélisation de la météorologie et la découverte de la dépendance sensitive aux conditions initiales (Théorie du Chaos).
Déjà pour information, on avait pas besoin des ordinateurs pour énoncer les bases de la théorie du chaos, parce que les premiers travaux sur ce genre d'objet ont été produits par Poincarré au 19ème siècle (sur le problème à N corps de mémoire). Il y a eu pas mal de travaux en mathématiques à cette époque là d'ailleurs.
Les travaux qui ont vraiment mis en lumière cette "théorie", ce sont effectivement les travaux de Edward Lorenz (météorologue MIT, à ne pas confondre avec Hendrik Lorentz le prix nobel de physique qui fait cauchemarder certains étudiants découvrant l'électromagnétisme).
Celui ci a mis en évidence un "attracteur étrange" dans son modèle informatique météorologique pourtant simpliste (équations de mécanique des fluides, modèle simple avec 3 variables). Donc en gros ce brave homme avait commencé par faire un modèle simple (équations de mécanique des fluides, on va dire simple) pour modéliser un truc très compliqué (la météorologie).
Il commence d'abord par regarder si ça marche, et d'entrée de jeu ça foire sur le modèle, parce que c'est plus complexe que ça n'y paraît.
Le principe même de la modélisation (je ne parle pas que de la modélisation informatique, mais bien de Modélisation stricto sensu : construction d'un modèle théorique), c'est de procéder par cycle entre la création du modèle et la vérification du modèle avec le phénomène que l'on observe.
En l'occurrence, nos amis Physiciens des Particules ici mis en lumière (mauvais jeu de mot sur le faisceau, j'en conviens) en sont à un stade où plusieurs modèles existent, se rejoignent et/ou s'affrontent et où pas mal de choses sont d'ores et déjà vérifiées maintes fois par l'expérience. Les modèles prédisent que l'on devrait observer certaines choses, les observera-t'on ou faudra-t'il remettre une couche aux modèles ?
Dans tous les cas, bon courage à ceux qui vont se taper les shifts.
Sur ce j'arrête mon pavé