La reforme de l'Université

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Des points où il faudra être vigilant.
Pour ce que j'en sais, le financement des universités par les entreprises peut être une bonne idée comme une très très mauvaise.

Je ne vous fais part que de mes nuages noirs.

Si une université ne peut perdurer que par quelques entreprises, si il n'existe pas de garde fous, alors les quelques entreprises qui entretiendront cette université gagnent un centre de recherche et une agence de recrutement presque gratuite...

Si l'Oréal s'investit dans une université, ce n'est pas trop pour faire fleurir des poètes du français, (plutôt des poète du slogan publicitaire). C'est une université technologique qui servira le mieux l'intérêt du groupe dont ils veulent.
Bien sur c'est tant mieux. Mais!

Quels chantages risquent de peser sur une université qui est financé à 55% par un ou même deux groupes industriels qui peuvent menacer de rompre leur mécénat, parce que l'université ne leurs paraîtrait pas rentable?

La logique du groupe technologique, c'est de trouver un filon d'idée facile a récolter. C'est de peser sur les recherches appliquées qui les intéressent directement, au détriment des recherches fondamentales où appliquées qui sortent de leurs domaines de ventes. En gros Lauréliane voudra des shampouineurs et des cosmétologues, dans son université qu'elle entretient et osef des astrophysiciens. Les physiciens auront un placard en guise de labo, juste histoire de pouvoir faire dire:"Voyez! On fait de l'astro. ici aussi".

Les entreprises pourront si on n'y fait attention peser sur les quantités de candidats a accepter pour une année. Au seul motif, que ça leur coûtera trop cher d'en accepter une centaine de plus. Alors?
Si l'état se désengage totalement, qui verra augmenter le prix de la scolarité d'une année?
Si les gardes-furieux ne sont pas mis en place...

Le postage au dessus affine mes craintes...
Aux US, ça marche "bien" : les entreprises n'hésitent pas à investir dans de la recherche fondamentale (géologie, mathématiques, physique, sociologie me viennent en tête avec des exemples) et fichent relativement la paix aux doyens, qui fichent la paix aux labos qui peuvent ainsi avoir une bonne liberté de gestion. Mais, comme je l'ai dit, ils n'ont pas la même mentalité (oui, j'ai un à-priori positif sur le fonctionnement américain, je suis preneur d'expériences directes)
Remarquez, avec de bonnes agences de pub là-bas, et en vantant l'attractivité des conditions économiques chez nous, on pourrait peut-être amener des entreprises américaines. On serait un peu les travailleurs de l'Est des US \o/

un truc rigolo : je viens de m'engager à postuler aux concours de recrutement du supérieur, pour récupérer un ater payé au lance-pierres. Ca c'est un truc qui devra être modifié à l'avenir


/edit bis : allez, remettons une couche.

Je vais parler d'une catégorie de personnes qu'on oublie trop souvent dans ce genre de réformes. Il faut des étudiants pour étudier, des enseignants pour enseigner, des chercheurs pour chercher, des ingénieurs (en fac) pour ingénier. Vous n'avez pas oublié quelqu'un ?
Le personnel administratif.
Plutôt que de faire de longs discours, on va prendre un cas très concret : celui que je vois tous les jours.
- nous avons dans nos locaux une graphiste, que j'appellerai Raymonde parce que je sais qu'elle va me mettre une baffe si je lui dis (je suis un peu SM sur les bords). Raymonde a fait plusieurs boulots avant d'arriver à la fac, est une graphiste reconnue et expérimentée qui s'occupe de la mise en page des articles, posters, figures, gazettes, affiches, tous ces trucs qui pourraient être faits par les chercheurs (ce qui arrive très souvent) mais qui sont quand même mieux et plus rapidement fait par elle. Raymonde a 20 ans d'expérience dans le métier, une maîtrise parfaite de l'outil informatique, assure aussi les surveillances d'exam, et n'a pas été augmentée depuis si longtemps que maintenant elle gagne moins qu'un thésard. Elle envisage de se casser dans le privé.
- nous avons aussi à la scolarité centrale des secrétaires charmantes qui travaillent à temps plein pour un salaire pas génial. Elles ne s'en plaignent pas, elles préfèreraient rester à la fac au contact des étudiants. Mais elles sont en sous-nombre si criant que, à cause de l'engorgement des notes et des choses à faire (et aussi une incompétence et un césarisme crasse du directeur de l'ufr) que l'université n'est pas sûre d'être en mesure de distribuer les diplômes de licence. Elles envisagent de se casser. Accessoirement, les pauvres étudiants qui cherchent des infos sont obligés de se démerder et de perdre un temps dingue en conneries administratives ; à leur place, je camperais direct devant le bureau du président d'université pour me défouler.

Etrangement (et n'oublions pas que les enseignants et les étudiants sont aussi en partie responsables de ce silence) ce genre de points n'est jamais évoqué lors des réformes. Par exemple, pour cette réforme, nada. Vous avez déjà tenté de faire des cours, faire de la recherche ET géré des modules de master, alors que vous avez un CDD ? Je vous promets que c'est loin d'être bandant, et que le bordel généré est intéressant à observer d'un point de vue objectif. Et évidemment on ne sait pas où l'on va avec la réforme sur ces points.


/edit final : on va être deux à torpiller l'ANR sur ce forum \o/
n'oublie pas de parler de la manière dont est géré l'argent ANR, ça vaut son pesant d'or :')
La plus grande machine à échec c'est peut être TA MAMAN ?
Ce qu'ont du mal à comprendre nos amis libéraux c'est que les chercheurs ne sont pour la plupart absolument *pas* motivés par la thune. Le chercheur crée sa propre récompense, contrairement au libéral qui extrait la sienne de la sueur des autres.
Un cerveau ne fonctionne jamais aussi bien que lorsque il fait ce qui lui plaît; et ça c'est totalement incompatible avec une quelconque "culture de l'entreprise", ok ?
Enfin, quitte à fermer le grec ancien, peut être qu'on devrait créer un master "rhétorique libérale foireuse". Visiblement y'a du potentiel.

Mais le pire c'est que même selon leurs propres critères, leur politique est un putain
d'échec. L'ANR, créée pour tuer le CNRS, finance les laboratoires sur des grands projets. Qui décide de ces projets ? Des *énarques* qui n'y connaissent -QUE DALLE- ... Exemple : le plan d'action national sur l'Hydrogène et les piles à combustible (projet PAN-H). Il y a eu du buzz autour de cette technologie, on a fait miroiter du zéro pollution grâce aux piles à combustible alors qu'au final cette technologie ne fait que déplacer le problème au niveau de la production d'hydrogène (sans parler du stockage), bref une technologie morte-née.

Angry
Etant donné que je suis élu étudiant faisant parti d'une association apolitique (oui je sais cela ne veut rien dire si on prend le mot à sa souche mais là n'est pas le débat) et que je suis l'affaire de l'intérieur, je suis sidéré de la diabolisation faîtes par les journalistes des élus étudiants...

Cela fait maintenant plusieurs mois que l'on réfléchit tous ensemble dans la discussion et dans le calme entre élus pour faire évoluer l'université et on nous présente comme des personnes ne cherchant que le conflit et le refus de réforme alors que nous travaillons au quotidien pour réformer l'université.

Je suis, comme une grande majorité d'élus (étudiants et profs), pour une réforme de l'université. En revanche ce projet n'est pas du tout dans l'intérêt de l'étudiant sur le court terme.

Bon commençons déjà par les points qui fâchent la sélection faîte en licence pour le passage en M1. Aussi incroyable que cela puisse paraître je suis pour mais sous certaines conditions (point important, ce que je vais dire n'est peut être pas vrai pour toutes les filières mais je parlerai pour le droit).

La première condition, c'est avant de mettre en place la sélection, il faut revoir tout le système de la Licence étant donné qu'à l'heure actuelle avec une simple licence, nous ne pouvons rien faire en dehors des concours administratif. Pour pouvoir mettre une sélection à la licence, il faut absolument faire en sorte qu'au bout de la licence, l'étudiant puisse rentrer dans le milieu du travail et être opérationnel. C'est pourquoi, mon assos avons proposé lors des conseils de facultés, la mise en place de stage obligatoire, au moins pour la licence 3, la mise en place d'option "professionnalisante", ... on nous a répondu : c'est des excellentes initiatives mais nous n'avons pas les moyens de mettre tout cela en place...

La deuxième condition, très bien pour mettre en place la sélection au niveau de la fin de licence mais dans ce cas, il faut supprimer la sélection à la fin du master 1 (ce qui serait logique puisque le master est un tout cohérent, pourquoi refaire une seconde sélection ?). Sauf que voilà... cela risque de poser des ptits problèmes (surtout aux profs) vu que de nombreux master 2 sont basés sur des matières de master 1... et dans ce cas comment sélectionner les étudiants dès la fin de la licence alors qu'ils n'auront jamais vu les matières abordées en master 1 ? Ces matières ne pouvant pas être mise en licence vu le nombre déjà considérable de matières obligatoires...

En bref pour la partie sélection, cette réforme met la charrue avant les boeufs. Avant de pouvoir mettre la sélection à la fin de la licence 3, il faut déjà que la licence permette de rentrer dans la vie active (imaginez ce que feront les étudiants qui entrent en licence 3 cette année mais qui n'auront pas les moyens de passer en master 1... bonjour le drame social...) et supprimer la sélection du master 2 en trouvant une solution au problème du comment on sélectionne.

Au sujet de la restriction de 3 élus étudiants pour le conseil d'administration. Je trouve cela totalement honteux cette mesure et je vais vous dire pourquoi en vous expliquant déjà l'exemple de notre université. L'université de Lille 2 est composée du Droit-AES, IEP, ESA (école supérieur des affaires), Chirdent, Médecine, Pharma, Ecole des sages femmes, ... bref, de nombreuses composantes... à l'heure actuelle, à peu près toutes les composantes sont représentées au sein du conseil d'administration pour exprimer leurs revendications des étudiants et de leurs problème. Avec la réforme seulement 3 étudiants pourront représentés l'ensemble des composantes... comment voulez vous qu'un étudiant de médecine défende un juriste ou inversement alors que nous ne sommes même pas sur le même campus ?!? C'est un déni total de démocratie qui n'a pour but que de réduire encore un peu plus l'expression des étudiants au sein de l'université. Je trouve cela honteux et dangereux de vouloir mettre en place cette réforme...

Je développerais les autres points plus tard car je vais à mon taff (un élu étudiant qui travaille... pfff pas crédible puisque nous sommes des feignants qui recherchent que leur intérêt). Mais je peux vous assurer que nous ne sommes par ce que les médias veulent bien vous faire croire. Nous ne sommes pas des ogres qui mangeons les étudiants...
Je suis partagé sur cette réforme.

Les dispositions sur le recrutement académique ne régleront pas le problème du mandarinat et des jeux de piston, dûs déjà à une trop grande liberté laissée aux commissions qui s'en servent pour rendre service à leurs potes. Transférer une partie de ces responsabilités sur l'administration risque de ne pas changer grand chose, ou alors en pire (en quoi un gratte-papier professionnel est-il compétent pour juger des chercheurs ? J'avoue que ça m'échappe).
L'immixtion du privé dans l'enseignement va naturellement baisser le niveau des formations concernées, pour un bénéfice douteux (le mec qui suit un MBA « Dauphine-Sorbonne-Renault » a intérêt à avoir confiance en son futur employeur, parce que son diplôme n'aura de valeur nul part ailleurs).
Et tant que les petites universités seront privées de moyens suffisants, l'autonomie incitera les moins prestigieuses à brader leurs diplômes contre des pépettes pour attirer des étudiants naïfs ou peu regardants. C'est un cercle vicieux : moins on est réputé, moins on a de moyens, moins on a la possibilité de proposer des formations de haut niveau, et ainsi de suite. La classique invocation libérale à « la concurrence » ou à « la saine émulation » qui tire prétendument tout le monde vers le haut ne fait qu'éluder ce problème.
En résumé rien de bon dans ces réformes et surtout rien de neuf. La seule chose qui ne me pose pas problème personnellement c'est le durcissement de la sélection, mais cette mesure en particulier n'a strictement rien à voir avec l'autonomie des universités.

D'ailleurs ce serait bien d'arrêter de dire « autonomie des universités » là où il faudrait dire « autonomie administrative des universités ». L'autonomie pédagogique, elle était déjà là quand vous jouiez à chat dans les couilles de vos pères respectifs.

Je vois deux bons côtés tout de même : d'abord les droitards de gauche sortent du bois et montrent leur vrai visage (salut Ségo, salut Allègre, la liste est longue). Ensuite, ça va nous donner un très bon prétexte pour bloquer la fac et faire chier le plus de monde possible, ce qui est très plaisant.

Tiens j'y pense on n'a pas parlé de la suppression du CNRS. Vu la proportion de recherche fondamentale qui s'y fait, c'est encore un coup de génie surtout conjointement aux lois sur l'autonomie. Actuellement on est au 2e rang mondial en mathématiques, rendez-vous dans 5 ans pour voir où on en sera.
Citation :
Publié par Timinou
Généralement ceux qui arrivent à bac+4 c'est qu'ils sont plutôt bosseurs et motivés, l'écrémage ayant principalement lieu les deux premières années.
Je ne vois pas vraiment ce qu'une sélection à bac+4 apporterait si ce n'est un plus grand nombre d'étudiants qui quittent la fac démotivés.
Quels sont les taux d'échec à l'issu de la première année de master?
En ce qui me concerne, sorti d'école d'ingénieur, je reçois une foule de propositions de masters. Mais la constante de toutes ses propositions, c'est que je n'ai pas juste à faire un chèque mais bien à constituer un dossier de sélection.

Je trouve absolument normal d'être sélectionné (ou sanctionné, c'est ce qui se passe chaque fin d'année lorsqu'on attribue un passage en année supérieure ou un redoublement) à chaque nouvelle étape de ses études. La sélection c'est ce qui fait la valeur d'un diplôme, et donc son interêt sur le marché du travail.

Citation :
Publié par Mahorn
Par ailleurs le projet de loi évite soigneusement de parler de l'échec en 1ere et 2e année, il se contente de parler de sélection...en master (ce qui existe déjà en plus).
Ah mais je suis tout à fait d'accord, ce projet ne va absolument pas assez loin, la sélection devrait être faite dès l'entrée en FAC. Mais l'UNEF et les autres "syndicats" étudiants ont bien trop peur d'en prendre pour leur grade. 5 ans après ça viendra se plaindre de ne pas trouver de travail et qu'il faut augmenter leurs minima sociaux, mais en amont ils auront bloqué toutes les mesures nécessaires à leur donner de la valeur sur ce qui importe le plus aujourd'hui: le marché du travail.
Citation :
Publié par POWERBISON
Ensuite, ça va nous donner un très bon prétexte pour bloquer la fac et faire chier le plus de monde possible, ce qui est très plaisant.
J'avoue que c'est mieux que de faire des contre-propositions pour améliorer les débouchés professionnels à moyens égal !

C'est pas grave, c'est moins chiant que les grêve des transports et ca ne pénalise aucunement l'économie française, juste les étudiants qui veulent avancer sans être bloqués par une minorité (supposée) qui fait du bruit.

Contrairement au CPE, le secteur privé n'a aucun intérêt à descendre dans la rue pour défendre l'actuel Université.
Plutot que de mettre une sélection à l'entrée de la fac, faudrait peut être arrêter de donner le bac à n'importe qui non ? Parce que le bas est censé être le niveau que donne le lycée. Et chaque lycée doit (dans l'esprit) pouvoir aller à la fac, qui est la continuité des études "pour tous" (à la différence des grandes écoles, classes prépas, etc.).

Sinon que deviennent les élèves trop bon pour rester au lycée mais pas assez pour aller à la fac ?
Citation :
Publié par Cosima von Bülow
Ah mais je suis tout à fait d'accord, ce projet ne va absolument pas assez loin, la sélection devrait être faite dès l'entrée en FAC. Mais l'UNEF et les autres "syndicats" étudiants ont bien trop peur d'en prendre pour leur grade. 5 ans après ça viendra se plaindre de ne pas trouver de travail et qu'il faut augmenter leurs minima sociaux, mais en amont ils auront bloqué toutes les mesures nécessaires à leur donner de la valeur sur ce qui importe le plus aujourd'hui: le marché du travail.
Et tu fais quoi des milliers de bacheliers qui ne seront pas acceptés ?
Le fait est que la france aura de plus en plus besoin, compte tenu du renouvellement démographique, de diplomés du supérieur, fermer l'entrée des facs, c'est vraiment de la connerie en barre. A moins qu'on augmente le nombre de places en BTS/DUT, mais problème, ca coute beaucoup plus cher en encadrement
Citation :
Publié par Serafel
Et tu fais quoi des milliers de bacheliers qui ne seront pas acceptés ?
Et tu fais quoi des même types quand ils auront été virés en première année?
Au lieu de rester dans une stratégie de l'échec, on peut les orienter vers des filières professionalisantes avec débouchés. Ne pas faire d'études n'est pas une fatalité.

Citation :
Le fait est que la france aura de plus en plus besoin, compte tenu du renouvellement démographique, de diplomés du supérieur, fermer l'entrée des facs, c'est vraiment de la connerie en barre.
Tout à fait. De mecs compétents.
La France n'aura jamais besoin de mecs incompétents et de diplômes bradés, l'exemple du bac n'est pas suffisant? Quel type de métier peut-on obtenir avec un bac? Et qu'est-ce qu'on obtenait lorsque ce diplôme avait de la valeur?

Sélection ne veut pas dire numérus clausus. Je suis contre les numérus closus. Je suis pour la sélection de gens dont le potentiel est détecté comme leur permettant de suivre des études, et l'écartement des autres.

Et s'il faut créer des CEGEPS en France, je suis pour !
Citation :
Publié par Victhor
@ Cold case :
Et qui va pouvoir donner des cours du soir si personne n'a été formé?
Tout est lié, donc plus d'enseignements dans les facs dit plus personne pour enseigner dans les collèges, les lycées et les cours du soir...
Et donc perte à court terme d'une part très importante de notre culture ; mais bon peut-être que les profs de français, d'histoire géo, de philo, etc, ça sert à rien...
Déjà Victhor, je parlais de matières disons "mortes", former un prof de patois languedocien, c'est ok, mais en former 1000, c'est excessif et autant me donner l'argent, je saurais quoi en faire

Attention je ne dis pas de supprimer l'enseignement mais de limiter l'accès aux personnes "motivées", "capables" et en fonction des places disponibles à la sortie ....

Je ne pense pas que c'est à l'Education Nationale de payer des cours à 10 000 étudiants quand dans toute la France et la Navarre, nous n'avons besoin que d'une 100e de spécialistes ...... si c'est pour voir partir une partie des autres à l'étranger et avoir le reste sur les bras au chômage ou les voir gâcher leur savoir à faire des petits boulots, ca me saoule .... surtout que nous avons des manques de main d'oeuvre dans d'autres professions tout aussi glorifiantes.

Ca me gonfle de voir un de mes amis avec 3 thèses dans son packtage servir de "garçon d'étage" dans un grand hôtel Parisien et encore il y est employé parce qu'il est Haut-Savoyard d'origine .... et un autre avec quasiment les mêmes bagages être employé comme bibliothécaire dans une université en Guyane après avoir bossé pour l'Alliance Francaise en Equateur.

Bref nous formons des personnes capables mais nous n'avons pas de quoi nous servir de leurs connaissances ..... à quoi cela sert il ?
Alors qu'à coté, nous avons des personnes qui ont montés leur entreprise sans aucune autre connaissance que ce que leurs bras leur ont permis et qui maintenant dirigent nos ingénieurs et nos techniciens .....

Citation :
Publié par Serafel
Et tu fais quoi des milliers de bacheliers qui ne seront pas acceptés ?
Soit ils redoublent pour avoir un meilleur dossier, soit ils vont en filière courte, soit on les met au boulot ..... quoi qu'il en soit, les envoyer en fac et leur faire perdre un à 2 ans, je vois pas l'intérêt.
On aura beau tourner et retourner dans tous les sens le cadre juridique des univ (=gros gain médiatique pour coût dérisoire) ce qui manque c'est des moyens, du fric, des pépétes.

Pourquoi un étudiant en univ coute grosso modo 2000€/an alors qu'un lycéen en coûte cinq fois plus ?

En outre on compare souvent les universités anglo-saxones et françaises, avec comme mauvais élève les français évidement. Mais je crois bien qu'un étudiant moyen américain paye plusieurs milliers de dollars/an, ce qui implique que les universités américaines ont infiniment plus de moyens (sans compter les apports privés/publics ?) que nous avec nos frais d'inscription de 200€...

Peut-être faudrait t'il réformer le financement du coté des étudiants aussi ? Ca serait un gage de liberté et de diversité contrairement aux financements issus des entreprises...
C'est 6000 € / an, avec 2000 € / ans on faisait cours sous les ponts

Encore une fois, "ça marche" aux US parce que les diplômes sont valorisés. Un master étasunien on se l'arrache, on investit même dessus en lui prêtant beaucoup d'argent pour qu'il puisse payer les droits de fac. On est loin de l'attitude en France avec les listes de sélection pour embauche en catégories "mon école d'ingés/les autres écoles d'ingé/la fac très éventuellement si vraiment il n'y a personne" (et quand je vois le niveau de sortie de certains à l'ENSIMAG et que je me dis qu'ils font de la R&D, un sourire se dessine sur mes lèvres) , et avec le raisonnement des banques "IF pas revenus stables THEN mettre un coup de pied au cul".

Ca sert à rien de repousser l'examen de cette réforme d'une semaine, ce qu'il faut c'est repousser d'un an en réunissant tout le monde et en posant clairement les questions :
1) quelle université on veut ? Un truc qui ne fait que de la recherche, un truc qui ne fait que de l'enseignement, un truc mixte ?
2) comment on la finance cette université ? Par les impôts ? Par les étudiants ? Directement par les entreprises ? Et comment on assure que les étudiants puissent régler leurs frais, par papa/maman, par l'Etat ou par une ouverture du système bancaire ?
3) De quoi on a besoin ? Seulement d'ingénieurs et de techniciens qui appliquent des méthodes, ou fait-on le pari risqué d'investir dans la créativité sans que les bénéfices en retombent immédiatement ?
Ce n'est pas un problème qui concerne uniquement les étudiants et les profs, c'est un problème qui concerne la société entière. Faire une université américaine avec la mentalité française (évoquée ci-dessus) ne peut à mon avis que conduire au mur encore plus vite.
Citation :
Publié par cold case
Soit ils redoublent pour avoir un meilleur dossier, soit ils vont en filière courte, soit on les met au boulot ..... quoi qu'il en soit, les envoyer en fac et leur faire perdre un à 2 ans, je vois pas l'intérêt.
Un lycéen, ca coute plus cher à l'état qu'un mec en fac, tu les trouve où les sous pour ces redoublants (sans compter les structures) ? Sans compter les problèmes que posent cincrètement des redoublants de terminale.
Les filières courtes, pareil, elles sont dejà pleines et elles sont sélectives (et coutent plus cher en encadrement).
Bref, la fac faut y injecter du fric, au lieu de laisser l'essentiel à l'abandon sous couvert d'autonomie où de toute façon seules les grosses facs (qui marchent deja "bien") s'en sortiront. Encore une fois, comme pour le secondaire, on sent poindre la volonté de casser un modèle qui marche de moins en moins bien plutôt que de le réformer vraiment.
Après 4 ans à Lyon 3 qui est un peu une exception française en terme de gestion je peux vous dire que l'autonomie est plus qu'attendue par (presque) tous, élèves et direction.

Tout d'abord je vois les syndicats étudiants (entre nous encore moins représentatifs que les autres syndicats, 3 à 5% de participation aux élections) qui sont pas contents, pourquoi ? Tout simplement parce que certaines universités vont avoir de meilleurs moyens que d'autres. C'est déjà largement le cas, mais c'est une tradition française de tirer les gens vers le bas, sous prétexte que quelques universités ne pourront (ou voudront) pas de cette autonomie et continueront de fonctionner comme maintenant (donc pas moins bien), les autres universités qui auraient la chance de pouvoir obtenir des crédits suplémentaires ne devraient pas le faire ?

Ensuite les conseils d'administration vont être réduits de 60 à 20 participants et la présence étudiante de 25% à 15%. Qu'es-ce qu'on s'en fou, de toute façon avec 25% les syndicats étudiants n'avaient en fait aucun pouvoir.

Enfin soyons clair les universités ont besoin d'argent et il n'y a que deux solutions : soit on paye beaucoup plus à l'entrée, soit on laisse les universités trouver des sponsors, perso ca ne me gênerait pas de voir un peu de pub dans ma fac si en échange on a beaucoup plus de moyens (encore que nous ne sommes pas à plaindre dans la fac où je suis mes cours).
Citation :
Publié par Loky DeGlaston
Enfin soyons clair les universités ont besoin d'argent et il n'y a que deux solutions : soit on paye beaucoup plus à l'entrée, soit on laisse les universités trouver des sponsors, perso ca ne me gênerait pas de voir un peu de pub dans ma fac si en échange on a beaucoup plus de moyens (encore que nous ne sommes pas à plaindre dans la fac où je suis mes cours).
oui enfin disons que sans aller jusque là, une politique de partenariat avec le secteur privé résoudrait les problèmes de débouchés et éventuellement de fonds dans certains secteurs.
Citation :
Publié par Karl Hungus
oui enfin disons que sans aller jusque là, une politique de partenariat avec le secteur privé résoudrait les problèmes de débouchés et éventuellement de fonds dans certains secteurs.
Genre c'est pas le cas actuellement
Je veux bien écarter les cuisses pour les entreprises, encore faut-ils qu'elles veuillent bien me pénétrer contre rétribution de la gâterie.(et je passe sur les détails de la "collaboration" avec certaines entreprises)
Accessoirement, j'aime bien l'alternative laissée par certains aux universités, comme si elles étaient de grosses feignasses et ne se démenaient pas comme des cinglées pour récupérer des sous. En fait, j'ai dû rêver les séances de remplissage d'ANR avec la recherche de partenaires sur des projets super-appliqués pour avoir une chance de ramasser des sous. Un effet des solvants utilisés en géochimie, sans doute.
Je me souviens des propos de Yves Reniers, professeur de science po Paris, dans C dans l'air qui disait que les solutions pour les universités française étaient clairement connus. Elles passent par la sélection a l'entrée des facultés ainsi que la hausse des frais d'inscription. Or comme ses mesures ne seront jamais accepté par une partie des étudiants il faudra les adopter par des moyens détournées.

Je pense que si le gouvernement se débrouille bien, il y a de bons moyens pour segmenter le mouvement étudiant. La loi sur le CPE était lisible. Sa teneur était très compréhensible: période d'essai de deux ans, droit de licencier sans donner aucun motif valable au salarié, des allocations chômage amputées etc etc...
Ici il faut essayer de rendre la lois illisible, technique et difficile a cerner. Une telle loi n'attirera pas les foudres de l'opinion contrairement a une loi claire qui aboutirait crûment aux deux effets. Le terme "autonomie" des universités possède un coté positif. L'autonomie c'est la liberté. tant que la lois conserve ce caractère positif et que par des moyens détournés le gouvernement arrive a une augmentation des frais d'inscriptions et a une plus grande sélection alors les bonnes solutions seront arrivées a terme. Des lors le mouvement étudiant sera segmenté, peut être même déconnecté de la majorité de l'opinion et là c'est gagné.
Citation :
Publié par Bratisla
Genre c'est pas le cas actuellement
Je veux bien écarter les cuisses pour les entreprises, encore faut-ils qu'elles veuillent bien me pénétrer contre rétribution de la gâterie.(et je passe sur les détails de la "collaboration" avec certaines entreprises)
Je dis pas que ça existe pas, mais que la pratique gagne à se développer et à faire jouer l'offre et la demande.

Si t'as des infos hésite pas hein ^^
Des infos ? Pas de soucis, j'en donne :
- dans les projets ANR, il y a une/deux pages du dossier (me souviens plus) à remplir pour les collaborations avec les entreprises, sachant qu'il est mieux vu d'avoir lesdites collaborations. A ne pas confondre avec les collaborations Region et autres, qui ont une autre page de dossier (toujours selon mes souvenirs), et ça aussi c'est mieux vu d'en avoir. C'est une manière de fonctionner. Il est à noter que lesdites entreprises et régions ne sont pas forcées à mettre la main à la poche pour lesdites ANR - en pratique, certains donnent un coup de pouce, d'autres prêtent du matériel, enfin en géologie ça se passe pas trop mal tant que ce n'est pas financier.
- rien n'interdit aux entreprises de passer des conventions CIFRE, qui sont vachement intéressantes pour elles financièrement ET en matière de formation. Pas de bol, Total est proverbialement connue dans le milieu pour ses méthodes de rapace en matière de stages ... Ca se passe mieux avec d'autres entreprises, il n'y a pas de règle générale. A noter que la meilleure manière pour assurer reste d'acheter la boîte dans laquelle on est embauché comme thésard En règle générale, les CIFRE ne courrent pas les rues, alors que c'est vraiment intéressant
- rien n'interdit non plus aux entreprises de collaborer solidement avec les centres de recherche : l'INRIA et Microsoft ont un centre de recherche commun (voir http://www.enseignementsup-recherche...amicrosoft.htm). Bon, je n'ai jamais vu d'entreprise française faire ça, mais je dois être mauvaise langue.

Je n'ai pas fait toutes les universités, et je regarde par ma lorgnette de géologue, mais les universités les labos (ce n'est pas -encore- la même chose) se bougent. C'est moins le cas des entreprises françaises. Par contre, les entreprises américaines, elles, assurent. Moralité : bossez votre anglais.


@petit ange : et le CNESER qui vote à une majorité écrasante une motion négative sur le projet de réforme, et la CPU qui d'enthousiaste devient réservé dès qu'ils ont lu l'avant-projet, sûr qu'ils se sont focalisés sur la sélection au master et les frais d'inscription afin de défendre les étudiants.
La réforme c'est largement plus que ça, hein.
Bien sûr, développer les partenariats entre recherche publique et industries privées, c'est très positif quand cela bénéficie aux deux parties. Et il ne faut pas croire que les chercheurs sont enfermés dans leur tour d'ivoire : pour un chercheur, c'est plutôt valorisant de voir que le résultat de ses recherches a été mis en valeur.

Cependant, je ne serais pas spécialement rassurée lorsque la recherche sur l'obésité dépendra pour son financement de l'industrie agro-alimentaire, que l'étude de la pollution dépendra des industries chimiques, et ainsi de suite. Ma confiance dans l'altruisme des grands groupes industriels ne va pas jusque là.
Citation :
Publié par Franknfurter
Selon les syndicats étudiants, la hausse des frais d'inscription constituerait un Casus Belli.
Je comprends pas pourtant ça gêne personne si tant est que les étudiants boursiers soient évidement aidé. Je préfère que l'univ soit avant tout financé par l'État et les étudiants car cela constitue un financement impartial qui ne sera pas sujet à condition (quoique pour l'État...). C'est pourtant simple, une augmentation, même sensible, des frais d'inscription, serait une manne de financement extraordinaire... et éviterait aux univ d'attendre la gueule ouverte qu'une entreprise est pitié de leur sort. Je comprends vraiment pas ce campage sur des acquis archaïques.

J'en reviens toujours pas que les syndicats comme l'UNEF qui représentent 2% de la masse estudiantine soit un interlocuteur privilégié... mais la mauvaise représentativité des syndicats est un mal bien français j'ai l'impression.
wé pis tu fous aussi des frais d'inscription aussi au lycée, sans dec, l'école c'est obligatoire jusque 16 ans, donc si tu veux continuer t assumes financièrement.
Je lis dans ce thread que les universités Américaine réussiraient au sens large là ou les universités françaises échoueraient, sans même que ne soit posée la question de la mission de la formation universitaire.

Si il s’agit de proposer les formations les plus reconnues, on ne peut pas dire le contraire mais ce n’est pas très étonnant puisqu’en France les filières les plus prestigieuses ne sont bien souvent pas proposées par les cycles universitaires.

Si il s’agit d’offrir à chacun une chance égale de réussite alors les université américaines échouent aussi lamentablement que le système française et dans les deux cas les formations reconnues sont réservées aux milieux favorisés.


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