C'est incroyable ce que le secret défense/sécurité nationale fait fantasmer !
Oui il y a des domaines de recherche très protégés par le secret militaire. Ce sont principalement des domaines de recherches appliquées. Deux exemples relativement récents :
- L'optique adaptative : l'armée a été très longtemps en avance sur la recherche civile. Cela a une explication simple : les retombées civiles étaient faibles mais les applications militaires très importantes. Maintenant avec la recherche médicale et les programmes d'OA sur les grands télescopes c'est beaucoup moins embryonnaire pour le civil. Pas étonnant que les recherches aient été financées en premier lieu pour le militaire.
- La physique des lasers. Le projet MEGAJOULE est piloté conjointement par la DAM et la DSM du CEA et des organismes publiques comme le CNRS. Les affaires militaires sont secrètes, mais faut pas non plus délirer sur les capacités extraordinairement novatrices des recherches militaires dans ce projet. Il s'agit avant tout de s'affranchir des essais nucléaires grandeurs natures (ça dérange quelqu'un qu'on arrête les essais nucléaires ?). Les chercheurs se connaissent bien, et un peu d'imagination permet de comprendre pourquoi, par exemple, certaines propriétés de certains matériaux sont classées.
Bon ceux qui veulent se faire des frissons en agitant le spectre d'une recherche militaire super en avance qui fabrique en secret l'agent bactériologique de destruction massive en sélectionnant les personnes ayant des opinions politiques divergentes ou bien cache un vaisseau extra-terrestre, en temps de paix de surcroît, c'est bien mignon, mais ça casse pas trois pattes à un canard. Tout le monde se connaît dans un milieu, et c'est pas très très difficile de comprendre ce que cachent les uns et les autres. Ce qui avant tout est protégé ce sont des savoirs faire (des données), rarement des connaissances fondamentales. Libre ensuite à la recherche "civile" d'imaginer ses solutions, et au politique de pousser dans ce sens.
Je laisse le débat sur le problème moral que peuvent poser les innovations scientifiques. Ce débat est autre. Intéressant, mais peut facilement être déconnecté de ce qui est mis en question ici.
En revanche, pour la notion de progrès, qui est normalement au coeur de la question soulevée initialement (*), il y a effectivement une tentation de n'identifier le progrès, du moins en grande partie, qu'au progrès technique et scientifique parce que la notion même de modernité a été mise à mal après la seconde guerre mondiale. Surtout en Europe. Il y a aussi des freins liés à l'immédiateté des rapports entre les pays, nations, pôles d'influences qui favorisent un certain relativisme un peu nihiliste. Le transport des biens et des personnes est en grande partie une cause (pas la seule) de ce phénomène.
A mon avis la question de fond c'est de savoir, ou de redéfinir ce que veut dire être moderne dans notre monde à notre époque.
(*) merci TMQT d'avoir remis en perspective l'origine de la question (je ne comprenais pas la réaction de Diesnieves de prime abord). Il n'en demeure pas moins, qu'à mon sens, cela soulève des questions intéressantes, bien que le problème soit mal posé. Questions pour lesquelles je n'ai pas de réponse ni de position tranchée.
|