Une chose concrète que pourtant personne n'a évoquée, et qui me semble pourtant fondamentale: il faut à mon sens une réorganisation du système ANPE/Assedic, et pourquoi pas une fusion des deux.
Je m'explique: je ne sais pas si vous avez déjà mis les pieds à l'ANPE, mais ce qui m'a toujours frappé, c'est que le fichier des demandeurs d'emploi constitué par l'ANPE n'est absolument pas corrélé avec celui des offres d'emploi. En gros, quand on va passer un entretien à l'ANPE à l'inscription, un conseiller va noter votre pedigree dans son fichier, et la plupart du temps se borner à ça. Je me suis même une fois retrouvé dans la situation suivante: passant mon entretien d'inscription, j'avais en attendant consulté les offres. En ayant remarqué deux qui me semblaient intéressantes et auxquelles je pensais correspondre, et qui plus est qui étaient apparemment gérées par l'antenne ANPE dans laquelle je me trouvais, je demande tout naturellement à la conseillère face à laquelle je me trouvais, et qui venait de noter consciencieusement mon CV sur son ordi, si elle peut en passant transmettre ma candidature à la personne qui gère l'offre. Réaction: "ah mais non, ça ne fonctionne pas comme ça, il faut écrire". Absurde, non ? Grosso modo, leur rôle se borne à celui de guichet d'enregistrement des chômeurs, mais demandes d'emploi et offres d'emploi sont cloisonnées. Surtout que la personne qui enregistrera la candidature à l'autre bout de la chaîne fera exactement la même chose, et transmettra si elle le juge nécessaire. Fantastique perte de temps et d'énergie...
Or, l'exemple de Job Center Plus chez nos voisins d'Outre-Manche, tout comme certaines expérimentations (réalisées par des entreprises privées) chez nous ont démontré leur efficacité, et je suis personnellement convaincu qu'une simple corrélation entre la base des demandeurs d'emploi et celle des (nombreuses) offres qui ne trouvent pas preneur générerait un nombre non négligeable d'emplois.
Après, pour reprendre en partie ce que disait Coquette en page 1:
Faire comprendre aux patrons que ce qui compte le plus, ce n'est pas l'intitulé du diplôme, mais les capacités et la motivation du diplômé (le §1 aiderait pê déjà bcp).
Si vous consultez les offres d'emploi, par exemple sur le site de l'ANPE, une chose saute aux yeux: dans 90% des cas, l'expérience du poste est une condition sine qua non, ce qui pose un problème évident, celui de la personne qui veut se faire une première expérience, ou qui veut se réorienter. J'ai le net sentiment que beaucoup d'employeurs ne veulent pas se donner la peine de former leur personnel, et préfèrent avoir la personne avec le diplôme ou le CV qui rentre bien dans la boiboite, plutôt que la personne la plus motivée pour le poste. Triste à dire, mais c'est une réalité dans ce pays.
Dernier point, ou je rejoindrai l'avis de pas mal de monde: il faut réformer en profondeur le système éducatif pour revaloriser les formations professionnelles, qui sont aujourd'hui perçues comme des "voies de garage" pour cancres, alors qu'elles sont bien mieux adaptées aux réalités de l'entreprise que pas mal de formations universitaires, et qu'elles forment en général à des métiers pour lesquels la demande est forte. Mais bon, c'est toute une tradition à mettre à bas, dans un pays ou, pour faire de la politique,
il faut avoir fait l'ENA ou Science Po, pour diriger une grande entreprise,
il faut avoir fait Polytechnique plus une école d'application puis pourquoi pas la cours des comptes, etc.
PS: flexibiliser le marché du travail et rendre le pays attractif pour les investisseurs étrangers et les entrepreneurs, ce serait évidemment la meilleure des choses à faire, mais, au vu de l'actualité, je ne pense hélas pas que le pays soit prêt à l'envisager, les mentalités restent beaucoup trop imprégnées de dialectique marxienne, avec la bonne vieille opposition 19e siècle entre droite monarchiste et gauche aux tentations révolutionnaires...