Un trait de la bourgeoisie que je n'ai pas aperçu dans le débat, est celui de culture et de facilité d'accès la culture.
Et là encore je suis Fingo sur le fait que l'on naît bourgeois. Père et mère ont fait des études ; père et mère ont le bac et ont fait des études plus ou moins supérieures.
Publié par Fingo SARCASME Rakar
Il faut savoir que le bourgeois se forme dans l'enfance. Le père exerce une profession libérale : médecine, notariat, magistrature (c'est très bourgeois ça, la famille d'avocats), membre du Rotari sinon c'est un faux.
Et de quoi parle-t-on au Rotari, si ce n'est - même trivialement - de politique, du dernier Goncourt, des dernières expositions que tout le monde a vu sans y mettre les pieds.
On remarquera que toutes ces professions nécessitent plusieurs années de faculté ou d'études supérieures. Et les enfants ont sous la main les moyens et la stimulation de l'apprentissage ; pour ceux qui ont lu
Les mots de Sartre, il paraît évident que ce dernier ne "conquit" pas la lecture et la culture, mais qu'il baignait dedans, que ce fut presque naturel. De même l'enfant bourgeois sera très jeune stimulé intellectuellement et ses études seront évidemment facilité par les moyens des parents. Regardez un effectif de classe préparatoire, aucun ou presque ne semble être un "fils de prolo".
Ce facteur a tendance à s'atténuer depuis la dernière guerre, du fait que nombre de jeunes gens parviennent en faculté grâce aux bourses ou à un régime soufflé par la prolixe nécessité à leur oreille de fauché, et arrivent par là même à un niveau d'étude amplement suffisant pour bien gagner leur vie. Que reste-t-il alors à la bourgeoisie pour se reconnaître et perdurer ? Des codes, tout d'abord : vêtements (petits polos, chaussures bateau, etc.), lieux (les quartiers "chics" (XV et XVIè à Paris) ou les quartiers "tendance" (Montmartre). Mais aussi des centres d'intérêts communs : la musique classique (que l'on inculque aux enfants), le théâtre, les diverses expositions.
Ce qu'il est donc à noter, c'est que, ce qui faisait la bourgeoisie il y a de cela à peine un siècle n'est plus : au départ, le bourgeois c'est le notable, celui qui ne travaille pas de ses mains dans une société alors essentiellement industrielle. Mais dans une société post-industrielle où le niveau de vie a augmenté, ce sont les corrélats d'autrefois de "l'attitude bourgeoise" qui "font" la bourgeoisie : goût pour l'art, facilité de culture, etc.
Mais là se pose le problème du renouvellement de la culture et des "valeurs" bourgeoises. Enseignées par les parents, ces valeurs paraissent souvent passablement obsolètes, pour ne pas dire rétrogrades ou réactionnaires ; il n'est un mystère pour personne que les hautes classes de la société votent le plus souvent à droite et les basses plus souvent à gauche (exception faite ces derniers temps avec le FN, premier parti ouvrier, mais de droite populiste et extrême).
Mais paradoxalement, la bourgeoisie, par sa facilité à la culture est aussi la frange la plus "éclairée" de la population : naguère et aujourd'hui encore, la majorité des penseurs, des intellectuels, ont émergé de la bourgeoisie (tout simplement parce qu'ils avaient la possibilité de laisser libre cours à leur intellect).
Voilà pourquoi finalement je suis finalement plutôt content quand une personne que je connais intimement puisque c'est moi-même, se fait traiter de bourgeois, de bourge, de "mains blanches". Je suis né ainsi, j'ai eu la chance de naître ainsi ; et je compte bien la mettre à profit.