|
Je n'ai pas vu de sujet récent à propos de ces films qui ne viennent pas de sortir mais desquels on a quand même envie de parler.
Personnellement je ne suis plus très séries, j'en regarde de moins en moins par contre je regarde de plus en plus de films. Je pensais donc créer ce thread pour des chroniques courtes de ces films pas forcément récents que j'ai aimé (ou non), vous pouvez en faire de même (ou pas si vous avez la flemme lel). Tous les films sont acceptés (même les marveleries), faut juste que ça ne soit pas un "film du moment". Je commence donc par Peppermint Candy (1999) : Après le visionnage de Burning (excellent film coréen sorti cette année), je me suis intéressé à la filmographie de Lee Chang Dong, ce Peppermint Candy a tout de suite retenu mon attention, pour son pitch, et sa structure narrative à ordre chronologique inversé qui rappelle celle de Memento ou d'Irréversible. On suit donc la vie de Yongho, le début étant la fin, la séquence d'ouverture s'ouvre sur Cliquez ce bouton ou survolez le contenu pour afficher le spoiler
le suicide de Yongho en 1999 Dernière modification par SansNom ; 15/11/2018 à 12h59. |
![]() |
|
Aller à la page... |
Les films pas du moment
Suivre Répondre |
|
Partager | Rechercher |
|
The Hill (1965, UK) : Film de Sydney Lumet (12 hommes en colère) en N&B découvert par hasard en fouillant sa filmo... je suis bien tombé ! Le pitch donc : Pendant la seconde guerre mondiale, cinq soldats anglais, dont Joe Roberts, un gradé qui a punché son supérieur joué par Sean Connery , ont commis des fautes graves (désertion, vol de matos etc) et sont envoyés dans un camp disciplinaire dans le désert libyen pour purger leur peine. Ils vont être pris en charge (matés en vrai) par un sergent sadique couvert par un Adjudant complètement timbré, un médecin mollasson et un commandant absent. Sorte de huit clos à l'échelle d'un camp de prisonniers, le propos est tout aussi politique que 12 hommes en colère mais bien plus pessimiste et sombre. Les acteurs sont excellents, mention spéciale à Harry Andrews qui joue un Adjudant chef implacable et complètement borné, la réalisation, dynamique, est particulière pour l'époque j'ai l'impression avec des plans en contre plongée parfois biscornus mais ça fonctionne bien, les dialogues sont excellents, le film haletant, la tension va crescendo et la dernière séquence est explosive (et géniale).
|
![]() |
|
|
De ta liste j'ai vu le fils de Saul, effectivement l'immersion est dingue du entre autre à la caméra. Je retourne voir The House that Jack Built Lundi vu qu'il passe dans mon ciné de campagne, l'occasion de me refaire sa filmo! Nymphomaniac 1 & 2: Director's cut de Lars von Trier (2013) (La version director's cut est indispensable pour profiter et comprendre pleinement le film de LVT, sans cela le long métrage est vraiment dénaturé et n'a pas l'impact escompté) J'apprécie beaucoup Nymphomaniac que je classe aisément au panthéon de mes meilleures expériences cinématographiques comme une bonne partie de sa filmographie. Le réal a cette capacité de proposer des longs métrages cathartiques comparable aux tragédies grecques, c'est ce que j'aime dans son travail. Petit topo pour situer et comprendre la démarche du réalisateur. Lars von Trier sonde l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus vulgaire, de plus méchant, de plus immorale, le bien et le mal, le noir et le blanc n'existe pas chez lui, il représente les humains telles qu'ils sont, des gens kaléidoscopes, qui peuvent aussi bien te tendre la main, que te la mordre. Il rend tout ça sublime, derrière sa caméra ces éléments deviennent beauté! Le réalisateur traîne avec lui beaucoup de pathologies, agoraphobe, dépressif chronique, phobies diverses et variés (il se déplace uniquement en camping-car, il a peur de l'avion), dépendant aux médocs, à la drogue ou l'alcool, il dit lui même qu'il est maudit et que seul le cinéma lui fait du bien, le reste, la vie entre autre lui fait peur. Cela se ressent dans sa filmo, avec Melancholia il traite de la dépression, il utilisera ce film et Antichrist comme exutoire et pansement à ses propres névroses. Pour Dogville il s'enferme 1 semaine dans une chambre d’hôtel avec pour compagnon du whisky et d'autres drogues, il écrit le script d'une traite comme pris de transe, il dira lui même que c'était trop éprouvant. Mais rassurez vous il s'est calmé depuis, il jardine, il reste tjrs aussi pessimiste sur ce qu'il l'entoure, mais il va mieux ![]() Lars Von trier a une façon de filmer bien à lui, hérité du Dogme95 (qu'il a lui même créé), qui consiste à filmer caméra à l'épaule de façon naturaliste, pour être au plus proche de ses personnages et de l'action. Auparavant très présente, elle l'est moins dans ses derniers films. Citation :
Quoi qu'il en soit il lance le film sans Kidman, mais garde Charlotte Gainsbourg et Shia LaBeouf pour le rôle masculin. A sa sortie scandale, censure etc Effectivement on voit des bites, des vagins, du sexe en gros plan ou non, dans toutes les formes..ah bah le sexe oui c'est sale (il parait), c'est tabou, mais il ne faut pas croire que c'est du porno, j'ai jamais ressenti une once d’excitation en regardant Nymphomaniac, bien au contraire. On suit le parcours d'une nymphomane auto-diagnostiqué dès son plus jeune âge à sa vie d'adulte, le film commence, la jeune Joe (elle porte un prénom d'homme ), s'amuse avec sa copine dans une salle de bain et découvre le plaisir qu'apporte de jouer avec sa vulve, elle a 7/8 ans, l'âge à laquelle l'enfant découvre son corps et l'explore. Joe apprécie cela et recherchera ce plaisir toute sa vie. Nymphomaniac au travers de Joe explore toutes les facettes du sexe pratiqué par les hommes, ses plaisirs variés (masturbation, SM, sexe à plusieurs, adultère...), ce film est un véritable recueil de la pratique sexuelle dans son ensemble, même les plus déviantes. Il sera question de relation incestueuse, de pédophilie, de la découverte du sexe au plus jeune âge, de l'adolescence et ses mœurs légères. Bref le sexe est l'élément principale du film, alors comment faire un film sur une nymphomane si on ne montre pas de bite, de chatte, de cul, de gros plan scabreux, par ex Shame traite du même thème mais montre très peu de scènes explicites de sexe. Nymphomaniac c'est le contraire, Lars Von Trier veut montrer la maladie de Joe et en profite en même temps pour nous montrer ce qu'est le sexe dans toute sa panoplie et ça c'est beau! Un film sur une nymphomane sans sexe, c'est comme un film de Michael Bay sans explosions, c'est un peu con. Mais LVT veut aussi pointer du doigt la pression de la société et sa pseudo morale en nous montrant sans fioritures le sexe et son acte, parce que Joe est malade et la société lui fait payer sa "déviance". LVT ne juge pas son héroïne, c'est la société qui la juge. Joe fera l'expérience de ce jugement. Le sexe apporte son lot de plaisirs comme de malheurs, elle ne peut pas travailler car obsédée par le sexe (quand elle trouve un boulot, elle couche avec n'importe qui et fatalement ses collègues la jugent), elle détruira des familles car derrière chaque bite, il y a des hommes, des femmes et des enfants (une scène tragi-comique avec Uma Thurman en femme trompée est hilarante et très triste à la fois), elle ira même jusqu'à mettre de coté son enfant (même plus! Jusqu'à le mettre en danger, lançant au passage un clin d’œil à la scène d'intro d'Antichrist) et son mari pour s'adonner aux plaisirs de la chair. Tout le long de sa vie, Joe essayera de concilier son addiction et sa vie, elle souffre de sa condition et du jugement des autres, elle suivra une thérapie pour lutter contre, mais elle se rendra compte de l'hypocrisie de ses participants. elle décidera donc de s'assumer en tant que Nymphomaniac et de faire fi des jugements, au travers d'une scène très forte ou elle s'émancipe du regard de l'autre et par la même occasion de la pression morale de la société, pour vivre sa vie pleinement. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Le film dure 5h30 et c'est toute la vie de Joe qui défile sous nos yeux, ça commence dès l'enfance et sa découverte du corps, du plaisir, en passant par l'adolescence et ses expériences, suivra l'âge adulte et ses complications, puis la remise en question suivis de l'acceptation de sa condition de malade du sexe. Joe cherchera toujours plus fort, plus intense, elle passera par la domination, le sexe sauvage avec des inconnus, les plans à plusieurs avec des types bien membrés, une quête sans fin de plaisir. Elle restera toute sa vie une solitaire, elle aura un enfant et un mari, mais a t-elle vraiment connue l'amour? En fait c'est plus compliqué. Joe est très lucide, elle détache le sexe de l'amour, elle dit justement à son mari "Toi, je t'aime d'amour, tu es unique", mais lui ne comprendra pas ce besoin de coucher avec d'autres, enfin besoin façon de parler, Joe est malade, pendant un certains temps il fera l'effort et la laissera partir avec d'autres, puis la jalousie prendra le dessus, dans notre société tu ne couches qu'avec ton mari et pour Joe c'est inconcevable, ils se quitteront. Il emportera avec lui leur enfant, que Joe délaisse de toute façon, elle restera toute sa vie une paria, une dégénérescence, une erreur de la nature, à nos yeux (celle de la société), mais à ses yeux c'est une femme libre et qui terminera par s'accepter! La scène d'intro l'expose très bien, en plus d'être magnifique et ignoble. Elle commence par un jour de pluie, sur une ruelle mal éclairée et ruisselante, une impasse ou les ordures sont entreposées gît au sol une femme qui baigne dans son sang, inconsciente au milieu des poubelles. Qu'a t'elle fait pour mériter d'être laissée pour morte, ici, au milieu d'ordures d'une ruelle glauque? Rien. Juste d'être différente, à l'écart des mœurs de la société et sa pensée. Fin de la scène, la caméra plonge dans le néant, le noir absolu d'un vide ordure. Le fond sonore (du Rammstein) rajoute à la puissance, magnifique! La scène d'intro, c'est une partie de la fin du film, pendant 5h30 on essayera de comprendre comment Joe a pu arriver ici, la fin du film c'est le début de cette scène et si vous pensiez avoir vu le plus dur, détrompez vous c'est pire. Tout est parfait avec ce film, hormis peut être un passage ou elle est embauchée par William Dafoe, sinon le reste c'est de la pépite, LVT alterne avec le tragique, autant que le comique, mais aussi quelques fois de façon très poétique comme pour le passage sur son père entièrement en noir et blanc, il ratisse large sur des thèmes comme le sexe dans toute sa diversité, les mœurs, le regard accusateur et al pression de la société, la maladie, l'amour, la fidélité, la relation père/fille, l'émancipation, la nature humaine... Il y a un personnage important dont je n'ai pas parlé, c'est celui qui récupère Joe dans la rue et qui l'écoutera déballer sa vie avec beaucoup de compréhension et de compassion, apportant des éléments de comparaison très pertinents qui scinderont le film en chapitres, mais avec LVT les humains ne sont ni gentils, ni méchants et la toute fin du film nous le rappellera justement avec ce perso...j'étais sur le cul, putain ce réal, un génie. Dogville de Lars von Trier (2003) Pour beaucoup son meilleur film, LVT a accouché du scénario après 8 jours de délire total. Dogville, c'est la condition humaine (un peu manichéenne), ouais rien que ça et devant l'ampleur de la tâche, LVT s'en tire encore une fois avec brio. Dogville est une petite ville du fin fond de l'Amérique, tellement paumée que même les routes s'y arrêtent. Elle est peuplée de toutes sortes de personnages sympathiques, telle que la tenancière, une famille de paysan, la gestionnaire de l'église etc, ainsi que notre héros écrivain raté et philosophe à ses heures perdues, tout le monde s'apprécie et se connait. Ah oui, il y a aussi un chien, un peu teigneux qui aboie dès qu'on s'approche. La tranquillité et le calme de cette bourgade bucolique du bout du monde se verra chamboulée par l'arrivée de Grace, une femme qui fuit des malfrats. Recueillie par notre héros au grand cœur, il décide de la cacher en ville. Mais celle-ci étant petite, il se doit d'avertir ses occupants, ils procèdent donc à un vote, il sera en faveur de Grace, mais en échange elle devra travailler pour eux, rien de bien signifiant, juste de petites tâches par ci, par là. Le printemps arrive, Grace est heureuse, elle aide les villageois, elle tient compagnie au veille homme aveugle du village, ramasse des pommes avec le mari paysan, donne des cours aux enfants de la famille, aide la tenancière etc bref la vie est belle à Dogville. Mais ici c'est un film de LVT. Un jour d'hiver une voiture de police dépose un avis de recherche à l'encontre de Grace, tout le village est mis au courant, ils commencent à craindre pour leur sécurité et à douter de Grace. Le soupçon s’insinue en eux telle un venin, mais notre héros au grand cœur va les rassurer et ils se mettent d'accord sur une chose, si Grace veut rester, elle devra travailler plus! Grace accepte. Elle fait donc plus d'heures, travaillant avec abnégation, mais sa fatigue l'a rends moins attentive, elle fait des erreurs. Les villageois n'apprécient pas et lui font bien comprendre en l'engueulant ou la réprimandant, un cercle vicieux se met doucement en marche. Grace est coincée ici, et les villageois ont quasi un pouvoir de vie ou de mort sur elle, ils en profiteront largement, il y a une scène d'un choc extrême, quand la police vient une seconde fois et que le paysan avec qui elle cueille les pommes la cache dans sa maison...mais n'allez pas croire que c'est pour l'aider. Cette scène est d'une violence, le tout est extrêmement froid, il faut savoir une chose, LVT a choisi pour décor, une sorte de plateau théâtre minimaliste, ou les murs des maisons sont délimités par des traces au sol, il y a aussi un narrateur qui nous raconte la vie du village et de Grace tout le long du film, jamais son intonation ne changera, pas même pendant cette scène pourtant d'une violence inouïe, la voix off se contentera de décrire celle-ci avec autant de minutie que lorsque Grace ramasse de vulgaires pommes et cela sans une seule once d'émotion. Le fait de pas avoir de murs l'a rend d'autant plus anxiogène, les villageois ne voient pas ce qui passe à travers les murs, mais nous si, ça m'a rappelé l'effet de groupe, le principe de désindividuation. Ce concept vient d'un fait divers, une femme s'est fait poignarder en pleine rue devant la fenêtre de ses voisins, sans qu'il réagissent pensant (à tort) que d'autres appelleraient la police à leur place, mais personne ne le fera et la jeune femme mourra devant leurs portes, glaçant. La façon qu'à de LVT de filmer ce village est très intéressant, il y a bien sûr des prises de vue classiques et d'autre ou on voit les villageois en hauteur, comme si on était un Dieu, comme si on était un observateur et qu'on regardait les hommes faire leur vie comme à l'instar d'une colonie de fourmis dans aquarium, ajouté à la voix off ça donne un effet documentaire qui marque bien et nous fait prendre de la distance. ![]() ![]() ![]() Le personnage de Grace est touchant, elle fait figure de Christ, elle se donnera corps et âme au village, elle apportera la gaieté et la bonne humeur, toujours avec le mot juste et sa sensibilité humaniste. Grace porte bien son nom, c'est véritablement la grâce incarnée, prêt à se sacrifier pour les autres. On ne sait pas pourquoi elle est poursuivie et par qui, ça, on le saura uniquement à la fin. Grace est aussi naïve et idéaliste, ce qui lui portera préjudice...mais elle se rendra aussi compte que l'humanisme à ses limites. Grace est jouée par Nicole Kidman, elle retranscrit à merveille l'impression de pureté qui se dégage du perso, toute pâle, de blanc vêtue et fragile. Dogville c'est un film sombre sur la nature humaine, un brin pessimiste et nihiliste, il traite de thème comme la peur de l'étranger, l'effet de groupe, l'idéalisme, ce que l'homme/une communauté est capable de faire quand elle se sent en danger, c'est aussi une critique de l'Amérique (à la base le film devait s'intégrer dans une trilogie Américaine). Au fil du film Grace cédera aux pulsions les plus animales des villageois qui abuseront d'elle sans vergogne et profiteront de sa détresse, elle essayera de s'échapper en faisant confiance à quelqu'un, en vain, elle retrouvera le village plus énervé que jamais..et c'est ici que commencera la véritable descente aux enfers, la déchéance et l'asservissement de Grace est cru et difficile à regarder. La fin est nihiliste au possible, jouissif. A Dogville y'a bien que les chiens qui annoncent qui ils sont vraiment.... Dernière modification par Saink ; 16/11/2018 à 21h20. |
![]() |
|
J'ai revu There will be blood dernièrement, effectivement, on est devant le chef d'oeuvre d'Anderson. Ambiance poisseuse à la recherche de l'or noir Américain, D.Day Lewis en entrepreneur misanthrope, Paul Dano en théologien manipulateur, on a là le résumé de l'opium US, l'argent et la religion.
Mais je ne suis pas là pour parler de ce film, mais plutôt prévenir qu'un cycle Claude Chabrol est actuellement diffusé sur Arte. Il y a pour l'instant La Cérémonie, Le Boucher et Juste avant la nuit. Le cycle: https://www.arte.tv/fr/videos/RC-017162/cycle-chabrol/ La Cérémonie de Claude Chabrol (1995) ![]() Sophie jeune et mutique gouvernante débarque dans une nouvelle ville après la mort de son père, elle y trouve un emploi au sein d'une grande maison appartenant à une famille bourgeoise. Cette famille se compose du père entrepreneur, la mère ancienne mannequin aujourd'hui galeriste, du fils et de la jeune fille, la plus sensible de tous. Ce film est la rencontre et le choc de deux univers, celui de Sophie, modeste, un peu inquiétante et de l'arrogance, ainsi que de la condescendance d'un milieu bourgeois. Sophie cache plusieurs secrets, l'un d'eux, c'est qu'elle est analphabète, elle en a honte et fera tout pour le cacher. Quand l'écriture, la lecture permet de lier entre eux et comprendre les gens, son absence isole, frustre et agace Sophie. Elle a tellement en horreur les livres, qu'elle ne veut même pas épousseter la bibliothèque, préférant largement regarder la télé, les minikeums ou Paul Newman. On est là encore une fois sur une différence, Sophie aime la télé divertissement populaire par excellence, tandis que la famille aime les livres, divertissement bourgeois. La jeune gouvernante rencontrera la postière du village, qui est en conflit avec l'employeur de Sophie, ils se lieront d'amitié. Une amitié un peu ambiguë et ultra fusionnelle, Sophie passe tout son temps avec sa nouvelle amie, allant jusqu'à lui ressembler physiquement. La postière cache elle aussi, bien des secrets, l'employeur goûte peu cette relation, surtout que Sophie qui loge chez eux, l'invite régulièrement. Les relations, au début, entre Sophie et la famille quoi qu'un peu froides, sont plutôt saines. Au fur et à mesure, elles vont s'envenimer, la famille laisse quelques fois des indications écrites à Sophie, ne sachant pas lire, elle doit user de stratagèmes pour les décrypter ou dans le pire des cas les ignorer, ce qui lui vaut des réprimandes de la part du mari, qui en plus voit d'un mauvais œil sa nouvelle amie. Tout cela mènera au dénouement final, une scène déclenchera celui-ci. La jeune fille de la famille (Melinda), avenante et d'une gentillesse maladroite, va découvrir que Sophie est analphabète et lui proposer son aide, c'est l'humiliation de trop pour la gouvernante, elle le prendra comme une attaque. A partir de ce moment, s'enclenche un processus sans retour, froid et rêche, celui d'une lutte des classes. Mais c'est une vision un peu étriquée et manichéenne des choses. Sophie et sa copine sont loin d'être parfaites, la famille bourgeoise non plus, mais elle est loin d'être tyrannique. La mère paye plus qu'il ne faut Sophie, elle est aussi logée dans une pièce confortable, la famille est agréable avec la gouvernante et n'abuse pas d'elle. Melinda, la jeune fille, a toujours un mot gentil, conseil et aide souvent Sophie ou la postière. Il y a bien un peu de mépris de classe cf le débat à table sur la façon d’appeler Sophie, gouvernante, bonne ou bonniche, mais rien de spécialement dégradant. Je dirais qu'on a là un film sur l'incapacité à se comprendre. Sophie venant d'un milieu différent avec ses difficultés, n'a pas les codes pour comprendre la famille, idem pour celle-ci, elle ne comprend pas Sophie. Quand Melinda désire l'aider, elle s'y prend mal et de façon maladroite, comme Sophie qui aurait pu dire dès la première rencontre qu'elle était analphabète. Ils ne savent pas communiquer, lire les émotions, ou comprendre les sentiments d’autrui, venant de 2 mondes différents et hermétiques, au langage, aux gestes difficiles à traduire par l'une ou l'autre, fatalement la discussion et l'empathie sont impossible. La scène de fin confirmera cette scission, et terminera par l'explosion de ces deux univers. Mon premier Chabrol et un très bon film! Une fin surprenante et radicale, une ambiance froide, Huppert et Bonnaire au top, de la profondeur, un sujet d'actu, un bon moment ![]() Le Boucher de Claude Chabrol (1970) ![]() On suit deux âmes vagabondes dans un petit village du Périgord, l'occasion pour Chabrol de filmer la campagne Française et leurs habitants. D'un coté on a Popaul boucher de père en fils, père au demeurant violent et absent. Avant d'avoir les mains dans le sang et la viande, il tenait un fusil, en étant soldat en indochine, guerre qu'il l'a traumatisé et dont les conséquences psychologiques se font encore sentir. Solitaire, il est revenu dans son village après avoir servi dans l'armée. De l'autre on a Hélène, la directrice de l'école du village, c'est une femme qui souffre d'un chagrin d'amour, bienveillante et jolie, elle aime ses élèves plus que tout, elle aussi vient d'un ailleurs qu'un amour déçu a fait atterrir ici, comme Popaul, elle est seule. Avenante avec les enfants, elle garde ses distances et reste méfiante des hommes. Le film gravite autour de ces deux personnages, des jeux de séduction, de leur amour naissant dans les paysages Périgourdins. En toile de fond Chabrol raconte une autre histoire, celui d'un tueur en série qui sévit dans la région laissant derrière lui des cadavres de femmes. Le réalisateur traite le suspens comme Hitchcock aurait pu le faire, le village est petit et tout se sait très vite. L'histoire d'amour de nos deux personnages se mêlera aux crimes sordides, mais la passion triomphera. Une passion froide, calme (en apparence), étrange, celle de deux âmes meurtries et esseulées, qui cherchent en l'autre le moyen de se reconstruire, au risque de s'y perdre. Un bon thriller romantique, moins impactant que La Cérémonie. Dernière modification par Saink ; 20/02/2019 à 13h28. |
![]() |
Alpha & Oméga
|
Non ce soir, ce sera documentaire comme tous les mardis.
Le boucher et Juste avant la nuit, c'était lundi soir. |
![]() |
|
|
|
![]() |
|
|
Bon ben cela me parait pas mal de poster ici :
Ce soir sur Arte, un grand classique du Western qu'il faut avoir vu une fois pour moi : Bien évidemment réalisé par John Ford avec en héros John Wayne : La charge héroïque https://www.telerama.fr/cinema/films...ique,13318.php |
![]() |
|
|
Citation :
---------------------------------------- Pour revenir à l'essence même du topic. Love Exposure, Dir. Sion Sono (2008) ![]() Je me suis décidé à continuer mon exploration du cinéma de Sion Sono, hier soir j'ai passé 4h à regarder Love Exposure et suivre les aventures WTF de Yoko et Yu. J'en suis sorti les cheveux ébouriffés, la bave aux lèvres et légèrement sonné par toutes les images et les situations que je venais de voir. Regarder Love exposure, c'est prendre place dans un grand 8, le genre à te faire valdinguer dans tous les sens, à te faire passer par différentes sensations et émotions, pour à la fin, ré-atterrir sur terre avec un sourire béat au coin du visage et complètement étourdi. Le long métrage va très vite et très loin. On a une secte, de la religion, de l'amour adolescent, des petites culottes photographiées, un club de pervers, un travesti, des giclées de sang, une psychopathe. On y parle relation père/fils, relation et endoctrinement à la religion/secte, une critique de celle-ci en filigrane, une mise en lumière du mal être adolescent, une jolie histoire d'amour, une réflexion intéressante sur le sexe et surtout une société Japonaise avec ses travers ausculté par la caméra du réalisateur. Love exposure ne se prend pas au sérieux. Sion Sono pousse le wtf au maximum sans jamais en 4h tomber dans le ridicule, même la partie ou il s’entraîne à photographier sous les jupes, c'est vulgaire mais très drôle, très Japonnais en fait, j'ai ri plusieurs fois et pourtant j'suis mauvais public à ce sujet. Le long métrage n'est pas qu'une suite de moments absurdes, il y aussi de très beaux passages notamment avec Yoko, celui ou elle parle des guerres et des balles invisibles (entendre par là qu'il n'y a pas besoin d'arme pour blesser quelqu'un, des mots/actions/ou absence d'actions suffisent), celui dans le van plus contemplative ou la fin à l'asile. Sion Sono raconte une histoire, ça va dans tous les sens, sans jamais lui échapper! Il maîtrise son sujet sans jamais céder à la facilité ou à la bouffonnerie, on rigole, on pleure, on s'agrippe à son siège, bref de l'excellent travail! Un très bon moment, franchement rafraîchissant, ça change des films d'auteurs très carré et austère, mon préféré du réal. Je vais continuer à explorer sa filmo. Faust, Dir. Alexandre Sokourov (2011) ![]() Long métrage librement inspiré du roman de Goethe. Cela fait un moment que je voulais voir le cinéma de Sokourov, j'en ai lu énormément de bien et son travail rejoignait pas mal mes attentes en la matière. Déjà esthétiquement le film est sublime, l'image est dans un format particulier, elle est en plus quelques fois brouillée, distordue ce qui fait que l'on oscille entre le rêve, le cauchemar et la réalité. La lumière aide aussi beaucoup, différents filtres altéreront celle-ci. Ca donne un effet poisseux, brumeux, sale ou quelques fois mystique notamment quand il filme la demoiselle en gros plan, elle baigne dans une lumière douce, très légère, en apesanteur, et ses lèvres..magnifiques. Le début donne le ton, on voit le professeur disséquer un cadavre en débattant sur la vie avec son assistant, on alternera avec l'horreur, le burlesque, on rigole quelques fois, il y a aussi une touche de fantastique. Le film est très intellectuel et austère. On suit le cheminement d'un professeur cynique et désabusé, la traversée de la ville sera l'occasion d'un débat sur la vie, la mort, les hommes, la guerre, la religion etc. On visitera différents lieux ou l'homme de lettres et le diable discuteront philosophie, science, astronomie, c'est dense et il faut le dire, difficile à suivre. Bref une expérience originale, particulière et à l’accès compliqué. Le long métrage a des qualités formelles indéniables, le fond est aussi travaillé que la forme. J'ai été largué plusieurs fois, ce qui m'a pas empêché de pleinement en profiter et surtout du au fait qu'il me manque une carte pour comprendre le cinéma de Sokourov, sachant que Faust est le dernier volet d'une tétralogie comportant Moloch (film sur Hitler), Taurus (sur Lénine), Le Soleil (sur Hirohito) avec pour thème le totalitarisme et ses figures, mais surtout le mal. Du coup j'ai fait un peu les choses à l'envers, ce qui n'a pas du aider à la compréhension. Enfin, je voulais le voir depuis longtemps, voilà qui est chose faite! J'en suis un peu déçu, mais la cause est mon manque d’expérience. Il reste des choses à apprendre, Sokourov vient de me le dire. Baby Cart, Dir. Kenji Misumi (1972) ![]() L'histoire d'un samouraï déchu, exécuteur officiel du Shogun, il jouissait d'une place assez haute dans la société, des privilèges et de beaux vêtements forcément ça attire la convoitise. Des nobles fomenteront un complot contre lui, ils en profiteront pour assassiner sa femme et l'accuser de comploter contre le Shogun. Bien entendu notre héros badass ne se laissera pas faire, d'autant qu'il est un expert du katana et dans l'art de tuer, suite à cette altercation il sera banni, depuis il parcourt les routes du japon en quête de vengeance avec sa poussette et son seul fils, un petit garçon. Il se fait appeler Le loup à l'enfant. La saga Baby Cart est l'exemple type de film Jap appelé chanbara. L'histoire n'est pas dingue, de toute façon on ne regarde pas ces films pour ça. Il sera question de complot d'état, de bandit sanguinaire etc, du classique. On regarde plutôt ces longs métrages pour les combats et le héros surpuissant, taciturne qui osef de tout, il n'est pas là pour sauver la veuve et l’orphelin d'ailleurs on peut se faire violer/trucider devant lui, si il a décidé de ne pas bouger, il en fera rien. Les combats au sabre son excellents, les bruitages vintage typique du genre rajoute à l'effet, les têtes volent, les jambes, les doigts, il y a des giclées de sang bien rouge, ça découpe dans tous les sens, les poses, les chorégraphies en combat et notre anti-héros sont grave stylés. Bref du très bon film d'action, bien mis en scène, pas manichéen pour un sou. Bref j'kiff Baby Cart l'homme à la poussette. J'ai vu les deux premiers pour le moment, le 2 est déjà un level au dessus, me tarde de voir les 3 autres, ils durent en moyenne 1h20 autant dire que ça s’enchaîne vite. |
![]() |
|
Merci pour vos recommandations, c'est bien aimable
![]() Citation :
Ce film est énorme, ce n'est pas mon avatar pour rien, il faut je le foute dans mon top d'ailleurs, il m'a durablement marqué! Concernant le réal, si t'as aimé, tu aimeras Why Don't You Play in Hell? qui est dans la même veine, et dans un registre totalement différent, mais aussi bon, Cold Fish. Love Exposure reste quand même son chef-d'oeuvre. Je laisse une ancienne critique, d'un très bon biopic sur un peintre Coréen. Ivre de femme et de peinture Dir.Im Kwon-taek (2002) ![]() Quelques fois, par hasard, on tombe sur un film qui nous retourne, Ivre de Femmes et de Peinture en fait assurément parti. C'est un biopic sur le père de l'art moderne Coréen, Jang Seung-eop né en 1843. A ne pas confondre avec l'art moderne occidentale, là il est question d'un art typiquement Asiatique, c'est à dire un art ou la nature a une très grande importance, elle en est le principal sujet, idem pour la peinture on ne parle pas du même médium, ici c'est de l'encre et principalement de l'estampe avec une palette de couleur ultra limitée qui est utilisée par les artistes. Le tout prend place sous l'ère Chosun, après 5 siècles le pays et la dynastie subit des révoltes en interne, la corruption de l'aristocratie exacerbe les esprits, la société s'agite, les paysans se rebellent, des voix dissidentes se font entendre, la religion Chrétienne importée par l'occident met à mal les traditions. C'est dans cette période mouvementée de l'histoire Coréenne que naît notre artiste, orphelin doté d'un don pour le dessin, il trouvera refuge chez des religieux qui lui apprendront à maîtriser son art, chose dont il sera capable rapidement tant son talent est immense, aussi immense que son caractère impétueux et irrévérencieux, son arrogance, sa soif de femme, d'alcool et surtout de perfection artistique. Il travaillera d'arrache-pied, observant inlassablement la nature, scrutant le moindre battement d'ailes, pour être le plus fidèle, le plus précis. Une quête inlassable de perfection et un homme insatiable, qui traversera le pays vivant tantôt en couple, tantôt en professeur de renom et un autre temps en ermite, ou résidant à la cour du roi. Un esprit résolument moderne en avance sur son temps, qui mettra à mal les conventions aussi bien artistiques que sociétales. Mais le film n'est pas qu'une très belle histoire, c'est aussi un long métrage très esthétique ou la nature justement est magnifiée grâce à une image superbe, elle fait écho à l'art de l'estampe et l'omniprésence de celle-ci dans l'art Coréen et plus largement Asiatique, le réalisateur a su la mettre en avant d'une très belle façon. Les costumes et décors sont très beaux, on s'y croirait vraiment. Le contexte est lui aussi très intéressant, une période charnière de l'histoire du pays se déroule en toile de fond et les mouvements agitant la société a aussi une incidence sur la vie artistique, sur notre héros et les artistes. Un très bon/beau film, complet sur tous les points. Pour l'anecdote on ne sait pas si l'artiste est mort, depuis le temps oui c'est certain, mais on a jamais retrouvé son cadavre, il est juste parti un soir d'hiver on ne sait ou. La légende raconte que déçu, il s'en alla mourir dans la montagne, auprès de la nature. Vous êtes sur SC? Je laisse mon profil ici > https://www.senscritique.com/Saink |
![]() |
Hervé Toinnemmays |
Voir le profil public |
Trouver plus de messages par Hervé Toinnemmays |
Suivre Répondre |
Fil d'ariane
Connectés sur ce fil1 connecté (0 membre et 1 invité)
Afficher la liste détaillée des connectés
|