Les films pas du moment

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Je n'ai pas vu de sujet récent à propos de ces films qui ne viennent pas de sortir mais desquels on a quand même envie de parler.
Personnellement je ne suis plus très séries, j'en regarde de moins en moins par contre je regarde de plus en plus de films.

Je pensais donc créer ce thread pour des chroniques courtes de ces films pas forcément récents que j'ai aimé (ou non), vous pouvez en faire de même (ou pas si vous avez la flemme lel).
Tous les films sont acceptés (même les marveleries), faut juste que ça ne soit pas un "film du moment".

Je commence donc par

Peppermint Candy (1999) : Après le visionnage de Burning (excellent film coréen sorti cette année), je me suis intéressé à la filmographie de Lee Chang Dong, ce Peppermint Candy a tout de suite retenu mon attention, pour son pitch, et sa structure narrative à ordre chronologique inversé qui rappelle celle de Memento ou d'Irréversible.

On suit donc la vie de Yongho, le début étant la fin, la séquence d'ouverture s'ouvre sur
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le suicide de Yongho en 1999
Le film retrace assez subtilement les moments marquants de sa vie par flashbacks sous forme de chapitre jusqu'en 1979, vingt ans plus tôt donc, chaque chapitre s'ouvre sur une très belle séquence à rebours d'un train qui roule (qui fait suite au train de la première séquence). On creuse le passé de Yongho et l'on comprend vite qu'il s'agit avant tout de l'histoire d'un homme éreinté par un passé trop lourd à porter, Yongho est un parfait connard et l'objet du film est de comprendre son passage à l'acte mais aussi et surtout son évolution, les racines du mal en quelques sortes, sans échapper à un portrait au vitriol de la société sud-coréenne post dictature. La mise en scène est sobre et élégante, l'interprétation est sans faille, comme Memento on est vite pris au jeu. Au final j'ai trouvé Peppermint Candy bien moins creux que Memento, bien plus fort dans le propos et l'impact émotionnel. Un très bon film, je recommande.

Dernière modification par SansNom ; 15/11/2018 à 12h59.
The Hill (1965, UK) : Film de Sydney Lumet (12 hommes en colère) en N&B découvert par hasard en fouillant sa filmo... je suis bien tombé ! Le pitch donc : Pendant la seconde guerre mondiale, cinq soldats anglais, dont Joe Roberts, un gradé qui a punché son supérieur joué par Sean Connery , ont commis des fautes graves (désertion, vol de matos etc) et sont envoyés dans un camp disciplinaire dans le désert libyen pour purger leur peine. Ils vont être pris en charge (matés en vrai) par un sergent sadique couvert par un Adjudant complètement timbré, un médecin mollasson et un commandant absent. Sorte de huit clos à l'échelle d'un camp de prisonniers, le propos est tout aussi politique que 12 hommes en colère mais bien plus pessimiste et sombre. Les acteurs sont excellents, mention spéciale à Harry Andrews qui joue un Adjudant chef implacable et complètement borné, la réalisation, dynamique, est particulière pour l'époque j'ai l'impression avec des plans en contre plongée parfois biscornus mais ça fonctionne bien, les dialogues sont excellents, le film haletant, la tension va crescendo et la dernière séquence est explosive (et géniale).
J'ai vu Salyut-7 ce soir, sorti en 2017 (ultra vieux donc), film russe sur le sauvetage d'une station spatiale par les russes pendant la guerre froide. C'est basé sur des faits réels mais toute une partie, notamment la fin, est très romancée. Je conseille vivement aux amateurs d'espace de le voir, même si le film est un peu long à décoller (), certains plans sont très beaux, avec quelques scènes sont vraiment intenses, c'est une excellente surprise!
Très bon thread qui manquait!

Mon dernier coup de cœur en date sur les sacrifiés de la société spectacle, The Wrestler de Darren Aronofsky (2008). Un long métrage touchant sur un ancien catcheur star se raccrochant à sa célébrité passée au point de mettre en péril sa santé et sa vie de famille, un Mickey Rourke buriné et cabossé jouant admirablement bien la star déchue, y'a d'ailleurs un certain écho avec sa propre carrière et une mise en abîme intéressante.

L'envers du décor de la société spectacle est montrée sans complaisance, les anciens catcheurs en perditions se shootant à la testo, les corps qui ne suivent plus, le retour difficile à l'anonymat et la vie civile..inconcevable pour beaucoup, et aussi une immersion dans la pratique du catch, qui est une discipline tout en effet, son et lumière avec sa part d'ombre (il y a souvent des blessures, surtout quand on vieillit). Bref un très beau film sur un oiseau de nuit voulant toujours être sous les projecteurs, au risque de s'y brûler les ailes.

Pique-Nique à Hanging Rock de Peter Weir (1975), film mystique sur des adolescentes virginales qui se perdront dans une montagne pendant un pique-nique lors de la Saint-Valentin, (tiré d'une histoire vraie).

L'ambiance est l'atout principal du long métrage, il y a aussi l'étrangeté des adolescentes et des rapports qu'elles entretiennent les unes aux autres avec une forte tension sexuelle (même si cela n'est pas explicitement dit, les mœurs n'étant pas les mêmes qu'aujourd’hui), étrange aussi du coté du pensionnat, lieu bizarre ou l'autorité est tenue par des femmes assez sadiques et intransigeantes, ou l'émancipation des jeunes filles est étouffées, restreintes. La B.O à la flûte de pan est envoûtante et rajoute à l'effet, il y aussi une certaine mélancolie. A noter que le film a inspiré Virgine Suicides, il y a beaucoup d'éléments qui m'ont rappelé le long métrage de Coppola. Une réalisation qu l'on regarde avant tout pour son ambiance singulière.

Sans Toit ni loi, d'Agnès Varda (1985). Sorte de docu fiction sur une jeune SDF ayant choisie la liberté avec tous les avantages et les désavantages que cela engendre, une jeune femme forte avec du caractère qui vit sa vie pleinement, elle loge ici et là, fait des rencontres, c'est d'ailleurs les témoignages face caméra des personnes qu'elle croisera qui émailleront tout le film.

Cette femme passe dans la vie de ces gens comme un feu follet, un coup présente le lendemain déjà sur les routes, complètement disparue et surtout indépendante, une personne qui n’accepte pas les carcans qu'on lui impose et les modèles de société qu'on lui propose, elle va au grès des vents, des routes, quitte parfois...à se mettre en danger. Parce que la totale liberté a aussi un prix et le monde du dehors est parfois hostile, elle l'apprendra à ses dépends. Son cadavre est découvert au début du long métrage, morte de froid, complètement anonyme, pendant tout le long du film les gens qu'elle rencontrera dresseront un portrait de celle-ci, histoire de mettre un visage, une histoire sur cette personne. Sandrine Bonnaire est admirable en sauvage magnifique

Le Diable Probablement de Robert Bresson (1977). J'admire Bresson pour son cinéma révolutionnaire tout en geste et non-dit, pour l'épuration de la forme ou les acteurs ne servent à rien et ou prévaut le médium cinématographique et sa capacité à raconter une histoire, faire vivre et chanter les émotions.

Ici un film éminemment pessimiste voir nihiliste, on suit un jeune homme après mai 1968 qui a vu ses espoirs déçus, profondément désespéré il voit la société se désagréger, le capitalisme écrasant les hommes et la planète, sa réflexion et son cheminement mèneront à un point qui nous est raconté au début du film via une coupure de presse, son suicide. On le verra déambuler dans une société qu'il ne comprend plus, discuter avec ses ami(e)s qui eux gardent espoir ou son médecin qui a une approche très scientifique de la chose (il lui prescrit dans anxiolytiques..), ils seront tous amenés à partager sur l'état du monde et pourquoi pas le faire changer d'avis, un parcours autant spirituel que philosophique ou la seule issue semble être la mort.

Bresson prend toujours des acteurs amateurs et très jeune, parce que la jeunesse est vecteur d'espoir et amateur parce qu'il ne parasite pas le récit par leur jeu, ainsi il se concentre sur l'essentiel, les gestes surtout, mais aussi l'histoire. Cela peut rebuter et donne un aspect très froid aux longs métrages. Pour ma part, j'ai adoré, Bresson étant l'un de mes cinéastes préféré, il n'a pas vraiment de mal à me convaincre.
Sans vraiment le vouloir, je me suis fait récemment une sorte de thématique seconde guerre mondiale et nazis. Qu'est-ce qu'on se marre à la maison.

On va commencer par The Sound of Music, une comédie musicale de 1965 par Robert Wise. Ce qui m'a le plus marqué, outre son final qui est vraiment très bien, c'est le nombre de musiques que je connaissais sans en connaitre l'origine. Par exemple, le générique de la série The Man in the High Castle est une musique très importante dans ce film. Seul bémol, la longueur qui, couplée à un montage et un rythme à l'ancienne, rend les 3 heures que le film dure, parfois un peu pénible. Mais alors, rien que pour le final et Christopher Plummer jeune, ça vaut le coup de souffrir un peu.

J'ai vu Le monocle noir, un petit film de 1961 de Georges Lautner. En gros c'est l'histoire d'espions et de nostalgiques d'une Europe plus blanche qui attendent l'arrivée d'un ancien haut gradé nazis. Les uns pour l'arrêter, les autres pour qu'il les aide à lancer une révolution. C'est pas un grand film mais y a quelques bonnes idées et un twist final assez sympa. C'est un film qui a eu des suites que je n'ai pas vu.

Un coup de coeur. Le repas des fauves, huis clos de 1964 de Christian-Jaque. Une bande d'amis, dont certains sont borderline collabos, se réunissent pour fêter l'anniversaire de l'une d'eux. Deux soldats allemands sont tués au pied de leur immeuble. Un SS leur dit que sur les 7, il en tuera 2, mais comme il n'est pas un salop, il les laisse choisir eux-mêmes qui il tuera. Et pendant tout le film les mecs se tirent dans les pattes avec une mauvaise foi incroyable, tentent de négocier, font appel à leurs "amis" allemand, etc. Même si le film souffre de son âge -les dialogues pourraient être plus percutant par moment- ça reste à mes yeux un petit bijou méconnu.

On fait un saut dans le temps avec Le fils de Saul. Film de 2015 de László Nemes. Quelle claque. Le fils de Saul ou comment se servir de ses restrictions budgétaires pour servir son propos. Un américain aurait reconstruit le camp. On aurait eu de longs travelling, de jolis plans bien travaillés, pas là. Là la caméra est collée en permanence au personnage principal. On étouffe. On se sent écrasé par ce format. Les images sont dures. L'histoire est poignante. Un très grand film.

Plus anecdotique, même si l'histoire qui y est racontée est en gros celle du Fils de Saul, The Eichmann Show. Film de 2015 lui aussi qui nous parle des hommes qui ont filmé le procès du criminel de guerre et salop nazi Adolf Eichmann. Le film en lui-même est très académique, pas très intéressant, mais les témoignages. Oh mon Dieu les témoignages des survivants des camps qui nous racontent en détail ce qu'ils ont vécu. On est à la limite du documentaire avec les images d'archives. C'est au final un film qui n'a d'intérêt que dans ses parties qui nous montrent les témoins malheureux de l'Histoire. Un film à montrer dans les écoles, que nos gamins n'oublient jamais de quoi l'Homme est capable. Les images d'archives m'ont bouleversé.

Et pour finir, pour détendre l'atmosphère, The Producers (1967) de Mel Brooks. Un producteur véreux de Broadway s'associe avec son nouveau comptable avec l'objectif de monter la pire production possible car ils se sont rendus compte qu'ils gagneraient plus d'argent comme ça qu'avec un succès. La pièce qu'ils montent est grandiose. Du génie.

@Nyu
De ta liste j'ai vu le fils de Saul, effectivement l'immersion est dingue du entre autre à la caméra.

Je retourne voir The House that Jack Built Lundi vu qu'il passe dans mon ciné de campagne, l'occasion de me refaire sa filmo!

Nymphomaniac 1 & 2: Director's cut de Lars von Trier (2013)

(La version director's cut est indispensable pour profiter et comprendre pleinement le film de LVT, sans cela le long métrage est vraiment dénaturé et n'a pas l'impact escompté)

J'apprécie beaucoup Nymphomaniac que je classe aisément au panthéon de mes meilleures expériences cinématographiques comme une bonne partie de sa filmographie. Le réal a cette capacité de proposer des longs métrages cathartiques comparable aux tragédies grecques, c'est ce que j'aime dans son travail.

Petit topo pour situer et comprendre la démarche du réalisateur.

Lars von Trier sonde l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus vulgaire, de plus méchant, de plus immorale, le bien et le mal, le noir et le blanc n'existe pas chez lui, il représente les humains telles qu'ils sont, des gens kaléidoscopes, qui peuvent aussi bien te tendre la main, que te la mordre. Il rend tout ça sublime, derrière sa caméra ces éléments deviennent beauté!

Le réalisateur traîne avec lui beaucoup de pathologies, agoraphobe, dépressif chronique, phobies diverses et variés (il se déplace uniquement en camping-car, il a peur de l'avion), dépendant aux médocs, à la drogue ou l'alcool, il dit lui même qu'il est maudit et que seul le cinéma lui fait du bien, le reste, la vie entre autre lui fait peur.

Cela se ressent dans sa filmo, avec Melancholia il traite de la dépression, il utilisera ce film et Antichrist comme exutoire et pansement à ses propres névroses. Pour Dogville il s'enferme 1 semaine dans une chambre d’hôtel avec pour compagnon du whisky et d'autres drogues, il écrit le script d'une traite comme pris de transe, il dira lui même que c'était trop éprouvant.

Mais rassurez vous il s'est calmé depuis, il jardine, il reste tjrs aussi pessimiste sur ce qu'il l'entoure, mais il va mieux

Lars Von trier a une façon de filmer bien à lui, hérité du Dogme95 (qu'il a lui même créé), qui consiste à filmer caméra à l'épaule de façon naturaliste, pour être au plus proche de ses personnages et de l'action. Auparavant très présente, elle l'est moins dans ses derniers films.

Citation :
Le Dogme95 est lancé en réaction aux superproductions anglo-saxonnes et à l'utilisation abusive d'artifices et d'effets spéciaux aboutissant à des produits formatés, jugés lénifiants et impersonnels. Le but du Dogme95 est de revenir à une sobriété formelle plus expressive, plus originale et jugée plus apte à exprimer les enjeux artistiques contemporains. Dépouillés de toute ambition esthétique et en prise avec un réel direct, les films qui en découlent cristallisent un style vif, nerveux, brutal et réaliste, manifesté généralement par un tournage entrepris avec une caméra 35mm portée au poing ou à l'épaule et avec improvisation de plusieurs scènes.

Vœu de chasteté

Je jure de me soumettre aux règles qui suivent telles qu'édictées et approuvées par Dogme 95.

Le tournage doit être fait sur place. Les accessoires et décors ne doivent pas être apportés (si l'on a besoin d'un accessoire particulier pour l'histoire, choisir un endroit où cet accessoire est présent).
Le son ne doit jamais être réalisé à part des images, et inversement (aucune musique ne doit être utilisée à moins qu'elle ne soit jouée pendant que la scène est filmée).
La caméra doit être portée à la main. Tout mouvement, ou non-mouvement possible avec la main est autorisé. (Le film ne doit pas se dérouler là où la caméra se trouve ; le tournage doit se faire là où le film se déroule).
Le film doit être en couleurs. Un éclairage spécial n'est pas acceptable. (S'il n'y a pas assez de lumière, la scène doit être coupée, ou une simple lampe attachée à la caméra).
Tout traitement optique ou filtre est interdit.
Le film ne doit pas contenir d'action de façon superficielle. (Les meurtres, les armes, etc. ne doivent pas apparaître).
Les détournements temporels et géographiques sont interdits. (C'est-à-dire que le film se déroule ici et maintenant).
Les films de genre ne sont pas acceptables.
Le format de la pellicule doit être le format académique 35mm.
Le réalisateur ne doit pas être crédité.
Lars von Trier annonce vouloir faire un film porno avec Nicole Kidman et Charlotte Gainsbourg lors de la présentation à Cannes d'Antichrist, tollé général dans l'assemblée et moqueries de circonstances, Lars n'est pas à son premier coup d'éclat, il aime bien bousculer et balancer des phrases chocs (quelques fois maladroites, il faut le dire), c'est son coté joueur...

Quoi qu'il en soit il lance le film sans Kidman, mais garde Charlotte Gainsbourg et Shia LaBeouf pour le rôle masculin. A sa sortie scandale, censure etc

Effectivement on voit des bites, des vagins, du sexe en gros plan ou non, dans toutes les formes..ah bah le sexe oui c'est sale (il parait), c'est tabou, mais il ne faut pas croire que c'est du porno, j'ai jamais ressenti une once d’excitation en regardant Nymphomaniac, bien au contraire.

On suit le parcours d'une nymphomane auto-diagnostiqué dès son plus jeune âge à sa vie d'adulte, le film commence, la jeune Joe (elle porte un prénom d'homme ), s'amuse avec sa copine dans une salle de bain et découvre le plaisir qu'apporte de jouer avec sa vulve, elle a 7/8 ans, l'âge à laquelle l'enfant découvre son corps et l'explore. Joe apprécie cela et recherchera ce plaisir toute sa vie.

Nymphomaniac au travers de Joe explore toutes les facettes du sexe pratiqué par les hommes, ses plaisirs variés (masturbation, SM, sexe à plusieurs, adultère...), ce film est un véritable recueil de la pratique sexuelle dans son ensemble, même les plus déviantes. Il sera question de relation incestueuse, de pédophilie, de la découverte du sexe au plus jeune âge, de l'adolescence et ses mœurs légères. Bref le sexe est l'élément principale du film, alors comment faire un film sur une nymphomane si on ne montre pas de bite, de chatte, de cul, de gros plan scabreux, par ex Shame traite du même thème mais montre très peu de scènes explicites de sexe.

Nymphomaniac c'est le contraire, Lars Von Trier veut montrer la maladie de Joe et en profite en même temps pour nous montrer ce qu'est le sexe dans toute sa panoplie et ça c'est beau! Un film sur une nymphomane sans sexe, c'est comme un film de Michael Bay sans explosions, c'est un peu con.

Mais LVT veut aussi pointer du doigt la pression de la société et sa pseudo morale en nous montrant sans fioritures le sexe et son acte, parce que Joe est malade et la société lui fait payer sa "déviance". LVT ne juge pas son héroïne, c'est la société qui la juge.

Joe fera l'expérience de ce jugement. Le sexe apporte son lot de plaisirs comme de malheurs, elle ne peut pas travailler car obsédée par le sexe (quand elle trouve un boulot, elle couche avec n'importe qui et fatalement ses collègues la jugent), elle détruira des familles car derrière chaque bite, il y a des hommes, des femmes et des enfants (une scène tragi-comique avec Uma Thurman en femme trompée est hilarante et très triste à la fois), elle ira même jusqu'à mettre de coté son enfant (même plus! Jusqu'à le mettre en danger, lançant au passage un clin d’œil à la scène d'intro d'Antichrist) et son mari pour s'adonner aux plaisirs de la chair.

Tout le long de sa vie, Joe essayera de concilier son addiction et sa vie, elle souffre de sa condition et du jugement des autres, elle suivra une thérapie pour lutter contre, mais elle se rendra compte de l'hypocrisie de ses participants. elle décidera donc de s'assumer en tant que Nymphomaniac et de faire fi des jugements, au travers d'une scène très forte ou elle s'émancipe du regard de l'autre et par la même occasion de la pression morale de la société, pour vivre sa vie pleinement.

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Le film dure 5h30 et c'est toute la vie de Joe qui défile sous nos yeux, ça commence dès l'enfance et sa découverte du corps, du plaisir, en passant par l'adolescence et ses expériences, suivra l'âge adulte et ses complications, puis la remise en question suivis de l'acceptation de sa condition de malade du sexe. Joe cherchera toujours plus fort, plus intense, elle passera par la domination, le sexe sauvage avec des inconnus, les plans à plusieurs avec des types bien membrés, une quête sans fin de plaisir.

Elle restera toute sa vie une solitaire, elle aura un enfant et un mari, mais a t-elle vraiment connue l'amour? En fait c'est plus compliqué. Joe est très lucide, elle détache le sexe de l'amour, elle dit justement à son mari "Toi, je t'aime d'amour, tu es unique", mais lui ne comprendra pas ce besoin de coucher avec d'autres, enfin besoin façon de parler, Joe est malade, pendant un certains temps il fera l'effort et la laissera partir avec d'autres, puis la jalousie prendra le dessus, dans notre société tu ne couches qu'avec ton mari et pour Joe c'est inconcevable, ils se quitteront. Il emportera avec lui leur enfant, que Joe délaisse de toute façon, elle restera toute sa vie une paria, une dégénérescence, une erreur de la nature, à nos yeux (celle de la société), mais à ses yeux c'est une femme libre et qui terminera par s'accepter!

La scène d'intro l'expose très bien, en plus d'être magnifique et ignoble. Elle commence par un jour de pluie, sur une ruelle mal éclairée et ruisselante, une impasse ou les ordures sont entreposées gît au sol une femme qui baigne dans son sang, inconsciente au milieu des poubelles. Qu'a t'elle fait pour mériter d'être laissée pour morte, ici, au milieu d'ordures d'une ruelle glauque? Rien. Juste d'être différente, à l'écart des mœurs de la société et sa pensée. Fin de la scène, la caméra plonge dans le néant, le noir absolu d'un vide ordure. Le fond sonore (du Rammstein) rajoute à la puissance, magnifique!

La scène d'intro, c'est une partie de la fin du film, pendant 5h30 on essayera de comprendre comment Joe a pu arriver ici, la fin du film c'est le début de cette scène et si vous pensiez avoir vu le plus dur, détrompez vous c'est pire.

Tout est parfait avec ce film, hormis peut être un passage ou elle est embauchée par William Dafoe, sinon le reste c'est de la pépite, LVT alterne avec le tragique, autant que le comique, mais aussi quelques fois de façon très poétique comme pour le passage sur son père entièrement en noir et blanc, il ratisse large sur des thèmes comme le sexe dans toute sa diversité, les mœurs, le regard accusateur et al pression de la société, la maladie, l'amour, la fidélité, la relation père/fille, l'émancipation, la nature humaine...

Il y a un personnage important dont je n'ai pas parlé, c'est celui qui récupère Joe dans la rue et qui l'écoutera déballer sa vie avec beaucoup de compréhension et de compassion, apportant des éléments de comparaison très pertinents qui scinderont le film en chapitres, mais avec LVT les humains ne sont ni gentils, ni méchants et la toute fin du film nous le rappellera justement avec ce perso...j'étais sur le cul, putain ce réal, un génie.

Dogville de Lars von Trier (2003)

Pour beaucoup son meilleur film, LVT a accouché du scénario après 8 jours de délire total. Dogville, c'est la condition humaine (un peu manichéenne), ouais rien que ça et devant l'ampleur de la tâche, LVT s'en tire encore une fois avec brio.

Dogville est une petite ville du fin fond de l'Amérique, tellement paumée que même les routes s'y arrêtent. Elle est peuplée de toutes sortes de personnages sympathiques, telle que la tenancière, une famille de paysan, la gestionnaire de l'église etc, ainsi que notre héros écrivain raté et philosophe à ses heures perdues, tout le monde s'apprécie et se connait. Ah oui, il y a aussi un chien, un peu teigneux qui aboie dès qu'on s'approche.

La tranquillité et le calme de cette bourgade bucolique du bout du monde se verra chamboulée par l'arrivée de Grace, une femme qui fuit des malfrats.

Recueillie par notre héros au grand cœur, il décide de la cacher en ville. Mais celle-ci étant petite, il se doit d'avertir ses occupants, ils procèdent donc à un vote, il sera en faveur de Grace, mais en échange elle devra travailler pour eux, rien de bien signifiant, juste de petites tâches par ci, par là.

Le printemps arrive, Grace est heureuse, elle aide les villageois, elle tient compagnie au veille homme aveugle du village, ramasse des pommes avec le mari paysan, donne des cours aux enfants de la famille, aide la tenancière etc bref la vie est belle à Dogville.

Mais ici c'est un film de LVT.

Un jour d'hiver une voiture de police dépose un avis de recherche à l'encontre de Grace, tout le village est mis au courant, ils commencent à craindre pour leur sécurité et à douter de Grace. Le soupçon s’insinue en eux telle un venin, mais notre héros au grand cœur va les rassurer et ils se mettent d'accord sur une chose, si Grace veut rester, elle devra travailler plus! Grace accepte.

Elle fait donc plus d'heures, travaillant avec abnégation, mais sa fatigue l'a rends moins attentive, elle fait des erreurs. Les villageois n'apprécient pas et lui font bien comprendre en l'engueulant ou la réprimandant, un cercle vicieux se met doucement en marche.

Grace est coincée ici, et les villageois ont quasi un pouvoir de vie ou de mort sur elle, ils en profiteront largement, il y a une scène d'un choc extrême, quand la police vient une seconde fois et que le paysan avec qui elle cueille les pommes la cache dans sa maison...mais n'allez pas croire que c'est pour l'aider.

Cette scène est d'une violence, le tout est extrêmement froid, il faut savoir une chose, LVT a choisi pour décor, une sorte de plateau théâtre minimaliste, ou les murs des maisons sont délimités par des traces au sol, il y a aussi un narrateur qui nous raconte la vie du village et de Grace tout le long du film, jamais son intonation ne changera, pas même pendant cette scène pourtant d'une violence inouïe, la voix off se contentera de décrire celle-ci avec autant de minutie que lorsque Grace ramasse de vulgaires pommes et cela sans une seule once d'émotion.

Le fait de pas avoir de murs l'a rend d'autant plus anxiogène, les villageois ne voient pas ce qui passe à travers les murs, mais nous si, ça m'a rappelé l'effet de groupe, le principe de désindividuation. Ce concept vient d'un fait divers, une femme s'est fait poignarder en pleine rue devant la fenêtre de ses voisins, sans qu'il réagissent pensant (à tort) que d'autres appelleraient la police à leur place, mais personne ne le fera et la jeune femme mourra devant leurs portes, glaçant.

La façon qu'à de LVT de filmer ce village est très intéressant, il y a bien sûr des prises de vue classiques et d'autre ou on voit les villageois en hauteur, comme si on était un Dieu, comme si on était un observateur et qu'on regardait les hommes faire leur vie comme à l'instar d'une colonie de fourmis dans aquarium, ajouté à la voix off ça donne un effet documentaire qui marque bien et nous fait prendre de la distance.

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Le personnage de Grace est touchant, elle fait figure de Christ, elle se donnera corps et âme au village, elle apportera la gaieté et la bonne humeur, toujours avec le mot juste et sa sensibilité humaniste. Grace porte bien son nom, c'est véritablement la grâce incarnée, prêt à se sacrifier pour les autres. On ne sait pas pourquoi elle est poursuivie et par qui, ça, on le saura uniquement à la fin. Grace est aussi naïve et idéaliste, ce qui lui portera préjudice...mais elle se rendra aussi compte que l'humanisme à ses limites.

Grace est jouée par Nicole Kidman, elle retranscrit à merveille l'impression de pureté qui se dégage du perso, toute pâle, de blanc vêtue et fragile.

Dogville c'est un film sombre sur la nature humaine, un brin pessimiste et nihiliste, il traite de thème comme la peur de l'étranger, l'effet de groupe, l'idéalisme, ce que l'homme/une communauté est capable de faire quand elle se sent en danger, c'est aussi une critique de l'Amérique (à la base le film devait s'intégrer dans une trilogie Américaine).

Au fil du film Grace cédera aux pulsions les plus animales des villageois qui abuseront d'elle sans vergogne et profiteront de sa détresse, elle essayera de s'échapper en faisant confiance à quelqu'un, en vain, elle retrouvera le village plus énervé que jamais..et c'est ici que commencera la véritable descente aux enfers, la déchéance et l'asservissement de Grace est cru et difficile à regarder. La fin est nihiliste au possible, jouissif.

A Dogville y'a bien que les chiens qui annoncent qui ils sont vraiment....

Dernière modification par Saink ; 16/11/2018 à 21h20.
De bonnes recommandations sur ce thread, je vais cocher Salyut 7, le fils de Saul, le repas des fauves et Dogville que j'ai toujours pas vu.

There will be blood (2007, US) : Le chef d'oeuvre de Paul Thomas Anderson qui détruit de fond en comble le mythe du self made man américain à travers les pérégrinations de Daniel Plainview, un prospecteur solitaire, misanthrope, sans foi ni loi à la recherche d'or noir. Le récit est sombre, ponctué de nombreux non dits et d'ellipses, l'interprétation de Daniel Day Lewis comme sa moustache est spectaculaire, la réalisation est fantastique : plutôt sobre, voire austère à priori, notamment avec ces quinzes premières minutes muettes, défilent ensuite des plans larges et hors champ magnifiques sublimés par une photographie splendide. La BO est parfaite et accompagne à merveille la noirceur du récit. C'est maîtrisé de bout en bout. Il y a tellement de chose à dire sur ce film... l'évolution nihiliste du personnage principal, sa dualité avec le pasteur qui représente tout ce qu'il déteste, le portrait cynique d'une Amérique fondée sur une cupidité déraisonnable et dérangeante, une séquence de fin à tomber par terre... le meilleur film de ces trente dernières années ?

Bad Lieutenant (1992, US) : L'un des meilleurs (je dirais bien le, mais je ne les ai pas tous vu encore) films d'Abel Ferrara qui dresse le portrait d'un flic alcoolique/junkie qui vole les dealers pour financer son addiction au jeu dans un New York glauque et poisseux sur fond d'une affaire criminelle impliquant une nonne qui se fait sauvagement violer par des jeunes du quartier. La trame est pas franchement intéressante, le récit prend une tournure à thématique plus religieuse à mesure que le personnage principal s'enfonce dans la drogue, le jeu et se retrouve endétté jusqu'au cou, vient alors le temps de la rédemption. La fin est prévisible, ce qui est à retenir c'est plutôt la performance assez incroyable d'Harvey Keitel (des rumeurs font état que tout ce que prend Keitel dans le film est 100% nofake) et les images volées du NY des années 90.
J'ai revu There will be blood dernièrement, effectivement, on est devant le chef d'oeuvre d'Anderson. Ambiance poisseuse à la recherche de l'or noir Américain, D.Day Lewis en entrepreneur misanthrope, Paul Dano en théologien manipulateur, on a là le résumé de l'opium US, l'argent et la religion.

Mais je ne suis pas là pour parler de ce film, mais plutôt prévenir qu'un cycle Claude Chabrol est actuellement diffusé sur Arte. Il y a pour l'instant La Cérémonie, Le Boucher et Juste avant la nuit.


Le cycle: https://www.arte.tv/fr/videos/RC-017162/cycle-chabrol/


La Cérémonie de Claude Chabrol (1995)

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Sophie jeune et mutique gouvernante débarque dans une nouvelle ville après la mort de son père, elle y trouve un emploi au sein d'une grande maison appartenant à une famille bourgeoise. Cette famille se compose du père entrepreneur, la mère ancienne mannequin aujourd'hui galeriste, du fils et de la jeune fille, la plus sensible de tous.

Ce film est la rencontre et le choc de deux univers, celui de Sophie, modeste, un peu inquiétante et de l'arrogance, ainsi que de la condescendance d'un milieu bourgeois.

Sophie cache plusieurs secrets, l'un d'eux, c'est qu'elle est analphabète, elle en a honte et fera tout pour le cacher. Quand l'écriture, la lecture permet de lier entre eux et comprendre les gens, son absence isole, frustre et agace Sophie. Elle a tellement en horreur les livres, qu'elle ne veut même pas épousseter la bibliothèque, préférant largement regarder la télé, les minikeums ou Paul Newman. On est là encore une fois sur une différence, Sophie aime la télé divertissement populaire par excellence, tandis que la famille aime les livres, divertissement bourgeois.

La jeune gouvernante rencontrera la postière du village, qui est en conflit avec l'employeur de Sophie, ils se lieront d'amitié. Une amitié un peu ambiguë et ultra fusionnelle, Sophie passe tout son temps avec sa nouvelle amie, allant jusqu'à lui ressembler physiquement. La postière cache elle aussi, bien des secrets, l'employeur goûte peu cette relation, surtout que Sophie qui loge chez eux, l'invite régulièrement.

Les relations, au début, entre Sophie et la famille quoi qu'un peu froides, sont plutôt saines. Au fur et à mesure, elles vont s'envenimer, la famille laisse quelques fois des indications écrites à Sophie, ne sachant pas lire, elle doit user de stratagèmes pour les décrypter ou dans le pire des cas les ignorer, ce qui lui vaut des réprimandes de la part du mari, qui en plus voit d'un mauvais œil sa nouvelle amie.

Tout cela mènera au dénouement final, une scène déclenchera celui-ci. La jeune fille de la famille (Melinda), avenante et d'une gentillesse maladroite, va découvrir que Sophie est analphabète et lui proposer son aide, c'est l'humiliation de trop pour la gouvernante, elle le prendra comme une attaque. A partir de ce moment, s'enclenche un processus sans retour, froid et rêche, celui d'une lutte des classes.

Mais c'est une vision un peu étriquée et manichéenne des choses.

Sophie et sa copine sont loin d'être parfaites, la famille bourgeoise non plus, mais elle est loin d'être tyrannique. La mère paye plus qu'il ne faut Sophie, elle est aussi logée dans une pièce confortable, la famille est agréable avec la gouvernante et n'abuse pas d'elle. Melinda, la jeune fille, a toujours un mot gentil, conseil et aide souvent Sophie ou la postière. Il y a bien un peu de mépris de classe cf le débat à table sur la façon d’appeler Sophie, gouvernante, bonne ou bonniche, mais rien de spécialement dégradant.

Je dirais qu'on a là un film sur l'incapacité à se comprendre.
Sophie venant d'un milieu différent avec ses difficultés, n'a pas les codes pour comprendre la famille, idem pour celle-ci, elle ne comprend pas Sophie. Quand Melinda désire l'aider, elle s'y prend mal et de façon maladroite, comme Sophie qui aurait pu dire dès la première rencontre qu'elle était analphabète. Ils ne savent pas communiquer, lire les émotions, ou comprendre les sentiments d’autrui, venant de 2 mondes différents et hermétiques, au langage, aux gestes difficiles à traduire par l'une ou l'autre, fatalement la discussion et l'empathie sont impossible. La scène de fin confirmera cette scission, et terminera par l'explosion de ces deux univers.

Mon premier Chabrol et un très bon film! Une fin surprenante et radicale, une ambiance froide, Huppert et Bonnaire au top, de la profondeur, un sujet d'actu, un bon moment

Le Boucher de Claude Chabrol (1970)

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On suit deux âmes vagabondes dans un petit village du Périgord, l'occasion pour Chabrol de filmer la campagne Française et leurs habitants.

D'un coté on a Popaul boucher de père en fils, père au demeurant violent et absent. Avant d'avoir les mains dans le sang et la viande, il tenait un fusil, en étant soldat en indochine, guerre qu'il l'a traumatisé et dont les conséquences psychologiques se font encore sentir. Solitaire, il est revenu dans son village après avoir servi dans l'armée.

De l'autre on a Hélène, la directrice de l'école du village, c'est une femme qui souffre d'un chagrin d'amour, bienveillante et jolie, elle aime ses élèves plus que tout, elle aussi vient d'un ailleurs qu'un amour déçu a fait atterrir ici, comme Popaul, elle est seule. Avenante avec les enfants, elle garde ses distances et reste méfiante des hommes.

Le film gravite autour de ces deux personnages, des jeux de séduction, de leur amour naissant dans les paysages Périgourdins. En toile de fond Chabrol raconte une autre histoire, celui d'un tueur en série qui sévit dans la région laissant derrière lui des cadavres de femmes.

Le réalisateur traite le suspens comme Hitchcock aurait pu le faire, le village est petit et tout se sait très vite. L'histoire d'amour de nos deux personnages se mêlera aux crimes sordides, mais la passion triomphera. Une passion froide, calme (en apparence), étrange, celle de deux âmes meurtries et esseulées, qui cherchent en l'autre le moyen de se reconstruire, au risque de s'y perdre.

Un bon thriller romantique, moins impactant que La Cérémonie.

Dernière modification par Saink ; 20/02/2019 à 13h28.
Citation :
Publié par Diesnieves
Non ce soir, ce sera documentaire comme tous les mardis.
Le boucher et Juste avant la nuit, c'était lundi soir.
Je regarde uniquement Arte en streaming, plus pratique
J'avais eu la chance au ciné de voir Seven, et minot ce film m'avait scotché comme pas possible, pourtant les films policiers à l'époque il y en avait mais la, c'était très bon.
Depuis je n'avais pas eu l'occasion de le revoir jusqu'à ce soir...
Et même si je n'avais nullement oublier la fin, ni certains passage du film (comme quoi ce fut vraiment marquant pour moi à l'époque), bah j'ai pris encore une nouvelle fois une claque. Ce genre de claque que seul les coréen arrivent à me donner en ce moment au cinéma...
Le jeu des acteurs, la photographie, la réalisation, la descente au enfers jusqu'à ce fameux final.

Tain ça manque ce genre de film américain, mais je crois que l'on en verra plus (même Gone Girl est assez loin de ce genre la)...
Varda est morte

Critique du dernier doc que j'ai vu avec cette grande dame.

Visages, Villages d'Agnes Varda et J.R (2018)

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J'étais parti pour regarder un énième drame, un truc bien plombant qui te fout le moral à zéro...puis je me suis souvenu de ce documentaire, Visages, Villages. Je ne suis pas spécialement fan de JR , mais j'apprécie Agnes Varda, donc pourquoi pas...

Aucun regret! Le doc est une sorte de roadmovie, Agnes & JR parcourent les routes et la campagne Française à bord d'une camionnette munie d'un photomaton géant, ils vont à la rencontre des ouvriers du nord de la France, des habitants d'un petit village perdu dans le sud, pour photographier des visages, des hommes & des femmes en très grands formats pour les exposer au vu de tous.

La France, et on le constate très bien dans le documentaire propose une variété de paysage hallucinant, de l'ouest à l'est, du nord au sud, on est frappé par la beauté du terroir Français et par la sincérité de ses habitants. Le film respire la bonne humeur, moi même qui ait beaucoup d'affection pour la ruralité, j'ai retrouvé dans ce long métrage cette sensation de liberté, de joie de vivre et de simplicité propre à nos villages, l'odeur de la lavande, les cache-cache dans les champs de maïs, la course aux œufs de poule chez mon voisin agriculteur, les longues soirées à lézarder en regardant le soleil se coucher après un barbecue en bonne compagnie, le fumet caractéristique des épandages, les ballades à vélo, des choses qui ne coûtent rien et apportent tellement de plaisir, de bonheur et surtout de souvenirs.

Il y aussi une utilisation de l'art qui me plait, loin des extravagances et autres radicalités Parisiennes, ici l'art est utilisé pour rassembler, montrer des villageois, le visage des jeunes, des vieux, des excentriques, des timides, encore une fois c'est simple mais ça fait du bien! Le temps des 1h30 du doc on met en pause notre vie de citadin stressé et sur sollicité pour savourer la beauté d'un peuple et d'un pays, le nôtre. A voir.

Sinon quelques review de films vu ces dernières semaines

The Captain - L'Usurpateur de Robert Schwentke (2018)

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Long métrage tiré d'une histoire vraie, celle d'un soldat Allemand du nom de Willi Herold, celui-ci désertera le front à la fin de la seconde guerre mondiale, il profitera d'avoir trouvé dans une voiture abandonnée un costume d'officier pour assouvir ses pulsions morbides et échapper à la cour martial.

En plein chaos, il prendra avec quelques hommes en perditions la direction d'un camp de prisonnier pour la plupart déserteur comme lui, pour les exécuter froidement, il fera pendre un agriculteur pour avoir hissé un drapeau blanc et terrorisera une ville entière tout en se vautrant dans la luxure d'orgies matinées d'alcool.

Quand la morale disparaît dans un monde en déliquescence, la banalité du mal apparaît. Le soldat qui n'était rien et devient tout puissant, abuse de ses pouvoirs, jouissant d'une situation chaotique ambiance fin de règne, l'homme devient un animal bien plus dangereux encore que la plus féroce des bêtes.

Cet homme n'est pas l'incarnation du mal, il est juste opportuniste et profite de sa nouvelle autorité. Auparavant simple et sympathique ramoneur, puis soldat, ce costume qu'il enfilera finira de le transformer en un monstre sanguinaire, parce qu'avec tout est possible, la considération, l'obéissance et les exactions. L'inhumain se cache en chacun de nous et il n'attend qu'une excuse, ici une veste, pour s'exprimer.

Film d'un noir & blanc magnifique, extrêmement dur, mais intéressant pour ce qu'il raconte sur l'homme.

Boulevard du Crépuscule de Billy Wilder (1951)

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J'ai vraiment aimé Boulevard du Crépuscule, il nous parle d'Hollywood, de ses studios, son industrie et d'un moment important du médium cinématographique, celui du passage du muet au cinéma moderne avec le son!

Fatalement cette révolution laissera sur le carreau des réalisateurs et leurs acteurs, notamment une, éminente actrice du muet, Norma Desmond. Star déchue, depuis sa mise au ban des studios, elle vit recluse chez elle, ressassant sa gloire passée, de l'autre on a Joe Gilis jeune et roublard scénariste sans le sous, en quête de reconnaissance, fuyant la police, il débarque par hasard dans la villa du monstre sacré du cinéma d'antan.

Hollywood. Monde du rêve et de l'éphémère autant du coté des réalisateurs que des actrices, qui une fois inutiles se trouvent condamné(e)s à l'oublie, machine lumineuse attirant vers elle les papillons de nuit en quête de succès et d'estime, au risque de s'y brûler. Deux âmes déçus voulant briller, perdus dans une ville délabrée jonchée d'espoirs déchus, Boulevard du crépuscule lève le rideau des illusions d'un univers ou les désirs de gloire mènent aux cauchemars.

Il y a un très beau moment ou Norma dit que l'avantage des films muet, c'est que l'acteur exprime tout par le visage et ses expressions. Je trouve cette phrase très juste, suffit de voir la beauté des visages sortant des films de Theodor Dreyer, tout est dit dans la figure, magnifique!

Voici le temps des assassins de Julien Duvivier (1956)

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J'aime les films pessimistes, l'étant moi même, en regarder me permet de me rouler dans ma propre merde. De fait, on m'a conseillé de visionner ce long métrage parait-il extrêmement pessimiste, son réalisateur aussi, ça ne pouvait que me plaire. L'histoire d'un homme extrêmement bon qui par la force des choses, souvent de la vie et de ses comparses humanoïdes, va apprendre à l'être moins.

Ce gentil bonhomme est joué par Jean Gabin, présence extraordinaire comme d'habitude, il joue très bien un patron de restaurant à succès, un peu bourru mais au cœur d'or, Danièle Delorme campe la jeune femme, veuve noire charmante mais hautement vénéneuse, Gérard Blain le jeune et naïf idéaliste.

Tout ce beau monde va goûter un mets des plus fins, la noirceur de la nature humaine, et l'addition sera salée. Le film date (1956), ça se sent dans le traitement de ses thèmes pas très poussés, en dehors de ça on prend notre pied. L'histoire se déroule sans ennuyer, le long métrage prend place à Paris dans les années 50, très agréable de voir la ville lumière à cette période et aussi bien filmée, ça fait très village en fait. Chose que l'on a perdue depuis.

Danse avec les loups de Kévin Costner (1990)

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Un film d'une durée certaine (4h00) qui ne me disait vraiment rien, Kevin Costner à la réalisation et en acteur principal, qui va gambader pendant des heures dans les hautes herbes avec ses amis indiens, très peu pour moi. Mais il ne faut préjuger de rien, tant mieux d'ailleurs, parce que c'était génial!

J'ai vraiment adoré, il m'a fait énormément de bien. Il est beau, les paysages du grand ouest Américain son magnifiques, Costner a une sensibilité certaine pour ce qui l'entoure, la nature et les animaux notamment, la première partie ou il découvre son environnement et fait connaissance avec les us et coutumes indiennes est franchement rafraîchissante, la deuxième moins, l'histoire d'amour ne m’intéressant pas trop. La B.O est divine et se marie super bien avec le long métrage, B.O que j'écoute encore, c'est dire sa qualité.

Bref très bon film, qui donne foi en l'humanité, ou la faune et la flore sont sublimées, un peu manichéen, il faut le dire, mais tellement bon! On sent vraiment son amour et sa sincérité pour ces sujets, à noter qu'il a fait un documentaire admirable qui retrace l'histoire des Amérindiens, trouvable sur YT, ça s’appelle 500 nations. Kevin a vraiment pousser ses recherches, ça lui tient particulièrement à cœur, et ça se voit, pour notre plus grand plaisir.

Personal Shopper d'Olivier Assayas (2016)

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Mon premier Assayas, j'ai adoré. Un film bizarre, l'histoire d'une jeune femme travaillant dans la mode (elle est personal shopper à Paris) dont le frère jumeau est mort quelques mois plus tôt, celui-ci lui a promis de lui adresser un message de l'au delà, parce qu'ils sont soit disant médium. Personnellement, je vois plutôt ça comme des liens hyper fusionnel que peuvent entretenir certains jumeaux entre eux, lien qui touche d'ailleurs quelques fois au surnaturel.

Le film oscille entre fantastique et thriller, le fantastique n'est pas too much, le mystère reste entier sur les pseudos pouvoirs de medium de l'héroïne et les apparitions ectoplasmiques. Le tout distille une part de mystère bienvenue, sans jamais tomber dans le ridicule et laisse place à différentes interprétations. Il y a une confrontation évidente entre le monde de la mode très matériel et superficiel, les magasins de luxe, les fringues, les stars et celui éthéré du monde ésotérique immatériel, les apparitions, le spiritisme etc qui paraissent d'ailleurs bien plus ancrés au réel, les esprits ayant une conscience et un impact bien plus important sur celui-ci.

Un film sur le deuil, l'amour d'une sœur à son frère, de deux univers que tout oppose, une ambiance lourde et silencieuse qui mine de rien emprunte aux longs métrages de fantôme Japonais, il y a un peu d'horreur, le cadre (Paris) est parfait, Kirsten joue bien, la mise en scène est top, le film n'en dit pas trop et laisse de la place à la réflexion. Un très bon moment!
Manderlay de Lars von trier

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Manderlay sorti en 2005 est la suite de Dogville, le film s'inscrit dans la trilogie USA - Land of Opportunities du cinéaste. Critique de l’Amérique, Lars n'a pu réaliser que deux longs métrages, Manderlay est le second, le troisième ne verra jamais le jour vu que celui-ci a été boudé par le public et la critique.

On y retrouve Grace, toujours aussi belle, toujours aussi frêle et emprunt d'idéalisme, elle n'est plus jouée par Nicole Kidman mais par Bryce Dallas Howard, jeune rousse à la peau diaphane.

Quittant un Dogville en ruine, elle s'aventure au sud des Etats-Unis avec son père parrain de la mafia et quelques gangsters. Passant devant une ferme de coton, elle y constate avec effarement que des esclaves noirs y travaillent, alors que l'abolition de l’esclave est déjà effectif depuis 70 ans. Elle y trouve même un esclave attaché entrain de se faire fouetter.

Grace énervée devant tant d'injustices, se décide à offrir leur liberté aux esclaves et demander des comptes aux propriétaires terriens blancs.
Grace représente clairement cette Amérique interventionniste qui va distribuer la liberté à travers le monde, avec les résultats que l'on connait...(rappelons qu'on est en 2005, en pleine intervention en Irak.)

Prof von Trier va nous faire un cours sans complaisance, ni morale et encore moins d'idéalisme, sur la question philosophique de la liberté et sur le concept de démocratie, tout en analysant et sondant, comme à son habitude, la nature humaine. Le décor est encore une fois un plateau théâtre minimaliste, sans aucun murs, ni portes, jusque quelques éléments décoratifs éparses et quelques traces au sol. Procédé hérité du théâtre épique de Brecht, ce dispositif permet de se concentrer sur les personnages, les visages donc les émotions, en somme l'individu. Le réalisateur film toujours caméra à l'épaule de façon naturaliste, pour saisir au plus près ses protagonistes.

Revenons à la ferme. Grace entre dans la propriété et découvre la maitresse des lieux, Mam, malheureusement ou heureusement, elle est sur son lit de mort et ne tarde pas à passer l'arme à gauche (On reviendra sur son cas plus tard). Profitant de cette occasion, elle se décide à libérer les esclaves, mais son père la prévient. Libre ils le seront c'est certain, mais une fois dehors, qu'est ce qui les attends? Quelles sont leurs perspectives d'avenir?

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Ils finiront à mendier? Ou à travailler pour quelqu'un qui les paiera peu et les exploitera, la différence est minime entre le salariat et l'esclavage. Au moins à la ferme, ils n'étaient pas libre, mais ils mangeaient à leur faim et de façon régulière, tout en jouissant de la sécurité de la propriété. Il continu en rappelant à Grace l'histoire de son oisillon jaune qu'elle gardait en cage, elle l'avait libéré pensant qu'il devait vivre libre, sa liberté retrouvée, elle le trouva quelques jours plus tard mort de froid. La liberté n'est pas toujours salvatrice.

Grace ne l'écoute pas, au contraire, c'est un défi supplémentaire, elle veut montrer à son père et à son cynisme, qu'ils ont tort, qu'elle peut changer les choses et surtout que tout est possible quand on est libre. Elle libère les esclaves, leur donne la gestion de la propriété et de la ferme, ainsi ils pourront faire fructifier l'entreprise de coton, vivre de leur labeur et être leur propre patron. Les anciens propriétaires seront enfermés et tenu à l'écart. Pour se faire aider, son père lui laisse quelques gangsters. Il est toujours plus simple d'arriver à un consensus quand des hommes armés nous accompagne.

Une incohérence pointe déjà, Grace use de méthode en contradiction direct avec son idéal humaniste, en inversant les rôles, elle ne fait que reproduire un schéma similaire sous l'apparence de ce qu'elle appelle la justice.

Maintenant que les esclaves sont libres, et qu'ils ont la main sur les parcelles de terre, ils vont pouvoir faire de grande chose. Mais tout ne se passe comme prévu, ils n'en font rien. Ils restent à jouer aux cartes, même le toit de leur habitation qui fuit n'est pas réparé, ils profitent de la liberté retrouvée pour se complaire dans l'oisiveté et ça pose problème, parce que si personne prépare les champs de coton, il n'y aura pas de production, donc de vente et donc d'argent pour se nourrir ou se vêtir.

Grace se contente pour l'instant d'observer la nouvelle vie de la ferme et de leurs habitants, elle se rend compte que les esclaves sont loin d'être des anges, qu'ils ont un comportement tout compte fait très humain, une mère bat son enfant, son enfant bat un autre enfant, le cycle de la violence, d'autres se complaisent dans le vice du jeux etc.

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L'idéal de Grace s'effrite un peu. Elle qui pensait que les esclaves utiliseraient leur liberté pour entreprendre et changer leur vie, ils ne prennent aucune initiatives. Elle se décide à prendre les choses en main et encore une fois de faire une entorse à son humanisme, elle va utiliser les gangsters et leurs armes pour les pousser à agir, sous couvert de démocratie bien entendu. En effet, elle fera des tables rondes ou seront votés les taches et la vie en communauté, rien de mieux que la démocratie comme système équitable et humain.

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1er - vote -

Il y a une querelle entre Flora et Elizabeth, toutes deux disent être la propriétaire du râteau. Grace propose un vote pour savoir à qui il appartient, il sera en faveur de Flora. Il y eu un vote nul, en démocratie un vote comme ça ne compte pas, il ne sert à rien, un peu particulier pour un concept censé donner la voix à tout le monde. De plus, personne n'a pensé que la râteau aurait pu être partagé par la communauté et être utile à tous, mais comme le précise Grace, en démocratie, il y a des perdants et des gagnants.

2ième - vote -

Les habitants trouvent le rire de Samy insupportable, il est décidé par un vote qu'il devra dorénavant se taire et ne plus faire de blagues. La démocratie peut engendrer des lois liberticides avec le consentement de tous.

3ième - vote -

Les habitants ne sont pas d'accord sur l'heure, ils iront jusqu'à voter pour choisir l'heure, en faisant abstraction de toute vérité et réalité substantielle! La démocratie ne cherche pas la véracité ou la vérité, elle dit juste qu'il faut suivre la majorité et cela même si le vote est absurde.

Revenons sur la personne de Mam, ancienne propriétaire de la ferme aujourd'hui morte, elle a laissé un livre ou elle répertorie et classe ses esclaves, il y a Sam le rigolard, Timothy le fier et ainsi de suite, chacun a le droit à sa petite case. Bien sûr cela révolte Grace qui ne supporte pas qu'on puisse réduire un homme à un trait de caractère, Mam précise aussi qu'il est interdit de couper le bois du bosquet devant la propriété.

Encore un interdit. Que Grace de nature rebelle s’empressera de transgresser. Jolie pied de nez à cette sale dame esclavagiste.

Ca tombe bien, les nouveaux habitants ont besoin de bois pour réparer le toit de leurs habitations, ils utiliseront celui du bosquet.
Tout ce beau petit monde travail de concert, s'occupe des champs et des maisons, il faut dire que la présence des gangsters aide beaucoup à motiver le groupe. Un jour d'été le ciel s'obscurcit, une tempête de sable arrive, celle-ci va dévaster les champs, effectivement, l'interdiction de couper le bois du bosquet était là pour une bonne raison, les arbres protégeaient les plantations de la poussière.

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Retour à la case départ, à cela s'ajoute un autre problème, la tempête a endommagé la réserve de nourriture, il n'y a plus rien de comestible. Les habitants se retrouvent à devoir manger de la terre et la petite fille de Flora contracte une pneumonie, pour la sauver on tue l'âne qui servait à broyer le grain pour ainsi lui servir de la viande, qu'elle puisse reprendre des forces. Il s'avère qu'elle se nourrit bien, à chaque fois tard le soir, on retrouve l'assiette vide. Elle devrait se rétablir rapidement.

Sauf qu'elle meurt quelques jours plus tard, l'assiette était mangée en cachette par la vieille dame du village souffrant de la faim. Ca en est trop pour son père, il réclame justice et demande un vote pour exécuter celle-ci. Grace s'y oppose, mais abdique face à la pression populaire.

4 ième - vote -

On vote pour une condamnation à mort qui n'a pas lieu d'être et il sera unanime. La démocratie engendre aussi des lois monstrueuses et injustes.

C'est Grace armé d'un pistolet qui se chargera de l'exécuter dans son sommeil, en lui disant au préalable que le vote avait été en sa faveur, ce qui est faux.

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A la fin que reste-il de l'idéal de Grace? Pas grand chose, les désillusions sont fortes. Elle a bien vu qu'elle idéalisait un peu trop ces personnes et que tout compte fait, esclave ou pas, il reste des hommes avec leurs vices et leurs vertus, violents, joueurs et menteurs à l'occasion, bons et altruistes à d'autres.
Son idéal de liberté a mené les esclaves au bord du gouffre, une jeune fille est morte et ils ont souffert de la faim un long moment, deux autres personnes perdront la vie quand il sera question d'argent et de propriété, Grace en exécutera une autre sous la pression démocratique. La liberté retrouvée n'a rien engendrée de grand, ni de prise de conscience, bien au contraire. Elle qui haïssait les méthodes de Mam, elle s'est rendue à l'évidence qu'elle avait raison, au point que c'est elle à la fin qui tiendra le fouet pour battre un habitant...ou devrais je dire un esclave.

Le film se termine sur une Grace fuyant la ferme à la lueur des torches d'anciens esclaves, la poursuivant pour lui faire payer ses engagements. Elle devait retrouver son père à 8h00 précise pour qu'il puisse la sortir du pétrin, mais malheureusement elle l'a raté, en effet, c'est ce qui se passe quand on fait la bêtise de choisir l'heure via un vote...

Lars von Trier nous montre que même porté des meilleures intentions, si on ne tient pas compte des réalités et de la vérité, on arrive à rien, l'idéologie qui est un regroupement idées et non une expérience objective de la réalité, peut à sa suite détruire plus que construire, l'idéal communiste, capitaliste ou nazi ou tout autres idéaux de cet acabit en sont des exemples. L’idéologie est une négation du réel, son but est d'imposer une certaine vision du monde, et si l'idéal se heurte à la réalité, il l'écrase, puisque celui-ci ne correspond pas à ses vues.

Il expose aussi l'impulsion d'un mouvement démocratique initié par Grace, donnant suite à une forme de gouvernance, avec ses directives (lois) et sa gestion de la vie en communauté (société), en somme la démocratie comme structure politique. Cette réflexion s'élargit à d'autres considérations sur la démocratie, notamment le risque de tyrannie de la majorité. Tout cela rejoint ce qu'a pu dire Tocqueville dans De la démocratie en Amérique, sur les dangers potentiels de la démocratie, sur ses dérives et sa capacité à dégénérer sous une forme douce de despotisme. Le philosophe considère aussi l’opinion publique plus comme un moyen de coercition du peuple par le peuple que comme un garant de la rationalité et de la liberté. Lars von Trier ne se contente pas de critiquer le système démocratique représentatif , mais la démocratie au sens où Rousseau l’entend, à savoir la participation active de chaque citoyen.

Le cinéaste nous pose aussi la question de la condition des Afro-Américains, leur situation actuelle est plus enviable à celle d'il y a 150 ans? Bien sûr que la liberté a permis l'émancipation d'une partie de leur membre, mais la plupart vivent encore dans la misère, exploités par d'autres et travaillant pour des salaires ridicules. En dehors de toute pensée manichéenne, Trier nous dit que la liberté seule ne suffit pas, il faut en faire quelque chose pour en sentir les bénéfices!

Grace idéalise les esclaves, elle nie leur nature humaine ambivalente, Grace idéalise la liberté, mais celle-ci peut être pourvoyeuse de bien des malheurs, Grace prône la démocratie comme le concept décisionnel le plus juste et le plus humain, et pourtant c'est celui-ci qui lui fera tenir l'arme qui tuera une femme. Encore une fois elle a tort.

Tout le long du film Grace mettra à l'épreuve ses idéaux et devra composer avec l'implacable réalité, des hommes, mais aussi de la nature.

Un très bon, comme à chaque fois avec Lars von Trier, pessimiste, sombre, mais intelligent, radical dans son esthétique autant que dans son propos, à voir et à revoir.
Citation :
Bon ben cela me parait pas mal de poster ici :
Ce soir sur Arte, un grand classique du Western qu'il faut avoir vu une fois pour moi :
Bien évidemment réalisé par John Ford avec en héros John Wayne :
La charge héroïque
Toujours dispo en streaming sur Arte > https://www.arte.tv/fr/videos/034644...arge-heroique/
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Pour revenir à l'essence même du topic.

Love Exposure, Dir. Sion Sono (2008)

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Je me suis décidé à continuer mon exploration du cinéma de Sion Sono, hier soir j'ai passé 4h à regarder Love Exposure et suivre les aventures WTF de Yoko et Yu.

J'en suis sorti les cheveux ébouriffés, la bave aux lèvres et légèrement sonné par toutes les images et les situations que je venais de voir. Regarder Love exposure, c'est prendre place dans un grand 8, le genre à te faire valdinguer dans tous les sens, à te faire passer par différentes sensations et émotions, pour à la fin, ré-atterrir sur terre avec un sourire béat au coin du visage et complètement étourdi.

Le long métrage va très vite et très loin. On a une secte, de la religion, de l'amour adolescent, des petites culottes photographiées, un club de pervers, un travesti, des giclées de sang, une psychopathe. On y parle relation père/fils, relation et endoctrinement à la religion/secte, une critique de celle-ci en filigrane, une mise en lumière du mal être adolescent, une jolie histoire d'amour, une réflexion intéressante sur le sexe et surtout une société Japonaise avec ses travers ausculté par la caméra du réalisateur.

Love exposure ne se prend pas au sérieux. Sion Sono pousse le wtf au maximum sans jamais en 4h tomber dans le ridicule, même la partie ou il s’entraîne à photographier sous les jupes, c'est vulgaire mais très drôle, très Japonnais en fait, j'ai ri plusieurs fois et pourtant j'suis mauvais public à ce sujet. Le long métrage n'est pas qu'une suite de moments absurdes, il y aussi de très beaux passages notamment avec Yoko, celui ou elle parle des guerres et des balles invisibles (entendre par là qu'il n'y a pas besoin d'arme pour blesser quelqu'un, des mots/actions/ou absence d'actions suffisent), celui dans le van plus contemplative ou la fin à l'asile.

Sion Sono raconte une histoire, ça va dans tous les sens, sans jamais lui échapper! Il maîtrise son sujet sans jamais céder à la facilité ou à la bouffonnerie, on rigole, on pleure, on s'agrippe à son siège, bref de l'excellent travail! Un très bon moment, franchement rafraîchissant, ça change des films d'auteurs très carré et austère, mon préféré du réal. Je vais continuer à explorer sa filmo.

Faust, Dir. Alexandre Sokourov (2011)

Faust-2011.jpg

Long métrage librement inspiré du roman de Goethe.
Cela fait un moment que je voulais voir le cinéma de Sokourov, j'en ai lu énormément de bien et son travail rejoignait pas mal mes attentes en la matière. Déjà esthétiquement le film est sublime, l'image est dans un format particulier, elle est en plus quelques fois brouillée, distordue ce qui fait que l'on oscille entre le rêve, le cauchemar et la réalité. La lumière aide aussi beaucoup, différents filtres altéreront celle-ci.

Ca donne un effet poisseux, brumeux, sale ou quelques fois mystique notamment quand il filme la demoiselle en gros plan, elle baigne dans une lumière douce, très légère, en apesanteur, et ses lèvres..magnifiques. Le début donne le ton, on voit le professeur disséquer un cadavre en débattant sur la vie avec son assistant, on alternera avec l'horreur, le burlesque, on rigole quelques fois, il y a aussi une touche de fantastique.

Le film est très intellectuel et austère. On suit le cheminement d'un professeur cynique et désabusé, la traversée de la ville sera l'occasion d'un débat sur la vie, la mort, les hommes, la guerre, la religion etc. On visitera différents lieux ou l'homme de lettres et le diable discuteront philosophie, science, astronomie, c'est dense et il faut le dire, difficile à suivre.

Bref une expérience originale, particulière et à l’accès compliqué. Le long métrage a des qualités formelles indéniables, le fond est aussi travaillé que la forme. J'ai été largué plusieurs fois, ce qui m'a pas empêché de pleinement en profiter et surtout du au fait qu'il me manque une carte pour comprendre le cinéma de Sokourov, sachant que Faust est le dernier volet d'une tétralogie comportant Moloch (film sur Hitler), Taurus (sur Lénine), Le Soleil (sur Hirohito) avec pour thème le totalitarisme et ses figures, mais surtout le mal. Du coup j'ai fait un peu les choses à l'envers, ce qui n'a pas du aider à la compréhension.

Enfin, je voulais le voir depuis longtemps, voilà qui est chose faite! J'en suis un peu déçu, mais la cause est mon manque d’expérience. Il reste des choses à apprendre, Sokourov vient de me le dire.

Baby Cart, Dir. Kenji Misumi (1972)

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L'histoire d'un samouraï déchu, exécuteur officiel du Shogun, il jouissait d'une place assez haute dans la société, des privilèges et de beaux vêtements forcément ça attire la convoitise.

Des nobles fomenteront un complot contre lui, ils en profiteront pour assassiner sa femme et l'accuser de comploter contre le Shogun. Bien entendu notre héros badass ne se laissera pas faire, d'autant qu'il est un expert du katana et dans l'art de tuer, suite à cette altercation il sera banni, depuis il parcourt les routes du japon en quête de vengeance avec sa poussette et son seul fils, un petit garçon. Il se fait appeler Le loup à l'enfant.

La saga Baby Cart est l'exemple type de film Jap appelé chanbara. L'histoire n'est pas dingue, de toute façon on ne regarde pas ces films pour ça. Il sera question de complot d'état, de bandit sanguinaire etc, du classique.
On regarde plutôt ces longs métrages pour les combats et le héros surpuissant, taciturne qui osef de tout, il n'est pas là pour sauver la veuve et l’orphelin d'ailleurs on peut se faire violer/trucider devant lui, si il a décidé de ne pas bouger, il en fera rien.

Les combats au sabre son excellents, les bruitages vintage typique du genre rajoute à l'effet, les têtes volent, les jambes, les doigts, il y a des giclées de sang bien rouge, ça découpe dans tous les sens, les poses, les chorégraphies en combat et notre anti-héros sont grave stylés. Bref du très bon film d'action, bien mis en scène, pas manichéen pour un sou.

Bref j'kiff Baby Cart l'homme à la poussette. J'ai vu les deux premiers pour le moment, le 2 est déjà un level au dessus, me tarde de voir les 3 autres, ils durent en moyenne 1h20 autant dire que ça s’enchaîne vite.
Ah tiens, je savais pas qu'il y avait se genre de sujet.

Dernièrement j'ai vu Easter Condor (1987) de Sammo Hung avec une ribambelle d'excellent acteurs et réalisateurs de l'époque, dont Sammo Hung lui même, Yuen Biao, Corey Yuen, Yuen Wah, Yuen Woo Ping, Phillip Ko etc.
Peu de temps après la fin de la guerre du Vietnam, l'armée américaine créé un commando de repris de justice afin d'aller détruire un stock d'arme qu'ils ont laissé sur place pour pas que ça tombe entre les mains des vietcongs.
C'est un film d'action/guerre qui se rapproche énormément des films d'actions américains de l'époque, avec énormément de fusillade et moins que de kung-fu, mais le peu qu'il y a régale. On se régale avec des scènes assez d'actions inventives en dehors des fusillades et un humour toujours savamment dosé dans se genre de production.
Mais ce n'est pas mon préféré de Sammo Hung, je préfère largement Blade of Fury ou Pedicab Driver qui ont des personnages beaucoup plus travaillés et un plus grand sens de la tragédie.

Swordsman 2 (1992) de Ching Siu Tung avec Jet Li, Rosamund Kwan, Brigitte Lin, Waise Lee.

Bon c'est typiquement le genre de film où je pompe rien aux enjeux, pareil les gens avec qui j'étais à ma décharge, en gros il y a une dispute de pouvoir dans un clan et des types d'un autre clan se retrouve mêlés à tout ça.
Mais je m'en fous car c'est pas pour ça que je les regarde. C'est principalement pour la mise en scène et les combats délirants, et ici on est servi. On vole, coupe des arbres en 2 avec le souffle des sabres, on fait l'hélicoptère sur des gros shurikens, on attaque avec des serpents, bref les idées ne manquent pas. Et en dehors des combats, on est toujours servis par de très belles images et un humour qui pourrait éventuellement être un peu lourdingue mais qui ne me déplaît pas. Le film va d'ailleurs développer un point intéressant sur la trans-identité se qui me semble être assez rare à cette époque.

Women on the run (1993) de Corey Yuen avec Tamara Guo, Farini Cheung, Wong Wai-Tak, film un peu plus confidentiel car il appartient à la catégorie 3 (équivalent -16/-18 à HK) car il contient quelques scènes érotiques, nudité partielle, en gros on voit quelques nichons mais rien de plus.
Siu Yin espère devenir une star de kung-fu à HK, mais son copain qui lui a vendu du rêve la contraint à se prostituer. Après l'avoir tuer par accident, elle se fait arrêter par la police qui lui propose de lui accorder l'asile à HK si elle accepte de s'infiltrer avec Ah-Hung, policière, auprès d'un gros dealer d'héroïne pour essayer de l'arrêter. Malheureusement David, policier qui dirige l'opération et amant de Ah-Hung et aussi le contact du dealer à HK. A partir de là tout va vriller.
Par rapport aux 2 autres, gros changement d'ambiance, pas d'humour, au contraire on est quasiment sans espoir pour les 2 héroïnes tout du long. Bien qu'elles soient rivale durant la première moitié du film, heureusement elles vont finir par être solidaire se qui nous permet d'apercevoir une maigre lueur d'espoir.
Malgré cela le film se débrouille très bien dans les scènes d'actions, la 1ere sur l'échafaudage vaut le coup d’œil.

C'était assez intéressant de voir un film différent des girls with guns habituels où le ton est généralement plus léger, bien qu'on sombre dans le tragique assez souvent.
En tout cas le cinéma HK a été, et est toujours celui qui propose les meilleurs films d'actions, que ce soit dans les chorégraphies, la mise en scène qui est toujours inventive.
J'avais entamé le cinéma d'action HK avec The Blade de Tsui Hark, sur les conseils d'un ami, j'ai pas adhéré, il faudrait que je m'y replonge, on m'en a dit que du bien! Sinon dans un autre registre mais en restant dans le cinéma HK, j'ai vu Chucking Express et Happy Together de Wong Kar-wai, le premier était très bien, moins le second.
Citation :
Publié par .K.
J'avais entamé le cinéma d'action HK avec The Blade de Tsui Hark, sur les conseils d'un ami, j'ai pas adhéré, il faudrait que je m'y replonge, on m'en a dit que du bien! Sinon dans un autre registre mais en restant dans le cinéma HK, j'ai vu Chucking Express et Happy Together de Wong Kar-wai, le premier était très bien, moins le second.
The Blade, c'est un film que j'avais adoré lorsque je l'avais découvert (fin 90) !
Mais je l'ai revu il y a pas si longtemps, je trouve qu'il à pris un coup de vieux, et les passages en accéléré, sont vraiment trop visible...

Il y a beaucoup de films de cette période (Le Syndicat du Crime, The Killer, Stormrider, et même Time and Tide), qui ont pris une sacré claque et qu'aujourd'hui je ne conseillerais pas vraiment.
Une Balle dans la tête, à la rigueur, mais le reste non (pourtant je suis un gros fan de ces films).
Je te recommande chaudement "Les anges déchus" que j'ai trouvé encore plus réussi que Chungking Express. Il est plus sombre par contre. Et bien sur In the mood for love.

Après WKW c'est vraiment particulier pour du film HK, je le mettrais à part perso.

J'ai essayé de revoir The Blade il y a quelques années, la qualité VHS j'ai pas pu mdr. Mais dans mes souvenirs la mise en scène est un peu spé, faut pas regarder ça si on a le mal de mer.
Citation :
Publié par Toga
The Blade, c'est un film que j'avais adoré lorsque je l'avais découvert (fin 90) !
Mais je l'ai revu il y a pas si longtemps, je trouve qu'il à pris un coup de vieux, et les passages en accéléré, sont vraiment trop visible...

Il y a beaucoup de films de cette période (Le Syndicat du Crime, The Killer, Stormrider, et même Time and Tide), qui ont pris une sacré claque et qu'aujourd'hui je ne conseillerais pas vraiment.
Une Balle dans la tête, à la rigueur, mais le reste non (pourtant je suis un gros fan de ces films).
A part Stormrider que je n'ai pas vu, je trouve que se sont tous des excellents films, les Rolls-Royce de l'époque, il faut que dire que Woo et Hark sont au dessus du lot. Mais pour ma part je trouve qu'ils n'ont pas pris une ride et qu'au contraire ils sont à montrer. Je ne crois pas avoir vu une meilleur scène d'action que celle dans le bloc de bâtiment de Time & Tide au cinéma.

Je peux comprendre qu'on adhère pas forcément à The Blade, c'est plutôt radical par rapport aux Il était une fois en Chine d'Hark, mais c'est dommage de se couper du reste.

De Tsui Hark je recommande vivement L'enfer des armes qui est une espèce de film anti-colonial nihiliste sur la jeunesse de Hong-Kong au début des années 80. Par contre à certains moments la qualité que vous avez aller avoir va être dégueulasse, car le film a été censuré à sa sortie et le director's cut n'a pu se faire seulement grâce à une VHS de l'époque qui n'a pas été détruite, mais se film est un monument.

Pour WKW, je ne connais pas du tout, je dois avoir vu qu'un film de lui.

En tout cas je suis en total désaccord sur le fait que ces films ont vieillis, à part éventuellement les copies car c'était tourné sur pellicule et que les films n'ont pas eu de restauration, mais sur la mise en scène, les sujets, je trouve qu'ils font toujours mouches.
Je vais dé-hipsterisé ce sujet dès que je suis sobre, j'espère que c'est ok.

Je rebondis sur Love Exposure par contre, que j'ai adoré aussi. Je l'ai regardé il y a un moment, suite à une vidéo de Max Landis qui l'avait cité en répondant à une question qui demandait quel était selon lui le meilleur film jamais réalisé. De mémoire c'était lors d'un évènement où il prenait les questions du public, donc c'était pas spécialement réfléchi et son argument c'était que c'était un film qu'il avait vu récemment, et que pour scotcher le spectateur pendant 4h c'est forcément que le film est exceptionnel. Bref c'était à moitié sérieux et à moitié sur le ton de l'humour.

Ceci étant dit et sans me souvenir des détails du film que j'ai vu il y a un moment, je rejoins .K. en intégralité. J'ajoute que ce qu'il m'a surpris personnellement, c'est d'avoir eu l'impression de regarder plusieurs films en un. Ça change de genre et de ton tout au long des 4h, mais tout est maîtrisé et ça s'enchaîne de manière fluide et agréable, énormément de thèmes sont traités si bien qu'une fois que le générique commence, j'avais l'impression d'être passé par toutes les émotions, le début du film me semblait très loin. Excellent. Pour ceux qui hésitent à cause de la durée, j'avais une petit appréhension aussi, surtout que je l'ai vu un peu à l'arrache sur mon PC dans mon lit, je n'ai pas décroché des 4h, aucun problèmes.
Citation :
Publié par L'Oiseau
A part Stormrider que je n'ai pas vu, je trouve que se sont tous des excellents films, les Rolls-Royce de l'époque, il faut que dire que Woo et Hark sont au dessus du lot. Mais pour ma part je trouve qu'ils n'ont pas pris une ride et qu'au contraire ils sont à montrer. Je ne crois pas avoir vu une meilleur scène d'action que celle dans le bloc de bâtiment de Time & Tide au cinéma.

Je peux comprendre qu'on adhère pas forcément à The Blade, c'est plutôt radical par rapport aux Il était une fois en Chine d'Hark, mais c'est dommage de se couper du reste.

De Tsui Hark je recommande vivement L'enfer des armes qui est une espèce de film anti-colonial nihiliste sur la jeunesse de Hong-Kong au début des années 80. Par contre à certains moments la qualité que vous avez aller avoir va être dégueulasse, car le film a été censuré à sa sortie et le director's cut n'a pu se faire seulement grâce à une VHS de l'époque qui n'a pas été détruite, mais se film est un monument.

Pour WKW, je ne connais pas du tout, je dois avoir vu qu'un film de lui.

En tout cas je suis en total désaccord sur le fait que ces films ont vieillis, à part éventuellement les copies car c'était tourné sur pellicule et que les films n'ont pas eu de restauration, mais sur la mise en scène, les sujets, je trouve qu'ils font toujours mouches.
J'ai hélas fait l'expérience quelques fois, lorsque je conseillais ce genre de film... Beaucoup ne comprennent pas, ou comprennent mais ne rentre pas dedans.
En même temps depuis il y a eu des films s'inspirant de ce genre de réalisation (comme Matrix, KillBill, Equilibrium...), donc une fois que l'on a vu cela, dur pour une personne non cinéphile de repartir sur un film des années 80.
Pourtant le cadrage hyper dynamique, le découpage et montage sans fausse note (il n'y a pas que de l'action dans ce genre de films), une écriture très asiatique dans le style ou la moral, l'éthique, le respect et humain sont devant tout le reste...
Puis la photographie aussi, c'est un cadrage typiquement BD.

Mais après il faut pas oublier que pour les polars ils adoraient Delon, et s'inspiré grandement de lui ^^
Merci pour vos recommandations, c'est bien aimable
Citation :
Publié par Sayn
J'ai essayé de revoir The Blade il y a quelques années, la qualité VHS j'ai pas pu mdr. Mais dans mes souvenirs la mise en scène est un peu spé, faut pas regarder ça si on a le mal de mer.
Ouais, je l'ai aussi vu dans une qualité dégueulasse, ce qui n'a pas du jouer en sa faveur. A réitérer, j'essaierais un autre de ses films. Comme le précise @L'Oiseau, ça reste un passage obligé du cinéma d'action, ce n'est pas mon registre préféré, loin de là, mais pour la culture cinématographique, faut au moins y jeter un œil, histoire de se faire un avis et pourquoi pas être agréablement surpris.

@Mimu
Ce film est énorme, ce n'est pas mon avatar pour rien, il faut je le foute dans mon top d'ailleurs, il m'a durablement marqué! Concernant le réal, si t'as aimé, tu aimeras Why Don't You Play in Hell? qui est dans la même veine, et dans un registre totalement différent, mais aussi bon, Cold Fish. Love Exposure reste quand même son chef-d'oeuvre.

Je laisse une ancienne critique, d'un très bon biopic sur un peintre Coréen.

Ivre de femme et de peinture Dir.Im Kwon-taek (2002)

images.jpg

Quelques fois, par hasard, on tombe sur un film qui nous retourne, Ivre de Femmes et de Peinture en fait assurément parti. C'est un biopic sur le père de l'art moderne Coréen, Jang Seung-eop né en 1843. A ne pas confondre avec l'art moderne occidentale, là il est question d'un art typiquement Asiatique, c'est à dire un art ou la nature a une très grande importance, elle en est le principal sujet, idem pour la peinture on ne parle pas du même médium, ici c'est de l'encre et principalement de l'estampe avec une palette de couleur ultra limitée qui est utilisée par les artistes.

Le tout prend place sous l'ère Chosun, après 5 siècles le pays et la dynastie subit des révoltes en interne, la corruption de l'aristocratie exacerbe les esprits, la société s'agite, les paysans se rebellent, des voix dissidentes se font entendre, la religion Chrétienne importée par l'occident met à mal les traditions.

C'est dans cette période mouvementée de l'histoire Coréenne que naît notre artiste, orphelin doté d'un don pour le dessin, il trouvera refuge chez des religieux qui lui apprendront à maîtriser son art, chose dont il sera capable rapidement tant son talent est immense, aussi immense que son caractère impétueux et irrévérencieux, son arrogance, sa soif de femme, d'alcool et surtout de perfection artistique.

Il travaillera d'arrache-pied, observant inlassablement la nature, scrutant le moindre battement d'ailes, pour être le plus fidèle, le plus précis. Une quête inlassable de perfection et un homme insatiable, qui traversera le pays vivant tantôt en couple, tantôt en professeur de renom et un autre temps en ermite, ou résidant à la cour du roi. Un esprit résolument moderne en avance sur son temps, qui mettra à mal les conventions aussi bien artistiques que sociétales.

Mais le film n'est pas qu'une très belle histoire, c'est aussi un long métrage très esthétique ou la nature justement est magnifiée grâce à une image superbe, elle fait écho à l'art de l'estampe et l'omniprésence de celle-ci dans l'art Coréen et plus largement Asiatique, le réalisateur a su la mettre en avant d'une très belle façon.

Les costumes et décors sont très beaux, on s'y croirait vraiment. Le contexte est lui aussi très intéressant, une période charnière de l'histoire du pays se déroule en toile de fond et les mouvements agitant la société a aussi une incidence sur la vie artistique, sur notre héros et les artistes.

Un très bon/beau film, complet sur tous les points. Pour l'anecdote on ne sait pas si l'artiste est mort, depuis le temps oui c'est certain, mais on a jamais retrouvé son cadavre, il est juste parti un soir d'hiver on ne sait ou. La légende raconte que déçu, il s'en alla mourir dans la montagne, auprès de la nature.

Vous êtes sur SC? Je laisse mon profil ici > https://www.senscritique.com/Saink
Citation :
Publié par .K.
Ce film est énorme, ce n'est pas mon avatar pour rien, il faut je le foute dans mon top d'ailleurs, il m'a durablement marqué! Concernant le réal, si t'as aimé, tu aimeras Why Don't You Play in Hell? qui est dans la même veine, et dans un registre totalement différent, mais aussi bon, Cold Fish. Love Exposure reste quand même son chef-d'oeuvre.
T'en as d'autres à recommander à part ces trois-là ?
J'ai aussi adoré Love Exposure par contre Cold Fish m'a laissé froid et je n'ai même pas pu finir Why don't you play in Hell.

Je crois que j'ai du mal avec le style de Sion Sono, ça va juste trop vite, dans Love Exposure ça passe étrangement mais dans WDYPH c'est limite pénible mdr.

Faudrait que je regarde son dernier, the Forest of Love, t'en avais parlé d'ailleurs Saink je crois.
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