Juste pour le caractère ironique. Je trouve cela très fort de me dire que :
Donc cet aspect est plutôt complexe et bien plus difficile à analyser d'un point de vue littéraire que ce tu en dis.
quand la discussion avait pour origine une telle remarque :
Pour le comte c'est pareil. Dumas a juste voulu écrire une histoire de vengeance. Jamais il ne se questionne de savoir si les acte d'Edmond Dantès sont moralement justifiable ou pas.
Bref.
***
Bhen non, c'est pas parce que le comte légitime ses actes qu'ils sont moralement légitime. Il a de bonne raisons de se venger. Donc ses gestes s'expliquent mais restent d'un point de vue objectif amorale. Surtout au XIXe !
Le propos n'était pas de savoir si ses actions sont morales ou non, mais plutôt de montrer qu'il y a bien un questionnement moral dans le récit - pour rappel, ce que tu niais initialement, et qui était la cause de mon intervention.
Maintenant, si tu veux, on peut rentrer dans la discussion sur la moralité de ses actes. Quand je disais qu'il se considérait moralement juste, c'était évidemment du point de vue de sa subjectivité - d'ailleurs sur le modèle anglo-saxon de la séparation entre morals et ethics, avec lequel je suis plus familier, la moralité est, in fine, subjective et personnelle. De fait, je ne crois pas qu'il adopte une position amorale, bien au contraire, par contre il peut s'inquiéter de l'immoralité de ses choix.
Pour rebondir sur la question de la justice divine, il me semble pourtant bien qu'à plusieurs reprises sa vengeance est montrée comme ayant une origine divine, du moins pour lui. Dantès considère, que s'il est dans une situation aussi favorable pour exécuter sa vengeance, c'est grâce à la Providence et à Dieu, et que s'il refusait l'opportunité offerte, il en ferait un affront au Seigneur. Évidemment, par la suite du récit, il est amené à questionner la validité d'une telle théorie, et à ravauder certaines parties de ses plans au cas par cas.
Tout le rapport à la morale et à l'éthique chrétienne est mis en avant grâce à la présence de l'abbé Faria, et de sa réincarnation en l'abbé Busoni - il suffit de voir ce qu'il fait quand il porte la robe de l'ecclésiastique. Je pense qu'on peut même aisément dire que les questionnements vont bien jusqu'à la justice des hommes, eu égard au fait que l'un des ses antagonistes principaux - si ce n'est l'antagoniste principal - est un procureur, dont la morale, l'éthique et sa croyance en la justice seront écartelées au fil du récit.
Pour la suite de ton commentaire, et sur la complexité de l'analyse de cette oeuvre inhérente au caractère partagée de l'écriture, je ne pense pas avoir le temps de rentrer dans une exégèse de l'oeuvre de Dumas et Macquet - je n'ai d'ailleurs pas tous mes livres sous la main -, mais j'ai tendance à penser que tu fais de nombreux raccourcis, encore, notamment sur les questions de style - j'ai lu plusieurs spécialistes qui, justement, affirmaient que Macquet pouvait copier à merveille le style de Dumas (et que son problème était plutôt de ne pas en avoir un personnel), et que, de fait, les travaux archéologiques sur la genèse de leurs oeuvres n'étaient pas aussi évidentes que tes assertions scabreuses.
Finalement, il n'est pas vraiment question de dire que Dumas écrit des romans moralistes, mais plutôt de mettre en exergue, que les questionnements moraux et éthiques sont bien présents dans
Le Comte de Monte-Cristo. Et surtout, s'il serait de bon ton de ne pas oublier qui simplifie quoi, ici.