Un intervenant dit "Bon, ok, c'est pas normal de se prendre des remarques graveleuses ou de se faire mettre une main au cul mais on peut aussi travailler sur soi-même", personne ne pense qu'il veut juste dire que, en plus de faire ce qui est normal et constructif, à savoir agir sur les autres pour les faire changer de mentalité, on peut aussi travailler un peu sur soi-même.
Si, il y a des gens qui le pensent. Peut-être pas ceux qui participent au sujet, mais il y a des gens qui peuvent mal interpréter ce type de propos, quand bien même seraient-ils tenus sans aucune arrière-pensées.
C'est toute la difficulté du féminisme moderne de faire la part des choses entre "mais évidemment que je ne suis pas sexiste" et "oui m'enfin bon, les meufs qui flippent, elles ont quand même un grain".
Parce qu'évidemment, aujourd'hui qu'il est devenu illégal de discriminer sur le sexe, personne ne va te dire qu'il le fait, mais on le fait tous quand même. Tu en donne toi-même l'exemple plus bas.
Il faut aussi comprendre que la résistance personnelle s'érode à mesure qu'elle est utilisée. Une femme peut partir avec la meilleure volonté du monde, à mesure qu'elle prendra sur elle pour se dire qu'
évidemment ce propos n'est pas sexiste parce qu'
évidemment la personne qui le tient ne l'est pas, y'a juste un moment où ça ne marche plus.
J'ai plus l'impression que tu veux défendre tes potes, parce que tu penses qu'ils ne sont pas sexistes. Mais sur un forum où le message passe par l'écrit, où on a le temps de discuter et de formuler ces phrases au mieux, les fragilités du discours ne peuvent pas être excusées comme tu souhaites qu'on le fasse.
Parce que ça ne devrait pas se dire qu'une femme qui joue à PES le fait évidemment parce qu'un mec l'y encourage, que ça ne devrait pas se dire qu'une femme qui ne sait pas comment réagir quand on lui palpe les fesses n'a qu'à prendre des cours de self défense, parce que vous êtes nombreux à dire que vous ne laissez pas faire, toi le premier, vous êtes nombreux à dire que vous intervenez, mais ici, sur ce sujet, vous n'intervenez pas beaucoup sur les propos sujets à fortes cautions.
Il n'y a rien d'évident dans le débat, ni la probité des intervenants ni leur sexisme, latent ou non. Donc chaque phrase compte, chaque mauvaise formulation compte, et elles doivent toutes être relevées. Parce que le sexisme moderne est insidieux et diffus, il ne faut pas laisser dire ce qui nous paraît
évidemment vouloir dire autre chose que ce que les mots disent.
L'évidence est l'ennemi de la discussion.
Un intervenant dit "Alors comme ça tu veux dire que c'est la faute des filles si elles sont mal considérées ?", personne ne pense qu'il veut simplement dire qu'il n'est pas normal de ne voir que le côté personnel et que, à côté de ça, il y a un problème global à régler.
On a quand même eu des intervenants qui disent explicitement que la fille qui va à une convention doit s'attendre à se faire toucher le cul. Si tu penses que c'est normal et si tu penses qu'il faut faire avec, alors tu es complètement à côté du débat de société dont tu dis pourtant qu'il est
évident.
Sans dire qu'il faut élever chaque être humain de la même manière, on pourrait ptêt commencer à pas inculquer aux filles (et aux garçons), que leur sexe est déterminant dans la manière dont ils doivent agir.
Pour que cette solution fonctionne, il faut d'abord que les parents (et tous les parents, même les potentiels) soient conscients du problème. Or le problème étant difficilement identifiable, d'autant plus quand on refuse comme toi que le débat descende "
trop bas" pour travailler sur le sexisme ordinaire, celui de tous les jours, celui auquel on ne fait plus attention, celui qui fait que ça ne vaut même pas le coup de rappeler qu'il y a des filles qui jouent à des jeux dit de mecs sans pour autant qu'un homme les y ait encouragées, si on ne met pas le doigt dessus, si on ne montre pas le problème en disant que ça n'est pas comme ça qu'il faut dire les choses, alors les propos seront répétés, les propos deviendront normaux, plus personne n'y fera attention, sauf les enfants qui sont des éponges.
Réaction catastrophée de la mère qui avait mis un point d'honneur à ne pas l'élever en conformité avec les dogmes d'une société patriarcale au sein de laquelle la femme était vouée à faire des sandwich dans la cuisine (ce qui est tout à son honneur, je l'admets).
Et je vais commencer par répéter qu'il y a des gens sexistes partout, chez les femmes, chez les féministes, juste partout.
Et que non, ce n'est pas normal de proposer de retourner une beigne à une fille quand elle se prend une main au cul, pour la raison suivante : il existe des féministes sexistes, qui veulent remplacer la domination de l'homme par la domination de la femme.
Ces féministes ont tendance à adopter les attitudes de la discrimination des genres pour voler à l'homme dominants ses codes, et elles finissent par foutre des mains au cul des mecs (vécu y'a moins de deux semaines, j'ai du me mordre la lèvre pour ne pas faire un scandale et pourrir la soirée). Que dans ce cas, si la solution qui a été donnée aux femmes est de réagir violemment, et en respectant l'égalité des sexes, cette solution devrait être aussi efficace dans le cas des hommes. Que dans l'ambiance délétère entourant aujourd'hui en France et dans la majorité des pays d'Europe de l'ouest, un homme qui retournerait une baffe, même légère, à une femme qui lui met une main au cul serait très certainement soumis à des emmerdes vis-à-vis de la loi. Que cette solution n'est donc pas bonne, parce qu'elle s'appuie sur certains symptômes du problème pour résoudre le problème, et que par conséquent elle assiérait le problème un peu plus profondément dans nos quotidiens.
Donc non, les femmes ne doivent pas retourner une baffe à un mec qui leur met la main au cul.
Que les victimes doivent travailler sur elles-mêmes n'est pas non plus une solution au problème de la discrimination de genre, parce que les victimes doivent travailler sur elles-mêmes parce qu'elles sont victimes, pas parce qu'elles sont des victimes femmes. Cette solution n'est donc pas non plus en rapport avec le débat.
Que les victimes doivent faire des choix de vie (cours d'auto-défense, comme conseillé) pour apprendre à gérer leurs peurs n'est pas plus vrai si les victimes sont des femmes. Cette solution, une fois encore, n'a rien à voir avec le sexisme et le problème des femmes, sauf à devenir éventuellement sexiste en considérant que parce qu'elles sont femmes, les victimes ont plus à faire que les victimes qui ne sont pas des femmes.
Je rappelle que la majorité des victimes d'agressions sont des hommes, qui eux aussi sont parfois tétanisé par la peur parce que c'est un sentiment difficilement contrôlable (à moins d'avoir 10 ans de Systema derrière soi). Le problème de la réaction face à une agression n'est pas le sujet d'une discussion sur le sexisme, parce que ça va finir, comme c'est en train de finir, par proposer aux femmes victimes d'agression ou d'indélicatesse des solutions sexistes, à savoir qui discriminent au sein de l'ensemble des victimes celles qui sont des femmes par rapport à celles qui sont des hommes (par rapport à celle qui sont des homosexuels, etc...).
Et j'ajoute que le réflexe de vouloir rejeter la responsabilité des solutions du problèmes sur les autres par effet de distanciation est une partie du problème. Si il s'agit d'un problème de société, nous sommes tous, hommes et femmes, concernés. Donc on ne peut pas dire "les filles qui cosplay en convention n'ont qu'à...". La solution à un problème de société qui nous concerne tous a comme sujet Nous, sinon ce n'est pas une solution, c'est un palliatif.
Nous tous, et tous ensemble. Pas juste les filles qui cosplay, pas juste les filles qui osent rentrer tard le soir chez elles, pas juste les femmes qui ont une vie sexuelle active, pas juste les femmes qui savent changer une roue et une bougie, pas juste les femmes qui ont fait des études techniques, pas juste les hommes qui ont fait des études d'infirmiers, pas juste les hommes qui élèvent seuls leurs enfants, pas juste les hommes qui ont décidé d'être père au foyer.
Parce qu'à force de considérer que le problème du sexisme est un problème qui ne touche que les femmes, on finit forcément par arriver à des solutions portées uniquement par les femmes.
Et ça, ça conduit à Mar_Land, ça conduit à la suppression de mademoiselle de la langue française, ça conduit à une logique d'attribution du droit de garde ahurissante, ça conduit à des discriminations à l'embauche en défaveur des hommes, ça conduit au fait d'augmenter plus les femmes que les hommes dans un milieu professionnel majoritairement masculin parce
forcément c'est plus dur pour elles, tu comprends ? Ben non, je ne comprend pas, et je comprend d'autant moins que des hommes prônent des solutions qui inéluctablement vont leur retomber sur la gueule à plus ou moins long terme.
On ne peut pas à la fois rejeter les discours des activistes féministes qui défendent le matriarcat et porter aux nues des solutions qui n'impliquent que les femmes. C'est profondément incohérent. Soit ça nous concerne tous, et alors on a tous notre mot à dire et on peut et doit tous intervenir, soit ça ne concerne que les femmes, auquel cas les hommes n'ont pas à venir critiquer l'action des femmes dans le domaine.
Parce que c'est aussi un phénomène de domination que de vouloir s'octroyer le droit de critiquer l'action de ceux sur qui on rejette la responsabilité de la résolution d'un problème.
Et aussi, et surtout, parce que les hommes sont au moins aussi victimes que les femmes, et que si vous nous laissez la responsabilité de trouver des solutions à notre seul et unique niveau, dans moins d'un siècle, on aura le problème symétrique à régler.
Le sexisme n'est pas un problème de femmes.