Publié par
Caniveau Royal
J'ai pas pu suivre l'étape, sinon entre le kilomètre 43 et 37, et visiblement elle n'a pas plu.
J'en profite pour poser une autre question, à Svenpak ou à ceux qui savent ça d'assez près :
L'alimentation et la sustentation durant les 200 km ou plus d'une étape à 39 km / h de moyenne ? Le kcal / heure doit être impressionnant. Or,
- Je veux bien que les coureurs mangent un bœuf entier, mais s'ils le font avant de partir, ils vont juste roupiller en pédalant vu qu'il faudra bien qu'ils digèrent.
- S'ils se limitent à manger le soir et peu le matin, je peux le comprendre, mais durant l'étape, ils faut quand même qu'ils se re-énergisent. Je les vois bien prendre des bidons, mais ils n'en reçoivent qu'occasionnellement, et leur contenance ne me semble pas dépasser 50 - 70 cl.
J'en suis à toutes les conjectures sur ce que l'on met dedans :
de l'eau, du sel et du sucre, ou bien du potage ?
Perso, quand je roulais, j'ai jamais dépassé les 210 km (et c'était rare de faire cette distance). Mais on faisais pas les moyennes des pros non plus hein. On tournais plus sur des 25-28 km/h de moyenne.
Généralement, je mangeais une bonne assiette de pâtes 2 heures avant la course (sucres lents, donc qui apportent de l'énergie en continu sur une longue période).
Le plus grand danger d'un cycliste, c'est pas d'avoir faim, c'est d'avoir la fringale. La fringale c'est un état proche d'une chute de tension niveau sensations. Ton organisme est HS pour x minutes, en attente d'apport calorifique rapide. Je m'en suis choppé une à l'entraînement, ben j'étais très mal, j'ai du m'asseoir à terre, je sentais plus mes jambes, limite prêt à tomber dans les pommes. Tout ca parce que je m'étais pas alimenté correctement avant de faire ma sortie d'entraînement de +- 60 km.
On part avec quelques trucs dans nos poches (à l'arrière du maillot), ca comprend souvent des barres de glucose (sucres rapides) qui permettent de donner un coup de fouet rapide si on sent une petite déficience arriver. Pour des collations plus robustes, on dépend en grosse partie des ravitaillement qui se font à différents moments de la course (souvent dans des endroits calmes), la on a des gens de l'équipe qui nous filent des "musettes" avec un peu de tout dedans (fruits, glucides, boissons énergétiques genre Aquarius, etc...). Il reste bien entendu les bidons qu'on peut récupérer dans les voitures. Leur contenu dépend des goûts de chacun, mais généralement c'est un truc genre Aquarius pour hydrater, étancher la soif et apporter un peu de sels minéraux).
Généralement, tout est calculé pour pas qu'on parte en couille avant la fin de l'étape. mais faut aussi connaitre son corps et ses limites pour pas se foutre dans le rouge. Se foutre dans le rouge c'est pas spécialement uniquement une question de rythme cardiaque, mais aussi de pas "brûler" toutes nos forces bêtement, et de savoir les étaler sur l'ensemble de la course.
Sur une étape de montagne (style celle d'aujourd'hui), un coureur pro brûle +- 3.000 calories. Sur une étape plus classique, cela dépend du rôle et de l'effort effectué, mais c'est moins.
Bizarrement, j'ai jamais eu faim à la fin d'une course, je savais rien avaler avant le soir. Et la je mangeais comme un porc (truc à surtout pas faire si tu dois rouler le lendemain
).
Petite anecdote, la première fois que j'ai dépassé les 120 km d'une traite, après l'arrivée, j'ai été uriner...et j'ai uriné du sang
, du à la pression de la selle exercée sur la vessie sur un si long laps de temps. A la fin ta vessie s'y habitue, mais sur le coup j'ai eu un peu peur
J'étais plus puceau de la vessie
Je précise que ces méthodes et indications datent de 20-25 ans (j'en ai 38), donc ca a sûrement changé depuis. A l'époque, on avais un suivi, mais ca doit être rien comparé à l'encadrement des jeunes de maintenant.
Genre, en dehors des jours de courses, je pouvais bouffer ce que je voulais, juste pas trop de frites
D'ailleurs, qu'on parle de bidons, le jour de mes 16 ans, il y avait une course. Mes coéquipiers et mon entraîneur m'ont fait un sale coup. Ils avaient foutu du pastis dans tous mes bidons (ceux pris sur mon vélo au départ, ceux prévus dans les musettes, et ceux dans la voiture). Vu que j'avais que ca à boire, je vous raconte pas mon état à l'arrivée. Heureusement c'était une petit kermesse (course pour le fun en gros).
En voyant l'étape d'aujourd'hui, j'ai l'impression que Contador a été à limite de la fringale. Sur la grosse accélération de Porte, on voit qu'il demande un truc à son équipier et qu'il prend en vitesse son bidon. Je jure pas que c'est ca, mais ca pourrait expliquer pourquoi il a pas été capable de suivre. Généralement, t'emmerdes pas ton équipier en pleine ascension d'un col pour rien.