Publié par
Fenrhyl Wulfson
Pourquoi le gros du marché du travail se trouve dans le bassin parisien ?
Pourquoi, au lieu de favoriser le développement de tout le territoire, on laisse se créer des zones sans administration, sans transport, sans infrastructures, laissant ainsi de vastes espaces de territoire où on pourrait implanter des entreprises en friche totale.
Je suis assez d'accord avec toi. Le problème c'est un peu le serpent qui se mord la queue.
La main d'oeuvre ne va pas à la campagne parce que y a pas de boulot et les entreprises ne vont pas à la campagne parce qu'il n'y a pas de main d'oeuvre.
On fait comment du coup ?
Personnellement, j'avais tenté "l'aventure" de la campagne quand j'étais plus jeune. Je voulais me trouver un boulot alimentaire (j'étais même pas exigeant hein) et prendre des cours par correspondance à côté pour reprendre des études. J'avais pensé bêtement que la campagne c'était plutôt cool pour reprendre des études à distance (pas de stress, cadre sympa, pas cher).
Sauf que bah... recherche d'emploi pendant 2 ans, j'ai du vivre de mon chômage, rien trouvé du tout. Je rappelle que je ne cherchais pas un job de carrière mais bien alimentaire.
Les seuls jobs que je pouvais trouver étaient à 100 bornes. N'ayant pas le permis, c'était un peu mort et vivant sur un chômage d'ex-smicard à l'époque, encore moins.
Ah si, le GRETA m'a appelé 1 an après que je sois retourné à Paris pour me proposer un poste de prof chez eux.

C'était un tantinet trop tard.
Après, on peut se mettre aussi à la place des entreprises. Si un prend l'exemple d'un call center. Entreprise typique qui recrute énormément sans trop de qualification.
Ils la trouvent où la main d'oeuvre à la cambrousse ? Va chopper 100 français ayant un parlé correct, une syntaxe correcte, sachant taper sur un clavier, familier des nouvelles technologies à Mazamet ou à Nevers (les deux bleds que j'avais fait).
Allons plus loin, va faire venir des russes, turques, espagnols, anglais, allemands dans ces bleds là et demande en plus aux français y habitant de parler en anglais car ça sera la langue de l'entreprise.
Bah y a certain type d'entreprises qui n'iront jamais à la campagne tout simplement parce que les ressources n'y sont pas. Ce genre de structure coûte suffisamment cher à mettre en place pour pas prendre ce risque.
Après, je t'avouerai que je serais tout de même curieux de voir si un jour une entreprise aurait les couilles d'ouvrir un service de support international au fin fond de la Corrèze.
Quand tu vois que dans le JV (support), même à Paris ou Berlin c'est pas si facile que ça de recruter certaines langues. C'est pas en Corrèze que ça va les attirer plus, sans compter les démarches de VISA pour les Russes et les Turcs qui peuvent être plus "faciles" à obtenir dans un autre pays que la France.
Juste pour reprendre l'exemple de Nevers vu que j'y ai vécu 2 ans.
T'as 0 université. T'as une bonne scène musicale locale. T'as une école de coiffure. T'as plein de garages. T'as des bars et c'est tout. Ah non pardon, quelques restau et hotels parce que Magny-Cours est pas loin.
Nevers est même éventuellement pire qu'ailleurs au niveau administratif puisque Clermont-Ferrand et Dijon se renvoient la balle pour savoir à quelle académie appartient Nevers. De telle sorte que pour passer un examen, à l'époque, j'avais du viser une université qui se contrefoutait de l'académie dont je dépendais (Creteil

). Sinon, j'aurai toujours pu me toucher pour passer mon exam'. Je passerai sur l'ANPE/ASSEDIC (à l'époque) locale qui ne connaissait même pas les lois françaises et qui ne connaissait même pas leurs propres procédures. J'ai du leur imprimer une Loi qui me donnait droit au chômage dans le cadre d'une reprise d'études puisqu'ils me disaient que ça n'existait pas. J'ai finalement du porter ça au Médiateur de la République pour qu'elle tranche en ma faveur (oui-oui, leur incompétence a été jusque là). En attendant, j'ai bien failli dormir sous les ponts vu que j'avais pas de thunes et qu'ils bloquaient mes indemnités chômage.
Bref, tous les jeunes se barrent de ces villes là une fois le bac en poche parce qu'il n'y a tout simplement rien pour eux. Il reste des musiciens, des alcoolos, des agriculteurs, des coiffeurs et des smicards. Pourquoi les gens resteraient vu la perspective de vie que ce genre de bled offre ? Pas d'infrastructure, pas de scolarité au dessus du bac, institutions publiques incompétentes (hormis la médiatrice de la république de l'époque, je reconnais qu'elle avait roxé et ce, avec diligence), pas/peu d'orientation/information des jeunes. La mission locale se borne à te désigner un PC pour taper ton
torchon CV en t'expliquant des banalités vieilles de 20 ans qui ne s'appliquent plus aujourd'hui. Ah oui ! Je passerai aussi sur le fait qu'ils vivent tous encore au 20ème siècle et que la majorité des entreprises demandent des lettres manuscrites envoyées par la poste car ils ne connaissent pas internet (ou ne souhaitent pas l'utiliser). Même dans l'informatique !

Accessoirement, autant l'ANPE que la Mission Locale me conseillaient de me barrer de là car je cite "je ne trouverai pas de travail". A noter que j'avais 5 ans d'XP pro. Et à la fin de mes indemnités chômage, comme je n'avais pas le droit au RMI à l'époque (trop jeune), ils m'avaient même conseillé de faire un enfant car ça me permettrait d'obtenir une dérogation pour le RMI (je ne plaisante pas, c'était affligeant).
Finalement, fin 2005, je suis retourné à Paris après 2 années infructueuses car j'y avais trouvé un emploi (de carrière, pas alimentaire) depuis Nevers, un comble !
L'experience à Nevers était entre 2003 et 2005 mais je doute qu'il y ai eu beaucoup de changement depuis.
Bref, avant de songer à faire venir des entreprises, faudrait déjà changer la mentalité des institutions publiques et les professionnaliser/former un peu.