Anecdote qui s'est passée au mois d'Octobre. Je ne dois ma liberté aujourd'hui qu'à mon grand sang-froid. Sans quoi je serai actuellement entrain de croupir en tôle, pour gérontomeurtre au premier degré avec circonstances atténuantes.
Je devais partir en vacance le soir en Corse, avec des amis. Comme je n'avais pas de carte mémoire pour mon appareil photo en rab', je suis rapidement aller en acheter au Carrefour du coin lors de la pose de midi.
Bien entendu, c'est un vendredi, donc pas mal de monde aux caisses, je me mets à faire la queue, juste derrière un couple de jeune gens. La caisse juste à côté de nous vient de fermer, la caissière est entrain de ranger ses affaire.
Arrive alors derrière moi une petite vieille rabougrie. Mais vraiment, vous cherchez rabougrie dans le dictionnaire vous tomberez sur sa photo. Je l'entends grommeler derrière moi (genre "grmlmllm monde, grmlmlml attendre, gremlmlml"), je l'ignore royalement.
Et la voilà pas qui se met à se diriger vers la caisse de droite -fermée donc. La caissière la voit arriver, et lui signifie que la caisse est fermée. Ce que la vieille baudruche se fera répéter 3 ou 4 fois avant de comprendre (elle commençait à poser ses affaires sur le tapis de manière assez péremptoire).
Elle re-grommèle un bon coup, et revient se placer dans la file. Mais en faisant le chemin je la vois qui me dévisage rapidement, dévisage les gens devant moi, et lance la discussion en passant avec la jeune femme du couple : "Oh, vous avez de jolis cheuveux ! vous les coiffez comment ? blablalblablalba". Et s'insère avec une souplesse et un art insoupçonné juste entre eux et moi, en continuant de parler.
Là, je suis quand même un peu outré, je lâche un "Hum, excusez-moi..." et là elle réagit au quart de tour : "Ah non ! J'étais là avant ! Juste que vous ne m'aviez pas vu ! J'étais à la caisse d'à côté ! N'est-ce pas mademoiselle ?" en prenant pour témoin la jeune femme en finissant. Elle ne savait pas trop quoi dire, elle ne m'avait pas vu, et effectivement la vieille était bien passée à l'autre caisse...
La vieille enfoirée de continuer "De toute manière vous devez me laisser la place ! J'ai une pièce d'invalidité ! Vous êtes un goujat !" et compagnie.
Bon, pas envie d'insister, elle va crever avant moi et expier dans les 9 enfers inférieurs son impolitesse sous peu, alors j'm'écrase.
Arrivé son tour de mettre les affaire sur le tapis roulant, elle y vide son sac, puis cherche son portefeuille. Elle me regarde alors d'un air mauvais, genre vieille sorcière ménopausée cherchant un exutoire à sa mauvaise humeur quotidienne. Elle me fourre alors son portefeuille ouvert sous les yeux, me montrant sa "carte d'invalidité", que c'est vraiment honteux de ma part, etc.
Je regarde rapidement, je n'arrive à déchiffrer sur son vieux papier qu'un truc du genre Carte d'accompagnement, je ne sais toujours pas à quoi ça correspond. Je lui rétorque quand même, pour la forme -et aussi passablement énervé par son attitude- que cela ne lui donne pas non plus le droit d'être désagréable. Là elle repart de plus belle, commence à hausser la voie. J'vois un vigile un peu plus loin qui commence à s'avancer pour voir ce qu'il se passe, je me dis que je vais pas compliquer la situation, que quoi qu'il arrive sa se retournera probablement contre moi, au vu des capacités de la vieille à manipuler les gens.
Arrive son tour de passer à la caisse. Métamorphose, toute douce, tout miel, elle complimente la caissière sur ses cheveux (>...<'), lui fait la conversation et tout. Mais là, d'un coup, drame. Elle avait acheté 3 Bâtons de berger, ou un truc équivalent. Car il y avait une promo genre 2 achetés, 3eme remboursé ou je ne sais quoi.
Sauf que la caissière ne peut pas lui faire le remboursement en caisse, il faut qu'elle retourne à l'accueil.
Le masque tombe, la vieille révèle à nouveau son status de démon (Grade 3 de Malphas je pense...) Que ce n'est pas admissible, qu'il faut lui faire la réduction tout de suite, et que ci, qu'elle est handicapée, qu'on lui doit le respect de son grand âge, ce genre de chose.
La caissière, désespérée, lui dit qu'elle le ferait volontiers, mais que c'est seulement à l'accueil que l'offre est valable. Notre engeance démoniaque demande alors à la caissière qu'elle aille à l'accueil, ou qu'elle appelle quelqu'un pour lui amener ses affaire à l'accueil pour se faire rembourser à sa place, qu'elle est trop invalide pour faire le trajet.
Elle m'avise alors, pendant que j'étais entrain de rire sous cap. "Vous jeune homme ! Vous pourriez vous excuser en allant à l'accueil pour me faire rembourser !"
Ah. Là je sors un peu de mes gonds politiquement corrects, et je lui fait remarquer que si elle a été capable de traîner ses vieilles fesses dans tout le magasin pour faire ses courses, elle devrait être capable de se rendre à l'accueil elle-même.
Outrée, elle décide de ne pas prendre ses Bâtons de Berger et finit de faire passer ses courses à la caisse. Qu'elle se met à ranger prodigieusement lentement.
A mon tour de faire passer mes 3 articles (2 cartes mémoire pour un réflex, donc, et un champoing acheté à l'arrache). Alors que je sors ma carte pour payer, je vois la petite main potelée de la vielle qui s'avance, et s'empare innocement d'une des cartes d'appareil photo pour la ranger dans son cabat.
Je lui fait un peu remarquer qu'elle a du se tromper, que ça ne lui appartenait pas. Elle commence à se récrier, que c'est une honte de l'accuser de voler des choses, que pas du tout, elle l'a acheté aussi, ce genre de truc. Je lui demande de sortir son ticket de caisse, histoire qu'on vérifie ensemble.
Elle grommèle (encore, oui. Bien qu'à posteriori je pense que ce devaient être des invectives démoniaques lancées à mon égard, promettant à son dieu titulaire maints sacrifices si il lui daignait de me faire souffrir milles tourments là maintenant, tout de suite), mais fini par rendre la carte, et s'en va semer la discorde un peu plus loin.
Si tu me lis, vieille, crève.
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