Bon, il paraît qu'il n'y a que Tabou qui peut se permettre d'organiser sans voter ni commenter, et que c'est un privilège de clerc : on n'a pas le droit de bash un rezzer d'animation, soit.
Or donc, mes notes de lecture :
#1
C'est très mal de me faire me manger un violent accès de nostalgie comme ça dans la gueule. Been there, done that.
Je pense sincèrement qu'il n'y a rien de plus beau mais rien de plus dur sous ce soleil que les séparations sur un quai de gare ou dans un hall d'aéroport. Moments de concentré de vie qu'il faut avoir vécu. On n'est définitivement plus le même homme une fois qu'on sait que c'est si injuste, si étriqué, si mesquin, de voir certaines larmes couler sur certaines joues, juste parce que c'est 22h54, voiture 42, place 35.
Je m'égare, et je dois avouer que rien que le thème traité pourrait valoir un vote, c'est plein cadre avec les premières choses qui me viennent à l'esprit quand je pense "voyage de nuit" n'importe où n'importe quand. Tu décris très bien la vacuité de ce genre d'instants, et le fameux côté "hors du temps" de ce genre de voyages, propices à de sérieuses remises en question et décisions.
#2
Sérieuse maîtrise. Toujours juste malgré un thème vraiment difficile à manipuler, et je suis aussi très sensible à l'effort stylistique, tenu de bout en bout.
Il me manque peut-être un peu plus de couleurs, de chaleur, sur la scène de résolution de la tension ; ou bien un contraste très fort et dans le discours et dans peut-être le style pour la fin, le moment de réalisation par la narratrice, qui est aussi le moment de l'énoncé. Ça aurait peut-être même demandé un changement de voix narrative. Un peu à la manière des quelques scènes qui débloquent "La fleur du mal" de Chabrol, sur un thème très similaire.
Mais c'est vraiment de la préférence personnelle, le choix de la froide énonciation du début à la fin fonctionne aussi très bien, et reste cohérent avec la voix unique.
Hésitation avec le #1 pour le vote, thème vs. maîtrise.
#3
Agréable à lire, et chute (!) vraiment bien amenée, on se fait prendre au piège sans problème.
Thème malheureusement déjà beaucoup traité dans la littérature, dur de tenir la comparaison avec d'illustres prédécesseurs.
#4
Comme d'autres lecteurs, j'ai plus de mal.
Deux maladresses finales (la comparaison et la dernière phrase) dans la forme achèvent le lecteur, c'est dommage. Y'avait de l'idée, mais petit manque de finesse pour nous garder en haleine.
#5
Texte très travaillé, qui a le défaut de sa qualité : il m'a fallu plusieurs lectures attentives pour bien voir où l'auteur voulait nous emmener.
Thème dérangeant, mystique, et original (la perte du jumeau). Prix du jury vu que la palme reste encore à répartir entre les textes 1 et 2 ?
#6
L'effet recherché fonctionne et est bien amené, mais ça ne m'a pas emporté. Là encore, c'est sûrement lié à un vécu personnel.
C'était une des lectures de la "nuit" les plus évidentes, on n'est pas trompé sur la marchandise, mais il manque justement un petit plus pour avoir envie d'aller au-delà et d'être touché, de mon point de vue.
#7
Ambitieux de s'attacher à un thème si brillamment traité il y a quelques années, et si âprement commenté en méconnaissance de cause l'année dernière dans les médias.
Ça ne fonctionne pas pour moi, mais j'ai une grosse aversion pour les narrateurs qui sont de vrais salopards assumés que rien ne sauve.
#8
Le fond me plaît beaucoup, mais la forme aurait mérité plus de travail. Notamment le premier paragraphe (usage des virgules pas toujours pertinent ; et c'est un violent abutilisateur de ce signe, et je néologise si je veux, qui te le dit).
Très bonne idée directrice en tout cas, une des plus originales. Si on n'a pas vu Total Recall une bonne vingtaine de fois, pas de bol c'est mon cas.
#9
Thème très intéressant vu où nous sommes, mais j'aurais voulu rêver un peu plus avec un vrai rebelle en héros. Les types qui tiennent la nuit au coca n'ont pas le droit d'être des soumis au boulot !
#10
Un vrai effort sur la forme, qui aurait mérité plus de temps / de relectures. J'ai voulu y voir un parallèle intéressant avec le mal être chronique de l'insomniaque pendant ce que les diurnes appellent les "matinées", dans ce cadre mythique du métro, et si c'était recherché c'est réussi.
Sinon, j'ai essayé d'oublier pendant tout le texte "une grande ville comme tant d‘autres" ; mais un amoureux de la Ville et des villes ne peut pas laisser passer, désolé. Toutes semblables, mais toutes si différentes quand on apprend à déjouer l'illusion.
#11
Thème vu et revu. C'est dommage, ça masquerait presque la maîtrise du style si on n'y prenait pas garde.
Il y a vraiment eu beaucoup trop de scènes du genre au cinéma et en littérature pour que ça puisse se détacher du lot.
Regarder la Nouvelle Star nuit gravement à la production Ex-Libarienne, je suis sûr que l'auteur peut faire bien mieux, et j'aurais lu avec plaisir quelque chose de plus original de sa part sur le thème proposé ! Comment ça j'abuse à utiliser des infos liées à l'orga ? Ben ouais mais ça fait 11 commentaires que je suis sérieux : y'a un moment, je ne peux plus...
Tout ça restant mon ressenti personnel évidemment.
Ainsi donc, les textes 1 et 2 sont pour moi ceux qui se disputent le vote. Si la scène était à Jerez dans une soirée flamenco gitane, un verre de fino à la main, ce serait le 1, et c'est un vrai compliment. Mais puisqu'on est dans un cadre plus austère de concours d'écriture, je vote pour le 2, plus complet.
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Et juste en passant pour ne pas que :
Cela dit, je pense qu'à la 30ème édition, je ferai un recueil de l'Ex-Libar, en pdf via (la)tex tout beau tout ça, comme ça Jet pourra tout relire à tête reposée et police adéquat, et puis ça fera toujours à un truc à mettre sur le site mythe divers.
Ce serait bien urbain !