Après douze années d'absence où son public fidèle fut orphelin, l'incontournable James Cameron revient aux affaires avec un projet aux ambitions démesurées. Avatar dépasse les limites fixées, le budget de production est gargantuesque et la machine marketing est colossale. Pour ne pas avoir entendu parler de ce phénomène, il faut vivre sur une autre planète, difficile d'y échapper.
En sus, pour des raisons obscures (propos pas vraiment étayé), il se disait que le nouvel opus du réalisateur Canadien serait une véritable révolution dans le monde du cinéma, alors qu'en est-il au bout du compte ?
Serait-ce un blockbuster sans âme avec pour seul attrait sa vitrine éblouissante ? Ou bien serait-ce l'objet révolutionnaire tant annoncé ?
A mon sens, aucune de ses deux possibilités, même si je me range du côté des conquis.
Déjà, première bonne nouvelle (et ce n'est pas vraiment étonnant), le cinéaste n'a aucunement perdu son envie de raconter une histoire et de faire vivre des personnages avant toute considérations "commerciales". De toute façon, il a suffisamment de travail derrière lui et de libertés (devant lui cette fois ci) pour éviter de sombrer dans l'écueil du "spectaculaire à tout va". Ceci dit, ça ne l'empêche pas de se préoccuper de la technique. En conséquence, et c'est une habitude chez lui, au sein d'une oeuvre pétée de thunes, James Cameron délivre au public une fable qui parle à tout le monde. Nous emmenant aux confins de l'univers, à Pandora précisément, pour un voyage fantastique, sublime et gorgé d'émotions.
J'arrête de divaguer un instant, et restons plus terre à terre: alors effectivement on pouvait s'attendre à mieux en ce qui concerne le scénario. C'est somme toute assez classique, mais également un poil naïf et manichéen aux entournures. En outre, le déroulement des évènements est quelque peu prévisible, quoique pas tant que ça puisque je ne m'attendais pas du tout au trépas de certains personnages. En fait, c'est surtout balisé, au moment où Jake Sully rencontre Neytiri, la princesse indigène: quand elle est contrainte à lui apprendre la langue locale, les rituels et autres coutumes des Na'vi...
Puis ça sent franchement le film coupé, le début démarre tambour battant, et au bout de même pas 5 minutes, ils sont tous sur Pandora, je n'ai même pas eu le temps de me mettre en condition et de saisir pleinement les enjeux du côté des militaires. Je rajoute à cela quelques raccourcis et ellipses qui rendent un mauvais service aux personnages secondaires (essentiellement les Terriens). Soit ils paraissent inexistants, soit ils ont un comportement caricatural. Sur ce dernier point, je pense notamment au colonel Quaritch (quel charisme !) un vrai paradoxe celui là: au final il peut être réduit au salopard de service débitant des répliques primaires et guerrières. Alors que quelques minutes auparavant on le voit comme une sorte de père de substitution, qui souhaite protéger ses hommes en évitant un réel conflit. Bref, vivement une version longue qui permettra probablement d'affiner la psychologie de certains protagonistes, de comprendre mieux leurs motivations et de balayer cette fâcheuse impression qu'on passe parfois du coq à l'âne. Comme la director's cut de Kingdom of Heaven en somme.
En dépit de ses quelques imperfections d'ordre scénaristique, j'ai complètement adhéré et j'ai été littéralement transporté au sein de cette histoire où un peuple d'autochtones doit lutter pour la survie de son environnement, contre l'espèce humaine.
Les 2h40 du métrage se déroulent à une vitesse inouïe, cela me semblait si condensé et si riche que je ne me suis pas ennuyé une seule seconde. Et pourtant, il n'y a pas de véritables scènes d'actions. Ces dernières interviennent dans les 30 dernières minutes, lors de l'assaut final.
A ce propos: quelle maitrise ! James Cameron met à l'amende une grande partie des types responsables des blockbusters sortis ces dernières années. Cela parait simple vu comme ça, mais sur le plan de la réalisation c'est tellement fluide, inventif et naturel que ça force le respect. Ces derniers temps au cinéma, j'avais presque oublié comment c'était de vivre une séquence d'action impressionnante, d'avoir cette sensation d'en prendre plein la tronche.
Et bien évidemment, c'est en partie grâce à l'effet relief. D'ailleurs, ce qui est pertinent dans l'utilisation de la 3D, c'est que ça ne fait pas gadget, tout en étant peu ostentatoire, voire discret. Personnellement, des éléments et divers objets qui me sont jetés au visage, ça me fait plus sortir du long métrage qu'autre chose. Dans Avatar ce n'est pensé comme tel, la 3D est présente dans le simple but d'accentuer l'immersion et non juste pour impressionner et faire sursauter le public. L'objectif est de permettre au spectateur de croire réellement à ce monde fabuleux. Au delà de l'émerveillement que cela peut procurer, cela contribue aussi à améliorer l'identification et l'empathie à l'égard des individus qui défendent coûte que coûte l'écosystème de cette planète.
Alors je ne sais pas si c'était volontaire, je l'ai interprété comme ça... En définitive, c'est très malin de la part de James Cameron d'avoir apporté, avec cette nouvelle technologie, quelque chose d'un peu plus substantiel que d'habitude.
Pour conclure, Avatar n'est pas une oeuvre parfaite, ce n'est pas le meilleur opus du cinéaste et encore moins un chef d'oeuvre. En revanche, en terme de spectacle généreux et d'expérience sensitive, c'est clairement le haut du panier.
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