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Je poste ici vu que c'est en partie lié. Dans la commission d'enquête concernant les violences dans les établissements privés, ces derniers jours c'était ce qui c'était passé autour de Stanislas, et c'est pas mal en cause le top de la hiérarchie du Ministère de l'Éducation. C'est la n°2 du Ministère de l'Éducation (qui est également la responsable de l'Inspection Générale de l'Éducation) qui a modifié la lettre de transmission concernant le rapport d'inspection ciblant Stanislas en le rendant bien plus positif que le contenu du rapport :
En juin 2022, Mediapart publie une enquête sur Stanislas et son univers sexiste, autoritaire et homophobe. Un rapport de l’inspection générale, que le gouvernement a d’abord voulu cacher, confirmait largement nos révélations. Ce document de trente pages montre notamment que l’établissement ne respecte pas la loi, en obligeant tous ses élèves à suivre une heure hebdomadaire de catéchèse. Et que dans ces cours, des intervenant·es tiennent des propos homophobes, anti-avortement, font la promotion des thérapies de conversion et demandent à « pardonner aux violeurs ».
Mais la lettre de transmission accompagnant ce rapport et transmise au ministre concluait tout l’inverse : « Au terme de la mission, l’équipe ne confirme pas les faits d’homophobie, de sexisme et d’autoritarisme mis en avant par la presse à partir de témoignages anciens, sauf éventuellement à remonter à une époque antérieure à l’actuelle direction et pour laquelle la mission n’a, au demeurant, recueilli aucun témoignage à charge. » [...]
« Ce paragraphe, je le dis sous serment, je ne l’aurais pas accepté, je suis très claire », a expliqué Françoise Boutet-Waïss, inspectrice générale de l’éducation, du sport et de la recherche, devant la commission d’enquête parlementaire qui l’interrogeait sur le sujet mercredi 21 mai.
« J’endosse le rapport mais je n’endosse pas la lettre de transmission », a également affirmé sa collègue, Annie Dyckmans-Rozinski, considérant que ce paragraphe « discrédit[ait] l’inspection générale ». « La chose qui consiste à renvoyer au passé, c’est le discours de la direction. Nous avons enquêté au présent, a-t-elle ajouté. Il est écrit “l’équipe”. C’est mon intégrité professionnelle qui a été remise en cause et c’est très grave. » [...]
Sur une position différente de celle de ses deux collègues, Roger Vrand, l’un des quatre inspecteurs choisi comme pilote de la mission, confirme l’intervention de sa supérieure, mais refuse d’y voir une quelconque dissimulation : « Caroline Pascal a voulu répondre à la saisine du ministre faite à l’inspection générale, aux accusations très graves de Mediapart. C’est uniquement dans ce sens qu’il y a eu cet ajout ! »
Son collègue Patrick Allal, l’inspecteur référent de la mission, ne voit lui non plus aucune malice dans cet ajout de dernière minute : « Un rapport ne peut être modifié sans l’accord des inspecteurs. La lettre de transmission c’est autre chose, c’est une prérogative de la cheffe de service [Caroline Pascal]. »
De quoi faire sortir la présidente de la commission parlementaire, la socialiste Fatiha Keloua-Hachi, de ses gonds : « La lettre de transmission est un outil politique, c’est la seule chose que lit le ministre ! Et Amélie Oudéa-Castéra [ministre ayant succédé à Gabriel Attal – ndlr] l’a utilisée, le diocèse de Paris l’a utilisée [pour défendre Stanislas]. Et non, la lettre de transmission n’est pas fidèle au rapport, vous ne pouvez l’affirmer ! »
Source : https://www.mediapart.fr/journal/fra...x-du-ministere
À noter que malgré les inspections très négatives et le refus de Stanislas a changé ses méthodes, Borne n'envisage toujours pas la suspension du contrat avec l'État  :
L’équipe de la mission découvre également, au cours de ses travaux, qu’un des animateurs du catéchisme de Stanislas (alors obligatoire pour tous les élèves, au mépris de la loi), tient des propos qualifiés de « terrifiants » par l’une des inspectrices, Françoise Boutet-Waïss.
« Des horreurs du type : “Si papa trompe maman, l’enfant le ressent et devient homosexuel, mais on peut se soigner en allant au Canada” ; la promotion en fait, des thérapies de conversion… Puis : “Une fille qui se fait violer ne doit pas avorter”, des propos tenus devant des ados, en pleine construction de leur sexualité, insiste l’inspectrice. C’était inadmissible. » [...]
Plus loin, l’inspecteur revient sur cette question des limites du contrôle, avec l’épineuse question du respect du « caractère propre » des établissements privés sous contrat. « Est-ce que c’est normal dans le cadre des cours de dire que l’IVG est une solution et dans le cadre de la pastorale, de dire que l’IVG c’est très mal ? C’est toutes les contradictions de la loi Debré », qui encadre la relation entre l’État et le privé sous contrat, s’interroge-t-il. [...]
Une des deux inspectrices rappelle aussi le contexte de cette enquête sur Stanislas, et la « terreur » de certains témoins. « Nous avons par exemple reçu un témoignage d’un salarié, tellement terrorisé qu’il nous a écrit sous pseudo pour s’assurer que ses propos ne seraient pas rapportés, explique Annie Dyckmans-Rozinski. Lui dénonçait des propos d’homophobie graves. Est-ce que nous prenions la responsabilité de mettre cette personne en difficulté en l’écrivant ? Ce sont des cas de conscience. » [...]
Malgré le rapport accablant médiatisé en 2023, le lycée Stanislas refuse toujours de suivre les recommandations des inspecteurs. La commission d’enquête a révélé mercredi que deux contrôles récents ont pointé de graves dysfonctionnements.
En mars 2024, un rapport de suivi constate que les programmes d’éducation à la vie affective et sexuelle, pourtant obligatoires, ne sont toujours « pas respectés ». En seconde, les séances « ne sont pas suffisamment développées ». Et pour les classes de première et terminale, le contenu des heures n’a pas été « présenté » aux inspecteurs.
Lors d’un deuxième contrôle effectué le 17 mai 2024 sur deux classes de cinquième, les inspecteurs ont relevé que les cours d'éducation à la sexualité étaient « insuffisants et non conformes au programme ». Plus grave encore, ils ont constaté qu’une heure « d’instruction religieuse » était toujours imposée à tous les élèves du lycée Stanislas, ce qui relève d’une atteinte à la liberté de conscience et constituait un point clé du rapport. Ils ont dénoncé plusieurs autres dérives :
- absence de « message de prévention » auprès des élèves,
- absence de « mise à disposition de préservatifs », pas même à l’infirmerie,
- « stéréotypes de genre entretenus »,
- « des contenus scientifiques approximatifs et inappropriés ».
Interrogée sur ces nouvelles dérives, Élisabeth Borne a refusé d’évoquer la suspension du contrat d’association. « Aujourd’hui, je pense que 10 % des élèves bénéficient des cours d’éducation à la vie affective et sexuelle », à l’échelle nationale, a-t-elle minimisé en promettant qu’ils seront assurés dans tous les établissements à partir de la prochaine rentrée.
Et la n°2 du Ministère de l'Éducation Nationale, Caroline Pascal, c'est la même qui à l'époque était venu à la rescousse de Stanislas dans les media quand les accusations ont commencés à tomber :
Le rapport d’inspection que le gouvernement refusait de publier et que Mediapart a fini par révéler était accablant. Sexisme, homophobie, atteinte à la liberté de conscience, procédure frauduleuse pour Parcoursup : les dérives pointées étaient extrêmement nombreuses. Mais Caroline Pascal n’a pas souhaité s’étendre dessus et a repris, quasiment à l’identique, la défense de sa ministre de tutelle de l’époque, Amélie Oudéa-Castéra.
Pour l’actuelle numéro deux de l’Éducation nationale, Stanislas est un établissement « exigeant » et « rigoureux » où « les élèves sont majoritairement contents de l’enseignement qu’ils reçoivent » avec des « parents qui adhèrent ». Caroline Pascal a tout juste admis que le lycée parisien ne respectait pas la loi en obligeant tous ses élèves à suivre un cours d’éducation religieuse. « Nous avons été très clairs en disant que c’était contraire à la loi Debré et au contrat d’association et que l’établissement devait se mettre en règle avec le contrat. »
Source : https://www.mediapart.fr/journal/fra...s-et-ignore-le
C'est aussi celle qui a censuré l'impression d'un BD qui avait pourtant été validé par les services du Ministère :
Neuf cent mille exemplaires d’un tirage prévu la semaine du 10 mars tout simplement annulés. La Belle et la Bête, un conte popularisé au XVIII e siècle, illustré par Jul, auteur de bande dessinée, et destiné à tous les CM2, ne sera pas imprimé. En cause, les 40 planches (plus la couverture) commandées et livrées par le dessinateur, qui s’alarme d’une « censure sans précédent ». [...]
Pour les illustrations, c’est l’auteur de Silex and the City et de plusieurs épisodes de Lucky Luke qui a été choisi par le ministère de l’éducation nationale, après Joann Sfar, Voutch, Emmanuel Guibert, Rebecca Dautremer ou Catherine Meurisse. Son marchand débarque d’Algérie. Sa fille, la Belle a les cheveux longs et noirs. La Bête, elle, est une boule de poils hirsutes à grandes dents qui ressemble beaucoup à Barbouille, le fils de Barbapapa.
Mais voilà que, le 17 mars, alors que les épreuves relues et corrigées sont bouclées, la directrice générale de l’enseignement scolaire (Dgesco), Caroline Pascal, choisit de suspendre l’impression de l’ouvrage. « Le produit ne permet pas une lecture en autonomie, à domicile, en famille et sans l’accompagnement des professeurs pour des élèves âgés de 10 à 11 ans. Les illustrations de l’ouvrage abordent des thématiques qui conviendraient à des élèves plus âgés », écrit à Jul la numéro deux du ministère, en poste depuis 2024 . M me Pascal cite en exemple les thématiques de « l’alcool », des « réseaux sociaux » et « des réalités sociales complexes », qu’elle ne développe pas davantage.
« Je suis estomaqué », réagit, devant Le Monde, le dessinateur, qui revendique des dessins « tendres et malicieux ». « L’annulation la veille de l’impression de 900 000 exemplaires d’un classique jeunesse illustré, c’est sans précédent. Techniquement, c’est peut-être même la plus grosse affaire de censure jamais advenue dans l’édition en France ! » Agrégé d’histoire, à la fois dessinateur de presse et auteur de BD, Jul (Julien Berjeaut de son vrai nom), 50 ans, plaide son parcours – « une cinquantaine de titres jeunesse, ado-adultes, adultes ; trente ans de dessins » – et son style – mélange d’humour et d’esthétique pop – hérité de Gotlib, René Goscinny ou Tomi Ungerer. C’est cette touche, dit-il, qu’a recherchée le ministère lors de la commande passée à l’été 2024 par la ministre de l’éducation nationale Nicole Belloubet, puis validée par sa successeure, Anne Genetet, en novembre 2024.
Source : https://www.lemonde.fr/societe/artic...3608_3224.html
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