Le problème de l'inflation

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La croissance en France ralentit fortement, les prix de l’alimentation s’envolent
Les dernières prévisions conjoncturelles de l’Insee, voient la croissance 2022 à 2,6%, avec un troisième trimestre poussif (+0,2% de croissance contre +0,3% prévus avant l’été) et un quatrième atone (+0,0%, au lieu de +0,3%). Un coup de frein après le rebond de 6,8% en 2021, et une impulsion modeste pour 2023.

L’inflation serait à 6,6% fin décembre. Le chiffre serait bien plus élevé sans le bouclier tarifaire qui minore de 2,5 points la hausse des prix.
En moyenne sur l’année, les prix auront augmenté de 5,3% en 2022, contre 1,6% en 2021.

Surtout, l’inflation se diffuse de plus en plus dans tous les domaines de l’économie : surtout l’alimentation.
Les prix dans les supermarchés grimperaient de 12%, annonce l’Insee, tandis que les biens manufacturés afficheront une hausse de 5% environ.

En un an, les prix de production ont augmenté :
  • de 35% dans le secteur agricole,
  • de 20% dans l’industrie,
  • et de 7% dans les services.
L’inflation en Europe est une stratégie délibérée de Moscou depuis un an (avant la guerre)
Tribune de Nicolas Goetzmann, Responsable de la recherche et de la stratégie macroéconomique à La Financière de la Cité, pour Le Monde
Inflation : « Les regards devraient davantage se tourner vers la responsabilité de Moscou »
L’inflation en Europe n’est pas due à une « surchauffe » comme aux Etats-Unis… mais à une stratégie délibérée mise en place par Moscou depuis près d’un an.

Vladimir Poutine est à l'origine de poussée inflationniste.
Six mois avant l’invasion de l’Ukraine, le site d’information financière CNBC titrait
« La Russie fournit beaucoup moins de gaz à l’Europe – et on ne sait pas pourquoi ».
Maintenant nous le savons.

La composante « énergie » de l’indice IPCH battait son record historique de 2008 dès septembre 2021, en étant propulsé à 17%, avant d’atteindre 45% en mars 2022.

Pour les industriels européens, aux coûts de production mesurés par l’indice des prix à la production industrielle (PPI), la composante « énergie » hausse en mars 2022 de plus de 100%, avant même que les sanctions économiques ne soient appliquées à la Russie.

L’inflation ne se cantonne pas au seul secteur de l’énergie, mais ce choc impacte chaque produit et service consommé au sein de la zone euro.

Nous assistons en fait à une adaptation rapide de l’ensemble de l’économie européenne à un choc énergétique historique,
dont le principal chef d’orchestre est Moscou, que ce soit au travers de restrictions directes à la livraison de gaz,
ou au travers de ses efforts de persuasion auprès de ses partenaires de l’OPEP + [Les Etats membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs alliés].

Dans ces conditions, l’argument d’une responsabilité de la Banque centrale européenne (BCE) dans l’inflation actuelle repris par Joachim Nagel, le président de la Bundesbank, est étonnant, car la hausse de l’indice des prix allemand s’expliquait alors
  • pour un tiers par la hausse de l’énergie provoquée par les actions de guerre économique anticipées menées par Moscou,
  • et pour un tiers par la hausse de la TVA appliquée par Berlin au mois de janvier 2021,
sans que la BCE puisse être mise en cause !
[...]
Citation :
Publié par Caniveau Royal
Tribune de Nicolas Goetzmann, Responsable de la recherche et de la stratégie macroéconomique à La Financière de la Cité, pour Le Monde

sans que la BCE puisse être mise en cause !
[...]
Il n'est pas étonnant que ce cher Nicolas Goetzmann cherche à mettre ça sur le dos de Moscou, afin de faire oublier qu'il appelait déjà en 2012 la BCE à imiter la FED et faire du QE.

Je cite :

Citation :
La capacité de fixer les taux directeurs est un outil parmi d’autres d’une politique monétaire. Les plans de relance déployés aux États-Unis sous le nom de quantitative easing (« assouplissements quantitatifs ») ont permis d’agir dès lors que la marge de manœuvre sur les taux d’intérêt était épuisée. Ces plans ont été analysés comme un soutien artificiel à l’économie, reposant sur la création monétaire. Le caractère artificiel ne peut pourtant pas être retenu, les plans d’assouplissement quantitatifs ayant le même objectif qu’une baisse de taux : provoquer un surcroît de demande en impactant l’« illusion monétaire ». La création monétaire n’a pas pour vocation de créer une richesse permanente, mais bien de réorienter les anticipations de croissance et d’inflation. L’accroissement de l’offre de monnaie permet en effet d’impacter immédiatement les anticipations des agents économiques. Les prévisions de croissance s’en trouvent renforcées, de même que les anticipations d’inflation.
https://www.fondapol.org/etude/nicol...udre-la-crise/

Et maintenant il vient nous expliquer que non, la BCE n'est pas en faute, après que lui et tant d'autres aient poussé la BCE à imprimer de l'argent sans fin, et cerise sur le gâteau en la critiquant quand elle cherchait à contenir l'inflation !

Du coup on peut deux choses :

1/ se demander s'il ne cherche pas à détourner l'attention du fiasco d'une politique dont il est un des partisans.
2/ de demander quel crédit on peut accorder à un économiste aussi incompétent.

Dernière modification par Ron Jet de Pise ; 08/09/2022 à 19h04.
La BCE augmente son taux de 0,75 point. Mesure choc, qui va accélérer la récession dans la zone euro
La Banque centrale européenne (BCE) a augmenté son taux de dépôt de 0,75 point d’un coup

Christine Lagarde, sa présidente souligne que « L’inflation est beaucoup trop élevée et va probablement le rester pour une période étendue », mais qu'elle est déterminée à la ramener à ramener à 2%.
La hausse de ce jeudi n’est donc qu’un début. « Lors de nos prochaines réunions (qui se déroulent toutes les six semaines), nous prévoyons d’augmenter encore les taux d’intérêt. »

Si les prochaines hausses ne seront pas forcément de 0,75 point à chaque fois, la tendance est claire : d’ici à la fin de l’année, le taux de dépôt de la BCE, qui était négatif entre juin 2014 et juillet de cette année, sera sans doute proche de 2% : il faut remonter à 2008 pour retrouver un tel niveau.

C'est la fin d’une époque : « Mes prédécesseurs avaient passé leur temps à lutter contre la déflation. C’est pour cela qu’on avait mis des taux d’intérêt négatifs. »

« La BCE donne un signal négatif aux entreprises, les poussant à couper dans les investissements et les embauches » dit Nicolas Goetzmann, responsable de la stratégie macroéconomique à La Financière de la Cité.

Ce choc inflationniste, doublé du durcissement de la politique monétaire en cours, signifie que l’économie va subir un violent coup de frein.
Dans son scénario de base, la BCE prévoit une croissance nulle en zone euro au quatrième trimestre 2022 et au premier trimestre de 2023.
En cas de scénario noir, si la coupure du gaz russe obligeait à des rationnements pendant l’hiver, une baisse du PIB de 0,9 % sur l’ensemble de l’année 2023.

À quoi bon augmenter un taux d’intérêt face à un choc des prix qui vient de l’extérieur ? Demande t-on à Mme Lagarde. « l’inflation se répand à travers tous les secteurs », argumente-t-elle.

Le phénomène est désormais trop généralisé pour laisser faire, selon elle.
Du point de vue de la BCE, mieux vaut provoquer une récession que laisser l’inflation flamber. « C’est l’une des leçons-clés des années 1970, une des six membres du directoire de la BCE. Si le grand public s’attend à ce que les banques centrales baissent la garde face aux menaces sur la croissance (…), alors on risque de devoir infliger une correction plus forte plus tard quand l’inflation sera profondément ancrée. »
Plus ou moins inéluctable, mais peut être pas le bon moment. On verra bien mais j'ai un mauvais pressentiment avec les hausses énergétiques combinées. Je crois pas que la hausse des prix actuelle soit tellement due aux taux directeurs - c'est plutôt la guerre d'avant ça.
Je pense qu'il va y avoir, avant l'hiver, une action très forte de l'Union Européenne pour sortir du pétrin économique lié à Poutine.
Que ce soit par des prix plafonds, par un renforcement de l'assistance tel à l'Ukraine que la Russie devra renoncer, quelque soit la manière, l'UE comme les États-Unis vont réagir très fortement car la plus grande part de la situation inflationniste est lié à Poutine, comme je l'ai rapporté dans un autre message sur la Russie.

alors même que l'on devrait être en scénario de reprise tonitruante post-covid, avec des rassemblement d'industries et d'entreprises à refaire en Europe pour les avoir trop mondialisés, ce dont nous nous sommes rendus compte lors du Covid.

La guerre russe à l'Ukraine devient critique, si l'hiver risque de vraiment mal se passer.
l'UE est plus forte qu'on ne le pense : elle se réformera s'il le faut. On peut même espérer en finir avec la règle de l'unanimité pour ses décisions.
Mouais je sais pas ça ressemble un peu à une suite de voeux pieux, mais y'a rien qui aille particulièrement en ce sens, ni les équipes, ni les moyens, ni la stratégie globale, ni le contexte. L'Europe n'est pas spécialement unie en ce moment, avec chaque pays qui essaye de se démerder au contraire pour n'en pas respecter les règles.
Donc bon ... on verra bien, mais je parierais pas ma chemise là dessus. Je suis vraiment pas sûr que ça soit le bon moment pour mettre un frein aux entreprises. Mais de toute façon la politique antérieure ne pouvait pas durer.
Citation :
Publié par Don Patricio URSSAF
Plus ou moins inéluctable, mais peut être pas le bon moment. On verra bien mais j'ai un mauvais pressentiment avec les hausses énergétiques combinées. Je crois pas que la hausse des prix actuelle soit tellement due aux taux directeurs - c'est plutôt la guerre d'avant ça.
je me pose aussi la question de l'opportunité de monter encore les taux là maintenant. D'autant que l'inflation qu'on connait sur l'énergie, elle est du aux sanctions et à la guerre par à l'excès de liquidité. Augmenter les taux n'y changera rien.

Après c'était probablement nécessaire pour contenir la baisse de l'euro face au $ vu que la Fed continue de monter ces taux.
Bah oui mais après 2 ans de covid, une inflation sans précédent depuis 1 an (bien avant la guerre en ukraine ça a commencé), et juste alors que le business repart malgré les menaces de guerre en ukraine + crise énergétique ... Ca fait un gros combo. Les entreprises sont un peu comme les états, bien endettées, donc ça va pas les aider. Les banques vont resserrer leurs crédits. Et on va avoir tous les vautours possesseurs de grosses quantités de dollars / monnaies relativement fortes qui vont en plus venir faire leurs emplettes ...
Je vois vraiment pas l'UE prête face à tout ça. C'est un mastodonte bien trop lent, bien trop timoré. Les taux directeurs dans l'absolu ça va dans le bon sens mais il aurait fallu faire ça y'a déjà plusieurs années, là c'est vraiment pas le moment de rajouter ça ... m'enfin peut être que ne pas le faire serait pire je ne sais pas. Comme dit j'ai un mauvais pressentiment. Rien qu'au niveau des dettes d'état ça va donner combien de milliards en plus ? Et ils visent apparemment 2% avec un tel taux l'Italie saute et la France va souffrir.
Y a une chose que je trouve assez impardonnable de la part de l'UE avec ce qui se passe en ce moment, c'est sa réaction qui tarde à venir sur le prix de l’électricité.

Je veux dire (et je crois que c'est toi qui dans un autre topic a utilisé ce mot) on va au devant d'un cataclysme économique puisque le niveau de prix de l'électricité ets tout simplement intenable pour la majorité des entreprises. Qui n'ont plus qu'à fermer, donc derrière destruction d'emplois, de savoir faire dans certain cas puisqu'on peut pas relancer la machine comme ça.
On a connu l'UE plus rapide au moment du covid qui a justement su prendre les décisions pour éviter un cataclysme du genre.

Mais là alors que le prix de l'électricité est construit de façon absurde, vu que même en Allemagne le gaz c'est qu'une partie (10 ou 20 je sais plus), le prix de l'électricité s'envole uniquement à cause de ça. Donc on voit bien que de manière urgente on devrait déconnecter le système de prix actuel quitte à mettre en place un truc temporaire.
Mais au lieu d'agir sur le sujet rapidement, ça tarde encore et encore... A ce compte là la guerre sera fini que l'UE n'aura toujours pris aucune décision.

Autant que l'UE est sous estimé le contrecoup des sanctions sur le prix du gaz et donc électricité, bon on peut comprendre après tout y avait très peu d'économistes pour dire "Danger, Danger". Mais alors y a aucune excuse sur le fait qu'une décision tarde à être prise. Ca fait des mois qu'on voit bien qu'il va y avoir un problème. Et autant sur le gaz on peu rien faire, parce que de toute façon même sans les sanctions Poutine nous aurait coupé le robinet donc le prix aura augmenté. Mais sur le prix de l'électricité, c'est un choix politique et purement politique la façon dont le prix est déterminé.
Surtout que ça coûterait moins cher à dire prix maximum d'électricité et on verse une compensation aux centrales à gaz.
Là en laissant le prix explosé, on va mettre sur le tapis des tas d'entreprise, alors qu'on aurait pu l'éviter en plafonnant la hausse et ça y déjà des mois.

C'est bien beau d'aider les ménages (en plus en faisant aucun distinction entre ménages qui ont les moyens et les autres) mais si on laisse couler les entreprises à la fin restera plus beaucoup d'entreprise pour payer les salaires..... Remarques, y aura plus de problème de main d'oeuvre.

Bref assez incompréhensible et impardonnable que ce retard de l'UE sur ce sujet de l'énergie. On a l'impression que le seul problème c'est la pénurie, mais la pénurie n'a rien de sûr, et au pire du pire, ça serait des coupures de quelques jours, en plus avec du rationnement on peut éviter que tout s'arrête des semaines.
Par contre le prix de l'électricité ça c'est un vrai sujet, il est pas hypothétique il est déjà là. Du simple boulanger à la grosse boite industriel. Vu les niveaux de prix annoncé, c'est intenable.
Le prix de l'électricité est un prix de marché, dans un contexte d'ouverture à la concurrence ce n'était pas absurde, mais on avait des indices de dysfonctionnement déjà


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A votre avis, quelle est la raison majeure qui puisse expliquer l’échec de ce marché ?

Citation :
Il y a un consensus aujourd’hui pour dire que cette approche n’a pas été un grand succès. Même les plus libéraux reconnaissent que le marché seul ne peut pas tout. Il n’envoie pas les bons signaux pour les investissements de long terme. Fixer le prix en fonction du coût variable d’une énergie sans se préoccuper du long terme ne peut pas fonctionner.

L’électricité n’est pas un bien comme un autre, c’est un service public. Nous n’avons pas tenu compte des contraintes de réseaux et du fait que, par sa nature physique, l’électricité ne se stockait pas. Il y a par ailleurs une contradiction interne au libéralisme débridé de l’Europe. Les politiques énergétiques sont une prérogative nationale, tandis que la Commission européenne se préoccupe avant tout d’organiser la concurrence par le marché. Les choix nationaux, et donc les coûts de production, étant différents, il est difficile de faire converger les prix au niveau du consommateur.


Que pensez-vous des propositions de la Commission européenne pour réformer le marché ? Faut-il désormais moins de marché ?


Citation :
La Commission va chercher à limiter le gain des centrales qui ne fonctionnent pas au gaz (nucléaires, renouvelables, au charbon), soit en bloquant les prix de marché pour ces centrales, soit en bloquant leurs revenus, mais cela ne réglera pas le problème à long terme.


Il va falloir moins de marché et plus de régulation, en particulier pour planifier des investissements de production. La gestion à flux tendus n’est pas durable. Dans l’électricité, il faut des surcapacités pour faire face aux situations exceptionnelles, et le marché n’aime pas cela. C’est pourtant la prime d’assurance qu’il faut accepter de payer pour éviter le black-out.


https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/09/09/l-erreur-a-ete-d-oublier-que-l-energie-n-est-pas-un-bien-comme-un-autre_6140855_3234.html#xtor=AL-32280270





Les économistes Jacques Percebois et Boris Solier recommandent, dans une tribune au « Monde », de fixer le prix de l’électricité sur la base de la production nationale, et non plus européenne.

https://www.lemonde.fr/idees/article...or=AL-32280270
C'était de toute façon une connerie sans nom dès le début. On avait l'exemple américain avec toutes les dérives possibles et abus. Mais non dogme européen d'ouverture de tous les marchés.
Sauf que l'électricité n'est pas un marché comme les autres. Pas besoin d'être un expert pour le comprendre, et y avait assez de gens sérieux à l'époque pour tirer la sonnette d'alarme.

Maintenant l'urgence c'est au moins mettre en place un mécanisme pour bloquer le prix donc stopper le mécanisme actuelle du prix. Ca aurait du être fait y a déjà plusieurs semaines... au mieux ça sera fait dans plusieurs....
Pendant ce temps là faute d'action, on laisse pourrir la situation et donc on va se créer d'autre problème.

Encore si on produisait massivement notre électricité avec du gaz, là on pourrait pas faire grand chose et le prix aurait une logique. Mais là on est vraiment dans l'absurdité la plus totale... Le prix du gaz explose en partie pour des raisons logique mais aussi en parti par pure spéculation, ça déborde sur le prix de l'électricité. Tout ça se sait, mais non on attend....
Et comme je disais, je comprends pas, les états et l'UE ont été plus pro active avec le covid, pour protéger individu et entreprise. Là on a pensé aux individus, (enfin en France en particulier avec bouclier tarifaire) mais la problématique des entreprises est passé à la trappe. C'est vraiment curieux cette passivité sur quelque chose qu'on voit venir depuis la mise en place des sanctions donc pas hier matin mais depuis mars.
Il y a comme une contradiction entre ces deux passages :

Citation :
Il n’envoie pas les bons signaux pour les investissements de long terme. Fixer le prix en fonction du coût variable d’une énergie sans se préoccuper du long terme ne peut pas fonctionner.
Citation :
La Commission va chercher à limiter le gain des centrales qui ne fonctionnent pas au gaz (nucléaires, renouvelables, au charbon), soit en bloquant les prix de marché pour ces centrales, soit en bloquant leurs revenus

D'un coté on affirme que le marché ne fonctionne pas car il ne rémunère pas le coût complet de production et donc va nécessairement dans le mur. On note au passage que c'est un point qui était évident depuis le départ mais comme les dirigeants et les populations tiraient bénéfice à court et moyen terme de cette situation ubuesque, tout le monde était très content avec ça. Je n'ai pas vu, par le passé, beaucoup de tribunes d'économistes comme ceux qui la ramènent actuellement pour dénoncer quoi que ce soit.

Mais de l'autre coté on décide qu'on va limiter le gain (quel gain ?) des moyens de production déjà particulièrement défavorisés par ce fonctionnement du marché, comme le nucléaire (pour le nucléaire la part variable du coût de production est particulièrement faible, en gros 20 à 25% du coût total).

Ce que j'en comprends, c'est que des décisions démagogiques vont être prises pour essayer de palier au mécontentement lié à la conjoncture très spécifique actuelle, mais que ces décisions vont en réalité non pas contribuer à régler le problème de fond, mais l'aggraver. Rendez-vous très vite pour la prochaine crise de l'électricité européenne, où on nous dira encore que c'est à cause d'un événement spécifique de l'actualité, mais surement pas à cause du sapement en marche du système de production électrique depuis 20 ans, qui l'a considérablement affaibli et le met en situation de crise au premier aléa venu.

Dernière modification par Soumettateur ; 10/09/2022 à 10h11.
Il faudrait que l'UE comprenne comment fonctionne l'économie, parce que là c'est vraiment flippant.

[Caniveau Royal : J'ajoute ce que tu as répondu plus bas pour expliquer ton post d'ici, parce que c'est une illustration qui va chercher loin !
Offre et demande. Sur l'énergie, un petit déséquilibre, un tout petit trop de demande fait péter les prix par surenchère.
Avec les sanctions, nous avons brutalement fait diminuer l'offre chez nous en scindant le marché en deux. Les prix ont explosé.

La Commission va chercher à limiter le gain des centrales qui ne fonctionnent pas au gaz (nucléaires, renouvelables, au charbon), soit en bloquant les prix de marché pour ces centrales, soit en bloquant leurs revenus

Ils sont littéralement en train d'organiser une pénurie.]


C'est le marché de la banane. Il y a quelques clients, des petits et des plus importants. Chacun produit lui même quelques bananes, certains en consomment plus qu'ils n'en produisent, certains en produisent plus qu'ils n'en consomment. Chacun a ses propres règles, mais on était dans une situation à peu près équilibrée où il y avait 100 bananes sur le marché pour une demande de 100 bananes. Le prix était à environ 1€ la banane.

Puis, au court du temps, certains producteurs se sont mis à produire moins, tandis que des consommateurs devenaient de plus en plus gourmands.
On se retrouve dans une situation où la demande est de 101 bananes pour une offre de 99 bananes.

Et là, la banane qui s'échangeait à 1€ la banane a vu son prix s'affoler.

Mais c'est délirant me direz vous, pour un si petit écart entre l'offre et la demande !

Oui, mais c'est un marché particulier, la banane : personne ne veut manquer de banane parce que c'est essentiel, alors chacun est prêt à mettre un peu plus pour être celui qui ne manquera pas de bananes. Et celui qui a une banane en trop voit chacun surenchérir sur l'autre pour l'obtenir.

Mais ce n'est pas tout. Un groupe de client, après avoir sanctionné un des vendeurs de bananes parce qu'il était très vilain, s'est vu interdire d'acheter de la banane à ce producteur. Un des client de ce groupe a déclaré qu'il allait détruire l'économie de ce producteur, mais il n'avait aucune connaissance en économie semble-t-il.

Ce qui s'en suivit, ce fût que la marché de la banane fût divisé en deux sous groupes, d'un côté le marché de la banane pour ceux ayant accès au producteur sanctionné et ceux n'y ayant plus accès. Le producteur sanctionné continue de vendre ses bananes à d'autres tandis que les consommateurs qui en sont privés se retrouvent avec la même demande que précédemment et encore moins de bananes.

Comme on l'a vu, une toute petite tension entre offre et demande fait monter les prix par surenchère. Que se passe-t-il donc maintenant que l'équilibre déjà précaire a été brutalement modifié ? C'est une explosion du marché.

Beaucoup ici disent, c'est vilain le marché, c'est la spéculation, etc.

Je leur répondrais que le marché est utile pour déterminer un prix, qu'il ne faut pas lui en demander plus que ça. Mais j'ajouterai que le marché a besoin qu'on ne le bidouille pas artificiellement pour être relativement stable.

Ce n'est pas qu'il ne fallait rien faire. C'est qu'il aurait fallu, éventuellement, que le client qui voulait détruire l'économie du producteur sache comment fonctionne le marché de la banane. Il aurait peut-être utilisé alors d'autres sanctions.

Quand on manque de banane, difficile de garder la pêche...

Dernière modification par Caniveau Royal ; 10/09/2022 à 05h03.
Les Européens à la manœuvre pour faire baisser leur facture énergétique
(Le Monde) Les Européens à la manœuvre pour faire baisser leur facture énergétique
Les Européens, qui le redoutaient par-dessus tout, on réussi à de rares exceptions près à s'assurer une relative sécurité énergétique : ils ne manqueront pas de gaz cet hiver.
Même si la Slovaquie et la République tchèque restent dépendantes du gaz russe et l'industrie allemande pas totalement affranchie.

Mais parce qu'ils ont en pesé de tout leur poids pour empêcher la ruptures d’approvisionnement de gaz, ils ont contribué à son renchérissement. D’autant le Kremlin a manipulé les marchés, comme le dit Ursula von der Leyen.
Les prix de l’électricité se sont envolés, car le marché unique de l’électricité prévoit, pour assurer l’approvisionnement de tous, que son prix soit déterminé par le coût de la centrale la plus chère – généralement, une centrale à gaz – qui sera mise à contribution pour répondre à la demande.
De fait, l’approvisionnement en gaz n'inquiète plus, mais la flambée des prix de l’énergie, qui menace la compétitivité des entreprises et attise les tensions sociales.

Les Vingt-Sept ont donc demandé à la Commission de leur faire des propositions législatives au plus vite – ce sera mardi 13 septembre – pour juguler l’inflation.
[et on dit que l'UE est lente ? Ils ont des injecteurs à nitroglycérine, là]

Ursula von der Leyen a déjà présenté, le 7 septembre, plusieurs pistes de travail, les ministres des états-membres ont cadré le travail de l’exécutif communautaire, soumettant une feuille de route, dont voici les éléments où ils pourraient se mettre d'accord :

  • prélèvement sur les profits exceptionnels des entreprises qui ont profité de la flambée des prix de l’énergie.
  • un plan de réduction de leur consommation d’énergie. Mais la baisse obligatoire de 5% aux heures de pointe est refusée par plusieurs pays. Cela pourra devenir impératif.
  • le soutien aux fournisseurs d’électricité à court de liquidités avec des aides publiques accrues et des mécanismes de lutte contre la spéculation (des difficultés de Fortum (finlandaise) ou l’allemande Uniper (allemande) font craindre une vague de faillite dans le secteur).
  • les Etats membres attendent de la Commission qu’elle explore toute piste, notamment d’avancer sur l’achat commun de gaz.
S’ils n’excluent pas la possibilité d’introduire un plafond sur le prix du gaz russe, reprenant ainsi une proposition d’Ursula von der Leyen, ils n’ont pas caché leur scepticisme :
« C’est le sujet le plus compliqué. Il faut donner du temps à la Commission », assure Josef Sikal
[Et on dit que l'UE ne réagit pas et se fait balader ? En états divisés, je ne sais pas où l'on en serait]

Vladimir Poutine, a prévenu qu’il ne vendrait plus la moindre goutte d’hydrocarbure aux Européens alors : Bratislava et Prague y sont opposés.
À l’inverse, une majorité de pays, 15, militent pour un plafonnement du prix du gaz acheté par l’UE, quelle qu’en soit l’origine.
Mais, s’alarment les Pays-Bas ou l’Allemagne, cela pourrait mettre en danger la sécurité de l’approvisionnement de l’UE…
Citation :
Publié par Caniveau Royal
(Le Monde) Les Européens à la manœuvre pour faire baisser leur facture énergétique
Les Européens, qui le redoutaient par-dessus tout, on réussi à de rares exceptions près à s'assurer une relative sécurité énergétique : ils ne manqueront pas de gaz cet hiver.
Même si la Slovaquie et la République tchèque restent dépendantes du gaz russe et l'industrie allemande pas totalement affranchie.

Mais parce qu'ils ont en pesé de tout leur poids pour empêcher la ruptures d’approvisionnement de gaz, ils ont contribué à son renchérissement. D’autant le Kremlin a manipulé les marchés, comme le dit Ursula von der Leyen.
Les prix de l’électricité se sont envolés, car le marché unique de l’électricité prévoit, pour assurer l’approvisionnement de tous, que son prix soit déterminé par le coût de la centrale la plus chère – généralement, une centrale à gaz – qui sera mise à contribution pour répondre à la demande.
De fait, l’approvisionnement en gaz n'inquiète plus, mais la flambée des prix de l’énergie, qui menace la compétitivité des entreprises et attise les tensions sociales.

Les Vingt-Sept ont donc demandé à la Commission de leur faire des propositions législatives au plus vite – ce sera mardi 13 septembre – pour juguler l’inflation.
[et on dit que l'UE est lente ? Ils ont des injecteurs à nitroglycérine, là]

Ursula von der Leyen a déjà présenté, le 7 septembre, plusieurs pistes de travail, les ministres des états-membres ont cadré le travail de l’exécutif communautaire, soumettant une feuille de route, dont voici les éléments où ils pourraient se mettre d'accord :

  • prélèvement sur les profits exceptionnels des entreprises qui ont profité de la flambée des prix de l’énergie.
  • un plan de réduction de leur consommation d’énergie. Mais la baisse obligatoire de 5% aux heures de pointe est refusée par plusieurs pays. Cela pourra devenir impératif.
  • le soutien aux fournisseurs d’électricité à court de liquidités avec des aides publiques accrues et des mécanismes de lutte contre la spéculation (des difficultés de Fortum (finlandaise) ou l’allemande Uniper (allemande) font craindre une vague de faillite dans le secteur).
  • les Etats membres attendent de la Commission qu’elle explore toute piste, notamment d’avancer sur l’achat commun de gaz.
S’ils n’excluent pas la possibilité d’introduire un plafond sur le prix du gaz russe, reprenant ainsi une proposition d’Ursula von der Leyen, ils n’ont pas caché leur scepticisme :
« C’est le sujet le plus compliqué. Il faut donner du temps à la Commission », assure Josef Sikal
[Et on dit que l'UE ne réagit pas et se fait balader ? En états divisés, je ne sais pas où l'on en serait]

Vladimir Poutine, a prévenu qu’il ne vendrait plus la moindre goutte d’hydrocarbure aux Européens alors : Bratislava et Prague y sont opposés.
À l’inverse, une majorité de pays, 15, militent pour un plafonnement du prix du gaz acheté par l’UE, quelle qu’en soit l’origine.
Mais, s’alarment les Pays-Bas ou l’Allemagne, cela pourrait mettre en danger la sécurité de l’approvisionnement de l’UE…
Ils nous prennent vraiment pour des imbéciles. D'un côté : La Russie manipule les prix et de l'autre, on veut imposer un cap sur le prix

Le problème du prix de l'électricité semble assez simple à résoudre pourtant, changer la façon dont le prix de l'électricité est calculé. Cette solution n'a bizarrement pas l'air d'être dans les options explorées ... ?
Certains pays de l'UE profitent pourtant déjà d'un tarif réduit de l'électricité
https://fr.news.yahoo.com/pourquoi-electricite-coute-3-fois-moins-cher-espagne-portugal-134906592.html#:~:text=Pendant%2012%20mois%2C%20la%20d%C3%A9rogation,le%20MWh%20sur%20l'ann%C3%A9e.
Citation :
Publié par Caniveau Royal
Mais, s’alarment les Pays-Bas ou l’Allemagne, cela pourrait mettre en danger la sécurité de l’approvisionnement de l’UE…
C'est ce que je postais cette nuit.

L'UE semble mue par des gens qui ne comprennent pas des principes de base en économie, par exemple celui de la pénurie engendrée par le blocage des prix.
Taxer les superprofits d'entreprises en faillite.

Bloquer les prix d'achat au risque de créer des pénuries.

Augmenter les taux directeurs pour bien empêcher de s'endetter.

Tout cela est fantastique, on vit une époque inédite. Je pense qu'à ce niveau d'efforts on peut rejoindre l'alliance bolivarienne d'ici quelques mois.
Quand même, à te lire, la recette de cuisine pour se sortir d'affaire serait simple à trouver.
Mais tu te gardes bien de la donner...
Car si tu t'essayais à répondre, tu en passerais sûrement par des "il n'y a qu'à", qu'on rejetterait tout aussi facilement.
En effet je n'ai pas la recette pour rectifier une situation volontairement créée depuis au moins 15 ans de rude labeur concerté par 27 pays.
L'augmentation des taux ça fait longtemps que je dis qu'elle est souhaitable mais comme nos pays sont shootés au 0% on ne pouvait pas la faire. On ne peut pas plus aujourd'hui maintenant qu'on la fait dans la panique donc on peut anticiper des conséquences lourdes.
Le blocage des prix tel que envisagé par US et moindre mesure UE ça peut mettre le monde à feu et à sang. A tout le moins ravager l'économie en créant des pénuries réelles.

Malheureusement il est plus difficile de sortir d'une mauvaise politique que d'éviter d'y entrer, j'en suis désolé.
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