Tu me cites sur 2014, c'est vieux ça.
Pour affiner ce que tu dis, il faut distinguer
Base Erosion and Profit Shifting (BEPS), rapports publiés par l'Organisation Mondiale pour le Développement Economique (OCDE) en octobre 2015, de ses conséquences. Pour mémoire, BEPS, qu'est ce que c'est :
Publié par OCDE
L'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices (BEPS) fait référence aux stratégies de planification fiscale qui exploitent les failles et les différences dans les règles fiscales en vue de faire « disparaître » des bénéfices à des fins fiscales ou de les transférer dans des pays ou territoires où l’entreprise n’exerce guère d’activité réelle. Le cadre inclusif rassemble plus de 100 pays et juridictions qui travaillent en collaboration pour mettre en œuvre les mesures BEPS et lutter contre l’érosion de la base fiscale et les transferts de bénéfices.
La convention multilatérale est une conséquence de BEPS. C'est une convention signée entre les Etats qui s'engagent à échanger de manière automatique les informations du
Country by Country Reporting (CbCR, ou Obligation de déclaration pays par pays), qui contiendra les principales informations fiscales et opérationnelles sur l'organisation des groupe multinationaux dans chaque pays. Ce CbCR était l'une des mesures recommandées par les projets BEPS, recommandation qui fut suivie par nombre d'Etat dont la France, mais qui n'aurait aucune portée en tant que telle même si chaque pays avait intégré cette recommandation si cette déclaration pays par pays ne pouvait être échangée entre les administrations fiscales.
Or, là, on parle donc justement et heureusement de la Convention qui permettra aux pays d'échanger ces informations. C'est donc désormais chose faite.
D'ailleurs, j'en profite pour debunk une fake news que l'on voit souvent. J'emploie le mot fake news à dessin, car c'est typiquement ce que c'est : on prend un fond de réalité, et on le tire dans tous les sens pour travestir la réalité. Le CbCR
n'est pas existant grâce à nos parlementaires français. Néanmoins, ceux-ci voyant le bon filon venir, on décider de monter au front une foi la guerre terminée pour s'offrir quelques minutes de gloire. Après tout, le sujet de l'évasion fiscale est toujours politiquement porteur, et il n'y avait même plus à bosser, juste à copier coller en rajoutant un peu de sauce personnelle, tel un cuisinier MacDo copiant la recette d'un chef 5 étoiles trouvée sur internet et y ajoutant du ketchup, persuadé que cela sublimera le plat. Nos parlementaires proposèrent donc un CbCR
public qui aurait concerné uniquement les sociétés françaises (donc pas vraiment
country by country, en fait). Un truc fait dans son coin par la France, qui n'aurait concerné (et donc pénalisé, par jeu de concurrence - il est important que tout le monde joue avec les mêmes règles : que tout le monde joue au foot avec ou sans les mains, peu importe, mais si tout le monde a le droit aux mains sauf vous c'est plus compliqué) que les entités françaises. Ceci sans concertation avec nos homologues d'autres pays alors que les prix de transfert n'ont de sens qu'à l'international. C'est vrai que ça aurait été dommage de bouger son cul pour participer aux débats à l'OCDE. Evidemment, ces parlementaires ont fini retoqués, et on a pu voir fleurir nombre d'articles accusant le Conseil Constitutionnel d'être à la solde du grand capital, le gouvernement de n'avoir rien fait, l'opposition d'avoir bloqué un bon projet, etc. Bref, on pouvait accuser qui on voulait.
Ce CbCR public était, à mon sens, un pur coup politique et médiatique, tout comme les élus se ramassent régulièrement les lauriers de ce qu'a mis en place l'Europe, ou l'accusent de leurs échecs personnels. Mais ce n'était rien de plus.
Le CbCR, le vrai, existe donc belle et bien, contrairement à ce qu'ont pu vous faire penser moult articles de presse de caniveau (Figaro, Marianne, l'Express, etc.).