Parce que "travailler mieux" ça fonctionne au niveau individuel voire au niveau de l'entreprise. Mais en bout de chaîne, la masse de travail disponible n'augmente pas magiquement. Quand une boite passe à l'automatisation en améliorant ses processus et son efficacité au travail, c'est une autre boite ailleurs qui met la clef sous la porte parce qu'elle n'a pas la capacité de suivre le rythme. Tu me diras que dans un système capitaliste ça s'appelle la concurrence et que ça n'a rien d'anormal. Sauf que le laisser faire n'est qu'une solution temporaire au mieux, puisqu'en bout de course tu as une poignée de boites automatisées et très performantes et... des légions de chômeurs qui ne peuvent rien leur acheter.
La difficulté de ce type de raisonnement, c'est que l'optimisation à tout crins est bon pour
une entreprise, mais qu'une vision politique ne peut pas se contenter de ça et doit considérer l'ensemble de ses moyens économiques, qu'ils soient humains, capitalistiques, infrastructures, ou machines. Et que dans ce contexte là, il y a plusieurs écoles :
- L'école de gauche classique qui dit que l'on doit restreindre le travail de chacun pour le partager
- L'école de gauche un peu plus moderne qui dit qu'on doit passer à un revenu universel pour que travailler ne soit plus une obligation vitale
- L'école de droite classique qui dit qu'il faut laisser faire et que le ruissellement des capitaux des riches reviendra irriguer l'économie (sauf que dans la réalité ça n'est appuyé par aucun constat statistique)
- L'école de droite un peu plus moderne qui s'appuie sur la théorie de la destruction créatrice de schumpeter qui dit en substance que de nouveaux jobs ont jusqu'ici toujours remplacé les anciens qui disparaissaient... sauf qu'ils n'ont jamais disparu à la vitesse d'aujourd'hui, et que le fossé technologique empêche les populations éloignées du numérique d'avoir accès à de nouvelles compétences pour se reformer
Dans tous les cas, considérer une seule entreprise est une erreur. Parce que cette entreprise vit dans un écosystème de parties prenantes (clients, collaborateurs, fournisseurs, influenceurs) qui eux même paient le prix des bonds de productivité, que ce soit en bien (les clients) ou en mal (les fournisseurs). Le rôle du politique là dedans n'est pas de considérer l'entreprise du coup, mais toutes les externalités bonnes et mauvaises qui y sont associées.